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				| Sommaire: Droit de prêter. – Législation 
				qui régit le prêt à intérêt. – Définition du capital. – Mobiles 
				qui poussent l'homme à former des capitaux. – Du crédit. – De 
				l'intérêt. – Éléments qui le composent. – Travail. – Privation. 
				– Risques. – Comment ces éléments peuvent être réduits. – Qu'ils 
				ne peuvent l'être par des lois. – Résultats désastreux de la 
				législation limitative du taux d'intérêt.  |  Le conservateur:
		Chien d'usurier! prêter à un écervelé qui dissipe d'avance son héritage 
		avec des demoiselles de l'Opéra, et à quel taux, juste ciel?
 L'économiste:
		À qui donc en avez-vous?
 
 Le conservateur:
		À un usurier maudit, qui s'est avisé de prêter une grosse somme à l'un 
		de mes fils.
 
 L'économiste:
		À quel taux?
 
 Le conservateur:
		À deux pour cent par mois, vingt-quatre pour cent par an, ni plus ni 
		moins!
 
 L'économiste:
		Ce n'est pas trop cher. Songez que vous êtes encore dans la fleur de 
		l'âge, robuste et bien portant. Songez ensuite que la loi interdit 
		formellement l'usure. L'intérêt légal est de cinq pour cent en matière 
		civile, et de six pour cent en matière commerciale.
 
 Le conservateur:
		Eh! c'est précisément parce que l'intérêt légal est de cinq et six pour 
		cent, qu'on ne devrait pas prêter à vingt-quatre.
 
 L'économiste:
		On prête cependant. Et s'il faut tout vous dire, je tiens pour sûr que 
		la loi est pour quelque chose dans ces vingt-quatre pour cent.
 
 Le conservateur:
		Comment? Mais la loi ne m'autorise-t-elle pas à poursuivre cet infâme 
		usurier.....
 
 Le socialiste:
		Ce vampire du capital.....
 
 L'économiste:
		Qui prête au dessus du taux légal. Eh! c'est à cause de cela même. 
		Voici ce qui va arriver: Vous allez poursuivre l'usurier chez qui votre 
		fils s'est permis d'escompter son droit à l'héritage. Il sera obligé de 
		se défendre. Le procès sera jugé, et il le gagnera faute de preuves 
		suffisantes. Mais ce procès ne lui aura pas moins coûté quelque argent. 
		De plus, sa réputation aura reçu un nouvel accroc. Tous risques auxquels 
		il ne serait point exposé, si la législation qui limite le taux de 
		l'intérêt n'existait point. Or il faut bien qu'un prêteur couvre ses 
		risques.
 
 Le conservateur:
		Oui, mais à vingt-quatre pour cent?
 
 L'économiste:
		Si l'on considère combien les capitaux sont rares aujourd'hui, combien 
		les placements sont chanceux, surtout quand l'emprunteur est un habitué 
		de Breda-Street, combien encore le régime réglementaire a exagéré le 
		prix des procès, on trouvera, en fin de compte, que vingt-quatre pour 
		cent, ce n'est pas trop cher.
 
 Le conservateur:
		Vous plaisantez. S'il en était ainsi, pourquoi le législateur aurait-il 
		limité à cinq et six pour cent le taux légal de l'intérêt?
 
 L'économiste:
		Parce que ce législateur-là était un pauvre économiste.
 
 Le conservateur:
		Vous voulez donc que l'usure soit désormais permise.
 
 Le socialiste:
		Vous voulez que le travail soit livré sans merci à la tyrannie du 
		capital.
 
 L'économiste:
		Je veux, au contraire, que le taux de l'intérêt soit toujours le plus 
		bas possible; et voilà pourquoi je supplie le législateur de ne plus 
		s'en occuper.
 
 Le conservateur:
		Mais si l'on ne met aucun frein à la cupidité des usuriers, où donc 
		s'arrêtera l'exploitation des pères de famille?
 
 Le socialiste:
		Mais si la loi ne borne point la puissance des capitalistes, où 
		s'arrêtera l'exploitation des travailleurs?
 
 L'économiste:
		Ouf!
 
 Le conservateur:
		Justifiez donc cette doctrine anarchique et immorale du laisser-faire.
 
 Le socialiste:
		Oui, justifiez donc cette doctrine bancocratique et malthusienne du 
		laisser-faire.
 
 L'économiste:
		Que cet accord me charme..... Dites-moi donc, ô digne et excellent 
		conservateur, n'avez-vous pas applaudi à la fameuse proposition de M. 
		Proudhon, relative à la suppression graduelle de l'intérêt?
 
 Le conservateur:
		Moi!!! mais je l'ai flétrie de toute mon indignation.
 
 L'économiste:
		Vous avez eu tort. Vous vous êtes montré souverainement illogique en la 
		flétrissant. Que voulait M. Proudhon? Il voulait faire descendre, par 
		l'action du gouvernement, l'intérêt à zéro.
 
