| Il n'y a prospérité économique que s’il y a concurrence, liberté des 
              prix et possibilité d’offrir produits et services profitablement. 
              Or l’État est incapable de susciter la prospérité, car il exclut ces moyens 
              qui seuls permettent de l’établir. Quand bien même on 
              redéfinissait la prospérité de façon à inclure la « prospérité de 
              l’âme », dans le but sous-entendu d’exclure la quête de profit de 
              la gestion des services, on ne pourrait davantage en conclure que 
              l’État est plus apte à les gérer. Non seulement la gestion 
              bureaucratique n’est pas apte à générer la prospérité parce 
              qu’elle impose le contribuable plutôt que de lui offrir un prix, 
              mais justement parce qu’elle procède ainsi elle conduit plus 
              sûrement à l’insatisfaction générale due à l’appauvrissement qui 
              s’ensuit.
 
 
                      
                        | La gestion bureaucratique comme source de conflit |           
              Un peu partout dans les démocraties on constate que les grèves 
              sont beaucoup plus nombreuses au sein des fonctions publique et 
              parapublique. Est-ce parce que les fonctionnaires et employés du 
              secteur parapublic sont moins accommodants que les travailleurs du 
              secteur privé? Le taux élevé de syndicalisation du secteur public, 
              81% au Québec, 75% au Canada, y est certainement pour quelque 
              chose. Toutefois, il ne faudrait pas blâmer uniquement les syndicats 
              pour cet esprit de confrontation, mais aussi, voire surtout, le 
              mode de gestion utilisé.
 Lorsqu’on travaille pour un monopole ou quasi-monopole d’État et 
              qu’on exige une augmentation de salaire, ou bien le gouvernement 
              cède aux revendications pour maintenir les services touchés, ou 
              bien il n’y cède pas, mais dans les deux cas les consommateurs 
              écopent. Les fonctionnaires et employés du secteur parapublic 
              risquent peu de perdre leur emploi à faire la grève puisqu’ils 
              sont bien protégés par leur syndicat et, surtout, parce que le 
              gouvernement empêche les gens d’offrir les mêmes services dans le 
              secteur privé. Les employés du secteur privé ne possédant pas la 
              protection légale sous forme de monopole d’État ont donc plus à 
              perdre lorsqu’ils déclenchent une grève. Les consommateurs peuvent 
              se diriger vers les compétiteurs, l’entreprise peut s’établir 
              ailleurs, faire faillite, etc.
 
 Ces monopoles ou quasi-monopoles sont établis d’après une 
              idéologie qui vise à diaboliser la quête de profit et à 
              promouvoir une conception éthique s’établissant sur la contrainte. Or, comment peut-on prétendre à 
              la justice et à la solidarité lorsqu’on utilise des moyens 
              contraignants pour les établir? C’est que les gens nient cette 
              coercition ou encore tentent de la justifier en prétextant qu’il 
              faut taxer et imposer pour aider, que si on ne taxe pas, il n’y 
              aura pas suffisamment de gens qui aideront autrui, etc. On tend 
              également à qualifier cette aide de «morale» pour détourner 
              l’attention de la coercition qui en est le fondement.
 
          
              On ne peut prédire qui bénéficierait et qui serait désavantagé, à 
              court terme, d’être rémunéré seulement par les consommateurs 
              plutôt que par les contribuables, mais chose certaine on 
              n’assisterait pas aux grèves à répétition du secteur public. À 
              long terme, une privatisation entière de tous les services et le 
              respect de cette propriété serait à l’avantage de tous, car les 
              ressources humaines et matérielles ne seraient employées au détriment 
              de personne. Les choix établis ne seraient certainement pas 
              rentables pour tout le monde, mais ils auraient l’avantage de ne 
              pas être aussi destructeurs de richesse que les choix exercés par 
              les gouvernements. En effet, aussi mauvais que soient les calculs 
              d’un individu, ils ne peuvent avoir un impact que sur lui-même.
              
 Une gestion qui ne tient pas compte des choix de chacun, ou qui ne 
              cherche pas à être profitable pour chaque individu, ne peut 
              utiliser à bon escient les ressources dont elle dispose. Encore une 
              fois, l’amélioration d’un service public ne peut s’établir qu’au 
              prix d’une réduction des produits et autres services qui peuvent 
              être considérés plus importants par certains individus. Par 
              conséquent, une gestion bureaucratique ne peut satisfaire les 
              besoins des gens aussi bien qu’une gestion privée, car elle ne 
              respecte pas la propriété, ne se laisse pas guider par les prix et 
              ne recherche pas les profits. Elle exproprie et manipule les 
              premiers et juge indigne les seconds.
 
 Dans la mesure où il y a concurrence dans l’offre des services, le 
              consommateur détermine en bonne partie le prix de ces services et 
              la rémunération de celui ou celle qui les octroie. Plus la 
              concurrence est forte, c’est-à-dire plus les choix des services 
              sont nombreux, moins il y a de grève, celle-ci risquant de se 
              faire davantage au détriment des employés que des consommateurs.
 
 Dans pareille circonstance, la gestion des services désirés par 
              les consommateurs est prise en charge par des gens tout aussi 
              dévoués que les travailleurs du secteur public, mais qui tentent 
              d’améliorer les services en se laissant guider par les prix que 
              les consommateurs sont prêts à leur offrir. Ce pourrait être les 
              mêmes gens offrant les mêmes services, qui recevraient un salaire 
              plus ou moins élevé que leur emploi comme «fonctionnaires», mais 
              qui le recevraient directement 
              des consommateurs plutôt que des contribuables.
 
 En somme, aider autrui ne suffit pas, car encore faut-il utiliser 
              des moyens légitimes pour ce faire. La légitimité ne saurait se 
              contenter de la légalité des moyens utilisés. Une action légale, 
              mais illégitime, ne sera jamais aussi efficace qu’une action 
              respectueuse de la propriété. Éthique et prospérité sont 
              indissociables.
 
 On ne gère pas avec plus de « compassion » lorsqu’on contrôle les 
              prix des services et qu’on exclut la possibilité de les offrir 
              profitablement ou selon les goûts de chacun. Ce faisant, on agit 
              plutôt comme un myope, à tâtons, sans être capable de voir plus 
              loin que le bout de son nez. Non seulement la gestion 
              bureaucratique n’est pas apte à produire la richesse, mais elle ne 
              peut la distribuer aussi bien qu’une gestion privée. De plus, elle 
              engendre la confrontation plutôt que la coopération. La solution 
              aux grèves à répétition dans le secteur public et à 
              l’insatisfaction des besoins ne peut être autre qu’une gestion 
              privée et respectueuse de la propriété.
 
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