Montréal, 15 octobre 2005 • No 159

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

HEWLETT-PACKARD A BIEN RAISON

 

par Michel de Poncins

 

          Chirac et tous ses amis-ennemis, les Villepin, Hollande, Sarkozy, Fabius et autres, aux affaires depuis des décennies et étroitement solidaires, ont admis, créé, toléré, semé et encouragé, volontairement ou par ignorance, le chômage.

 

          La firme Hewlett-Packard (HP) est une société capitaliste. Son devoir est de travailler d'abord pour ses actionnaires, ensuite et par voie de conséquence pour ses clients. Et puis toujours par voie de conséquence pour ses fournisseurs dont son personnel.

          Tel est le double point de départ de cette affaire qui, dans un pays libéré du socialisme ne devrait pas exister.
 

          HP veut licencier des milliers de personnes à travers le monde, dont 1240 en France – ce qui en proportion est plus important qu'ailleurs –, et affirme que c'est une coïncidence – ce dont il faut douter... Les Américains très informés ne doivent avoir aucune envie de payer le train de vie extravagant et les dépenses indéfinies des députés, ministres et tutti quanti.

 

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          Les pleureurs officiels soulignent que la décision de licencier s'accompagne de gros profits. Comment des personnages qui n'ont jamais vécu qu'en « mangeant au budget » et qui ne connaissent de l'entreprise que ce qu'ils ont appris dans des livres pourraient-ils comprendre quelque chose au fonctionnement mouvant des entreprises capitalistes? HP a raison, et fort clairement dans un métier extrêmement mobile, prépare sagement l'avenir tel qu'il le pressent et tel qu'aucun fonctionnaire au monde ne peut le prévoir.

          Bien entendu, dans un pays libre, un tel licenciement serait supporté même si ce n'est jamais très agréable. Les licenciés recevraient un pactole, qui aurait pu être prévu dès leur contrat initial, et retrouveraient du travail facilement. En France, pas question.

          Le pouvoir a commencé par répandre des mensonges et a clamé partout que HP aurait reçu en 1998 des aides de 1 200 000 euros du département de l'Isère pour créer 700 emplois. « Remboursez les aides puisque vous licenciez. »
 

« Les fonctionnaires et élus n'ont aucune qualification ni droit légitime pour prendre par la force l'argent des autres en vue de favoriser telle ou telle entreprise qui leur plaît. »


          Le président européen de HP a énoncé calmement qu'il n'a pas reçu d'aides mais seulement obtenu que certains travaux publics soient réalisés à la faveur de l'installation de son usine. Il a payé 700 millions d'impôts et « ne peut pas rembourser des subventions qu'il n'a pas touchées ».

          Chacun pouvait se demander où était le menteur.

          Aux États-Unis, les lois sur le mensonge sont redoutables, alors qu'en France les mensonges officiels sont monnaie courante et, pour notre part, nous avions donné à HP la présomption d'innocence.

          Pari gagné! Jean-Louis Borloo, ministre de la Cohésion sociale (sic), a avoué, sans se gêner du tout, que la France n'avait pas versé de subventions. L'aveu tardif n'enlève rien à la culture du mensonge qui fait partie intégrante du désastre français.

          Supposons qu'il y ait eu des aides: c'était là plus qu'une faute, un crime. Les fonctionnaires et élus n'ont aucune qualification ni droit légitime pour prendre par la force l'argent des autres en vue de favoriser telle ou telle entreprise qui leur plaît. La liste des firmes aidées à tort est absolument sans fin et reflète aussi le même désastre national.

          L'intervention du gouvernement dans cette affaire s'est produite au plus haut niveau, la communauté internationale étant ameutée publiquement et de diverses façons. Aux dernières nouvelles, des négociations se préparent pour obtenir une baisse du nombre des licenciements. Plus question, évidemment de rembourser les fameuses aides inexistantes.

          Des défilés de salariés ont ponctué ces événements scandaleux avec en tête les élus, écharpes au vent. C'était les victimes défilant derrière leurs véritables bourreaux. Ce même paradoxe se répète régulièrement dans les occasions similaires, et les victimes ignorantes ne savent pas non plus que les vrais responsables tirent en fait des bénéfices électoraux et financiers de leur malheur.

          Quant au chômage induit par l'image détestable offerte au monde entier, personne ne le connaîtra jamais.
 

 

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