 Le conservateur:
		L'abominable utopiste!
 
 L'économiste:
		Cet utopiste se contentait pourtant de suivre les traces de vos 
		législateurs. Seulement, au lieu de s'en tenir à votre limite légale de 
		cinq à six pour cent, il demandait que la limite fût abaissée à zéro.
 
 Le conservateur:
		N'y a-t-il donc aucune différence entre ces deux limites? Certes, on 
		peut bien dire aux gens: Vous ne prêterez pas au dessus de cinq ou six 
		pour cent. C'est un taux raisonnable, honnête! Mais les obliger à 
		prêter pour rien, n'est-ce pas les spolier, les..... Ah! les brigands de 
		socialistes!
 
 L'économiste:
		J'en suis bien fâché; mais c'est vous qui les avez engendrés, ces 
		brigands-là. Le socialisme n'est autre chose qu'une exagération 
		radicale, mais parfaitement logique de vos lois et règlements. Vous avez 
		décidé, dans l'intérêt de la société, que la loi disposerait de 
		l'héritage du père de famille; le socialisme décide, dans l'intérêt de 
		la société, que la loi attribuera à la communauté, l'héritage du père de 
		famille. Vous avez décidé que diverses industries seraient exercées ou 
		salariées par l'État, le socialisme décide que toutes les industries 
		seront exercées ou salariées par l'État. Vous avez décidé que l'intérêt 
		serait limité à cinq et à six pour cent, le socialisme décide que 
		l'intérêt sera réduit à zéro.
 
 Si vous aviez le droit de limiter le taux de l'intérêt, c'est-à-dire de 
		supprimer partiellement l'intérêt, le socialisme a bien le droit, ce me 
		semble, de le supprimer totalement.
 
 Le socialiste:
		C'est incontestable. Nous avons pour nous le droit, de l'aveu même de 
		nos adversaires, et nous en usons jusqu'au bout. En quoi donc 
		sommes-nous blâmables?
 
 Que les conservateurs gardent des ménagements à l'égard du capital, cela 
		se conçoit. Ils en vivent. Cependant ils ont senti eux-mêmes la 
		nécessité de mettre des limites à l'exploitation capitalistes; et ils 
		se sont protégés contre les plus habiles ou les plus avides de leur 
		bande. Les capitalistes ont proscrit le prêt à gros intérêt en le 
		flétrissant du nom d'usure. Mais, à notre tour, nous sommes venus, et 
		reconnaissant l'insuffisance de cette loi, nous avons entrepris de 
		couper le mal à la racine et nous avons dit: Que le taux légal de 
		l'intérêt soit désormais abaissé de cinq et six pour cent à zéro. Vous 
		réclamez! Mais si les capitalistes ont pu légitimement demander la 
		suppression de la grosse usure, pourquoi commettrions-nous un crime en 
		demandant la suppression de la petite? En quoi l'une est-elle plus 
		légitime que l'autre?
 
 L'économiste:
		Vos prétentions sont parfaitement logiques. Seulement, vous ne réussirez 
		pas plus à réduire le taux de l'intérêt à zéro que les législateurs du 
		régime impérial n'ont réussi à l'abaisser à un taux maximum de cinq et 
		six pour cent. Vous n'aboutirez comme eux qu'à la faire hausser 
		davantage.
 
 Le socialiste:
		Qu'en savez-vous?
 
 L'économiste:
		Je pourrais invoquer l'histoire de toutes les lois de maximum, et vous 
		prouver, pièces en main, que chaque fois qu'on a voulu limiter le prix 
		des choses, travail, capitaux ou produits, on l'a invariablement fait 
		hausser. Mais j'aime vous faire voir le pourquoi de cette hausse. J'aime 
		mieux vous expliquer comment il se fait que l'intérêt soit 
		naturellement, tantôt à dix, quinze, vingt et trente pour cent, tantôt à 
		cinq, quatre, trois, deux pour cent et même au-dessous; comment il se 
		fait encore qu'aujourd'hui une loi ad hoc ne puisse le faire baisser.
 
 Savez-vous de quoi se compose le prix des choses?
 
 Le socialiste:
		Vous autres économistes, vous dites communément que le prix des choses 
		se compose de leurs frais de production.
 
 Le conservateur:
		Et de quoi se composent les frais de production?
 
 Le socialiste:
		Selon les économistes encore, les frais de production se composent de la 
		quantité de travail qu'il faut dépenser pour produire une marchandise et 
		la mettre au marché.
 
 Le conservateur:
		Oui, mais le prix auquel les choses se vendent représente-t-il toujours 
		exactement la quantité de travail qu'elles ont coûté, ou leurs frais 
		de production?
 
