Montréal, 15 octobre 2004  /  No 147  
 
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OPINION
  
POUR EN FINIR AVEC L'INDUSTRIE
DE LA PAUVRETÉ
 
par Estefana Manrique
  
  
          Après avoir lu l'article intitulé « Les Bougon et le BS » de Paul Beaudry – trouvé par hasard sur internet –, je n'ai pu m'empêcher de me dire que l'auteur m'enlevait carrément les mots de la bouche! Il y a trop peu de gens qui osent dire cela et dénoncer l'industrie de la pauvreté au Québec.
 
          Effectivement, à chaque année, d'innombrables téléthons et campagnes d'aide aux démunis viennent nous faire sentir coupable de ne pas participer. Au travail, on est forcé de faire partie du groupe, sous prétexte que la Compagnie aide telle ou telle cause depuis X années. On nous offre toutes les façons possibles de donner. Entre autres, la fameuse « retenue à la source » et on vient personnellement collecter les petits papiers et nous faire des gros yeux quand on ne participe pas. Comme si on touchait 100% de notre paye et que nos impôts ne servaient qu'à nous!!! 
  
          Effectivement, l'industrie de la pauvreté – car c'est une industrie – survit en faisant pleurer les gens ordinaires en leur exposant des chiffres effarants sur la « pauvreté des enfants ».  Sauf qu'on oublie souvent que les parents de ces enfants pauvres n'ont pas toujours le sens du devoir et la nourriture passe souvent bien après les cigarettes et la loterie. C'est pratique, les organismes comme « les petits déjeuners »... on déresponsabilise les parents vis-à-vis leur rôle primaire de parents: nourrir, loger et vêtir convenablement leur progéniture. Ça fait bien de parler de pauvreté enfantine... les Québécois aiment pleurer et se « gratter le bobo »... on leur donne donc une bonne occasion d'avoir bonne conscience sans trop se faire achaler en faisant un petit don à la grosse machine Centraide, Vision Mondiale et autres (93 entrées dans les pages jaunes de l'annuaire). 
  
          Quant aux grandes compagnies, elles, pour bien paraître aux yeux de tous et surtout pour les crédits d'impôt que cela leur donne, font des dons de charité à gauche et à droite. Tout le monde est heureux, car on a sauvé les apparences!  
  
          J'ai déjà fait partie (on m'avait forcée) du groupe Centraide pour le bureau. J'ai été estomaquée de me faire dire par l'agent assigné à notre dossier que nous n'avions pas assez donné. Il était supposément bénévole, un vieil homme à la retraite qui se consacrait pour le bien des pauvres! J'étais sans mots devant une remarque aussi déplacée que hors contexte. Nous étions en pleine période de coupure et avec 23 employés, nous avions amassé un montant de 800 $ en trois semaines! Quelle effronterie!  
  
     « J'ai déjà fait partie (on m'avait forcée) du groupe Centraide pour le bureau. J'ai été estomaquée de me faire dire par l'agent assigné à notre dossier que nous n'avions pas assez donné. »
 
          Dans ma famille, on a toujours fait avec ce qu'on avait, sans quémander. Mes parents ont déjà eu besoin d'avoir recours au BS et ont tout fait pour s'en sortir et s'en sont sorti très vite. On a pas été faire la file à la soupe populaire. Ils se sont retroussé les manches et ont trouvé moyen de s'en sortir. Malgré cet épisode, j'ai toujours mangé à ma faim. Ce n'était pas du quatre étoiles, je me souviens très bien des « patates aux oeufs » qu'on mangeait très souvent. Au moins, on mangeait et on avait un toit sur la tête.  
  
          Ce que les gens ont de la difficulté à comprendre, c'est que les informations qu'on reçoit déforment la réalité et entretiennent le mythe que le BS est nécessaire à notre société. Il nous faut toujours des pauvres pour pleurer sur le sort de quelqu'un d'autre et se comparer pour se consoler. On dirait qu'il nous faut une quantité minimale de pauvres. C'est quoi ces idées? 
  
          J'ai connu de jeunes BS de trente ans qui jouaient au Nintendo en attendant leur chèque, pour aller à l'arcade, assis bien au chaud et nourris presque au biberon dans le salon chez papa-maman. Ces morrons-là, bien moi je leur aurais « botté le cul » parce que je travaille et une partie du 40% d'impôt qui part de ma paye à chaque deux semaines, bien ce sont eux, qui ne foutent rien, qui le récoltent. Ils ne sont pas handicapés, ni plus laid que la normale, ni illettrés... leur maladie, c'est la lâcheté chronique! 
  
          Les gouvernements encouragent la croyance populaire qu'on ne peut rien au problème de la pauvreté. Ils font des programmes, dégagent des fonds, forment des groupes de travail... mais les gens ordinaire ne veulent pas s'ouvrir les yeux et voir que tout l'argent englouti dans ces mesures ne donne rien. Ce sont des fonds publics gaspillés. Parce que par derrière, tout ça sert les intérêts de certains! La soi-disant pauvreté ne fait qu'accroître d'année en année. N'est-ce pas là une drôle de coïncidence, alors que la dénatalité est bien connue de tous et que maintenant, on ne laisse plus entrer d'immigrants qui sont voués à la pauvreté.  
  
          Oui, il y a des « vrais pauvres » qui veulent s'en sortir... mais l'inverse est aussi vrai. Il y a des « BS chroniques » ou « BS de père en fils »... et personne ne veut rien faire, pour éviter les critiques... et pendant ce temps, on fait la charité pour se laver les mains et on parle de fusion-défusion, bouclier anti-missile, paix dans le monde, on s'insurge devant les coûts astronomique du métro de Laval, la pollution de la planète... et hop! un petit espoir: on coupe le chèque des BS qui vivent encore chez leurs parents. Dur, dur, la vie! Mes morrons vont pleurer! 
 
 
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