Montréal, 9 novembre 2002  /  No 113  
 
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André Dorais a étudié en philosophie et en finance et vit à Montréal.
 
ÉTHIQUE LIBERTARIENNE
 
LA DÉMAGOGIE AU QUOTIDIEN
 
par André Dorais
  
  
          En l'espace de quelques jours nous avons entendu le ministre québécois de l'Environnement dire que l'eau était un « bien collectif », le président de la commission sur le « système de santé » dire dudit système qu'il était « la vie », et les premiers ministres canadien et québécois défendre l'idée que la culture devait être protégée. Tous ont le même but, soit d'empêcher hommes et femmes de devenir propriétaires de ces biens et services.
 
          Certains pensent que nous avons de la chance que des politiciens, et les groupes de pression qui les poussent dans le dos, défendent ainsi « notre » eau, « notre » santé et « notre » culture. Je crois, au contraire, que cela est déplorable. Si vous réussissez encore à écouter les nouvelles du soir, faites l'effort d'analyser ce que les politiciens et les représentants d'associations nous disent.  
  
          Les sociaux-démocrates pensent que tout ce qui est important doit être pris en charge par l'État. Étant donné qu'ils travaillent dans ces domaines ou qu'ils y sont accrochés, ils tenteront par tous les moyens, y compris la tromperie, de nous convaincre que ce qui est important doit être contrôlé par eux. Malgré que les biens et services varient en importance selon l'évaluation de chaque individu, ils tenteront de se les approprier tous et de les ordonner à leur manière. La démagogie nous est servie quotidiennement. Ainsi, ce ne sont plus des soins de santé dont il est question, mais de la vie. 
  
La culture 
  
          Vous êtes « niaiseux » (c'est le qualificatif utilisé par l'animateur du gala de l'ADISQ, le 27 octobre dernier) si vous payez une bière à votre chum pour qu'il vous transmette une copie d'un disque plutôt que de l'acheter neuf du disquaire. Acheter du neuf servira à payer le gouvernement en mille et une taxes, dont celle des droits d'auteurs. En plus de vous arracher votre fric pour payer une industrie subventionnée et donc protégée par lui, l'homme de l'État tentera de vous expliquer qu'il agit ainsi pour rétablir la morale car vous êtes niaiseux. Votre bourse aussitôt vide, il louangera votre « solidarité » tout en vous indiquant qu'il la « sollicitera » de nouveau bientôt car un « bien collectif » a été défini la veille. 
  
     « Les sociaux-démocrates pensent que tout ce qui est important doit être pris en charge par l'État. Étant donné qu'ils travaillent dans ces domaines ou qu'ils y sont accrochés, ils tenteront par tous les moyens, y compris la tromperie, de nous convaincre que ce qui est important doit être contrôlé par eux. »
 
          L'industrie du disque s'est vue concurrencée par des joueurs tels Napster et MP3. Elle a alors demandé l'aide du gouvernement qui, non satisfait d'établir des lois pour ladite industrie et d'éliminer du fait même les concurrents, s'est empressé de nous prendre notre fric pour le remettre aux dirigeants et à ceux qui vous invectivent et qui, pourtant, vivent en bonne partie à vos dépens. Comme si cela ne suffisait pas, les hommes de l'État tentent de vous faire porter l'odieux de la situation en sous-entendant que vous êtes immoral. Or, que cette culture disparaisse, j'en serais fort aise. Ce n'est pas la mienne malgré ce qu'ils disent. Celle que je prône n'a pas besoin d'être protégée par le vol et la fraude pour survivre. 
  
L'eau 
  
          L'eau est essentielle à la vie, mais ce n'est pas une raison pour qu'elle soit contrôlée par l'État. Comme le soulignait Pierre Desrochers dans la seconde partie de son article LES BOLCHÉVIKS DE L'ENVIRONNEMENT (le QL, no 37), plus une économie se socialise, plus elle pollue. Malheureusement, nos dirigeants sont encore une fois obnubilés par une idéologie que certains pensaient morte. 
  
          On nous relate souvent qu'il manque d'eau dans certains réservoirs d'Hydro-Québec. Or, croyez-vous vraiment que cela est dû au seul manque de pluie? Hydro-Québec est un monopole non pas naturel, mais de par la loi. Avec cette force, on peut dire à peu près n'importe quoi. Alors permettez-moi d'être suspicieux. De plus, « notre » eau à beau être publique, mais justement à cause de cela on nous demande à tous les ans de ne pas arroser notre gazon telle et telle journée de la semaine et de consommer modérément. Bref, il y a toujours urgence et on nous demande constamment le sacrifice – quand ce n'est pas l'appel public à la dénonciation. 
  
          Au lieu de ces contrôles totalitaires qui n'amènent que pauvreté économique et morale, on devrait laisser au secteur privé le soin de nous offrir l'eau comme il offre déjà l'huile et le cola. Cette façon d'agir a fait ses preuves. Il n'y a ni rationnement d'huile, ni rationnement de cola. Lorsqu'il en manque ou qu'il est plus difficile de s'en procurer, tout ce qu'il advient est une hausse du prix. Les consommateurs s'ajustent en conséquence. Mais les sociaux-démocrates adorent s'immiscer dans les prix, car ils prétendent les contrôler au nom du « bien collectif », sans compter que cela leur donne de l'emploi à nos frais. Or, tout ce qu'ils réussissent à faire est de privilégier quelques-uns au détriment des autres et de nous rendre la vie misérable. 
  
          Je préfère être courtisé par le capitalisme, le vrai, celui qui n'a pas besoin d'État, que d'être volé et fraudé par la social-démocratie. Vous pouvez dire non au premier, alors que vous n'avez pas le choix avec le second. C'est que les sociaux-démocrates prétendent savoir ce qui est bon pour vous. Il s'agit d'une pseudo religion dont on doit se débarrasser. 

 
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