Montréal, 15 août 2004  /  No 145  
 
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Martin Masse est directeur du QL.
Page personnelle
 
ENTREVUE
  
CHOI-FM ET LA THÉORIE DU CHOIX PUBLIC
 
L'animateur de radio André Arthur s'entretient avec Martin Masse, directeur du QL, de la fermeture par le CRTC de la station de radio CHOI-FM de Québec. L'entrevue, diffusée dans la région de Québec, le 10 août dernier, peut être écoutée (en deux parties) en format mp3. On peut aussi en lire de courts extraits plus bas.
 
 
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EXTRAITS 
  
A.A.: […] Quelle analyse vous autres vous faites de l’aventure CHOI-FM? Qu’est-ce que vous voyez là-dedans?  
  
M.M.: Ce que vous venez de raconter c’est un peu ce que les gens au pouvoir ne veulent pas qu’on sache. À la place de ça, on est gavé avec toutes sortes de justifications plus ou moins morales, idéologiques, économiques et autres, et c’est un peu tout ça qui est répété par les médias de l’establishment, par les gens qui veulent nous faire croire autre chose que ce qui se passe vraiment. Et moi, ce qui m’intéresse, c’est justement de voir la dichotomie entre le discours officiel et ce que vous venez de raconter, qui est beaucoup plus terre-à-terre. Si on regarde ça d’un point de vue… disons de l’analyse économique, de toute cette question-là, il y a vraiment un mythe qui sous-tend tout ça qui est que quand l’État intervient, l’État intervient pour le bien public. Pour le bien collectif. Pour nos intérêts à nous tous. Alors que quand ce sont des questions privées, on a chacun nos intérêts et c’est tout juste si on ne s’entretue pas pour tirer la couverture de notre côté. 
  
A.A.: Donc, un monopole de l’honnêteté et de la dignité dans les mains de l’État, les mauvaises intentions étant l’apanage des individus. 
  
M.M.: C’est ça. Ça c’est un peu le mythe ou la grande illusion qui sous-tend tout l’interventionnisme étatique. […] Et cette illusion-là, […] des économistes ont essayé de décortiquer ça, il y a quelques décennies. Ils ont essayé d’analyser ça simplement d’un point de vue économique. En allant derrière le mythe, derrière l’espèce de discours moral. Des intérêts économiques, c’est quelque chose qui s’analyse, c’est un fait objectif. Comment est-ce possible que quand on est des individus avec des intérêts privés, on se préoccupe pas des autres et, tout à coup, quand on devient employé du gouvernement on a l’intérêt de toute la collectivité dans notre coeur, mais nos intérêts à nous, personnels, on ne s’en préoccupe plus? [Des économistes de l’École du Choix public] ont montré que justement, les individus ont tous des intérêts, à divers niveaux. Des intérêts pour ce qui est de se défendre eux-mêmes, d’avoir plus de revenus, etc., de défendre leur famille, ils veulent le bien-être de leurs amis, de leur communauté… On est tous comme ça et c’est pas parce que tout à coup on devient un fonctionnaire ou un politicien que tout ça disparaît, et est mis de côté, et on devient tout à coup des partisans du bien public. Et ce que ces économistes ont montré, c’est que, au contraire, les gens qui tout à coup se retrouvent avec le pouvoir de l’État, ils continuent à avoir des intérêts individuels, des intérêts de leur petit groupe à eux, et ils continuent à les défendre. Et quand on analyse des débats, des controverses comme celle de CHOI, je pense que vous venez de bien le montrer, ces intérêts-là, si on gratte un petit peu, on les retrouve. […] 
 
 
EXTRAITS 
  
A.A.: […] Mais tout ça [ces grand «débats» de société] serait ridicule et sans importance si la presse faisait sa job. 
  
M.M.: Oui mais la presse, les journalistes passent où pour devenir journalistes? Ils passent dans des facultés de Communications à l’Université Laval et à Concordia. Ils sont enseignés par des profs étatistes qui répètent que pour se trouver des bonnes jobs dans les médias officiels, il ne faut pas trop s’éloigner de la ligne officielle. Et on leur enseigne deux ou trois cours de sciences politiques et d’économie pour leur donner un certain vernis de culture générale. Et on leur répète les mythes keynésiens et socio-démocrates à la mode dans les milieux universitaires et on en fait de bons petits journalistes qui répètent la ligne officielle. Pour avoir autre chose, il faudrait… je comprend qu’il y a des grands groupes [de presse], mais je penses que ces grands groupes, ce qu’ils contrôlent au niveau des journalistes, c’est assez limité. Ils n’ont pas besoin de contrôler grand-chose… 
  
A.A.: Les grands groupes ne comptent pas à côté des grands syndicats. Ils sont tous CSN! 
  
M.M.: Exactement. Chacun de ces journalistes-là est syndiqué. […] 
  
A.A.: Le quebecoislibre.org? 
  
M.M.: Le quebecoislibre.org, c'est ça. On est publié à tous les mois, le 15 du mois maintenant. Et on essaie de faire avancer ces idées-là… 
  
A.A.: Mais ce qui m’épate c’est que vous n'avez aucune concurrence! 
  
M.M.: Non, mais on attend l’avis du CRTC, quand ils vont décider de réglementer Internet (rires). Quand ils vont nous dire que… parce que vous savez qu’ils parlaient de ça il y a quelques années?  
  
A.A.: Ils ont essayé et ils vont revenir! Là ils parlent de revenir. Étant donné que leurs amis du téléphone veulent passer sur Internet, ça va leur donner l’angle pour entrer sur Internet pour contrôler la téléphonie. 
  
M.M.: Un moment donné, je vais peut-être devoir vous appeler pour vous dire qu’on a reçu un avis du CRTC qui nous ordonne d’enlever la moitié de notre site parce que ça choque les «valeurs canadiennes». 
  
A.A.: Salue Monsieur Masse! 
  
M.M.: Merci beaucoup, Monsieur Arthur. 
  
A.A.: Martin Masse est directeur du magazine Internet Le Québécois Libre.org. Dans une dictature, tu te fais dire «Ferme ta gueule!» Dans une démocratie, tu te fais dire «Cause toujours, je ne m’en occuperai pas.» Il me semble que depuis quelques années, on est passé, au Canada, de «Parle, parle, ça ne me dérange pas!» à «Ferme ta gueule!» CHOI-FM, «Ferme ta gueule!», les amis de Corus veulent ton antenne. […]
 
 
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