Montréal, 15 mars 2003  /  No 121  
 
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 UN ARTICLE ANTISÉMITE DANS LE QL?
 
Re: POURQUOI LA GAUCHE EST AUJOURD'HUI IDÉOLOGIQUEMENT COINCÉE, le QL, no 120 
 
          Bonjour, 
 
          Je lis fréquemment le QL même si je n'en partage plusieurs opinions car j'y apprécie qu'on y sorte des sentiers intellectuels battus, et l'on y retrouve des suggestions intéressantes qui font réfléchir sur le sens commun. Néanmoins, l'article récent d'Yvan Petitclerc ne sort pas du sentier mais s'embourbe dans son fossé assez nauséabond, celui de la théorie mille fois remâchée du complot des juifs (et des franc-maçons, ne pas les oublier!) travaillant de concert pour nuire à [insérez le mot], complot qui revient à la mode chez une certaine go-gauche contemporaine et que reprend à son compte l'auteur. Il peut arriver que certains propos ne volent pas très haut, mais là ce n'est plus du rase-mottes, c'est carrément de la prospection minière. Cet ode à la bêtise ethnocentrique n'a rien à foutre dans un propos supposément libertarien. 
 
          Assimiler le judaïsme à une race ou un bloc homogène relève de la fantaisie. L'assimiler à une conspiration politique mondialisée relève de la psychiatrie. Il n'existe pas de juifs athées, pas plus qu'il n'existe de chrétiens athées. Et s'il existe une « culture juive », celle des Sépharades n'a guère à voir avec celle des Ashkénazes ou des Hassidim. Ces cultures diffèrent autant que les individus qui la composent. Associer ce 2% à un cartel politique machiavélique, et non pas à des individus capables de penser par eux-mêmes, avec des valeurs et objectifs qui leur sont individuels, ce n'est pas voler très haut... Ce 2% est un construit de l'esprit. Le construit d'un esprit apparement marqué par une inquiétante tendance paranoïde. 
 
          On pourra bien sûr m'accuser de rectitude politique. Si j'étais moins poli, j'abonderais sans doute en références scatologiques sur le lieu le mieux placé pour insérer cet article. Je n'aime pas insulter les gens, mais là franchement ça dépasse les bornes en matière de connerie. Que les lecteurs du QL me pardonnent, mais il faut appeler un chat un chat, et quand ça pue ce n'est pas une rose qui s'épanouit. Monsieur Petitclerc, si vous croyez sincèrement être libéral, relisez votre manuel car je crains que vous n'ayez oublié que l'individu est d'abord libre et responsable de ses propres actes et décisions avant d'être une étiquette ethnique ou un vote ethnique... Peut-être n'êtes-vous pas mal intentionné et simplement naïf ou ignorant, mais même en vous accordant le bénéfice du doute vous auriez mieux utilisé votre papier à la salle de bains qu'à écrire cette foutaise. 
 
E. Bouchard
libéral classique et membre de la méchante conspiration du 2%
 
Réponse d'Yvan Petitclerc: 
  
          Merci de m'avoir bien fait rigoler. Il m'est arrivé déjà de rencontrer des gens incapables de lire un texte correctement. Dans ce cas cependant, vous venez sans conteste d'établir un nouveau record en la matière.  
  
          Je vous invite à méditer sur ce commentaire de l'écrivain Mordecai Richler (National Post, 16 oct. 1999): 
              As I have argued before, you can call my people anything, but "non visible" is risible... Given that jews make up only 2% of the North American population it's true to say my bunch enjoys a presence disproportionnate to their numbers in the world of American politics, arts and business. So what? We came by it honestly. Not by dent of inheritance, but through intelligence, talent and honest effort. But to state in print that jews are influential beyond their numbers in America is to invite protest from those who can sniff anti-semitism under every bed. And for fear of being dubbed a racist, nobody will come right out and say the obvious. Based on the available facts blacks tend to be more physically graceful and talented than white people.
          Au fait, un des best-sellers des dernières années est de l'auteur juif américain Jon Entine. Son ouvrage s'intitule Taboo: Why black athletes dominate sports and why we're afraid to talk about it. Vous devriez lui écrire pour protester. Peut-être ne rapporte-t-il pas des faits dans un livre bien documenté mais endosse au contraire la théorie du « complot noir » pour s'emparer de la NBA, des titres de Most Valuable Player dans la Ligue majeure de Baseball, de la catégorie poids lourds dans la boxe, etc. Évidemment, tant qu'à y être, dans le procès d'intention, il endosse aussi probablement la théorie sous-jacente selon laquelle si les noirs excellent sur le terrain, c'est parce qu'ils sont incapables intellectuellement en dehors de celui-ci. Assurément, un méchant juif raciste anti-noir de la pire espèce! Imaginez. Oser remarquer que les noirs jouissent dans la NBA d'un poids proportionnel supérieur à leur nombre démographique (environ 85% pour 12% de la population). Faudrait bannir les matchs télévisés de la NBA aussi! Le complot se voit trop même sans le son! 
  
