Montréal, 10 juin 2000  /  No 63
 
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
UN QL QUI VEUT SE FAIRE ENCHAÎNER
  
  
           Vous dites vouloir la liberté, mais si vous n'avez pas encore compris que l'utopie de liberté (voir Jacques Attali: Fraternité) concrétisée par les lois de libre marché mènent inévitablement à l'oppression, à l'établissement de hiérarchies de dominance favorisant une petite minorité face à une croissante majorité, vous n'avez donc saisi qu'une partie des enseignements du libéralisme de Adam Smith et John Locke que vous vénérez tant. 
  
          Vous avez un orgasme intellectuel à la vue de théories vous hypnotisant à l'aide de termes tels « liberté » mais vous ne saisissez en rien les conséquences d'un système où l'élitisme favorise certaines personnes face à d'autres d'une façon irrémédiable. Vous ne prenez qu'une petite partie du problème et l'analysez de façon à satisfaire un égocentrisme basé sur le « tout-ici-maintenant » caractérisant le néolibéralisme actuel. C'est la création de monstres que vous encouragez (c'est vrai que ces derniers peuvent vous être utiles, à vous...). 
  
          Et vous me faites encore plus rire quand vous dites vous révolter... Albert Camus: « Je me révolte, donc nous sommes. » L'essence de la révolte est une interaction entre la solidarité humaine et des valeurs que l'individu tente d'imposer dans le but de s'accomplir, de se « sauvegarder lui-même ». En fait, votre Québécois libre en est un qui réclame sans même le savoir à se faire encore plus enchaîner (mais à plus long terme, donc il se ferme les yeux et crie « me, myself and I »). C'est un pleurnicheur de luxe. 
  
          Oui, les communistes en ont manqué un maudit gros bout et ne comprenne rien non plus de l'aliénation étatique mais de toute façon vous avez bien de la misère à les flairer puisque vous les voyez partout. Vous associez la conscience sociale au communisme... Percutante étroitesse d'esprit, pour des esprits se disant libres... L'esprit libre n'accepte pas l'autorité de l'État mais il se doit encore plus de refuser l'autorité des tireurs de ficelles d'un marché d'anarcho-domination (opposé d'anarcho-socialisme...) qui eux ne doivent rien à personne et se foutent complètement de tout sauf de leur poche et de leur compte de banque. 
 
Vincent B.-Duclos
  
 

 
 
A DISGRACEFUL DECISION IN ONTARIO
  
          A recent column in the National Post reported a decision by the Ontario Highway Transport Board to fine a company called Allo Stop for operating a service which connects people offering intercity rides to people wanting rides (voir aussi Prix Béquille d'or et d'argent, le QL, no 62). In reaching its decision to fine Allo Stop, the OTHB has set a precedent that could have far reaching implications across the province, if not across the country. That Premier Harris or his Transport Minister did not immediately close the OHTB is an affront to the constitutional right to freedoms of association and speech. 
  
          During the heyday of South African apartheid, that nation's leaders had no comment about the behaviour of their regulatory bodies or law enforcement agencies. By allowing the OHTB obscenity to stand, any ride board on a college or university campus can be ordered closed. Newspapers could face fines for carrying classified ads from people offering or wanting intercity rides.Internet service providers in Ontario who host a community page could also face fines if intercity rides offered or wanted appear on the local internet classifieds. And the Ontario Premier and his Transport Minister have no comment on the obscene precedent the OHTB has set, one that could threaten the right to freedom of the media.  
  
          The OHTB, in rendering its disgraceful decision has also revealed how freedom of the media in advertising intercity rides being offered and wanted, ought to be preserved.Intercity rides being offered and wanted will have to be posted on the internet and hosted by an internet service provider domiciled outside of Canada,compelling the OHTB to respect the standards of international law. The only alternative open to the OHTB would be for it to arbitrarily stop cars and vans carrying more than one person on Ontario's roads.The ensuing public outcry over such tactics may be more than Premier Harris and his cabinet could handle and the OHTB may have to be closed down. 
  