 Le socialiste:
		Non! pas toujours. Les frais de production constituent ce qu'Adam Smith 
		a nommé, assez judicieusement à mon avis, le prix naturel des choses. 
		Or, le même Adam Smith constate que le prix auquel les choses se 
		vendent, le prix courant ne coïncide pas toujours avec le prix naturel.
 
 L'économiste:
		Oui, mais Adam Smith constate aussi que le prix naturel est comme le 
		point central autour duquel le prix courant gravite sans cesse, et 
		auquel il est irrésistiblement ramené.
 
 Le conservateur:
		D'où cela vient-il?
 
 L'économiste:
		Quand le prix d'une marchandise dépasse ses frais de production, ceux 
		qui la produisent ou qui la vendent réalisent un bénéfice exceptionnel. 
		L'appât de ce bénéfice extraordinaire attire la concurrence, et à mesure 
		que la concurrence augmente, le prix s'abaisse.
 
 Le conservateur:
		À quelle limite s'arrête-t-il?
 
 L'économiste:
		À la limite des frais de production. Quelquefois aussi il tombe au-dessous. Mais dans ce dernier cas, la production cessant de donner un 
		bénéfice suffisant se ralentit d'elle-même, le marché se dégarnit et les 
		prix remontent. Grâce à cette gravitation économique, les prix tendent 
		toujours, irrésistiblement, à prendre leur niveau naturel; c'est-à-dire 
		à représenter exactement la quantité de travail que la marchandise a 
		coûté. J'aurai l'occasion de revenir encore sur cette loi, qui est 
		véritablement la clef de voûte de l'édifice économique.
 
 Je reprends. L'intérêt se compose de frais de production. Autour de ces 
		frais de production gravite incessamment le prix courant de l'intérêt.
 
 Le conservateur:
		Et de quoi, je vous en pris, se compose les frais de production de 
		l'intérêt?
 
 L'économiste:
		Ils se composent de travail et de risques de pertes ou de dommages, dont 
		il faut déduire...
 
 Le conservateur:
		Quoi donc?
 
 L'économiste:
		Du travail et des risques de pertes et de dommages.
 
 Le conservateur:
		Voilà qui n'est pas clair.
 
 L'économiste:
		Cela s'éclaircira tout à l'heure. Et d'abord que prête-t-on?
 
 Le conservateur:
		Eh! mais on prête des choses qui ont une valeur.
 
 L'économiste:
		Avoir une valeur, c'est, vous le savez, être propre à satisfaire l'un ou 
		l'autre des besoins de l'homme. Cette propriété, comment les choses 
		l'acquièrent-elles? Tantôt elles la possèdent naturellement, tantôt on 
		la leur donne par le travail.
 
 La valeur que la nature donne aux choses est gratuite. La nature 
		travaille pour rien. L'homme seul fait payer son travail, ou pour mieux 
		dire il échange son travail contre le travail d'autrui. Les choses 
		s'échangent en raison de leurs frais de production, c'est-à-dire en 
		fonction des quantités de travail qu'elles contiennent. Ces quantités de 
		travail sont le fondement de leur valeur échangeable. Plus on a de 
		choses contenant du travail et plus on est riche: mieux, en effet, on 
		peut satisfaire à ses besoins, soit en consommant ces choses, soit en 
		les échangeant contre d'autres choses consommables. Si l'on ne veut pas 
		les consommer immédiatement on peut encore les garder ou les prêter.
 
 Ces choses qui contiennent du travail utile s'appellent des capitaux.
 
 Les capitaux s'accumulent par l'épargne.
 
 Deux mobiles excitent l'homme à épargner.
 
 Le premier dérive de la nature même de l'homme. La période du travail ne 
		s'étend guère au-delà des deux tiers de la vie humaine. Dans son enfance 
		et dans sa vieillesse, l'homme consomme sans produire. Il est donc 
		obligé de mettre en réserve une partie de son travail de chaque jour 
		afin d'élever sa famille et de pourvoir à sa propre subsistance dans sa 
		vieillesse. tel est le premier mobile qui pousse l'homme à ne pas 
		consommer immédiatement tout le fruit de son travail, à accumuler des 
		capitaux.
 
 Il y en a une autre encore.
 
 À la rigueur, l'homme peut produire sans capitaux...
 
 Le conservateur:
		Où cela s'est-il vu?
 
 L'économiste:
		Croyez-vous que les premiers hommes soient nés avec un arc et des 
		flèches, une hache et un rabot à leurs côtés? À la rigueur, on peut 
		donc produire sans capitaux, mais on ne peut pas produire grand-chose. 
		Pour créer beaucoup de choses utiles moyennant peu d'efforts, il faut 
		des instruments nombreux et perfectionnés; certaines choses exigent, en 
		outre, beaucoup de temps pour être produites. Or, le producteur ne peut 
		vivre pendant ce temps, s'il ne possède une avance suffisante de 
		subsistances, s'il n'a devers lui un certain capital. On est donc 
		intéressé à épargner du travail, à accumuler des capitaux, afin de 
		pouvoir augmenter sa production tout en diminuant ses efforts, afin de 
		rendre son travail plus fructueux.
 
