Montréal, 9 juin 2001  /  No 84  
 
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David MacRae est consultant en informatique à Ville Saint-Laurent, Québec.
 
THE CONTRARIAN
 
L'ENNEMI DES PAUVRES, C'EST L'ÉTAT
 
par David MacRae
  
  
          Dans le dernier QL, François Tremblay a écrit une excellente analyse théorique de l'alliance naturelle entre les pauvres et les libertariens dans son article « Les pauvres sont-ils les ennemis des libertariens? » Ailleurs dans ce numéro-ci, un lecteur prétend que M. Tremblay a posé la mauvaise question. Il aurait fallu l'inverser: est-ce que les libertariens sont les ennemis des pauvres?
 
          Je tends à être d'accord avec cette critique, mais en réalité, l'article était tout simplement mal intitulé. M. Tremblay démontre très bien que les pauvres n'ont rien à craindre des libertariens. Au contraire. Quant à moi, j'aimerais supplémenter sa superbe analyse avec quelques exemples plus concrets. 
 
Ennemis des parasites 
 
          Les libertariens ne sont pas les ennemis des pauvres; ils sont plutôt les ennemis des parasites de toutes les classes. Les avocats millionnaires qui bénéficient du monopole gouvernemental du système de justice et les grandes corporations qui s'allaitent au téton de l'État sont de pires parasites que les mères vivant sur le B.S. 
 
          La plupart des parasites, cependant, font parti de la classe moyenne – les fonctionnaires cachés dans leurs garennes, les industries de la culture et les groupes de pression gauchiste, les intellectuels universitaires et les médias qui se prostituent afin de fabriquer la propagande étatiste. Malheureusement il faut même rajouter plusieurs groupes qui, en théorie, devraient être productifs. Les professeurs, les infirmières et, oui, même ceux qui travaillent dans les facultés de médecine… 
 
          L'ennemi des pauvres, ce n'est pas les libertariens. C'est l'État. 
 
          Un des canulars favoris des putains intellectuelles de la gauche est l'idée que le gouvernement est là pour aider les pauvres. C'est un mensonge total. Le gouvernement vole les pauvres, exactement comme il vole les plus riches. En fait, il punit davantage les pauvres, ainsi que la classe moyenne, que les riches. 
 
          Le milliardaire américain Warren Buffet affirme qu'une domestique qui travaille pour lui paie un taux d'impôt marginal plus élevé que lui-même. Croyez-le. Les riches ont toutes sortes de trucs pour éviter les taxes. Ils emploient des comptables, des avocats, des planificateurs de succession et des lobbyistes. Autrement dit, encore d'autres groupes de parasites qui se nourrissent de l'existence de l'État. Et ces groupes-là sont loin d'être pauvres. 
 
          Laissez-moi vous donner deux exemples pour démontrer le châtiment que l'État inflige aux pauvres. Deux exemples typiques de la classe moyenne modeste: un jeune homme, vendeur dans un magasin, et une secrétaire, mère célibataire ayant un enfant. Disons que lui, il récolte, salaire et commissions ensemble, la somme magnifique de 21 000 $. Elle, ayant un peu d'expérience et des connaissances spéciales, reçoit 30 000 $. 
 
          Pas votre idée des riches, j'espère. Plutôt, des individus ordinaires qui essaient de faire leurs propres chemins dans le monde. Mais le gouvernement les punit avec des taxes de plus de 50% de leurs revenus! Selon le Personal Tax Calculator de l'Institut Fraser, le vendeur devra remettre à l'État 11 550 $ et la secrétaire 15 640 $. Si un jour, ils décidaient de vivre ensemble pour économiser un peu d'argent, ils seraient punis encore plus. 
 
          Si vous voulez jouer avec la calculatrice de l'Institut Fraser, allez au www.fraserinstitute.ca et cliquez sur le bouton en haut de la page. Il ne faut surtout pas oublier de vérifier le taux de taxation marginal excessif imposé à ceux qui essaient d'améliorer leur sort. Ajoutez 1000 $ à votre salaire et préparez-vous à recevoir un choc. Dans les cas du vendeur et de la secrétaire, on volera 630 $ et 653 $ respectivement. Il y a des cas pour lesquels le montant excédera 100%. 
 
