Montréal, 10 novembre 2001  /  No 92  
 
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Marc Grunert enseigne les sciences physiques dans un lycée de Strasbourg et anime le Cercle Hayek, consacré à la réflexion et à la diffusion du libéralisme.
 
CHRONIQUE DE RÉSISTANCE
 
RÉCHAUFFEMENT DE LA PLANÈTE: UN AUTRE EXEMPLE DE CONSTRUCTIVISME MONDIAL
 
par Marc Grunert
  
  
          Non, décidément rien n'arrêtera la marche inexorable vers l'État mondial et ses conséquences coercitives. À force de constater, pour l'approuver ou la stigmatiser, la mondialisation des échanges, on se détourne du phénomène planétaire majeur: le mondialisme politique. Celui-ci diffère de la « mondialisation » par son caractère résolument planifié, « constructiviste » pour employer le vocabulaire hayékien (voir LA VIE ET L'OEUVRE DE FRIEDRICH HAYEK).
 
Objectifs contraignants 
 
          Pour illustrer le « constructivisme » de toute action politique, tenons-nous en simplement aux objectifs des délégués des Nations-Unies réunis à Marrakech pendant la semaine du 29 octobre pour la Conférence de l'ONU sur le réchauffement de la planète: « Il s'agit pour les délégués de tenter de mettre au point un texte contraignant, qui oblige les pays industrialisés à réduire de manière significative ces émissions [ndlr: de gaz à effet de serre] dans la décennie à venir ». (Reuters) S'il fallait une énième preuve de l'existence d'un proto-État mondial, la voici. La nature de l'État réside dans l'usage de la force légale, dans la contrainte, dans la violation permanente du droit le plus élémentaire de l'individu: la propriété de soi. 
 
          Il n'est pas sans importance de remarquer que l'État mondial se construit en référence au modèle de la démocratie représentative. Sa légitimité est fondée sur l'adhésion plus ou moins réelle des citoyens selon le principe « un homme, une voix ». Selon le règlement onusien, « pour que ses objectifs deviennent contraignants, il faut que 55 des 84 pays signataires, représentant 55% des émissions de dioxyde de carbone des pays développés, ratifient le protocole. Pour l'instant, 40 pays l'ont ratifié, dont un seul, la Roumanie, est concerné par des objectifs chiffrés ». (Reuters). Cette démocratie des Nations est encore très indirecte mais la tare démocratique n'en est pas moins présente comme un ver dans le fruit. 
 
          Nous savons que penser d'une démocratie mondiale. Hans-Hermann Hoppe en a prévu les effets par une expérience de pensée qui fait froid dans le dos. « Imaginez, écrit Hoppe, un gouvernement mondial, démocratiquement élu à l'échelle mondiale en suivant le principe un homme/une voix. Que serait le résultat probable d'une telle élection? Le plus vraisemblable est que nous aurions un gouvernement de coalition sino-indien. Et qu'est-ce que ce gouvernement serait le plus enclin à faire pour complaire à ses électeurs et se faire réélire? Il découvrirait probablement que l'Occident a beaucoup trop de richesses et que le reste du monde, particulièrement l'Inde et la Chine, bien trop peu, et par conséquent mettrait en oeuvre une redistribution systématique du revenu du riche Occident vers le pauvre Orient. Ou alors, imaginez qu'aux États-Unis on étende le droit de vote aux enfants de sept ans. Le gouvernement ne serait peut-être pas composé d'enfants, mais ses politiques, selon toute probabilité, refléteraient le "souci légitime" des enfants de disposer d'un accès "suffisant" voire "égal" à des hamburgers, des limonades et des vidéocassettes "gratuits" ». (voir LA DÉMOCRATIE SELON H.-H. HOPPE) Voilà résumée de manière très parlante la logique de la démocratie réelle. 
  
          J'ai déjà exposé dans un article antérieur (voir EN ROUTE POUR LE GOUVERNEMENT MONDIAL, le QL, no 89) l'idée que les hommes de l'État mondial se servent du prétexte de problèmes écologiques supposés globaux – auxquels « la main invisible » du marché libre ne saurait trouver de solution – pour étendre leur pouvoir et justifier leur existence objectivement parasitaire. Mais il faut peut-être enfoncer une nouvelle fois le clou s'agissant de l'imposture scientifique du réchauffement anthropique de la planète. Nous pouvons nous appuyer sur deux analyses récentes pour mettre sérieusement en doute l'origine humaine de l'effet de serre, et en tous cas pour jeter un voile d'incertitude très opaque sur cette question. Seul le principe complètement irrationnel dit « de précaution » déchire ce voile. Mais il n'est pas anodin de noter que, encore une fois, c'est à la classe des exploiteurs, les hommes de l'État, que profite ce principe prétendument éthique et réellement machiavélique. 
 