 Le conservateur:
		C'est cela.
 
 L'économiste:
		Mais ce deuxième mobile qui porte à accumuler des capitaux est bien 
		moins général que le premier. Il n'agit que sur les entrepreneurs 
		d'industrie et sur ceux qui aspirent à le devenir?
 
 Le conservateur:
		C'est-à-dire sur tout le monde.
 
 L'économiste:
		Non! il y a beaucoup d'ouvriers de manufactures qui ne songent pas à 
		devenir manufacturiers, beaucoup d'ouvriers laboureurs qui n'ont pas 
		l'ambition de diriger une ferme, beaucoup de commis-banquiers qui 
		n'aspirent pas à fonder une banque. Et à mesure que l'industrie se 
		développera sur une échelle plus vaste, il y en aura de moins en moins.
 
 Dans l'état actuel des choses, les entrepreneurs de production sont déjà 
		en minorité. Si ces entrepreneurs étaient réduits à leurs seules 
		épargnes de travail, aux capitaux qu'ils peuvent accumuler eux-mêmes, 
		cela serait tout à fait insuffisant.
 
 Le conservateur:
		Sans aucun doute. Si chaque entrepreneur de production, manufacturier, 
		agriculteur ou négociant se trouvait réduit à ses seules ressources; 
		s'il n'avait à sa disposition que ses propres capitaux, la production se 
		trouverait incessamment entravée faute d'avances suffisantes.
 
 Le socialiste:
		Tandis qu'il y aurait entre les mains des non-entrepreneurs une quantité 
		considérable de capitaux inactifs.
 
 L'économiste:
		On a surmonté cette difficulté au moyen du crédit.
 
 Le socialiste:
		Dites qu'on aurait dû la surmonter. Malheureusement, la société n'a pas 
		su encore organiser le crédit.
 
 L'économiste:
		Le crédit s'est organisé de lui-même, dès le commencement du monde. Le 
		jour où, pour la première fois, un homme a prêté à un autre homme un 
		produit de son travail, le crédit a été inventé. Depuis ce jour, il n'a 
		cessé de se développer. Des intermédiaires se sont placés entre les 
		capitalistes et les entrepreneurs. Ces marchands de capitaux, banquiers 
		ou agents d'affaires se sont multipliés à l'infini. On a établi des 
		bourses, où l'on vend des capitaux en gros et en détail.
 
 Le socialiste:
		Ah! les bourses... ces vils repaires, où les proxénètes du capital 
		viennent négocier leurs marchés impurs. Quand donc fermera-t-on ces 
		temples de l'usure?
 
 L'économiste:
		Fermez donc, en même temps, le marché des Innocents, car on y vole 
		aussi... Le prêt des capitaux s'est donc organisé sur une échelle 
		immense, et il est destiné à se développer bien plus encore lorsqu'il 
		aura cessé d'être directement et indirectement entravé.
 
 On accumule des capitaux sous toutes les formes. Mais sous quelle forme 
		les accumule-t-on le plus volontiers? Sous la forme d'objets durables, 
		peu encombrants et facilement échangeables. Certains objets réunissent 
		ces qualités à un plus haut degré que tous les autres, je veux parler 
		des métaux précieux. Le loyer des métaux précieux est devenu, en 
		conséquence, le régulateur de tous les loyers. Lorsqu'on prête son 
		capital sous une forme moins durable et plus aisément dépréciable, on 
		fait payer à l'emprunteur cette différence de durabilité et de 
		dépréciabilité. On loue un mobilier ou une maison plus cher qu'une somme 
		d'argent de même valeur.
 
 Lorsqu'on prête un capital sous forme de métaux précieux, le prix du 
		prêt prend le nom d'intérêt, lorsque le prêt s'effectue sous une autre 
		forme, lorsqu'on prête des terres, des maisons, des meubles, etc., le 
		prix se nomme loyer.
 
 L'intérêt, c'est donc la somme que l'on paye pour avoir l'usage d'une 
		certaine quantité de travail accumulé sous la forme la plus durable, la 
		moins encombrante et la plus aisément échangeable.
 
 Tantôt cet usage se paye plus ou moins cher, tantôt il est gratuit, 
		tantôt aussi les capitalistes payent une prime à ceux à qui ils confient 
		leurs capitaux.
 
 Le conservateur:
		Plaisantez-vous? où a-t-on vu des prêteurs payer un intérêt à leurs 
		emprunteurs? ce serait le monde renversé!
 
