Montréal, 19 novembre 2006 • No 202

 

CE QUE J'EN PENSE

 

Yvon Dionne est retraité depuis 1997. Économiste de formation (Université de Montréal), il a travaillé à la Banque du Canada (11 ans) puis pour « notre » État du Québec (20 ans). Il y a acquis le goût d'être libre.

 
 

LES TARTUFES DU CLIMAT
VS LES SCEPTIQUES

 

par Yvon Dionne

 

          En octobre, la climatocratie a accouché d'un autre gourou, en la personne d'un ancien de la Banque Mondiale qui a évalué dans un volumineux rapport (commandé et payé par le gouvernement de Tony Blair) les coûts (sans les bénéfices) des hypothèses de la climatocratie sur le changement climatique. Sir Nicholas Stern a ainsi été salué comme une bouée de sauvetage par tous les partisans de l'ingénierie climatique et, bien sûr, par nos médias crédules. Évidemment que le catastrophisme halloweenien a sauté sur l'occasion pour ajouter de l'eau à son moulin. Un commentaire sur climateaudit.org: « This is a colossal redirection of resources to fix a problem that doesn’t exist. »

 

          Le rapport Stern nous dit, après de savants estimés sur le coût des catastrophes, qu'il y aurait un coût considérable à ne pas agir maintenant, de façon draconienne et non moins coûteuse pour le niveau de vie, afin de renverser la tendance au réchauffement climatique. Mais a-t-il visé la bonne cible? Sur quelles hypothèses s'est-il fondé? C'est ce qu'il importe de savoir.

          La climatocratie onusienne fonde principalement sa propagande sur les conclusions de modèles à long terme de divers scénarios de l'évolution du climat. Or, la justesse des modèles dépend des données utilisées et de la représentation théorique de la réalité. La donnée la plus contestée est sans contredit la hausse subite des températures, en forme de bâton de hockey, depuis les années 1990. Cette courbe a été critiquée par les Canadiens McIntyre et McKitrick, bien qu'elle soit la base du rapport de 2001 du Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques (GICC). Cette courbe, qui est le fondement de divers scénarios de modèles, a été rejetée, entre autres, par un comité dirigé par Edward Wegman, président de la US National Academy of Sciences Committee on Theoretical and Applied Statistics. Dans un rapport publié en août dernier, les auteurs écrivent: « Our committee believes that Mann's assessments that the decade of the 1990s was the hottest of the millennium and that 1998 was the hottest year of the millennium cannot be supported by his analysis. »
 

          Pour mieux comprendre la difficulté de produire des moyennes mondiales de température, comparons les deux graphiques ci-dessus produits par la NASA pour la ville de Tokyo et une petite ville située à 40 km à l'est, Choshi. Comment peut-on expliquer la hausse des températures moyennes à Tokyo? Si nous avions seulement ces deux postes d'observation pour expliquer la température, lequel serait la mieux situé pour expliquer la température mondiale considérant que la majeure partie du territoire n'est pas affectée par le réchauffement urbain?
 

Une pseudo-science pour les politiciens et activistes

          C'est pourtant sur cette donnée que se fondent les idéologues du climat tels Al Gore, dans The Inconvenient Truth, Environnement Canada, l'Environment Protection Agency, Greenpeace Canada et le gouvernement du Québec.

          Comment expliquer cette coalition, qui ressemble à de la basse politicaillerie, entre Steven Guilbault, le chef du bureau de Montréal de Greenpeace Canada, bénéficiaire d'un abonnement en tant qu'invité de la Société Radio-Canada, et Claude Béchard, ministre québécois du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, si ce n'est par cette quête d'un transfert fédéral de 328 millions $ qui permettrait d'atteindre les objectifs du plan 2006-2012 déposé en juin dernier et concocté par M. Béchard, ses fonctionnaires, et Greenpeace? Qu'est devenue la climatologie au Québec et au Canada, si elle n'est pas la pseudoscience des politiciens, de leurs activistes et de tous ceux qui peuvent bénéficier des dépenses gouvernementales en matière de climat?

          Or, le Québec a la partie facile car sa production d'électricité provient en grande partie de ses barrages hydro-électriques. Le ministre Béchard aurait sans doute un discours moins kyotiste s'il avait les centrales alimentées au charbon de l'Ontario ou les sables bitumineux de l'Alberta. Tartuferie oblige. C'était hilarant de lire cette nouvelle rapportée sérieusement sur le site internet de la Coalition Sauvons Kyoto: « Les gaz intestinaux des bovidés d'Australie et de Nouvelle-Zélande produiraient trop de méthane. Les autorités des deux pays ont donc décidé d'investir des millions de dollars pour réduire les flatulences de leurs vaches en créant une race "à haut rendement énergétique". » Et se souvient-on de ce scientifique qui proposait de couvrir le Kilimandjaro d'un drap blanc afin d'empêcher la fonte du glacier? Sauf que la fonte de ce glacier est due à l'absence relative de précipitations de neige.

