Montréal, 5 août 2000  /  No 65
 
 
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Brigitte Pellerin est apprentie-philosophe iconoclaste, diplômée en droit et en musique. Elle poursuit des études supérieures en science politique. 
 
BILLET
  
TRANSPORT EN COMMUN: 
ILS L'ONT L'AFFAIRE, LES AMÉRICAINS
 
par Brigitte Pellerin
  
  
          J'étais récemment à Washington, pour un séminaire organisé par IHS, l'Institute for Humane Studies, un organisme libertarien basé à l'Université George Mason. Non, la température n'était pas mieux là-bas qu'ici lors de la première semaine des vacances de la construction – il a tellement plu que mon vol de retour a été reporté d'une journée pour cause de... tempête. Mais bon, ce n'est pas parce qu'on patauge jusqu'aux genoux qu'on ne peut pas avoir de fun. À ce séminaire, j'ai rencontré plein de gens intéressants et fait la fête à satiété. Mais ce n'est pas de cela dont j'ai envie de vous causer. 
 
Voyager au centre-monde 
  
          Je veux vous parler de leur système de transport en commun. C'est que je suis une avide consommatrice de transports publics voyez-vous; je n'ai pas de voiture, je préfère éviter les taxis autant que possible, et je marche autant que je peux. Je suis en faveur d'une utilisation optimale des ressources; et il paraîtrait (encore que ce ne soit pas tout à fait certain) que la voiture individuelle ne fait pas partie des solutions idéales pour assurer une saine utilisation de l'énergie.  
  
          Anyway. Métro, avion, autobus et train sont mes moyens de transport plus ou moins habituels. Arrivée à l'aéroport Reagan-National, je me dirige vers le métro qui m'amène, pour la somme de 1,10$, au centre-ville. De là je prends l'autobus (un autre 1,10$) jusqu'à Georgetown, où le séminaire a lieu.  
  
          Porte à porte, ou presque, pour la modique somme de 2,20$. Le taxi brinquebalant coûte entre 15 et 20$ et ne prend qu'une dizaine de minutes de moins que le trajet métro-autobus (vingt minutes sur l'autoroute congestionnée versus 30 minutes pour le transport en commun).  
  
          Ma dernière visite à Washington remonte à 1992, c'est donc dire que j'ai un peu oublié où sont mes points de repère. Je ne suis pas certaine de savoir exactement où je m'en vais. Je consulte la carte et me fais une idée de trajet à emprunter. Je m'engouffre dans le métro.  
  
          Savez ce qu'ils ont, dans leur métro? Des lumières qui clignotent pour avertir que le train s'amène, ce qui évite aux gens de se pencher dangereusement au-dessus de la voie en s'étirant le cou pour tenter d'apercevoir la lumière du prochain train dans le tunnel tout noir.  
  
          Une bonne idée, que je trouve. Tout comme d'annoncer les stations d'une façon CLAIRE et compréhensible, contrairement à ce qu'on entend dans nos souterrains montréalais. À croire que nous sommes devenus le royaume des patates chaudes.  
  
  
     « À plusieurs reprises durant mon séjour je me suis promenée en autobus, et c'était chaque fois la même chose: Des chauffeurs qui indiquent aux passagers où descendre et par où se diriger pour aller là où ils veulent aller. » 
 
 
          Une fois au centre-ville (que plusieurs confondent avec le centre-monde), je m'arrête pour prendre un café, fumer une Marlboro Light et relaxer un brin en observant le paysage urbain – ce qui, vous en conviendrez, est un exercice plutôt dispendieux lorsqu'on se ballade en taxi.  
  
Où sont les grognards? 
  
          Bon, c'est bien joli tout ça, mais il faut y aller. Comme je vous le disais, j'ai un peu oublié comment m'orienter dans la capitale américaine. Je m'installe à l'arrêt d'autobus, espérant que le chauffeur pourra me confirmer que je suis bien sur la bonne voie. Habituée aux grognards de la STCUM, je ne me fais pas d'illusions et me prépare mentalement à tourner un peu en rond, gaspiller quelques dollars et perdre plusieurs minutes à chercher le bon circuit d'autobus qui me mènera là où je veux aller.  
  
          Surprise! Le chauffeur souriant (hein?) me confirme qu'il se dirige bel et bien vers Georgetown. Que je n'ai qu'à m'asseoir et qu'il me laissera savoir lorsque je serai rendue à destination. Wow, tout ça pour un dollar? Je m'asseois, complètement abasourdie.  
  
          À plusieurs reprises durant mon séjour je me suis promenée en autobus, et c'était chaque fois la même chose. Des chauffeurs qui indiquent aux passagers où descendre et par où se diriger pour aller là où ils veulent aller, des conseils sur les bons circuits d'autobus/métro à emprunter, et même quelques informations touristiques indispensables, comme les noms de bars et restaurants populaires. J'ai même vu deux chauffeurs se faire signe et s'arrêter pour permettre à une dame âgée, qui s'était trompée de direction, de changer d'autobus.  
  
          Helloooo le choc culturel.  
  
          Pourquoi cette différence entre leur système et le nôtre? Je n'ai pas eu le temps de faire une recherche exhaustive, mais il semblerait que le transport en commun de Washington soit plus ou moins contrôlé par un organisme public similaire à notre STCUM. Les employés sont probablement aussi syndiqués que les nôtres. Comment se fait-il, alors, que leur attitude soit si dramatiquement différente de celle de nos grincheux grévistes à répétition?  
  
          Moi, je l'ignore. Mais j'aimerais bien le savoir. Si vous avez une suggestion, vous seriez gentils de me la faire parvenir...  
  

  
          Changeant complètement de sujet, vous saviez qu'une nouvelle loi antitabac (ou plutôt, antifumeurs) était entrée en vigueur au Québec? Imaginez-vous donc qu'une des nouvelles mesures empêche les dépanneurs et autres petits détaillants de donner des cartons d'allumettes gratuitement à l'achat d'un paquet de cigarettes. Pourquoi? Oh, il paraîtrait que donner des allumettes, au lieu de les vendre disons 3 ou 5 sous le paquet, encourage les gens à fumer davantage. En fait de micro-gestion de la vie de tout le monde et son voisin par un gouvernement qui se cherche manifestement de l'ouvrage, on fait difficilement mieux. 
 
 
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