 L'économiste:
		Savez-vous à quelles conditions les premières banques de dépôt qui 
		furent établies à Amsterdam, à Hambourg et à Gênes recevaient des 
		capitaux? À Amsterdam, les capitalistes payaient d'abord une prime de 
		10 florins quand on leur ouvrait un compte; ils payaient ensuite un 
		droit de garde annuel de un pour cent. En outre, les monnaies subissant 
		en ce temps-là des dépréciations considérables, la banque prélevait un 
		agio plus ou moins élevé sur la somme déposée. À Amsterdam, l'agio était 
		communément de cinq pour cent. Eh! bien, malgré la dureté de ces 
		conditions, les capitalistes aimaient mieux confier leurs capitaux à la 
		banque que de les garder ou de les prêter directement aux gens qui en 
		avaient besoin.
 
 Le socialiste:
		L'intérêt était alors en moins.
 
 L'économiste:
		Vous l'avez dit. Or comme, en tout temps, l'homme qui a accumulé un 
		capital est obligé de se livrer à une certaine surveillance et de courir 
		certains risques en le conservant lui-même; comme il peut arriver qu'il 
		se donne moins de peine et courre moins de risques en le prêtant, 
		l'intérêt peut donc, en tout temps, tomber à zéro ou même en dessous de 
		zéro.
 
 Mais vous concevez aussi que si cette partie négative des frais de 
		production de l'intérêt venait à s'élever très haut; si la conservation 
		des capitaux était soumise à de très hauts risques, par le manque de 
		sécurité ou l'exagération de l'impôt; si le prêt n'offrait de même 
		qu'une sécurité insuffisante, l'accumulation s'arrêterait. On cesserait 
		d'épargner des capitaux, si l'on cessait d'avoir la certitude de les 
		consommer soi-même, du moins en grande partie. L'homme se mettrait à 
		vivre au jour le jour sans souci de sa vieillesse ou de l'avenir de sa 
		famille, sans se préoccuper non plus de perfectionner ou de développer 
		son industrie. La civilisation rétrograderait rapidement sous un tel 
		régime.
 
 Plus la partie négative de l'intérêt est faible, et plus est énergique 
		le stimulant qui pousse l'homme à épargner.
 
 Examinons maintenant la partie positive de l'intérêt.
 
 Celle-ci représente du travail, des dommages et des risques.
 
 Si vous prenez une certaine peine, si vous subissez certains dommages, 
		et si vous courez certains risques en gardant vos capitaux, vous êtes 
		communément obligé de prendre plus de peine encore, de supporter plus de 
		dommages, et de courir plus de risques en les prêtant.
 
 Dans quelles circonstances, vous, capitaliste, êtes vous disposé à 
		prêter un capital?
 
 C'est lorsque vous n'en avez pas vous-même l'emploi actuellement. Vous 
		le prêtez volontiers jusqu'à l'époque où vous en aurez besoin. Deux 
		emprunteurs, deux hommes qui ont actuellement besoin d'un capital, se 
		présentent à vous: avec lequel des deux ferez-vous affaire? Vous 
		choisirez, n'est-il pas vrai, celui qui vous présentera les meilleures 
		garanties matérielles et morales, le plus riche et le plus probe, 
		c'est-à-dire celui qui vous remboursera le plus sûrement. À moins 
		toutefois que son concurrent ne vous offre une somme plus forte, auquel 
		cas vous apprécierez la différence des risques et celle des offres, et 
		vous vous prononcerez. Si vous vous décidez pour le second, c'est que le 
		surplus de l'offre vous aura paru balancer, et un peu au-delà, la 
		différence des garanties matérielles et morales.
 
 L'intérêt sert donc à couvrir des risques.
 
 Vous prêtez votre capital pour une période déterminée; mais êtes-vous 
		bien sûr de n'en avoir pas besoin dans cette période? ne peut-il 
		survenir quelque accident qui vous oblige à recourir à votre épargne? 
		n'arrive-t-il pas, aussi fréquemment, que l'on prête un capital dont on 
		a besoin soi-même? Dans le premier cas, le dommage n'est qu'éventuel; 
		dans le second, il est réel; mais éventuel ou réel, ne doit-il pas être 
		compensé?
 
 L'intérêt sert donc à compenser des dommages.
 
 Vous conserverez votre capital dans un coffre, dans une grange ou 
		ailleurs. Si vous le prêtez, vous serez obligé de prendre une certaine 
		peine, d'exécuter un certain travail, en le déplaçant, en faisant 
		constater le prêt, comme aussi en surveillant l'emploi du capital prêté. 
		Ce travail doit être rémunéré.
 
 L'intérêt sert donc à salarier un travail.
 
 Une prime servant à couvrir un risque, une compensation servant à 
		couvrir un dommage, un salaire servant à rémunérer un travail, tels sont 
		les éléments positifs des frais de production de l'intérêt.
 
 Ces trois éléments se retrouvent, à des degrés différents, dans tous les 
		prêts à intérêt.
 