          Enfin n' oublions pas le complot des athlètes noirs éthiopiens pour s'emparer des marathons olympiques, le complot des gais pour s'emparer de la mode et du design d'intérieur, celui des ingénieurs indiens pour s'emparer de Silicon Valley, des Japonais pour s'emparer de l'excellence en technologie miniaturisée, des Vietnamiens pour s'emparer des pharmacies, du complot mondial coréen pour s'emparer des dépanneurs, des Chinois pour s'emparer des Dollarama, etc. 
  
Y. P. 
  
Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Bouchard,  
  
          Permettez-moi d'ajouter mon commentaire comme directeur de ce magazine. Vous avez complètement raté le sens de cet article. Je vous inviterais à relire attentivement le texte d'Yvan Petitclerc et à chercher où exactement il est fait mention d'un quelconque « complot » des juifs, d'un « cartel politique machiavélique », et où se trouve le passage où l'auteur déplore l'influence des juifs. Vous ne trouverez rien. 
  
          Yvan Petitclerc est de ceux qui trouvent remarquable le dynamisme de la population d'origine juive. Il cite un livre (écrit par Morton Weinfeld, un professeur juif de McGill spécialisé dans l'étude de la culture juive) qui montre qu'un quart des très riches Américains sont juifs. Dans le monde de la culture, de la science, des idées, les juifs occupent une place disproportionnée par rapport à leur nombre. Un exemple parmi d'autres: parmi les Lauréats Nobel en économie, 41% sont juifs, 53% parmi les Américains qui ont gagné ce prix (voir www.jinfo.org). On observe bien sûr la même chose au Canada. Il y a sûrement des raisons culturelles et sociologiques à ce dynamisme (on pourrait tenter la même analyse pour ce qui est de la présence disproportionnée de créateurs et penseurs homosexuels dans certains domaines, ou du succès des étudiants d'origine asiatique dans nos universités). Est-il possible de soulever ces réalités et d'en analyser les conséquences sans se faire insulter gratuitement comme vous le faites? 
  
          Les juifs forment une partie importante des penseurs de la gauche américaine et la plupart des penseurs du mouvement néoconservateur si influent en ce moment dans le gouvernement Bush sont aussi des juifs. D'ailleurs, les principaux théoriciens de l'École d'économie autrichienne à laquelle plusieurs d'entre nous se réfèrent, Ludwig von Mises et Murray Rothbard, étaient eux aussi juifs. Comme l'écrit Y. Petitclerc, le débat gauche-droite en Amérique du Nord est en partie un débat entre juifs de gauche et de droite, même si ceux-ci ne forment que 2% de la population. Et cela a des effets sur la teneur de ce débat. Selon lui, alors que la droite avait tendance à être associée à un discours antisémite il y a quelques décennies, c'est la gauche aujourd'hui qui tient ce discours. C'est ce qui expliquerait qu'elle perd des appuis traditionnels et se retrouve dans un cul-de-sac. On peut être d'accord ou non avec la thèse, mais elle mérite d'être soulevée. 
  
          Vous avez tout à fait raison d'écrire que l'individu est d'abord responsable de ses actes, avant d'être une étiquette ethnique. Ces analyses culturelles ont souvent tendance à être étirées un peu trop, au point d'adopter une méthodologie collectiviste et de tout expliquer par des notions collectives. Je ne partage d'ailleurs pas tout à fait la perspective d'Yvan Petitclerc sur ce plan. Mais il serait illogique de prétendre que ce dynamisme et cette présence importante des juifs dans le monde de la culture, des idées et de l'économie est un simple hasard, et que ça n'a aucune conséquence sur la tournure des débats. Nier l'influence de la culture, de la religion et du background socio-économique dans le comportement des individus n'est pas plus utile que de tout réduire à ces notions. 
  
