Montréal, 26 mars 2006 • No 172

 

OPINION

 

Pierre-Yves Pau, Eng., MSc, MBA, habite à Montréal.

 
 

LE DÉPART DE PAULINE:
RÉVOLUTION TRANQUILLE PRISE 2?

 

par Pierre-Yves Pau

 

          Un pilier de la technocratie péquiste vient de s'écrouler avec le départ de Pauline Marois. Outre ses propres intérêts – et ceux de son mari Claude Blanchet, naufrageur de la SGF et autres désastres découverts à marée basse –, la militante de longue date a représenté longtemps les groupes de pression féministes au gouvernement.

 

          Elle a ainsi joué un rôle de premier plan dans la mise en place d'une batterie de lois ou systèmes plus ou moins bien inspirés tels que:

• la loi sur le patrimoine familial, chef-d’oeuvre du clientélisme électoral: un « cadeau » aux femmes divorcées de sa génération... un casse-tête pour tous les autres Québécois désireux de se marier;
• les quotas dans la fonction publique… qui ont rendu cette dernière à peu près inaccessible aux jeunes hommes québécois, si on en juge par l’évolution des effectifs – il aura fallu attendre le gouvernement Charest pour commencer à dégraisser le mammouth;
• la Politique en matière de violence conjugale, usine à gaz féministe qui a fait l'objet d'une plainte officielle auprès des Nations Unies en raison des abus judiciaires qu'elle cautionne. Une loi passée au prix de mensonges statistiques éhontés, à tel point que nul n'est plus capable de déterminer si ce texte a contribué à améliorer la situation, puisque le nombre officiel de victimes alléguées du phénomène est passé récemment de 300 000 à… 5000 par an;
• les réformes du système scolaire, qui ont transformé ce dernier en une sorte de camisole de force assaisonnée au Ritalin pour la « mauvaise » moitié de la clientèle scolaire, et en école coranique socialo-souverainiste pour tous les autres – jusqu'à la « purge » idéologique du contenu des manuels scolaires!;
• les Centres de la petite enfance, détournement étatiste de la légitime aspiration des Québécois à des services de garde décents, et gabegie notoire de fonds publics.

          La liste est longue, et éloquente...

          Le départ de Pauline Marois suit celui de deux députées péquistes qui l'ont appuyée à la dernière course à la chefferie – c'est donc toute l'aile féministe « historique » du PQ qui est en train de s'effondrer, une excellente nouvelle pour ceux et celles qui en ont soupé de la dictature intellectuelle des matrones quinquagénaires. Il faut donc s'en réjouir.

          Ceux qui ont eu l'occasion de l'entendre avec son bras droit Jocelyne Caron au cours des travaux de la Commission parlementaire sur l'égalité des sexes en 2005 n'ont pu que constater l'étendue de leur misandrie: elles y affirmaient sans hésitation que « l'État doit s'occuper en priorité des problèmes des femmes et que les problèmes des hommes sont moins importants » (sic). Un politicien mâle qui aurait tenu ce genre de propos aurait été éjecté de son siège jusqu'à Saint-Pierre et Miquelon dans le temps de le dire.

          Chaque fois qu'une de ces dames patronnesses quitte la politique, c'est une grande nouvelle pour l'égalité des sexes dans les deux sens, et non seulement... pour les groupes de pression comme la Fédération des femmes du Québec. Ceux-ci viennent de perdre leur meilleur lieutenant, un dur coup pour leur programme de déstabilisation de la famille. Ils tentent par ailleurs d'expliquer la défaite de Mme Marois dans la dernière course à la chefferie par le sexisme envers les femmes en politique... sans pouvoir éclaircir par contre par quel miracle Andrée Boucher s'est fait élire à la mairie de Québec sans aucune campagne électorale! Les citoyens de Québec ne sont-ils pas supposés être des « vendus à l'extrême droite »? Et ils auraient élu une femme?
 

« Il y a un peu plus de 40 ans, la première révolution tranquille sortait l'Église de nos vies, il est temps aujourd'hui de passer à la seconde, celle qui en sortira l'État. »


          Mais peu à peu la langue de bois, la rhétorique d'apparatchik stalinienne se fissure... On sent par ailleurs un vent de changement au PQ, certain disent même un vent de panique: après Pauline, Charbonneau, et qui d'autre? S'il fallait que la députée de Terrebonne, Jocelyne Caron, connue pour son discours agressif contre tout ce qui conteste sa vision d'une famille québécoise où l'autorité du gouvernement doit prendre le pas sur celle des parents, quitte la politique, alors c'est un party d'enfer qu'il faudra organiser!

          Tout le monde sait que si Pauline a perdu la game, c'est en partie à cause de son image de Castafiore bourgeoise qui regarde le petit peuple de haut. Mais c'est aussi parce que son « bilan », si on y regarde de près, n'est pas si brillant que ça: honnête travail de technocrate qui fait ce que ses patrons lui disent de faire, et qui éteint les feux qu'elle avait elle-même allumés, comme lorsqu’elle a décidé d'envoyer des patients aux États-Unis – à prix d'or, mais... aux frais des contribuables – en raison des ratés de notre système de santé. Aucun instinct, aucune vision autre que l'étatisme à tout crin et le féminisme revanchard comme livre de chevet. De la gestion « à la commande », au service des « Big Boss » et des groupes de pression bien connectés. L'efficacité est parfois la pire ennemie de l'inspiration.

          On aime également citer la loi sur le patrimoine familial. Ce texte correspondait à la nécessité de gérer une situation historique concernant des femmes divorcées dans la quarantaine et cinquantaine, qui n'avaient jamais eu l'occasion d'apprendre un véritable métier pour subvenir à leurs besoins – certaines s'étant même vues dans les années 50 dans l'impossibilité d'accéder à l'université malgré leur potentiel. Mais aujourd'hui, cette loi – unique en Amérique du Nord – est devenue une source d'abus, dont souffrent aussi bien des hommes que des femmes: nombre de jeunes professionnelles qui gagnent fort bien leur vie refusent de se marier par crainte de se voir dépouillées par leur conjoint en cas de divorce. Il est temps de l'abroger.

          Ce que Pauline incarnait finalement, c'est une conception manichéenne, moralisatrice, « maternaliste » et... bureaucratique de la société dans laquelle 1) Femme = gentil; Homme = méchant et 2) l'État s'est substitué à l'Église pour investir tous les domaines de la vie privée des citoyens et leur retirer la prérogative du choix – mais n’hésite pas à leur faire porter la responsabilité de ses erreurs. Le tout financé par le « denier du culte », l'impôt le plus élevé en Amérique du Nord sur les revenus des travailleurs, et administré par un quarteron de mères supérieures à l'ego encore plus enflé que leur tour de taille, pour le compte de vieux croûtons autoritaires qui radotent sur leur prochain référendum, tels des prélats gâteux sur le jugement dernier. Maintenant qu'un bouillant séminariste avec des « problèmes de substances » les a remplacés en chaire, quel issue reste-t-il pour les ouailles de leur secte en déroute?

          Peut-être bien celle de comprendre qu'il y a un peu plus de 40 ans, la première révolution tranquille sortait l'Église de nos vies et qu'il est temps aujourd'hui de passer à la seconde, celle qui en sortira l'État. Les Québécois sont aujourd'hui capables de se prendre en main sans la béquille d'un « clergé laïque » qui vit sur leur dos et leur suce le sang comme une armée de tiques.
 

 

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