 Le socialiste:
		On les supprimerait en organisant le crédit.
 
 L'économiste:
		Voyons! S'agit-il des risques? Vous aurez beau faire, vous prêteur, 
		que vous soyez un banquier, un intermédiaire, ou un producteur de 
		capitaux, un épargneur, vous courrez toujours des risques en prêtant.
 
 À moins que:
 
 
			
				| 1) Vous n'ayez 
				affaire à des gens d'une probité absolue et d'une intelligence 
				parfaite;2) À des gens dont l'industrie ne soit exposée, soit directement, soit 
		indirectement, à aucune catastrophe fortuite.
 |  Jusque-là vous courrez des risques, et on sera obligé de vous payez une 
		prime pour les couvrir.
 Le socialiste:
		J'en conviens; mais si l'industrie était moins chanceuse, cette prime 
		pourrait être considérablement réduite.
 
 L'économiste:
		Oui, considérablement. Étudiez donc les causes réelles qui rendent 
		l'industrie chanceuse au lieu de fonder des banques d'échange. Étudiez 
		encore les causes qui altèrent la moralité des populations ou dépriment 
		leur intelligence.
 
 Le conservateur:
		Voici un point de vue qui me paraît assez neuf. L'intérêt peut donc être 
		plus bas dans un pays où il y a beaucoup de moralité et d'intelligence 
		pratique des affaires que dans un pays où il y en a peu.
 
 L'économiste:
		Dites qu'il doit être plus bas. Ne prêtez-vous pas plus volontiers à un 
		honnête homme qu'à un demi-fripon?
 
 Le conservateur:
		Cela va sans dire.
 
 L'économiste:
		Eh bien! ce que vous faites, tout le monde le fait comme vous. Le taux 
		de l'intérêt monte à mesure que la moralité baisse; il monte encore à 
		mesure que l'intelligence se déprime ou se fausse. Retenez bien ces 
		maximes économiques, et sachez en faire l'application à propos.
 
 Les risques qui forment indubitablement la partie la plus considérable 
		des frais de production de l'intérêt, peuvent baisser dans une 
		proportion très forte; mais je doute qu'ils puissent complètement 
		disparaître.
 
 Le socialiste:
		Si j'ai bonne mémoire, l'un des chefs de l'école saint-simonienne, M. 
		Bazard, pensait tout le contraire.
 
 L'économiste:
		Vous faites confusion. Voici ce que M. Bazard écrivait dans sa préface 
		de la traduction française de la Défense de l'usure de Jérémie 
		Bentham:
 
 
			
				| ...Il est permis de 
				conclure que l'intérêt, en tant que représentant le loyer des 
				instruments de travail, tend à disparaître complètement, et que 
				des parties qui le composent aujourd'hui, la prime d'assurance 
				est la seule qui doive rester en se réduisant elle-même, par 
				suite des progrès de l'organisation industrielle, sur la 
				proportion des seuls risques qui peuvent être considérés comme 
				au-dessus de la prévoyance et de la sagesse humaine(1). |  Avec M. Bazard, je doute que les risques du prêt disparaissent jamais 
		complètement; car je ne pense pas qu'on réussisse jamais à supprimer 
		tous les accidents, naturels ou autres, qui menacent les capitaux 
		prêtés. Les employeurs de capitaux, ceux qui les exposent à être 
		détruits, auront donc toujours une prime d'assurance à payer pour 
		couvrir ce risque.
 Le socialiste:
		Cependant la mutualité.....
 
 L'économiste:
		Aucune mutualité ne saurait empêcher un risque qui existe de tomber sur 
		quelqu'un. Vous prêtez un capital à un fermier dont les bâtiments 
		d'exploitation peuvent être détruits par un incendie, dont les récoltes 
		peuvent être ravagées par la grêle, les charançons, et que sais-je 
		encore? Vous courez en conséquence différents risques. Ces risques 
		doivent être couverts, sinon vous ne prêterez pas.
 
 Le socialiste:
		Mais si le fermier est assuré contre l'incendie, la grêle et les 
		charançons?
 
 L'économiste:
		Il n'en payera pas moins une prime annuelle sur le capital que vous lui 
		aurez prêté pour augmenter son matériel d'exploitation ou pour 
		développer ses cultures; seulement, au lieu de vous la payer à vous, il 
		la payera à des assureurs. Il la payera moins cher, car c'est leur 
		spécialité d'assurer, et ce n'est pas la vôtre; mais il la leur payera. 
		Les parties de l'intérêt qu'il déboursera annuellement pour avoir 
		l'usage de votre capital seront séparées, mais elles n'en subsisteront 
		pas moins.
 
 Le conservateur:
		Et le loyer, pensez-vous avec M. Bazard qu'il puisse disparaître?
 
