Montréal, 5 janvier 2002  /  No 95  
 
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LES PRIX BÉQUILLE
  
     Les Prix Béquille sont décernés aux pleurnichards qui ont fait parler d'eux en quémandant et/ou en obtenant une protection spéciale de l'État, des subventions, des entraves à la compétition, etc., ou en prônant une plus grande intervention de l'État quelle qu'elle soit. En bref, à ces pauvres éclopés incapables de se tenir sur leurs deux jambes comme le font les individus libres et responsables.
 
 
LA BÉQUILLE D'OR  
au juge Richard Blair de la cour suprême de la Colombie-Britannique, qui a permis au gouvernement de cette province de nationaliser un peu plus le corps de ses citoyens en approuvant sa loi sur le port obligatoire du casque à vélo. Un homme de Kamloops, Gary Warman, avait enfreint la loi vieille de cinq ans en 2000 en se promenant sans casque et avait contesté sa contravention de 29 $. Selon lui, « dans une société libre et démocratique, les individus doivent avoir le libre choix, le droit de décider pour eux-mêmes, particulièrement lorsque ce droit ou cette activité n'affecte aucun autre individu à part lui ». Mais son déshonneur le juge Blair a rejeté l'appel de M. Warman en invoquant le fait que la restriction du libre choix imposée par la loi « n'est pas de nature substantielle lorsqu'on considère le besoin qu'a la société de promouvoir le bien-être de ses citoyens ». Comme d'habitude, le « bien-être de la société » est défini et imposé par la clique de rapaces au pouvoir, et les individus qui composent cette société n'ont qu'à se la fermer et à être bien. 
(Source: National Post) 
  
  
LA BÉQUILLE D'ARGENT
aux politiciens français étatistes de gauche comme de droite (sauf le libéral Alain Madelin) qui sont tombés à bras raccourci sur Jean-Marie Messier, pdg de la multinationale de l'entertainment Vivendi Universal, lorsque celui-ci a osé déclarer que « l'exception culturelle franco-française est morte ». Ce concept protectionniste est défendu par le gouvernement français depuis 1993 sur les tribunes internationales où l'on négocie et discute de libéralisation du commerce. La France étant une société plus distincte que les autres, et la culture française étant plus exceptionnelle que les autres, la culture devrait être exclue de tout processus de libéralisation. En pratique, cela signifie qu'au lieu de laisser chaque citoyen décider pour lui-même quel produit culturel il souhaite consommer, les bureaucrates à Paris ont plus de moyens pour imposer aux Français leurs propres goûts culturels de provinciaux nationalistes. Ils peuvent saupoudrer l'argent des payeurs de taxe à leurs petits amis dans le grand monde de la Culture, notamment à ceux qui font des films pour concurrencer le cinéma hollywoodien. « Provocateur » a tranché Henri Weber, un apparatchik du PS. L'exception culturelle est « universelle » a déclaré le logicien et candidat présidentiel Jean-Pierre Chevènement. La « stratégie hollywoodienne » de Messier a été dénoncée dans l'Humanité, le torchon communiste. Pour le président de l'UDF, François Bayrou, chaque nation a droit à « sa propre "exception" » et « cela n'est pas négociable ». Jean-Louis Debré du RPR croit qu'il faut « veiller à ce que l'on continue à soutenir les artistes et leurs oeuvres ». Le fasciste du Front national, Bruno Gollnisch, voit dans les propos du président de Vivendi « la traduction d'une logique capitalistique » et affirme que « l'âme d'un peuple... ne saurait être soumise aux lois du marché ». Quant au fasciste du Mouvement national républicain Bruno Mégret, il regrette que « ce ne [soit] plus les peuples qui décident mais les marchands ». 
(Source: Le Monde) 
  
  
LA BÉQUILLE DE BRONZE
à Denis Desautels, vérificateur général du Canada de 1991 à 2001, un homme qui garde ses convictions étatistes après avoir passé une décennie à étudier et dénoncer le gaspillage de fonds publics qui se pratique à une échelle gargantuesque à Ottawa. M. Desautels devraient pourtant être bien placé pour savoir que la logique bureaucratique ne peut faire autrement que mener à la dilapidation de budget. C'est lui qui dans ses rapports, nous apprenait que chaque année des milliards de dollars étaient saupoudrés à gauche et à droite sans qu'on contrôle l'attribution des fonds, sans critères bien définis, sans résultats apparents, ou encore qu'ils disparaissaient sans laisser de trace. Pourquoi dilapider tant d'argent lorsque ça ne sert à rien? M. Desautels fait le bon constat: « Parce que le programme existe, que des participants l'appliquent et qu'il faut bien attribuer ces fonds. Il devient difficile d'arrêter certaines dépenses lorsqu'on a développé des attentes. » Malgré cela, il continue à croire que l'État pourrait se transformer – une conviction sans doute nécessaire pour répéter inutilement les mêmes horreurs pendant dix ans sans se décourager. Au lieu de prôner logiquement la privatisation de la plupart des fonctions de l'État comme seule solution réaliste à cette orgie de dépenses, l'ex-vérificateur général regrette que la fonction publique n'attire plus les jeunes et croit que c'est une nouvelle génération de parasites idéalistes qui réussiront à ramener le bon sens dans la capitale: « Dans mon temps – les années 60 – les jeunes voulaient changer le monde. On allait au gouvernement pour servir la collectivité, faire une différence. L'altruisme se perd. Aujourd'hui, c'est chacun pour soi. Mais avec la débandade des technos, peut-être que les jeunes vont commencer à trouver le gouvernement attirant. » C'est bien de ça qu'on a besoin, des jeunes qui veulent notre bien et qui vont aller à Ottawa pour le prendre... 
(Source: Revue Commerce) 
 
 
 
 
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