          Oui, il y a des crackpots antisémites qui prétendent qu'une conspiration explique ce dynamisme des juifs dans plusieurs domaines. Devrait-on pour cela s'empêcher de discuter du phénomène? Cette discussion devrait-elle être restreinte aux seuls auteurs juifs? Vous réagissez comme tous ces porte-parole de lobbys, juif, homosexuel, nationaliste québécois, noir, qui crient au racisme et à l'intolérance chaque fois que quelqu'un qui ne fait pas partie de la tribu dit quelque chose qui ne correspond pas exactement à la rectitude politique du moment. Le résultat est que de moins en moins de gens osent aborder des sujets qui touchent ces minorités supposément persécutées, sauf les vrais extrémistes intolérants. 
  
M. M. 
  
  
 
 
LES CYCLES DE RÉPRESSION AMÉRICAINS
 
Re: L'AMÉRIQUE RÉELLE: APRÈS L'EMPIRE, LA DICTATURE?, le QL, no 109 
 
          Vous avez parfaitement raison concernant le glissement de l'Amérique vers une nouvelle société plus portée vers l'État policier que vers la liberté individuelle. Mais c'est un cycle. Après que l'Amérique eut été attaquée par le Japon, à Pearl Harbor en décembre 1941, et qu'il ait gagné cette guerre, la période 1946-1967 fut une des périodes les plus noires de l'Amérique au chapitre de l'État tentaculaire: le FBI était omnipotent, on avait créé la CIA, Nixon abusait de façon éhontée du pouvoir, le Macarthysme créait des listes noires suite à des délations et j'en passe. 
  
          Voici, le 11 septembre 2001, la chute des Talibans et de Saddam Hussein, suite à cela, un nouvel ordre mondial et enfin la perte des libertés pour le soutenir, comme résultat une décroissance économique justement par manque de ces libertés, sociale, politique et économique. Ce fut le cas en 1969 lorsque l'Amérique fut à bout de souffle à cause de la guerre au Viet-Nam, de la Course à la lune, de la Guerre froide tout cela financé par la planche à billets. Conséquences: inflation, perte de productivité, et tous les problèmes occasionnés par un État qui pense résoudre toutes les externalités qu'il produit. 
  
          Mais l'Amérique a beaucoup de ressources intellectuelles et de contestation, je reste optimiste pour le futur. On a perdu une bataille, mais la guerre sera longue pour récupérer ce que l'on a perdu. 
  
          Suite à ce constat, on se reparlera dans 20 ans. 
  
Jean Santerre
  
Réponse de Hervé Duray: 
  
Bonjour Monsieur, 
  
          Effectivement, je pense qu'il y a aux États-Unis un fond de valeurs que n'ont pas les Européens, en terme d'amour de la liberté, de respect d'autrui, qui sont rassemblées pour la plupart dans le document fondateur des États-Unis, la Constitution. 
  
          Si les valeurs fondatrices des États-Unis sont conservées, si la Constitution survit (mais pas en tant que « living document » façon Démocrate), alors oui il y aura un renouveau US. Et je ne doute pas une seule seconde qu'il aura lieu. 
  
          Bien à vous, 
  
H. D. 
 
 
 
 
INQUIÉTANTE, LA MONTÉE DE L'EXTRÊME-GAUCHE
 
Re: LA FRANCE NAGE TOUJOURS DANS LE COMMUNISME, le QL, no 84 
 
          Monsieur, 
  
          Française, à la recherche d'informations sur l'extrême-gauche, je suis tombée par hasard sur votre article en surfant sur le site du Québécois libre. Je voulais vous en féliciter car vous avez tout à fait bien cerné la montée de l'extrême-gauche en France, un « phénomène » que je trouve pour ma part très inquiétant. Certains médias français gagneraient à s'inspirer de votre article!  
  
          Cordialement et bonne continuation,  
 
Pascaline Duban
 
 
 
ATTENTION!
    Si vous en avez marre de vivre dans une société où l'hystérie nationaliste domine tous les débats; dans un pays où les taxes, les réglementations omniprésentes et le paternalisme des gouvernements briment la liberté individuelle et restreignent le dynamisme économique; dans une culture où le moutonnisme et l'égalité dans la médiocrité sont plus valorisés que l'individualisme et la compétition; dans un monde intellectuel où les prétendus « consensus nationaux » promus par une élite déconnectée servent de prétexte pour éviter les débats rationnels; 
  
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