Montréal, 30 avril 2006 • No 177

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

RETOUR SUR LES ÉMEUTES

 

par Michel de Poncins

 

          À la stupéfaction de la presse étrangère, la barbarie s’est manifestée en France, lors des émeutes des banlieues à l'automne et récemment par les émeutes du contrat première embauche (CPE).

 

          Bien entendu, la presse française ne nous dira rien de valable sur les circonstances précises de ces émeutes. La rumeur court d’une distribution d’argent ou de moyens aux casseurs. Les chefs syndicalistes sont très riches de l'argent qu'ils attrapent « au vol », si l'on peut dire, grâce aux impôts. Certains intérêts politiques auraient pu aussi mettre la main à la poche... Mais y a-t-il eu des services secrets étrangers pas mécontents de donner des leçons à ces politiciens français bourrés de prétention?

          Ces émeutes ne sont, après tout, que les descendantes lointaines de celles de la grande révolution et c'est bien le duc d'Orléans, l'homme le plus riche de France, qui payait les émeutiers avant de leur abandonner sa propre tête!

          Ne connaissant pas le détail des circonstances, il n'est pas interdit de chercher dès aujourd'hui les raisons profondes de la barbarie.

          La barbarie d’en bas ne fait que refléter la barbarie d'en haut. Depuis des décennies les politiques, toutes tendances confondues, autorisent, tolèrent, organisent, et même planifient toutes les calamités qui forment le terreau sur lequel les barbares d’en bas peuvent prospérer: illettrisme, exclusion, logements minables, cession aux dealers de portions du territoire national, chômage, destruction des familles, contrôles fiscaux meurtriers, corruption, destruction de l’État de droit remplacé par l’État du bon plaisir, etc.

          Mais la barbarie, qu’elle soit d’en haut ou d’en bas, n'est elle-même que l'effet d’un mal bien plus profond.

          Tout commence par le mensonge élevé au rang d'institution d'État. Le vol, autre institution d'État s’ajoute, prenant la forme légale qui lui assure de l'impunité. Le banditisme d’État s’incarne par exemple dans le hold-up sur les retraites privées qui, malgré leur écroulement probable, sont livrées au pillage par les gouvernements.
 

« Depuis des décennies les politiques, toutes tendances confondues, autorisent, tolèrent, organisent, et même planifient toutes les calamités qui forment le terreau sur lequel les barbares d’en bas peuvent prospérer. »


          Au mensonge et au vol s'ajoute la pratique du mépris et, en particulier, du mépris du peuple, qui conduit à condamner ce que l'on appelle « le populisme », ce mépris du peuple étant un des aspects anciens et récurrents de l’idéologie socialiste. Remarquez comme ces vices font l'objet d'une propagande incessante par les médias « officiels ».

          Au deuxième niveau, si l'on peut dire, se trouve la P.U.T., ou Pensée Unique Totalitaire, qui s'impose dans tous les médias et à toute la population. Pendant les émeutes, rares sont les journaux qui ont pensé par eux-mêmes, tous se contentant de refléter la P.U.T. Aucun ministre n'a dit cette vérité toute simple que l'immense majorité des lycéens pense évidemment: un lycéen, pour préparer son avenir, ne doit surtout pas boucher honteusement les entrées de sa ville mais aller tout simplement travailler au lycée! Au contraire, on a vu un homme de trente cinq ans passer en boucle sur les écrans pour affirmer que les lycéens qui se couchaient sur les voies ferrées pour voler aux gens leur droit de circuler avaient raison de préparer leur avenir ainsi (!!).

          Plus fort, encore, la P.U.T. interdit avec une grande brutalité de penser librement sur certains sujets. C’est une véritable attaque contre l’intelligence allant jusqu’à faire condamner des gens pour des « connotations » ne convenant pas aux princes.

          Tout récemment a été mise en place une « bourreaucratie » qui engage des « fonctionnaires délateurs » chargés de traquer sur tout le territoire les pensées et connotations qui ne conviennent pas. Ce dernier acte de barbarie comme les précédents montre le cousinage évident avec les grands totalitarismes du défunt XXe siècle, pour qui la destruction du « moi » et de la pensée libre de millions de personnes fut l’objectif essentiel.

          À un autre niveau, l'on trouve la bataille incessante pour le pouvoir dans un système où la campagne électorale est permanente. Pendant ces événements, personne ne s'occupait du bien commun ou des intérêts de la nation, mais chacun des grands acteurs était uniquement attaché à la posture à prendre devant les sondages et ceci pour favoriser son destin personnel.

          Le décervelage des esprits complète le dispositif. Déformés, depuis leur plus jeune âge, par les mensonges de la prétendue éducation nationale et continuant à subir le décervelage par l'intermédiaire des médias, beaucoup de Français ne sont plus que des zombies sans responsabilités. Ils attendent tout de l'État, c’est-à-dire des autres: droit au travail, droit au repos, droit à la santé, droit au logement, droit à la formation, droit à la retraite, droit à l’information et, même, le drôle de petit nouveau, le droit à l’ordinateur!

          Ces causes profondes s'entremêlent entre elles sans que l'on sache exactement celles qui peuvent prévaloir sur les autres. Un des slogans en vogue les illustre: « l'entreprise, c'est galère ». Le résumé est parfait. Les jeunes ou faux jeunes qui hurlaient le slogan ignorent ce qu'est une entreprise et, bien entendu encore plus, l'histoire des galères.
 

 

SOMMAIRE NO 177QU'EST-CE QUE LE LIBERTARIANISME?ARCHIVESRECHERCHEAUTRES ARTICLES DE M. de PONCINS

ABONNEZ-VOUS AU QLQUI SOMMES-NOUS? LE BLOGUE DU QL POLITIQUE DE REPRODUCTION ÉCRIVEZ-NOUS