Montréal, 1er février 2003  /  No 118  
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de Thatcher à l'Elysée (éditions Odilon Média).
 
OPINION
 
VERS LES APPARTEMENTS
COMMUNAUTAIRES
 
par Michel de Poncins
  
  
          La loi Gayssot que la fausse droite se garde bien d’annuler est, en fait, une machine terrifiante à propager la pauvreté. 
  
          Il faudrait, dit-on, rattraper un prétendu retard dans les logements sociaux. Le pouvoir en voudrait 450 000 de plus et pour cela il a inventé l'imposition de quotas aux communes qui n’en n’avaient pas assez. On invoque la mixité sociale: ce serait un bienfait que les classes sociales se mélangent et on retrouve de la sorte la lutte des classes, horizon vieillot des marxistes de tous horizons. Les 1 078 communes qui n'auraient pas assez de logements sociaux et qui ne se mettent pas à jour sont taxées au prorata des logements manquants.
 
          Bien sûr il y eut, à l’époque, un tollé général chez les maires des communes concernées contre cet attentat aux libertés et, parmi eux, il se trouvait pourtant des maires socialistes. On parle d'expropriations nécessaires et les propriétaires de petits pavillons sont menacés. Les communes les plus paisibles risquent d'être transformées en champs de bataille, comme certaines des 2 000 communes qui sont déjà en état permanent d'insurrection. 
 
          La seule façon pour les maires d'échapper à l'horreur est donc de payer l'impôt supplémentaire. J’ai souvent écrit qu'une des règles de la République Fromagère est la création permanente d'impôts supplémentaires. 
  
          Ce qui domine dans ce concert de protestations, c'est que les uns et les autres passent à coté du vrai problème. On propose des aménagements et des amendements au projet de loi et non la vraie solution qui est le jeu du marché dans le domaine du logement avec le recul des logements sociaux, voire leur suppression complète. Si le marché du logement jouait librement au lieu d’être détruit par le pouvoir néo-socialiste depuis cinquante ans, il n’y aurait pas de pénurie de logements pour les plus pauvres. 
 
          Les habitations à loyer modique sont l'un des véhicules de création de la pauvreté. Conçues apparemment pour résoudre l'un des aspects de cette pauvreté, c'est-à-dire l'absence de logements pour tous, elles multiplient en fait cette pauvreté; comme toute mesure dirigiste, elle se retourne contre ses objectifs prétendus. Si la France compte 20% de logements de type stalinien, ce n’est pas un hasard mais une conséquence.  
 
          La concentration du pouvoir dans les mains de quelques titulaires de fructueux fromages au sein de la bureaucratie correspondante, l’absence de calcul de rentabilité, l’inexistence du seul vrai contrôle qui est celui du marché: tout cela conduit à la médiocrité des logements sociaux. Il s’y ajoute inévitablement de la corruption. Comment expliquer les déboires quasi criminels dans les ascenseurs des HLM, sinon par l’effet inévitable d’une gestion étatique?  
  
Le mirage du logement étatisé 
  
          Comme on met dans la tête des gens l’idée que le logement est à la charge de l’État, on les déresponsabilise et on les empêche de chercher sur un marché libre ce qui leur convient. Ce mirage est connu jusqu’au fond de l’Afrique et encourage une immigration inutile et nuisible à tous, y compris aux immigrés. Arrivés ici, ils constatent le mirage puisque le phénomène se nourrit de lui-même et que la pénurie est institutionnalisée. 
 
     « Si le marché du logement jouait librement au lieu d’être détruit par le pouvoir néo-socialiste depuis cinquante ans, il n’y aurait pas de pénurie de logements pour les plus pauvres. »
 
          En voulant étendre les HLM, le pouvoir diffuse ainsi la pauvreté. Il y a d’ailleurs éventuellement une volonté, les dirigistes de toutes espèces trouvant dans cette pauvreté une source de leur propre richesse. Le calcul est évidemment politique. Tout au long des « cinquante calamiteuses », les élus ont fait carrière dans la politique et en ont tiré leur richesse incalculable. Le pouvoir quel qu’il soit s'imagine avoir des électeurs parmi les pauvres et l’attribution des HLM sert de monnaie pour acheter l’élection et la richesse qui s’ensuit. 
 
          Pour couronner le tout, l'initiateur de la mesure Gayssot est communiste. Il représente l'idéologie criminelle du 20e siècle qui a prospéré en répandant dans le monde entier la pauvreté et la faim qui s'ensuit. 
 
          Mais la fausse droite, en acceptant la loi Gayssot sans l’annuler, pense s’acheter une « conduite » et se trompe aussi sur ce point. Le président Chirac s’est empressé, dès son retour au vrai pouvoir, de marquer son allégeance en confirmant le système alors qu’il aurait dû, comme Lady Thatcher l’a fait en Grande-Bretagne, mettre en vente les HLM. 
 
          Monsieur Dominique Strauss-Kahn, ou DSK, a paru le 9 janvier à la télévision pendant 100 minutes pour convaincre et s’est senti alors débordé sur sa gauche (voir aussi LES VANTARDISES DE STRAUSS-KAHN AU SUJET DE LA CROISSANCE dans le présent numéro). Il fut question de ce logement social et de cette mixité. DSK a aussitôt paré le coup en demandant une « mixité plus fine »: il faudrait que les HLM achètent un appartement dans chaque immeuble des quartiers dits favorisés pour augmenter la mixité! 
 
          La fausse droite va-t-elle accepter cette nouvelle et folle idée? Après tout, il y a des HLM de luxe dans Paris et on en connaît de brillants locataires. Faute d’aider les pauvres elles servent à gâter les amis et aussi à l’occasion les membres de la famille. 
 
          Si la fausse droite accepte la mixité fine, il n’y aura plus, pour parachever le système, qu’à promouvoir l’appartement communautaire avec plusieurs familles se partageant la salle de bain, ce qui fut et est encore une des inventions des kamarades de l’Est. 
  
 
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