          En science, il faut d'abord faire soi cette maxime qui dit que le doute est le commencement de la sagesse, que la recherche d'un consensus ne peut qu'être nuisible à la recherche elle-même car un consensus suppose que l'on met fin à la critique. C'est ce qu'écrit avec raison Yves Lenoir, dans son livre Climat de panique(1), pour qui les changements climatiques sont aussi vieux que la Terre elle-même!
 

          Vouloir discuter science dans ce contexte est assez malaisé car cette même institution, l'IPCC [Intergovernmental Panel on Climate Change], qui coopte et met en forme la science officielle du climat, est aussi celle qui organise et contrôle le lourd processus d'évaluation des impacts futurs (de moins en moins hypothétiques et de plus en plus prophétisés...) et qui a largement contribué à définir le contenu des traités internationaux, la Convention Climat (Rio 1992) et le Protocole de Kyoto (1997) dont la ratification et la mise en oeuvre entérineraient pour l'Histoire le succès d'une stratégie d'influence engagée depuis plus de quinze ans. La crédibilité d'une telle entreprise requiert à l'évidence un consensus scientifique officiellement inoxydable. L'idée de ce consensus constitue en effet le socle de l'édifice socio-économico-politique dont la construction a débuté au milieu des années 1980 et se poursuit depuis de conférence en conférence,... Berlin, Genève, Buenos Aires, Bonn, Kyoto, La Haye, Marrakech...

          Consensus... ce mot n'a pas sa place en science, une activité impliquant un inlassable exercice du doute méthodique et la recherche des défauts des cuirasses théoriques. (Lenoir, p. 133)

          Yves Lenoir, qui n'est pas le seul sceptique, souligne que la pseudoscience a proclamé l'année 1998 la plus chaude du millénaire, et pourtant, l'Asie du Nord et de l'Est a été frappée par « deux hivers successifs les plus longs et les plus rudes de l'Histoire ».
 

« Les gaz intestinaux des bovidés d'Australie et de Nouvelle-Zélande produiraient trop de méthane. Les autorités des deux pays ont donc décidé d'investir des millions de dollars pour réduire les flatulences de leurs vaches en créant une race "à haut rendement énergétique". »

 

Et si nous étions réellement en fin de période interglaciaire?

          La climatocratie affirme que l'activité humaine est responsable de la hausse du CO2 depuis une centaine d'années, que ce gaz est aussi le grand responsable de l'effet de serre; il s'ensuit que si nous sommes responsables des changements climatiques, nous pouvons donc changer le climat en cessant de produire les gaz causant l'effet de serre (CO2, vapeur d'eau, méthane, ozone, oxyde d'azote...). Je résume ainsi la bible des Al Gore et autres prédicateurs du climat. Ces hypothèses sont lourdes de conséquences, comme en fait foi le rapport de l'économiste Stern. Son chiffre: 7000 milliards de dollars. L'équivalent d'une récession pire que celle de 1930. Tout n'est pas aussi simple. Qu'y a-t-il donc de si nocif dans le CO2 que nous expirons et le CH4 que nous pétons?

          En fait, l'analyse des carottes de glace de l'Antarctique permet d'affirmer que la Terre a connu huit glaciations importantes depuis 500 000 ans. Selon Brigitte van Vliet-Lanoë, la hausse observée du CO2, qui n'est pas une hausse inhabituelle par rapport à l'histoire de la Terre, ne peut que retarder la venue d'une prochaine glaciation. Mme van Vliet-Lanoë était professeur en sciences de la Terre à l'Université de Lille (était, jusqu'au 6 novembre dernier, consensus exige...); elle a publié en mai 2005 un volume qui est sans doute une remise en question des dogmes établis en matière de changements climatiques. Son livre, La Planète des glaces(2), est en quelque sorte un rappel des derniers 400 000 ans, que l'homme serait bien prétentieux de vouloir maîtriser – bien que Mme van Vliet-Lanoë ne ménage pas sa critique de l'action humaine sur l'environnement. Elle propose d'ailleurs des avenues plus pragmatiques et plus immédiates, dont les bénéfices sont plus faciles à mesurer (voir l'épilogue de son livre). Il est heureux que le gouvernement Harper, malgré toutes les critiques venant des sectaires du réchauffement climatique, fasse encore preuve d'un certain pragmatisme.

   

Et si c'était le soleil?

          Tous savent que, malgré l'effet de serre de certains gaz (pas tous), la Terre reçoit sa chaleur du soleil et en génère aussi de son noyau magnétique en fusion. Tous les autres effets dérivent de ceux-ci, sans oublier la chaleur cinétique découlant de la rotation de la Terre et de la lune. De plus, le soi-disant effet de serre ne se produit pas en vase clos, puisqu'il y a échange entre l'eau et l'air, entre la Terre et l'espace. Or, nous sommes vers la fin d'une période intense d'activité solaire, laquelle varie selon le nombre de taches solaires.

