| Malheureusement, les étatistes donnent mauvaise presse à la 
          concurrence pour s’arroger plus facilement des monopoles et des 
          quasi-monopoles dans différents secteurs d’activités:  la santé,  l’éducation, 
          les pensions,  l’énergie, etc. Cette façon coercitive 
          de procéder encourage les acteurs du secteur privé à vouloir la même 
          chose. Les entreprises 
          demandent des subventions et une protection contre la concurrence. En 
          cédant à ces revendications, le gouvernement appauvrit les 
          consommateurs, encourage le nationalisme et attise la confrontation 
          qu’il a lui-même initiée.
 
          
          Il n’y a pas de mal à promouvoir sa différence, en autant qu’on ne 
          viole pas la propriété d’autrui. Or se servir du pouvoir d’imposition 
          et de taxation constituent une telle violation. Ces modes de revenus 
          n’ont pas le consentement de tous, ce qui est pourtant essentiel pour 
          maintenir, au-delà des différences, une égalité entre les hommes. 
 On parle ici de l’égalité qui donne une dignité à l’être humain, soit 
          celle qui rejette toute forme d’agression envers autrui, y compris 
          l’imposition et la taxation. Il s’agit de traiter l’homme comme une 
          « fin en soi », dirait Kant. Lorsque cette égalité est établie, la 
          promotion des différences est inoffensive. Dans le cas contraire, les 
          différences s’établissent selon des rapports de force destructeurs.
 
 L’individualisme conçoit l’homme au-delà de ses différences. Il s’agit 
          d’une philosophie qui donne de l’importance aux individus parce qu’ils 
          font partie d’une même espèce. Tous les regroupements auxquels l’homme 
          appartient par choix ou caractérisation – genre, ethnicité, traits 
          culturels et sociaux, pratiques religieuses et sexuelles, etc. – lui 
          sont subordonnés.
 
 Le collectivisme prétend en vain à l’universalité. Chaque perspective 
          collectiviste voudrait que la langue qu'elle privilégie, ses pratiques, ses politiques et ses 
          croyances soient unanimement partagées. Mais ramener la réalité 
          humaine à ces 
          traits communs constitue une des principales erreurs des 
          collectivistes, pour qui l’individu n'a de l’importance que s'il 
          appartient à certains groupes. Cette 
          philosophie est non seulement erronée, elle est dangereuse pour la survie de l’espèce. On n’a qu’à 
          revoir l’histoire du communisme et du national-socialisme pour s’en 
          convaincre. Seul 
          l’individualisme est universel, car il va au-delà des croyances, des 
          traits sociaux et culturels de l’homme. Si le mot rebute toujours, on 
          n’a qu’à le remplacer par le mot « libéralisme », qui a la même 
          signification.
 
 Il ne s’agit pas de nier ces traits et caractéristiques, mais de les 
          reconnaître comme ce qui différencie un homme d’un autre. Cette 
          faculté, de reconnaître, regrouper et distinguer, est une 
          caractéristique universelle qui permet d’affirmer qu’il existe une 
          égalité entre les hommes. Elle reconnaît l’intérêt à coopérer avec 
          autrui, peu importe ses différences. Il s’agit donc d’une philosophie 
          pacifique qui a pour principe la non-agression.
 
 L’individualisme est également à différencier de l’égoïsme. Donner de 
          l’importance à l’individu n’enlève rien à la collectivité, mais 
          signifie notamment que les choix d’un homme, quand bien même il serait 
          seul à les désirer, doivent être respectés tant et aussi longtemps que 
          celui-ci n’agresse personne pour les réaliser.
 
 L’individualisme ne corrige pas nécessairement l’égoïsme, mais ne 
          l’encourage pas non plus. Agir égoïstement n’est pas une raison 
          suffisante pour imposer un homme. L’égoïsme et les préjugés sont 
          communs, ils peuvent être déplaisants, mais n’agressent personne, si 
          ce n’est que psychologiquement. La véritable agression est commise 
          lorsqu'on impose les gens sous prétexte qu'on veut rendre le monde « 
          meilleur ». Or, ne pas démontrer de qualités morales n’est pas 
          synonyme d’injustice et imposer les revenus n’améliore pas le 
          caractère.
 
 L’individualisme est donc tolérant et promeut la différence dans le 
          respect d’autrui. On ne peut en dire autant du collectivisme. Celui-ci 
          cherche à ramener les choix de chacun aux valeurs prédominantes de la 
          société, de la communauté ou de l’association. Pour ce faire, la 
          démagogie et la manipulation, d’une part, l’imposition et la 
          coercition, d’autre part, lui sont nécessaires.
 
 En peignant en noir un certain vocabulaire, tout ce qu’on fait est 
          d’exprimer ses sentiments. Pour comprendre l’action humaine, il faut 
          aller au-delà des sentiments, sans les réprimer. Décrire l’action 
          humaine demande autant de rigueur que de décrire l’objet inanimé, 
          voire davantage, sachant que les sentiments surgissent plus facilement 
          dans l’étude de l’homme que dans celle de la nature en général. Des valeurs 
          et des croyances sont ébranlées, mais de ce bouillonnement s’ensuit la 
          création et l’innovation qui, à leur tour, adoucissent la vie.
 
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