Une invention politique 
 
          Dans son livre très précieux, L'Empire écologique, Pascal Bernardin résume à la perfection les motifs politiques de l'invention du réchauffement planétaire d'origine humaine. « Réduire les rejets de CO2, écrit Bernardin, réclame donc une refonte, et surtout un contrôle, complets de toutes les activités humaines. Il s'agit effectivement d'un problème transversal et systémique. Faire admettre à la société la réalité même du problème de l'effet de serre serait modifier radicalement le potentiel de situation: les seules solutions envisageables nécessiteraient une socialisation complète de toutes les activités. Les prémisses accordées, le syllogisme révolutionnaire se déroulerait inexorablement. Et ici encore, il s'agirait d'une révolution non aversive puisque tout un chacun, conscient de la menace qui pèserait sur la Terre, et ayant reçu dès son plus jeune âge les valeurs écologiques qui feront de lui un citoyen globalitaire, aurait à coeur de lutter contre l'ennemi commun, le réchauffement global. » (p.178) Dans le système de l'État mondial en train de se construire la demande d'intervention étatique sera donc inscrite dans la logique du système. 
 
     « Nous pouvons nous appuyer sur deux analyses récentes pour mettre sérieusement en doute l'origine humaine de l'effet de serre, et en tous cas pour jeter un voile d'incertitude très opaque sur cette question. »
 
          Ceci étant dit, Bernardin démolit tous les modèles les plus alarmistes concernant le réchauffement planétaire d'origine humaine. Il apparaît que les scientifiques sont incapables de produire une théorie exacte, cohérente avec les faits, du réchauffement planétaire d'origine humaine. L'insistance des imposteurs scientifiques ne s'explique donc que par l'idéologie malthusienne et constructiviste fondée sur l'idée qu'un monde rationnel peut être construit de toute pièce. Il faut aussi prendre en compte l'intérêt pécuniaire de ces pseudo-scientifiques. Autrement dit, dans cette affaire les experts sont soit des « idiots utiles » soit des bureaucrates qui lorgnent sur le magot que représenterait une politique internationale de « lutte contre l'effet de serre ». 
 
          S'agissant de l'aspect strictement scientifique, il faut insister sur le fait que « les données scientifiques sur lesquelles s'appuie la théorie de l'effet de serre sont très minces. Elles proviennent de mesures effectuées par satellite et de modèles dont personne ne songe à nier les lacunes considérables. Ainsi la réalité d'un accroissement dangereux de l'effet de serre n'est nullement assurée, bien au contraire. L'étude de l'évolution des températures au cours du XXe siècle montre qu'elles sont redescendues alors que cette concentration continuait d'augmenter. Les mesures effectuées par satellite montrent que la température globale décroît légèrement. Enfin l'étude des liens entre le soleil et le climat, omis par les modèles, offre une explication suffisante des variations climatiques sans qu'il soit besoin d'invoquer l'augmentation de la concentration en gaz carbonique. » (p.248) 
 
          Et puis pour ceux qui veulent entrer dans la méthode scientifique utilisée pour établir certains faits, comme la teneur en CO2 dans les atmosphères du passé, le détour vers l'excellent texte de Yan Barcelo ne sera pas inutile. Il met à nu la fragilité extrême de la matérialité des faits de base qui fondent les modèles. Dans ce pamphlet scientifique Barcelo explique d'abord le caractère arbitraire de certains choix méthodologiques: « Tout d'abord, la hausse annoncée du CO2 dans l'atmosphère relève d'une décision unilatérale de ne retenir dans les lectures d'atmosphère emprisonnée dans les glaces que les lectures de ppm [parties par millions de particules] les plus basses, alors que les échantillons correspondant au XIXe siècle ont des variations qui vont de 250 à 550 ppm. En fait, une lecture plus véridique et exacte établirait que les niveaux du milieu du XIXe siècle ne sont pas beaucoup plus bas que ceux d'aujourd'hui. » (« Ice Core Data Show No Carbon Dioxide Increase », Zbigniew Jaworowski, 21st Century Science and Technology, Novembre 1997, p. 62 à 72) 
 
          Ensuite « on n'a jamais pu démontrer d'une façon concluante qu'une concentration de 350 ppm de CO2 se traduisait par une concentration identique enfermée dans une bulle de glace. » Or il faut savoir que toutes les « connaissances » que nous avons de la composition en CO2 des atmosphères du passé, et donc de son évolution au cours du temps, se fondent sur la teneur en CO2 des bulles d'air qui ont été emprisonnées dans la glace, et dont la profondeur augmente avec le recul dans le temps. 
 
          En conclusion, l'imposture scientifique du réchauffement anthropique de la planète ne fait aucun doute. Il s'agit d'une idéologie pure et simple destinée à convaincre les opinions publiques mondiales qu'elles doivent continuer à vouloir se faire exploiter par les parasites de l'État. Hayek avait donc raison de voir dans la mentalité constructiviste, planificatrice, rationalisante, l'ennemie principale de la liberté. 
 
 
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