Harry Valentine
Cornwall, Ontario
  
  


 
 
LE POUVOIR DES SYNDICATS
  
  
Monsieur Martin Masse, 
  
          J'ai bien apprécié la façon dont vous avez défendu votre position au sujet de la formule Rand, sur canal Historia, dernièrement, mais... il me semble qu'il y manquait quelque chose. 
  
          D'abord, j'aurais aimé que vous nous disiez si ailleurs dans le monde on trouve une formule semblable pour prélever les cotisations syndicales et, s'il y a lieu, comment les syndicats, dans les pays où il n'y a pas de cotisation automatique, s'y prennent pour remplir leurs obligations? 
  
          Aussi, votre argumentation aurait été certainement relevée si vous aviez parlé de l'obligation qu'ont les employeurs de justifier la remise de la cotisation prélevée en fournissant une foule de renseignements au syndicat désigné sur le travailleur cotisé: nom, adresse, numéro de téléphone, numéro d'assurance sociale, date de naissance, statut, corps d'emploi, heures de travail, prise de congé (maladie, sociaux, vacances, etc ), et plus. Pis encore, ces mêmes renseignements sont transmis aux grandes centrales syndicales qui peuvent ainsi constituer de grandes banques de données aussi intéressantes que celle qui a récemment fait les manchettes... 
  
          Je termine en vous disant que votre approche de ce sujet est plus qu'intéressante; quant à celle de l'historien avec lequel vous avez débattu, j'aime mieux ne pas en parler. 

          Meilleures salutations, 

Jacques Poulin
 
Réponse de Martin Masse:  
 
Monsieur Poulin, 
  
          Merci pour votre lettre et vos commentaires. 
  
          J'aurais bien aimé aussi mentionner plusieurs autres choses pendant le débat, mais malheureusement le temps file très vite et nous avons à peine le temps de répondre à l'animateur et de réagir aux propos de l'autre invité. Comme vous le savez, c'est une question fondamentale qui n'est pratiquement jamais débattu au Québec. Tout le monde semble tenir pour acquis, dans les débats officiels, que le pouvoir syndical est une bonne chose. Je soupçonne que le fait que la presque totalité des journalistes, des professeurs et des intellectuels soient syndiqués a un rôle à jouer là-dedans...! 
  
          C'est aussi un sujet extrêmement complexe, et les régimes varient d'un pays à l'autre. Je ne suis pas spécialiste et je ne pourrais pas vraiment vous tracer un tableau général de la situation dans d'autres pays. Je sais par contre que le Canada, avec sa Formule Rand, est l'un des pays au monde qui « protège » le plus le pouvoir des syndicats, et le moins celui des travailleurs qui ne veulent pas en faire partie.  
  
          La logique libertarienne, c'est que les syndicats n'ont pas vraiment de raison d'être dans une économie de marché dynamique, parce que le travailleur a de toute façon le gros bout du bâton lorsque le chômage est peu élevé, même sans réglementation importante du marché du travail. Par exemple, dans les régions des États-Unis où le chômage est moins de 2% (cela, évidemment, parce que l'économie américaine est plus libéralisée que la nôtre), les bons salaires et bonnes conditions de travail ne viennent pas de la force du syndicat, mais plutôt de la volonté des compagnies de trouver et de garder des employés compétents. Les travailleurs n'ont pas besoin de la force coercitive (fondée sur les cotisations obligatoires ou autre chose) d'une organisation syndicale lorsque les emplois sont abondants et qu'on peu facilement se trouver quelque chose de mieux ailleurs si ça ne fait pas notre affaire à un endroit. C'est cette approche dynamique et flexible qui permet une croissance économique rapide, pas l'approche statique et de confrontation de nos syndicats. 
  
          Cela dit, je n'ai absolument rien contre les comités de travailleurs « libres », qui permettent de régler de nombreux problèmes avec l'employeur, mais ça n'a justement rien à voir avec nos mafias syndicales qui s'imposent à tous et qui volent légalement une partie de notre salaire. 
  
          Au plaisir, 
  
M. M. 
 
 
 
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