Montréal, 19 novembre 2006 • No 202

 

OPINION

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 
 

LES CHEMINOTS FONT LA GUERRE
AU PEUPLE FRANÇAIS

 

par Michel de Poncins

 

          Le mardi 7 novembre a eu lieu la « première » grève de la saison de la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) sous forme d'une grève nationale de 36 heures. La presse a minimisé selon son habitude les événements en soulignant avec plaisir la proportion de trains continuant à circuler et l’on a vu des « usagers » énoncer dans les lucarnes qu’ils « s’arrangeaient » de la calamité.

 

          Les revendications sont toujours les mêmes, comme les salaires et la défense du « prétendu » service public, mais avec une audace encore plus grande que précédemment, puisque les cheminots réclament l'arrêt des procédures disciplinaires contre une trentaine de guichetiers qui ont volé la compagnie en vendant des billets virtuels.
 

Grèves à répétition

          Depuis des décennies, la vie quotidienne de millions de Français et en particulier de 10 millions de banlieusards est empoisonnée par des grèves à répétition qui ont pour résultat que brusquement les usagers sont cloués sur les quais. Aux grèves à répétition s'ajoutent les retards permanents, en particulier dans la banlieue où jamais personne n’est sûr de trouver son train à l’heure.

          Il est évident que si le droit de grève est inscrit dans la constitution, le droit de circuler librement est inscrit dans le droit des gens et devrait avoir préséance sur le droit de grève.

          Dans ces circonstances, il est exact de dire que depuis des décennies les cheminots ont déclaré la guerre au peuple français et que le mammouth de la SNCF est au moins aussi redoutable que le mammouth de la prétendue éducation nationale.

          L’état de guerre, s’il se manifeste par ces grèves et ces retards, s'est opéré aussi sur des années par la charge insupportable imposée par la SNCF au peuple français sur le plan financier. Cette charge insupportable est due à la gestion désastreuse d'une entreprise nationale, aux avantages inconsidérés accordés à ses agents, ainsi qu’à la richesse personnelle des chefs syndicalistes, véritables propriétaires de l’entreprise. Le socialisme réalise toujours un transfert de propriété indue vers des propriétaires illégitimes et embusqués au coin de la « rivière argentée » qu’il ouvre largement avec l’argent volé aux « moujiks-contribuables ».
 

« Il est exact de dire que depuis des décennies les cheminots ont déclaré la guerre au peuple français et que le mammouth de la SNCF est au moins aussi redoutable que le mammouth de la prétendue éducation nationale. »

 

Scandale

          L'exemple des retraites est connu. Les cheminots cotisent moins que les privés et moins longtemps; ils prennent leur retraites plus tôt avec des retraites bien plus importantes. Ce scandale dure depuis des années et a contribué indirectement à la paupérisation de la France, soit par l’endettement abyssal qu’il faudra supporter, soit par une majoration indue du prix des transports ferroviaires. Maintenant que le scandale commence à éclater au grand jour, il se prépare un véritable « hold-up » sur les retraites privées par la prise en charge des retraites abusives des cheminots.

          Les chiffres sont véritablement terrifiants puisqu’à partir du 1er janvier 2007, la SNCF sera obligée, par la réglementation comptable de l'Europe, de provisionner ces retraites qui étaient jusqu'ici inscrites hors bilan. Le chiffre à prendre en charge est de 9 milliards d'euros alors que les fonds propres de l'entreprise ne sont que de 4,8 milliards d'euros – et qu’elle est donc en faillite virtuelle. Madame Idrac, présidente de la SNCF, a fait une pirouette en précisant: « qu'il s'agit d'inscrire différemment dans des comptes des flux qui sont déjà connus et qui sont déjà inscrits autrement ».

          Nul ne pourra jamais calculer l'étendue de la perte financière infligée au peuple français par les cheminots pendant ces décennies et donc l’effet sur la paupérisation croissante de la France telle qu'elle s'observe de tous les côtés. Quand, à présent, les Français ploient tellement sous les impôts que les plus jeunes s’enfuient, une partie appréciable de ces impôts est due à la guerre menée par les cheminots.

          Un pouvoir « libérateur » devra certainement libérer la France de la SNCF, comme de bien d’autres mammouths.

          Cela commencera par le langage de la vérité qui, d’ailleurs, sauvera les cheminots eux-mêmes en leur évitant de scier la branche pourrie sur laquelle ils comptent s’asseoir pour prolonger abusivement leurs privilèges insensés.
 

 

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