          Ajoutons une troisième victime, cette fois-ci quelqu'un de la classe moyenne, un homme professionnel avec une femme à la maison et deux enfants. Salaire annuel: 80 000 $; vol gouvernemental: 46 000 $; taux de vol marginal: 71%. Et on demande pourquoi il n'est plus possible pour une famille de vivre avec un seul revenu! 
 
     « Les avocats millionnaires qui bénéficient du monopole gouvernemental du système de justice et les grandes corporations qui s'allaitent au téton de l'État sont de pires parasites que les mères vivant sur le b.s. »
  
          Il est significatif que le niveau de taxation soit très similaire dans les trois cas, 55%, 52% et 57% respectivement. Un autre mensonge des étatistes est leur prétention que nous avons un système de taxation progressif. C'est plutôt un système oppressif. Les taxes sur l'emploi affectent surtout les pauvres (elles s'appliquent au premier dollar gagné). La classe moyenne paie plus d'impôt. En fin de compte, tout le monde paie à peu près la même chose. À l'exception, bien entendu, des riches (qui sont capables d'éviter les taxes sur les salaires). Et voilà. On commence à comprendre le paradoxe de Buffet et sa bonne. 
 
De beaux services 
 
          Après avoir pris plus de 50% de leur argent, qu'est-ce le gouvernement donne à nos trois victimes et leurs quatre dépendants en échange? Des services de base telle la police, l'entretien des routes, etc. Valeur: peut-être mille dollars par personne. Une assurance médicale. Un autre mille dollars (pour ceux ayant moins de soixante ans). Une école pour les enfants. Trois milles. Donc: 2 x 7 x 1000 $ + 3 x 3000 $ = 23 000 $ au total pour les quatre adultes et les trois enfants. En échange, ils paient 63 000 $ en taxes. La personne qu'on exploite le plus est la plus pauvre. Le vendeur paie presque six fois trop cher.  
 
          En fait, cet estimé de la valeur des services gouvernementaux est certainement trop élevé. Si on ne lui offrait pas une éducation « gratuite », la mère à la maison déciderait probablement d'enseigner elle-même à ses enfants. Qu'est-ce qu'elle fait à la place? Elle boit du gin et écoute les téléromans? Si elle enseignait à ses enfants, la valeur des services gouvernementaux tomberait à 17 000 $. 
 
          Oh oui, j'ai presque oublié, en plus de ses services de qualité pitoyable, le gouvernement nous fait aussi une promesse. Il nous aidera dans nos vieux jours avec des services médicaux et un peu d'argent. Excusez-moi si j'exprime mon doute sur la véracité de cet engagement. Mais, même si c'était vrai, il y aurait une meilleure manière de se préparer pour l'avenir si nous n'avions pas le gouvernement pour nous « aider ». Si vous pouviez investir une fraction de l'argent qu'il vous vole pendant votre vie productive, vous seriez millionnaire à votre retraite. Mettez mille dollars de coté chaque année et après 45 ans, vous aurez un million. Économisez cinq milles par année et après 30 ans, vous aurez le même million.  
 
          Le capitalisme génère tant de richesse que même le plus pauvre peut devenir millionnaire un jour, sans trop se serrer la ceinture. Le jeune vendeur pourra avoir – demain – un niveau de vie cinquante pour cent plus élevé, tout en mettant assez d'argent de côté pour être millionnaire à l'âge de cinquante ans. Et nous n'avons même pas tenu compte du fait qu'il pourra avoir une augmentation de salaire un jour. L'espérance normale, c'est d'avoir un salaire trois fois plus élevé à quarante ans qu'à vingt ans.  
 
          Être millionnaire à cinquante ans, avec une vie actuelle plus riche. Tout ce qu'il faut faire pour lui offrir cette possibilité, c'est d'enlever le singe assis sur son dos. Les cas de la secrétaire et du professionnel sont encore plus frappants, parce qu'ils commencent avec de meilleurs salaires. Faites le calcul si ça vous tente. 
 
