Montréal, 15 mars 2005 • No 152

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

LES MINISTRES SONT-ILS ASSEZ PAYÉS?

 

par Michel de Poncins

 

          À propos du flash sur les appartements des ministres, un correspondant me fait remarquer, et je cite, que: « Vous dénoncez la république fromagère et, sur le principe général, je suis d'accord avec vous: les hauts serviteurs de l'État en sont aussi les maîtres; les abus tendent à être nombreux en l'absence de contre-pouvoirs bien organisés et sans compromission, ou en l'absence d'une éthique forte dans l'esprit de chaque électeur.

 

          « Cependant, s'agissant des appartements, je crois que la plupart des observateurs qui sonnent la charge oublient à quel point la rémunération directe des ministres est faible par rapport à celle des chefs des grandes entreprises.

          « La pusillanimité de la rémunération des hommes politiques laisse à ceux-ci l'impression que, pour se rémunérer à hauteur de leurs responsabilités, il serait normal de compenser avec des avantages plus ou moins obscurs. »

          J'avoue, au risque de surprendre, ne pas partager du tout ce point de vue. Il n'y a réellement aucune comparaison possible entre l'action d'un chef d'entreprise et celle d'un politique, serait-il ministre.

          Le patron d'entreprise agit librement dans un cadre contractuel. Propriétaire de son entreprise, il n'a de compte à rendre qu'à lui-même. Mandataire social, il rend compte aux actionnaires et c'est à ceux-ci à faire la police et à quitter le navire s'ils n'approuvent pas la rémunération du capitaine.

          Les patrons du CAC 40 peuvent gagner beaucoup d'argent – et c'est tant mieux – s'ils enrichissent leurs actionnaires en rendant service à des milliers de gens, par la fourniture de marchandises valables, et à des milliers de salariés. Un joueur de tennis de même peut faire une fortune immense en distrayant des millions de spectateurs.
 

« Il y a grosso modo 43 ministres et sous ou sous-sous-ministres. Trente-cinq d'entre eux probablement ne font pas de travail réellement utile à la société et, au contraire, gênent par leur activité brouillonne, contradictoire, et violentent les personnes privées qui seules créent de la richesse. »


          Il y a grosso modo 43 ministres et sous ou sous-sous-ministres. Trente-cinq d'entre eux probablement ne font pas de travail réellement utile à la société et, au contraire, gênent par leur activité brouillonne, contradictoire, et violentent les personnes privées qui seules créent de la richesse. Ils justifient leur fortune par leurs « responsabilités », mais justement ils créent artificiellement ces responsabilités prétendues par leurs interventions abusives dans tous les domaines de la vie privée des autres.

          La fabrication déferlante de lois et règlements nouveaux n'a jamais enrichi le corps social. Il n'y a aucune raison que ces personnes fassent la fortune que peuvent faire quelques personnages de la société civile.

          Aux États-Unis, seuls le président et le vice-président sont logés par l'État. Les ministres sont payés, mais beaucoup, étant donné la prospérité du pays, perdent par rapport à des fonctions privées très payées dans le cadre de cette prospérité.

          Si le pouvoir libérateur qui arrivera forcément un jour en France nettoyait les écuries d'Augias, il resterait après nettoyage les tâches régaliennes qui sont peu nombreuses.

          Ce serait une forme de sélection que de choisir des personnes capables et désireuses de servir le bien commun pendant quelques années pour des rémunérations non excessives et, bien entendu, sans avantages particuliers d'aucune sorte. Ce serait les meilleurs qui seraient candidats.

          Les députés et sénateurs n'ayant plus à fabriquer en permanence un déluge de lois n'auraient plus le travail harassant qui leur sert aujourd'hui de justification à leur fabuleux enrichissement. La rigueur là aussi devrait conduire à un véritable écroulement du budget des assemblées avec d'ailleurs la fin du concept même de « carrière politique » qui est une des manifestations de la « République Fromagère ».

          En Suisse, les sept ministres ne sont pas logés et vont à leur travail à pied...
 

 

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