Montréal, 12 mai 2001  /  No 83
 
 
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Hervé Duray est étudiant à l'École Supérieure de Commerce de Grenoble et tient La Page libérale, un site dédié au commentaire des informations sous un angle libéral.
 
LA PAGE LIBÉRALE
  
BERLUSCONI, DUCE?
 
par Hervé Duray
  
 
          Jorg Haider est un homme aux penchants discutables, parait-il. Bien évidemment, personne ne s'intéresse à son programme: les journalistes n'informent pas en France. Ils sont en service commandé. Jorg Haider avait quelques dispositions libérales dans son programme. Il avait aussi quelques mesures contre l'immigration fleuve qui submerge son pays. Résultat: assassinat médiatique en France. 
  
          Aujourd'hui, voici venu le tour de Berlusconi!
 
Il Cavaliere 
 
          Silvio Berlusconi est un entrepreneur italien. Il a fondé un empire médiatique, avec notamment son fleuron, la « Cinque », chaîne généraliste qui domine le paysage audiovisuel italien. 
  
          Il possède aussi un club de foot: le Milan A.C. Pas n'importe quel club. Sur les 15 dernières années, il a trusté non seulement les titres nationaux, mais européens. Un club victorieux, toujours aux premières places. Comme son propriétaire, Il Cavaliere comme on l'appelle en Italie. 
  
          Un homme qui réussit comme ça, c'est forcément suspect, surtout en Italie. Alors des procès ont été tentés... peine perdue, il est blanc comme neige! Pas de liens avec la Mafia, pas de fraude fiscale, pas d'entourloupes quelconques! 
  
          Il a monté son empire à la force personnelle, au travail, à la persévérance. Un vrai businessman. Un exemple. Mais pas pour tout le monde: ce qu'il a fait, c'est-à-dire créer énormément de richesse et en garder un peu pour lui, c'est MAL pour les socialistes de tout bord. 
  
          Son positionnement politique n'arrange rien: il est de droite. Il défend des valeurs simples, comme la famille (normal pour un Italien non?), la liberté (en règle générale). Voilà bien des atteintes aux droits des socialistes à réglementer l'économie et à embrigader les enfants par l'école. Et tous ce sont jurés d'avoir sa peau!  
  
Les médias et Berlusconi 
  
          En France, des sujets sont régulièrement traités sur le « cas » Berlusconi. Est-il normal qu'un magnat de la presse possédant 3 des 6 chaînes nationales italiennes puisse se présenter aux élections? Ses alliés politiques sont-ils à droite de la droite? A-t-il des liens avec la Mafia? 
  
          Nos médias laissent soigneusement planer le doute. Versez du mensonge, il en restera toujours quelque chose... et puis pas de fumée sans feu non plus!  
  
          Aujourd'hui, c'est au tour d'Alexandre Adler, soi-disant historien réputé et journaliste – mais surtout gauchiste de premier ordre – de s'attaquer à Berlusconi. Sur le site de tf1, première chaîne nationale française, s'affiche l'éditorial qui compare Berlusconi à Mussolini. 
  
          Allons-y gaiement! 
          La gravité du cas Berlusconi ne tient pas non plus vraiment à son système d’alliances: l’effondrement du système politique démocratique [...] avait provoqué une poussée électorale néofasciste sans précédent en Italie, car la Ligue lombarde, au Nord, avait tout d’un mouvement subversif d’extrême-droite, raciste, xénophobe, parfois antisémite et ardent partisan du rétablissement de la peine de mort, de la suppression des principaux impôts, et à présent sympathisant de Haider.
 
  
     « Au-delà de son soi-disant fascisme, ou même du soi-disant facisme de ses alliés, un autre problème est posé par Berlusconi: il brise le monopole des politiques! Il ne vient pas du sérail. » 
 
 
          La Ligue Lombarde, les lecteurs du premier jour du Québécois Libre connaissent: une aile libertarienne, sécessionniste, une aile un peu nationaliste, le tout nettement à droite (voir QUÉBEC / PADANIE: LE COMBAT POUR LA LIBERTÉ, le QL, no 26). Pas recommandable du tout ça! Allez hop, ni une ni deux: ce sont des extrémistes fascistes xénophobes, et en plus ils sont libéraux. 
  
          Pratique le mensonge, les raccourcis: quand vous lisez ce genre de discours, lisez-le à l'envers: ils sont libéraux donc, pour celui qui l'écrit, ils sont fascistes. Car préférer la famille à l'État pour éduquer les enfants, c'est fasciste! Eh bien non justement. Au sens propre du mot fasciste, c'est le contraire qui l'est, mais bon, passons. Le mot n'est là que pour discréditer. 
  
          Je ne m'étonne absolument pas de la proximité de la Ligue avec le FPO (Parti de la liberté autrichien) de Jorg Haider. Ils ont bien des points communs (voir UN AUTRICHIEN À MONTRÉAL, le QL, no 56). En France ils seraient du côté de Charles Millon politiquement. 
  
Un non-politicien élu? 
  
          Au-delà de son soi-disant fascisme, ou même du soi-disant fascisme de ses alliés, un autre problème est posé par Berlusconi: il brise le monopole des politiques! Il ne vient pas du sérail, il n'a pas passé des années à magouiller, à tremper dans les embrouilles politico-mafieuses. Et cela, c'est un danger pour les hommes politiques européens qui ont fait un métier de l'engagement politique. Il fait peur car il ouvre un dangereux précédent: un non-politicien deviendrait élu. 
  
          Il est intéressant de noter que le Conseil constitutionnel italien avait tenté de censurer sa candidature en arguant du fait qu'il peut utiliser ses canaux de télévision pour diffuser sa propre propagande, qu'il avait donc un pouvoir sur l'électorat, etc... Tous les citoyens ne sont donc pas égaux?  
  
          Il faut noter qu'en France ce problème a été réglé: sur 6 chaînes, une seule fait de l'ombre au secteur public, et son propriétaire, Martin Bouygues, est issu des travaux publics – trop dépendant de l'État pour ne pas dévier de la ligne gouvernementale. Et puis d'ailleurs, il y des lois qui garantissent l'accès à la télévision pour tous les partis, en fonction des résultats obtenus aux élections (comme pour le financement). 
  
          La démocratie est donc sauve en France!  
  
          Les positions des médias sont de plus en plus dures vis-à-vis des leaders de droite, ou en règle générale contre tous ceux qui défendent des idées de liberté. José Maria Aznar n'avait pas bénéficié d'un battage médiatique aussi intense quand il est arrivé au pouvoir, en succédant à Felipe Gonzalez, mais qu'adviendrait-il aujourd'hui? Comparaison à Franco? Menaces de boycott de l'Espagne? 
  
          L'Europe médiatique est très nettement à gauche, et visiblement cela s'accentue. 
  
          Souhaitons tout de même bonne chance à Silvio Berlusconi, et qu'il applique son programme sans se soucier des critiques. 
  
 
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