Montréal, 22 avril 2007 • No 222

 

COMMENT ÊTRE FRANÇAIS?

 

Patrick Bonney est polémiste et éditeur en Belgique.

 
 

ON Y VOIT PLUS CLAIR
AVEC LES YEUX BRIDÉS...

 

par Patrick Bonney

 

          Courage fuyons! Libéré du droit de vote puisqu’aucun candidat parmi les douze obligés ne proposent la moindre alternative libérale digne de ce nom, je passerai les élections présidentielles françaises au Japon.

 

          J’emporterai avec moi les oeuvres complètes de Kawabata – noblesse et pays d’accueil obligent! –, mais aussi celles de Sénèque qui, à mes yeux est le plus Japonais des latins et qui, en tout état de cause, ne sera pas moins déplacé à Tokyo que Bill Murray ne l’était dans Lost in translation. Pour le reste, il se trouvera bien un ou deux haïkus dont je pourrais faire mon miel entre le mont Fuji, un bain chaud, une cérémonie du thé et un love hôtel.

          Les femmes ne sont jamais plus belles que lorsque l’on ne comprend pas ce qu’elles disent. Et comme l’écrivait fort justement Michel Foucault: « Aux États-Unis, le sexe est partout mais il est nulle part alors qu’au Japon, il est nulle part mais il est partout ». Changement de perspective prometteur après une campagne électorale où les culs serrés ont tenu le haut du pavé. Et comme chacun sait, il en est des pavés comme des jambes de femme, le bas vaut souvent mieux que le haut.

          Cependant, avant de partir et de continuer à vous gratifier de mes propos acerbes, irresponsables et misogynes, je souhaiterais revenir sur les polémiques et les réactions soulevées par mes récents articles, ne serait-ce que pour en préciser les tenants et aboutissants.

          Ma première remarque concernera le site qui nous abrite. Pour mémoire et pour ceux qui l’auraient oublié, son nom est Le Québécois libre. Pas Le Québécois enchaîné, emprisonné, enfermé ou censuré! Libre avec tout ce que ce mot étranger aux oreilles des bien-pensants implique. Et c’est grâce à cette revendication affichée et au courage et à la volonté de ses deux promoteurs, Martin Masse et Gilles Guénette, que l’on peut encore y écrire ce que l’on ne veut pas entendre ailleurs. Il est donc inutile de pousser des cris d’orfraie quand sur tel ou tel sujet les bornes sont dépassées puisque, par définition, il n’y a pas de bornes [ndlr: si ce n'est que celles du bon goût].

          La deuxième remarque aura trait à ma nationalité. M’étant proclamé polémiste (un titre qui ne requiert aucun diplôme) et éditeur en Belgique, d’aucuns en ont hâtivement conclu que je ne pouvais, ce faisant, qu’être Belge. D’autres, et cela m’honore tout autant, ont imaginé que j’étais Québécois. Comme si en somme, des propos aussi peu sensés ne pouvaient sortir de la bouche d’un Français.

          N’en déplaise pourtant à ces lecteurs distraits ou pressés, Français je le suis bel et bien! Et de souche comme on dit aujourd’hui. Et si ma lignée compte peu de salauds, certains des miens sont tout de même couchés dans les froides allées de Verdun.
 

« N’en déplaise pourtant à ces lecteurs distraits ou pressés, Français je le suis bel et bien! Et de souche comme on dit aujourd’hui. »


          La Belgique, on le voit, n’est jamais très loin. J’apprécierai par conséquent, ne serait-ce que par respect pour mes hôtes, que l’on m’épargne les jeux de mots faciles, méprisants et xénophobes à base de bière, de frites, d’accents ou de supposée déficience intellectuelle.

          Car si contrairement à la grande majorité des Belges je suis effectivement un imbécile patenté, en revanche, je ne suis pas fou de houblon, je mange peu de pommes de terre et, comble d’ironie, mon accent serait plutôt Parisien. Mais, compte tenu de la propension qu’ont certains Français à prendre les étrangers pour des cons, il eût été surprenant que les préjugés et l’ostracisme ne dominassent pas la logique. Soit!

          Toutefois, je voudrais qu’ils sachent que pour con que je sois, je n’en demeure pas moins français. Je suis un con français, qu’on se le dise! Et de ces deux qualificatifs, je me demande si, à tout prendre, je ne préfère pas le premier.

          Et de fait, ma prose ne manque pas à ce point d’inepties, de contre-vérités et d’incohérence en tout genre pour que l’on m’attaque sur une nationalité qui n’est même pas la mienne. Et puis, Jules César a définitivement tranché: « De tous les peuples de la Gaulle, ce sont les Belges les plus braves ».

          Pour clore ce chapitre, j’aimerai ajouter à l’intention de ces plumitifs que si l’on se pique d’écrire, il est préférable de ne pas le faire avec ses pieds. Même quand on a un certain âge et que les mains tremblent. « Je parle pas aux cons, ça les instruit » disait Michel Audiard. Quant à leur écrire...

          En guise de conclusion, voici ma troisième et dernière remarque. Il serait vain de chercher la moindre unité, cohérence ou intelligence à ce que j’avance. Je peux tout aussi bien écrire une chose une semaine et son contraire la suivante. Il n’est pas interdit de s’amuser un peu. La vie est suffisamment emmerdante comme ça!

          Pour autant, il est toujours cruel de voir ses propos travestis, déformés ou incompris. Et même si je ne renie rien, les mots ont tout de même un sens et la langue française est riche de ces nuances qui peuvent échapper à une lecture trop rapide, approximative ou malveillante. En outre, il n’est pas interdit non plus de dépasser le premier degré et de s’enivrer un peu. Même s’il est un reproche que j’admets volontiers, celui d’écrire trop librement. Mais ça...

          Enfin, c’est promis, vous recevrez de mes nouvelles du Japon...
 

 

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