          Brigitte van Vliet-Lanoë m'a transmis une présentation PowerPoint d'un séminaire produit par l'Institute of Physics Energy Management Group et WeatherAction.Ltd sur les prévisions climatiques à long terme. Le séminaire a été présenté à Londres en février 2005 et a pour titre: « It's the Sun! » Voici ma traduction de la présentation résumant les derniers 425 000 ans:

AU COURS DES DERNIERS 425 000 ANS

> Le climat a été surtout caractérisé par des périodes de glaciation.
> Les derniers 10 000 ans ont été, relativement, une période chaude, mais cette période se classe seulement au cinquième rang des cinq périodes brèves de chaleur des derniers 425 000 ans.
> Les derniers 1 000 ans ont été la période la plus froide depuis 10 000 ans.
> Le réchauffement depuis 80 ans n'est qu'une anomalie dans une tendance, lente mais certaine, de refroidissement.
> Sur une échelle temporelle exprimée en siècles, les niveaux de CO2 succèdent aux changements de température, non pas l'inverse.
> Le CO2 lui-même n'est pas le principal gaz à effet de serre. La vapeur d'eau a un effet au moins deux fois supérieur. Le méthane, l'ozone et l'oxyde d'azote sont aussi importants. L'impact total sur la température de tous les gaz à effet de serre est d'environ 30 C de réchauffement.
> Le CO2 est absorbé et rejeté constamment de la biosphère et des océans. La contribution de l'activité humaine n'est que de 4%. Le CO2 représente moins du quart de l'effet de serre total.
> Le Protocole de Kyoto implique la réduction de ce 4% d'un autre pourcentage, disons de 10%. 10% de 4% de ¼ donne 0,1%. Ce 0,1% équivaut à une diminution du réchauffement d'environ 0,03 C. Même des diminutions plus radicales, ruineuses pour l'économie, disons de 60%, réduiraient la température de seulement 0,2 C.

« The argument that man's CO2 in the present decades has a causal link to World temperatures while "natural" CO2 has not had such a role either over the last two hundred, two thousand or two million years is quasi-mysticism which is more suggestive of divine intervention or climate-homeopathy than science. » (Source: «It's the Sun !»)


          Cette réduction de 0,2 C est néanmoins celle qui est escomptée de la diminution prochaine du nombre de taches solaires. Depuis plusieurs décennies nous vivons dans une période d'activité solaire et magnétique intense, lesquelles durent de 50 à 100 ans. Quand l'activité solaire baisse subitement, la température terrestre baisse aussi, comme cela s'est produit à la fin du 17e siècle. C'est ce qu'on appelle le minimum de Maunder. La NASA a reconstitué, à l'aide de son modèle de circulation générale, les écarts de température entre l'année 1680 (au milieu du minimum de Maunder) et l'année 1780 (quand l'activité solaire est revenue à la normale). Voir sur le site de la NASA l'image des écarts de température durant cette période montrant un refroidissement quasi général dans l'hémisphère nord. Quoique l'énergie venant du soleil n'a diminué que d'une fraction, la NASA explique que ceci a généré un ensemble de réactions, à commencer par une diminution de l'ozone dans la stratosphère.

          Quand on entend des gens dirent, et je cite, « Est-ce qu'on veut vraiment une planète couverte d'êtres humains? » (Louis Fortier, océanographe, Université Laval, 30 juin 2006 à l'émission Vu du large, diffusée à RDI), il faut se demander si l'étatisme actuel n'est pas en train d'enfanter son monstre, le totalitarisme, au nom du Salut de la Planète. C'est pourquoi le bénéfice du doute revient à ceux qui doutent.
 

An Inconvenient Truth or a Convenient Lie?

          Venez partager le doute... de ceux qui doutent au site, entre autres, la société Friends of Science. Vous y verrez que les sceptiques sont nombreux même s'ils n'ont pas pavoisé à Nairobi car l'accès leur était refusé par la climatocratie.

          J'ai acheté le livre The Inconvenient Truth, non pas le DVD, de l'ex-vice-président Al Gore. Il y a de belles photos. C'est aussi un éloge de sa vie politique et de sa famille. L'éloge d'un politicien qui s'est donné une « mission », quoi qu'il en coûte. Quand la science devient politique, elle est inévitablement déformée. Elle devient propagande. Pour les sceptiques de ce que j'écris, il y a au lien suivant une critique de 120 pages de la thèse de Al Gore. C'est un document du Competitive Enterprise Institute intitulé « A Skeptic’s Guide to An Inconvenient Truth », dans lequel les auteurs font la part de ce qui est one-sided, misleading, exaggerated, speculative, and wrong dans le livre de Gore: « An Inconvenient Truth, Vice President Al Gore’s book on “The planetary emergency of global warming and what can be done about it,” purports to be a non-ideological exposition of climate science and common sense morality. As this commentary shows, An Inconvenient Truth is a colorfully illustrated lawyer’s brief that uses science selectively and often dubiously to advance an agenda of alarm and energy rationing. » (p. 100).

 

1. Yves Lenoir, Climat de panique, Éditions Favre, Lausanne, 2001. 217 p.
2. Brigitte van Vliet-Lanoë, La Planète des Glaces - Histoire et environnements de notre ère glaciaire, Éditions Vuibert, 2005, 470 p.

 

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