          Les possibilités qu'offre le marché libre aux gens ordinaires sont encore plus grandes. Il n'y a aucune raison d'avoir un niveau de taxation de plus de 10-15% du PIB, en comparaison avec le taux actuel d'environ 50%. Les études démontrent que la croissance économique baisse d'environ 1% par année pour chaque 10% supplémentaire du PIB consommé par le gouvernement. Donc, en baissant les taxes à un niveau raisonnable, le Canada aura un taux de croissance de 7% par année au lieu du 3% qu'on atteint actuellement. L'économie doublera sa taille à tous les dix ans, ce qui prend plutôt 25 années dans la situation présente.  
 
Le temps, c'est de l'argent 
 
          Il est important aussi de comprendre comment l'investissement tend à réduire la différence entre les riches et pauvres à long terme. Si vous voulez devenir plus riche, vous n'avez qu'à mettre de l'argent de côté. Si les plaisirs du moment vous intéressent davantage, consommez-les maintenant. Après une certaine période de temps, la prospérité se répand à tout le monde, même ceux qui n'ont jamais mis un sou de côté. 
 
          C'est effectivement ce que l'histoire nous démontre. En comparaison avec nos ancêtres, nous sommes tous incroyablement riches aujourd'hui, en conséquence directe du fait qu'ils ont accumulé du capital. Même la qualité de vie des plus pauvres Canadiens actuels dépasse les plus grandes espérances de nos arrière-grands-parents. Aujourd'hui, dans plusieurs sens, tout le monde est plus nanti que même John D.Rockefeller l'était, en commençant par la richesse sûrement la plus importante – une espérance de vie plus élevée de vingt-cinq ans. Et tous les Canadiens actuels sont plus privilégiés dans tous les sens que 99% de ceux qui vivaient à son époque.  
 
          La même tendance se poursuivra dans le futur, à la condition qu'on laisse le capitalisme tranquille et qu'on lui donne la chance de continuer à faire ses miracles. Il subsistera encore des différences entre les riches et les pauvres mais tout le monde sera beaucoup plus riche qu'aujourd'hui.  
 
          Les libertariens ne sont pas les ennemis des pauvres; ils sont les ennemis des parasites. Les gauchistes, par contre, ne sont pas les amis des pauvres mais plutôt les ennemis des productifs. Ils volent ceux qui sont productifs pour donner aux parasites. Ils créent de plus en plus de parasites afin de justifier de plus en plus de vol. 
 
          Prenez la secrétaire. Pourquoi est-ce qu'elle travaille? Elle gagnerait presque autant d'argent si elle restait sur le bien-être social, peut-être même plus si on considère les coûts associés au travail. On brandit le bonbon du B.S. devant son nez, tout en la privant du vrai niveau de vie que ses efforts méritent. Un jour peut-être, elle cédera à la tentation et hop! une autre personne productive sera transformée en parasite. De plus, ça prendra un autre fonctionnaire pour gérer son cas. Un deuxième parasite. 
 
          Si vous pensez que j'exagère, considérez que seulement 30% de l'argent dédié au système du bien-être va aux supposés clients. Le reste est consommé par le système. Par contraste, les organismes privées de charité livrent plus de 80% de l'argent récolté à leurs clients. Et ce, sans tenir compte du fait que le B.S. a le fisc de son côté pour extorquer l'argent nécessaire tandis que les organismes de charité sont obligées de tenir des campagnes de levée de fonds afin de convaincre le monde de contribuer. 
 
          Si la dite secrétaire cède à la tentation de se mettre sur le B.S., il y a encore un autre avantage pour les étatistes. On garantit qu'elle restera pauvre pour le reste de sa vie. Donc, les gauchistes peuvent crier encore plus fort: Injustice! Injustice! Regardez tous les pauvres! Il faut les aider! 
 
          Il n'y a pas une personne productive qui gagne à l'existence du gouvernement. Pas une seule.  
 
          De plus, la plus grosse partie de la pauvreté est créée par le gouvernement, partiellement par la taxation ruineuse et partiellement par les bonbons donnés à ceux (ou plutôt celles) qui se contentent de rester pauvre. Le gauchiste n'est pas seulement l'ennemi du monde productif. Il est aussi l'ennemi du pauvre car il le prive des outils qui l'aidera à se sauver de la pauvreté. 
 
 
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