Montréal, 16 juillet 2006 • No 184

 

CE QUE J'EN PENSE

 

Yvon Dionne est retraité. Économiste de formation
(Université de Montréal), il a travaillé à la Banque du Canada (11 ans) puis pour « notre » État du Québec (beaucoup trop longtemps: 20 ans).

 
 

SANTÉ « PUBLIQUE »:
L'ÉTAT VEUT NOTRE BIEN!

 

par Yvon Dionne

 

          Philippe Couillard n'est pas ministre du Culte, mais c'est tout comme. Son culte, c'est notre bien à tous, via la santé « publique », malgré nous s'il le faut. Il contrôle beaucoup d'argent, qui vient de nous. Les tentacules de la santé « publique » rejoignent tous les aspects de notre courte vie. Comme la sainte Inquisition qui s'évertuait à sauver les âmes, quitte à faire mourir les corps, les ayatollahs de la santé « publique » sont devenus experts en ingénierie sociale et n'hésitent pas à faire tort à plusieurs pour en sauver certains. C'est la règle de la majorité que les technocrates savent bien utiliser à leurs saints desseins. En bon technocrate qui connaît sa médecine, M. Couillard a d'ailleurs réponse à tout. Ce ne sont pas tant les fins qui sont discutables que les moyens.

 

Tabac et armes à feu

          Même les fumeurs admettent, pour la plupart, que la fumée de cigarette est nuisible à la santé. Je ne fume plus. Je sais que c'est difficile d'en sortir, même après avoir vu des photos de divers cancers. Le tabac est sans contredit un esclavage, mais l'État l'est encore plus. Entre l'esclavage du tabac et l'esclavage étatique, le premier est un moindre mal. Il est un moindre mal même pour les non-fumeurs car, contrairement à ce que l'on dit couramment, les fumeurs coûtent moins cher à la santé « publique ». La raison: ils meurent plus tôt, coûtent donc moins cher en pensions, en frais de santé et en services de toutes sortes. Il y a combien, en pourcentage, de non-fumeurs âgés de 80 ans et plus qui sont autonomes? M. Couillard semble avoir gagné la bataille avec sa loi antitabac. Comme toutes les drogues, celle du tabac ne disparaîtra jamais.

          La santé « publique » s'attarde aussi aux armes à feu, dans le but de restreindre « l'accès aux moyens ». Sauf que, encore une fois, dans les cas de suicide ou de violence conjugale, il faudrait faire la part des choses: 1) la substitution d'un moyen en faveur d'un autre (comme la strangulation) et 2) le rôle de l'État qui, avec plusieurs lois, a favorisé le divorce et de ce fait la violence.

          Mettez-vous dans la peau d'un père (bon, ici je ne veux pas défendre les brutes, les ivrognes, etc.) qui est en face d'un dilemme sordide: perdre ses enfants, sa maison, etc., ou bien se suicider? Par rapport aux années cinquante, je ne crois pas que la société d'aujourd'hui soit plus juste. Il y a certes plus de liberté de penser, mais à quoi sert cette liberté quand c'est l'État qui oriente, dans les faits, l'information? Quand tout est à recommencer à chaque élection?

          Après le tabac et les armes à feu, il y a encore l'obésité, les accidents de la route (ou hors-route), les chiens, les animaux de la ferme, toutes les drogues fortes, etc. C'est bien du pain sur la planche! Et l'alcool vendu par le gouvernement? Les casinos?
 

« Après le tabac et les armes à feu, il y a encore l'obésité, les accidents de la route (ou hors-route), les chiens, les animaux de la ferme, toutes les drogues fortes, etc. C'est bien du pain sur la planche! Et l'alcool vendu par le gouvernement? Les casinos? »


          La santé « publique » est une vis sans fin quant à ses coûts. Elle représente un danger pour la liberté. En effet, à quoi faut-il s'attendre sinon à plus de resserrements quant aux contrôles afin d'atteindre les objectifs fixés par M. Couillard et ses successeurs? Ou par des directeurs de la santé « publique »? Ou par l'Institut dit « national » de la santé publique? Tous ces patentés ne sont pas là pour vous soigner en cas d'urgence. Leur objectif est la santé dans son sens large, c'est-à-dire de faire en sorte que tous et chacun se comportent conformément aux édits de la santé « publique ». Ils ne font pas beaucoup de recherches sur les causes des maladies comme le cancer; leurs recherches portent sur les politiques et ça coûte des centaines de millions de dollars!

          Rappelons qu'Hitler aussi était contre le tabac, et il a proscrit les armes à feu pour les Juifs. Évidemment, M. Couillard n'est pas Hitler, mais la santé « publique » procède des mêmes principes de subordination de l'individu aux bons vouloirs de l'État. Avec sa loi antitabac par exemple, le ministre (à l'instar de la puritaine Ontario) n'a pas reculé devant les moyens coercitifs pour imposer sa loi. Pendant un mois, nous avons aussi été conditionnés par des médias serviles. L'individu devient un danger réel et présent (à ce chapitre, je vous suggère de lire Tabac et liberté, l'État comme problème de santé publique, par Pierre Lemieux, aux Éditions Varia).

          Que nous réservez-vous, Monsieur le ministre du Culte de la santé? Pour camoufler ses grands insuccès, dont les grands penseurs de la santé « publique » se préoccupent peu (comme le cancer), que fera la santé «publique» pour camoufler ses insuccès plus récents?

          Plus d'argent! Le problème de l'obésité n'est pas réglé; celui des gaz d'échappement non plus (tous les citadins ont les poumons noirs!), mais que penser des tares héréditaires, dont le coût est énorme pour la santé « publique »? Puisque la génétique ne progresse pas suffisamment vite, il faudrait peut-être tamiser les couples en droit de procréer. Difficile. Car comment contrôler, à moins de stériliser toute une population? Rien d'impossible cependant, quand le conditionnement de la majorité fait son oeuvre...
 

 

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