Montréal, 15 novembre 2004  /  No 148
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.
Page personnelle
 
OPINION
  
SCANDALE EN FRANCE!
READ ALL ABOUT IT!
 
par Michel de Poncins
 
 
          La France a connu, le 2 novembre dernier, un scandale à faire s’écrouler l’échelle de Richter. Le scandale a été signalé aussitôt par toutes les chaînes de télévision – qui n’avaient sans doute rien d’autre à dire – et ses éclaboussures se poursuivent et s’enchaînent depuis.
 
          Était-ce un groupe d’illettrés qui aurait investi les bancs de l’université en attendant d’être chômeurs? Vous n’y êtes pas. Seraient-ce des milliardaires qui auraient décidé de financer une chaîne porno pour avoir des milliards en plus? Pas du tout. Cela aurait pu aussi être le scandale des prisons surpeuplées où l’on rentre innocent, avant d’en sortir truand: vous vous trompez encore. 
  
          Le casse mémorable organisé sur les retraites privées pour sauver les retraites extravagantes des entreprises d’État aurait pu fournir l’occasion de l’émotion populaire, ou encore le manque de chirurgiens, ou les voitures qui flambent; la maison France est en voie d’écroulement rapide et tous les jours les craquements se font entendre... 
  
          Non, ce qui a provoqué le scandale et a ensuite ému toute la classe politique, c’est QU’UN CHASSEUR A TUÉ UNE OURSE. 
  
Une atteinte grave à la nature! 
  
          Ce modeste fait de la vie courante a conduit les plus hautes autorités de l’État à consacrer à ce désastre national de précieuses minutes au conseil des ministres qui, sans doute, doit se passer souvent à crayonner des dessins sur les fameux maroquins. Le même fait a mis dans les rues de Paris, le 6 novembre, mille personnes qui voyaient là une atteinte grave à la nature!  
  
          Le prétendu drame s’est produit en vallée d’Aspe dans les Pyrénées-Atlantiques. Le chasseur, s’étant senti menacé par cette ourse dénommée Cannelle, a sauvé sa propre vie en la tuant. 
  
          Le préfet du département, dans lequel les banlieues sont des « zones de non droit » comme partout ailleurs, a trouvé du temps pour venir à la télévision dénoncer l’affaire; il est vrai qu’il n’avait pas revêtu son uniforme à cette occasion... 
 
          Serge Lepeltier, ministre de l’Environnement, a annoncé qu’une instance judiciaire serait ouverte, le malheureux chasseur pouvant encourir six mois de prison. La communication par internet avec Dominique Perben, ministre de la Justice, ne doit pas bien passer. Ce dernier aurait pu dire à son collègue que les tribunaux croulent sous les délais et les erreurs judiciaires et que cela ne sert à rien de les encombrer davantage ainsi que les prisons. Le même Lepeltier a fait, sur ordre d’en haut, le déplacement dans les Hautes-Pyrénées pour « apprécier la gravité de la situation ». 
  
     « Les plus hautes autorités, en faisant part de leur émoi, n’ont pas ajouté leur "effroi". Ce terme est réservé pour des cas encore plus graves sur l’échelle de Richter, quand par exemple une mythomane se dit victime d’une agression imaginaire et qu’avec une joie malsaine, bien que masquée, les mêmes autorités en accusent la France toute entière. »
 
          Un hélicoptère a enlevé la dépouille de la bête; c’est la seule bonne nouvelle, car l’appareil était donc disponible et non réquisitionné par un ministre pour aller dans sa maison de campagne, comme cela s’est fait beaucoup et se fait sans doute encore...  
  
          Les plus hautes autorités, en faisant part de leur émoi, n’ont pas ajouté leur « effroi ». Ce terme est réservé pour des cas encore plus graves sur l’échelle de Richter, quand par exemple une mythomane se dit victime d’une agression imaginaire et qu’avec une joie malsaine, bien que masquée, les mêmes autorités en accusent la France toute entière. Reconnaissons aussi qu’elles n’ont pas organisé une cérémonie oecuménique à l’occasion de cette affaire.  
  
          Si le chasseur avait été tué il n’aurait, certes, pas eu droit à l’hélicoptère ni bien sûr à la compassion du conseil des ministres. 
  
D'ours et de tourisme vert 
  
          Chaque ours implanté dans les Pyrénées coûte cinq cent mille euros par an aux contribuables. Et encore, c'est le coût sec et, si on ajoutait tous les adjuvants nécessaires, l'on trouverait sans doute deux millions cinq cent mille. Il y en a 19 dans les Pyrénées, soit environ 50 millions d’euros. Les brebis sont régulièrement dévorées: pas de pitié pour les brebis. 
  
          Pourquoi les ours et les loups sont-ils plus intéressants que les brebis et les bergers? Après tout, les bergers, victimes régulières de ces folies, n’ont qu’à aller comme d’autres s’inscrire au RMI. 
  
          À l’occasion du prétendu scandale on apprend ce qui avait motivé l’introduction des ours: « Le projet a pour but de dynamiser le tourisme vert ». 
  
          On aperçoit encore les formules vagues et imprécises qui fondent la « République Fromagère » et ses rapines; pourquoi encourager le tourisme vert au lieu de laisser les consommateurs choisir? En quoi un ours et un loup sont-ils propres à encourager ce tourisme au risque de voir les touristes et chasseurs dévorés ou blessés?  
  
          Au conseil des ministres, lors de l’évocation de l’affaire, la biodiversité fut invoquée. La biodiversité est l’une de ces chimères qui, ajoutées à bien d’autres, forment une pyramide de chimères, à l’abri de laquelle les vrais problèmes sont masqués. Elle n’a aucune signification intelligente dans la langue française telle qu’on continue encore à la pratiquer.  
  
          Des marathoniens de l’intelligence, à force de courir derrière ces chimères après 60 ans de socialisme, créent un collapsus de l’intelligence. 
  
 
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