Montréal, 10 février 2008 • No 252

 

OPINION

 

François-René Rideau est un informaticien français. Parmi les sites qu'il anime, Bastiat.org est consacré à l'oeuvre de l'économiste libéral Frédéric Bastiat, Le Libéralisme, le vrai contient ses essais, et Cybernéthique est son blog apériodique.

 
 

IL N'Y A RIEN À ATTENDRE DE SARKOZY
OU DE LA POLITIQUE

 

par François-René Rideau

 

          Excellent politique, administrateur exécrable. En tant qu'homme politique, notre président est hors pair. Et c'est exactement pourquoi en tant qu'administrateur, il prolongera et accentuera l'oppression pesant sur les créateurs et la ruine du pays.

 

L'art de tisser

          Sarkozy est un excellent homme politique. Il sait placer ses amis et ses ennemis, créer de la popularité, du consensus, former des alliances, concilier des opposants, récompenser ceux qui lui apportent un soutien, punir ceux qui le lui ont refusé. Il maîtrise la politique, cet art du possible. Du politiquement possible, s'entend...

          C'est-à-dire qu'il maîtrise l'art de tisser des coalitions qui vaincront toute tentative de coalition opposée, dans leur emprise sur le pays, et pourront ainsi vivre sur le dos du contribuable. Et c'est pourquoi ceux qui attendent de Sarkozy ou de tout autre remplaçant qu'il atténue leurs souffrances se mettent le doigt dans l'oeil.

          Le but et le moyen de toute coalition au pouvoir, c'est d'obtenir une part plus grande de la tonte des politiquement opprimés. Ni Sarkozy ni personne ne peut changer ce principe. Et si Sarkozy ou tout autre libérateur rêvé allait contre ce principe, il serait par définition incapable de créer une coalition victorieuse, de se faire élire et réélire, de réunir les soutiens nécessaires à l'action, de gouverner – il chercherait vainement à trouver un art de l'impossible.

          Peu importe à un bon politique ce qui est bon pour le pays: raisonner, trouver des explications à ce qui va ou ne va pas, proposer des solutions qui marcheront, etc. Pour un politicien, c'est de l'idéologie, tout juste bon à créer de la propagande. La bonne idéologie, pour un politicien, c'est celle qui crée de la propagande qui marche pour lui, c'est-à-dire celle qui l'aide à étendre son pouvoir: celle qui convainc facilement des masses d'ignares, celle que l'on peut propager efficacement par l'éducation nationale et les médias de masse.

          Vrai ou faux ne sont pas des catégories qui intéressent le politicien. Puissant ou impuissant, source de pouvoir ou d'opposition, voilà ce qui l'intéresse. Le politicien n'est pas là pour créer de l'adéquation entre vrai et puissant, il est là pour exploiter les sources de pouvoir existantes, et intensifier celles sur lesquelles son pouvoir repose.

          Or, tout pouvoir repose d'abord et avant tout sur l'oppression écrasant les créateurs payeurs d'impôts, par la force et la tromperie, au profit d'une classe de parasites receveurs d'impôts. Une armée de bureaucrates officiels maintient le pouvoir officiel, prélevant et répartissant l'impôt, opprimant les citoyens sous des règlements abrutissants, punissant ceux qui veulent échapper à l'extorsion et l'oppression.

          Une autre armée de commissaires politiques officieux (fausses associations grassement subventionnées, journalistes privilégiés, enseignants nationalisés) cultive les sources du pouvoir en propageant les idéologies victorieuses; une troisième armée, de socialement proches (criminels) actifs, crée la pression ordinaire contre les citoyens opprimés, et les jette dans les rets du seul secours qui leur est autorisé, le Pouvoir politique (toute tentative de créer une alternative à son monopole étant plus sévèrement réprimée qu'aucun crime).
 

« Il existe des espaces de libertés, des zones autonomes temporelles, des vides juridiques, qui n'ont pas encore été envahis et mis en coupe réglée par l'État. Ces espaces ne sont par définition qu'un refuge temporaire... »


          Enfin, une dernière armée, faite de petits privilégiés oisifs (syndicalistes, chômeurs, étudiants en rien, etc.) fera des coups de mains illégaux mais jamais sanctionnés contre tout opprimé qui voudrait se révolter: démonstrations de force, grèves, occupations, blocages, sabotages, vandalisme. Les travailleurs productifs, les créateurs de richesse, sont opprimés. Les parasites improductifs, les destructeurs de richesse, sont privilégiés. Par la tromperie idéologique, les rôles d'opprimés et privilégiés sont confondus voire inversés dans l'esprit de la majorité, et le pouvoir se perpétue. Le pouvoir est le contraire de la liberté, la politique s'oppose à l'économie. Il n'y a rien à attendre d'un bon homme politique, et aucun espoir de voir au pouvoir un mauvais homme politique.
 

Bien mince espoir

          Si vous voulez un espoir de vaincre la politique, il est bien mince. Les rares antidotes à l'idéologie du pouvoir, le socialisme, ne fonctionnent que sur une minorité infime de dynapenseurs; la pensée dynamique semble limitée par l'éducation et la génétique, toutes deux sous contrôle, direct ou indirect, de la politique; en important massivement des bas-QI statipenseurs, et en propageant systématiquement la pensée statique via l'éducation nationale et la presse privilégiée, le système politique en place assure la pérennité de son assise idéologique.

          D'aucuns rêvent qu'un jour l'ingénierie génétique ou mémétique permettrait de généraliser de tels remèdes, en créant des générations de gens plus intelligents et/ou d'antidotes plus convaincants à la propagande politique. C'est oublier que l'État a accès plus que quiconque à ces technologies, et a les moyens et la motivation pour contrôler et la génétique (via réglementations et subventions) et la mémétique (via propagande et censure). Dans cette bataille improbable, l'État reste favori, et de loin. Seule la concurrence entre États permettrait peut-être la propagation lente de tels progrès génétiques et mémétiques. Et encore.

          Reste l'espoir d'échapper personnellement au pouvoir politique. Il existe des espaces de libertés, des zones autonomes temporelles, des vides juridiques, qui n'ont pas encore été envahis et mis en coupe réglée par l'État. Ces espaces ne sont par définition qu'un refuge temporaire, et toute documentation excessivement complète et/ou publique de ces espaces ne ferait qu'accélérer leur invasion par l'État – toute source de subversion efficace du pouvoir politique identifiée dans une telle zone hâte aussi l'annexation par l'État. Aussi devrez-vous chercher et tâtonner dans l'ignorance pour trouver un tel espace, et abandonner l'espoir qu'un tel espace puisse permettre de vaincre le Minotaure.

          L'État est là pour rester, et il n'est pas votre ami. L'un dans l'autre, votre sort à ce titre n'est pas plus mauvais que celui de vos ancêtres opprimés par des maîtres plus stupides et cruels. Comprenez cette réalité, acceptez-la, et agissez en conséquence.