 L'économiste:
		Le loyer, tel que le définit M. Bazard, c'est la partie des frais de 
		production de l'intérêt, représentant la compensation du dommage et le 
		salaire du travail.
 
 Peut-on se dessaisir d'un capital, sans éprouver aucun dommage par suite 
		de son absence? Oui, si l'on est sûr de n'en avoir pas besoin jusqu'à 
		l'époque où il sera remboursé, ou bien encore de pouvoir le récupérer ou 
		le réaliser sans perte. Ces deux circonstances se présenteront-elles un 
		jour d'une manière régulière, normale, permanente? Arrivera-t-il que 
		tout le capital utilisé dans la production soit remboursable ou 
		réalisable sans perte, à la volonté des prêteurs?
 
 Le conservateur:
		Chimère!
 
 L'économiste:
		Je ne serai point si affirmatif. Il faut bien remarquer que tous les 
		capitaux employés ou même employables dans la production ne constituent 
		pas tout le capital disponible de la société. On ne prête généralement 
		que les capitaux dont on n'a pas besoin actuellement. Eh bien, il pourra 
		arriver qu'on n'en prête plus d'autres. On ne subira plus alors aucun 
		dommage effectif en prêtant. Sera-t-il possible de supprimer, de même, 
		le dommage éventuel? Le roulement des capitaux finira-t-il par s'opérer 
		d'une manière assez parfaite pour que les sorties des capitaux de la 
		production soient régulièrement compensées par les entrées? Voilà ce 
		que je ne saurais dire, mais ce qui est possible. Si la production et la 
		circulation des capitaux n'étaient pas ralenties et troublées par mille 
		entraves, on serait bientôt pleinement édifié à cet égard.
 
 Reste le salaire rémunérant le travail du prêt, la peine que se donne le 
		prêteur en prêtant. Ce travail est réel, et comme tout travail réel, il 
		mérite salaire.
 
 Depuis l'invention et la multiplication des banques, ce travail s'est 
		déplacé ou divisé. Le capitaliste qui envoie son argent à une banque ne 
		se donne qu'une très faible peine. En revanche, la banque qui prête cet 
		argent à un entrepreneur d'industrie accomplit un véritable travail et 
		supporte des frais assez considérables. Ce travail doit être rémunéré, 
		ces frais doivent être couverts. Qui doit les payer? Évidemment celui 
		qui emploie le capital, à charge de les rejeter sur le consommateur de 
		la denrée produite à l'aide de ce capital.
 
 Peut-on supposer que ces frais disparaissent jamais? Non! s'ils 
		peuvent se réduire, par la multiplication du nombre des intermédiaires 
		exerçant spécialement le métier de prêteurs de capitaux. Ils ne 
		sauraient s'annuler tout à fait. Une banque doit et devra toujours payer 
		son local, ses employés, etc. Voilà, au moins, une partie des frais de 
		production de l'intérêt qui est indestructible.
 
 Le conservateur:
		Ah! c'est fort heureux.
 
 L'économiste:
		Pourquoi donc? La société qui consomme les produits du travail 
		n'est-elle pas intéressée à ce qu'ils se vendent au prix le plus bas 
		possible? or, l'intérêt du capital figure pour une part plus ou moins 
		forte dans le prix de toutes choses. S'il n'existait pas ou s'il était 
		plus faible, on se procurerait ces choses en échange d'une moindre 
		quantité de travail, puisqu'elles en contiendraient moins.
 
 L'aisance générale des populations croît à mesure que l'intérêt 
		s'abaisse; elle serait à son maximum si l'intérêt venait à tomber 
		naturellement à zéro.
 
 Le socialiste:
		Je saisis parfaitement cette analyse des frais de production de 
		l'intérêt; je vois que l'intérêt se compose de parties réelles qu'il 
		faut couvrir, sans quoi.... sans quoi.....
 
 L'économiste:
		... les capitalistes ne prêteraient point leurs capitaux, ou si on les 
		forçaient à les prêter, ils cesseraient d'en former, ils cesseraient 
		d'épargner. Or comme les capitaux, sauf peut-être les métaux précieux et 
		quelques autres denrées, sont essentiellement destructibles, les 
		capitaux actuels de la société, champs de blé, pâturages, vignes, 
		maisons, meubles, outils, approvisionnements disparaîtraient d'ici à un 
		petit nombre d'années, si l'on ne prenait soin de les entretenir et de 
		les renouveler par le travail et l'épargne.
 
 Le socialiste:
		Vous avez rendu ma pensée. Je vois aussi que ces différentes parties des 
		frais de production tendent naturellement à se réduire. mais le prix 
		courant de l'intérêt est-il donc toujours la représentation exacte des 
		éléments ou frais de production de l'intérêt?
 
 L'économiste:
		Il en est du capital comme de toute chose. Lorsqu'on offre plus de 
		capitaux qu'on n'en demande, le prix courant de l'intérêt baisse. 
		Néanmoins il ne saurait jamais tomber beaucoup au-dessous des frais de 
		production, car on aime mieux garder un capital que de le prêter à 
		perte. Il peut monter au-dessus, lorsque la demande des capitaux est 
		plus active que son offre. Mais si la disproportion devient trop forte, 
		les capitaux attirés par la prime de plus en plus considérable qui leur 
		est offerte, affluent bientôt au marché et l'équilibre se rétablit. Le 
		prix courant se confond alors, de nouveau, avec le prix naturel.
 
 Cet équilibre s'établit de lui-même, à moins que des obstacles factices 
		ne l'empêchent de s'établir. Je vous parlerai de ces obstacles lorsque 
		nous nous occuperons des banques. Mais c'est principalement sur les 
		frais de production qu'il faut agir pour abaisser d'une manière 
		régulière et permanente le taux de l'intérêt. Or ces frais ne sauraient 
		être supprimés, en tout ou en partie, au moyen d'une loi.
 
 Le conservateur:
		Enfin, nous voici revenus au taux légal!
 
 L'économiste:
		On ne peut pas plus dire à un capitaliste: « Tu ne céderas point ton 
		capital, au-dessus d'un intérêt maximum de cinq et six pour cent », qu'on 
		ne peut dire à un marchand: « Tu ne vendras point ton sucre au-dessus 
		d'un prix maximum de huit sous la livre. » Si avec huit sous le marchand 
		ne peut rembourser les frais de fabrication du sucre, et rémunérer son 
		propre travail, il cessera de vendre du sucre. De même, si avec un 
		intérêt maximum de cinq ou six pour cent le capitaliste ne couvre pas 
		les risques du prêt, le dommage résultant de la privation de son capital 
		et la peine qu'il se donne en prêtant, il cessera de prêter.
 
 Le conservateur:
		On ne cesse pas cependant. Mon usurier...
 
 L'économiste:
		Ou s'il continue à prêter, ne sera-t-il pas obligé d'ajouter à l'intérêt 
		la prime des risques supplémentaires qu'il court en violant la loi? 
		C'est ce que n'a pas manqué de faire votre usurier. Sans la loi du taux 
		de l'intérêt, il n'aurait exigé peut-être que vingt pour cent, ou moins 
		encore.
 
 Le conservateur:
		Quoi! vous pensez que les frais de production de l'intérêt du capital 
		prêté à mon fils s'élèvent bien à vingt pour cent?
 
 L'économiste:
		Je le pense. On court de gros risques en prêtant aux jeunes habitués de 
		Breda-Street. Ces aimables escompteurs du droit à l'héritage n'offrent 
		pas, avouez-le, des garanties morales bien solides?
 
 Le socialiste:
		Cependant, à tout prendre, la loi prohibitive de l'usure n'a pu avoir 
		des résultats bien funestes. On s'y dérobe si aisément.
 
 L'économiste:
		Détrompez-vous: beaucoup d'hommes se trouvent dans une situation telle 
		qu'ils ne peuvent emprunter, à moins de payer un gros intérêt. Or la loi 
		ayant interdit le prêt dit usuraire, les gens qui respectent 
		religieusement la loi existante, qu'elle soit bonne ou mauvaise, 
		s'abstiennent de prêter à ces hommes besoigneux. Ceux-ci sont réduits à 
		s'adresser à certains individus qui n'ont point de ces scrupules, et qui 
		profitent de leur petit nombre et de l'intensité des besoins de leurs 
		clients pour surélever encore le taux de l'intérêt.
 
 La loi limitative du taux de l'intérêt établit, vous le voyez, un 
		véritable monopole au bénéfice des prêteurs les moins scrupuleux, et au 
		détriment des emprunteurs les plus misérables. C'est grâce à cette loi 
		absurde, que les prêteurs interlopes ou usuriers égorgent les ouvriers 
		et les petits marchands qui empruntent à la petite semaine, les 
		négociants qui viennent d'éprouver un sinistre, et tant d'autres.
 
 Comprenez-vous maintenant que l'économie politique s'élève, au nom de 
		l'intérêt des masses, contre cette limitation du droit de prêter, et 
		qu'elle entreprenne la défense de l'usure?
 
 Le socialiste:
		Oui, je le comprends. Je vois que la loi n'empêche pas l'usure; je 
		vois, au contraire, qu'elle la rend plus âpre. Je vois que si cette loi 
		restrictive venait à être abolie, les emprunteurs les plus besoigneux 
		payeraient une prime de moins aux prêteurs.
 
 L'économiste:
		Ce serait un bienfait immense pour les classes les plus misérables de la 
		société. Réclamons donc l'abolition de l'intérêt légal, ce sera le 
		meilleur moyen d'avoir raison des usuriers et d'en finir avec l'usure.
 
 
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