SOCIALISME-MADOFF (Version imprimée)
par Michel de Poncins*
Le Québécois Libre, 15 mars 2009, No 265.

Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/09/090315-8.htm


Le dirigisme, l’étatisme, le socialisme et, il faut bien le dire, le sarkozysme, termes finalement équivalents, roulent de calamités en calamités. Lorsque surgit une calamité créée en général par les personnes au pouvoir, les mêmes en créent une autre tout aussitôt pour supposément corriger la première.

Ces temps-ci, c'est celle du chômage qui alarme à juste titre tout le monde. Plus de 90 200 nouveaux chômeurs en janvier, soit 2 204 000 chômeurs en tout. Les chiffres s'accélèrent et Christine Lagarde, la ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, annonce un emballement encore plus grand. C’est si rapide que les énarques n’ont pas le temps de bricoler les statistiques pour masquer le problème – comme cela s’est si souvent fait dans le passé.

Pourtant les économistes, les vrais, connaissent parfaitement la cause de ce chômage et les remèdes à apporter.

Pour résumer, parmi les causes, il y a d'abord le poids absolument insupportable qui, sous forme d'impôts et de charges sociales, est imposé à l'économie et écrase les entrepreneurs et les travailleurs de toutes sortes. Tout se passe comme si les hommes de l’État se comportaient comme des renards libres dans un poulailler chassant ouvertement les entrepreneurs hors de France.

À l’intérieur de ce poids, se situe l’enrichissement personnel des prédateurs étatiques du sommet – ministres, élus de la pyramide insensée qui va jusqu’aux mairies, chefs syndicalistes et bien d’autres. L’argent formel et surtout informel dérivé vers ces prédateurs représente comme je l’ai démontré de 5 à 10% du PIB.

Aux charges s'ajoutent les réglementations qui parachèvent le désastre. Parmi les réglementations, se trouvent au premier chef celles qui résultent du Code du travail qui peut s'analyser comme une machine gigantesque à fabriquer du chômage.

Au niveau des salaires, se situe la différence abyssale entre le net de la feuille de paie et le salaire réel qui est égal au coût du travailleur pour l’entreprise. Quand la presse évoque les salaires, elle se réfère au net de la feuille de paie. Mais le salaire réel est ce que l’employé coûte à l’employeur compte tenu en particulier des charges patronales.

La différence est telle que si l'on considère le salaire réel, la main-d’oeuvre française n'est pas compétitive vis-à-vis celle de l'étranger, ni acceptable sur le marché intérieur, ce qui est gravissime. Et de leur coté, malheureusement, les travailleurs connaissent une véritable paupérisation, aggravée par le fait qu’un deuxième racket s'exerce sous forme d'autres impôts: l’IRPP, la TVA, etc. Où passe l’immense différence? Précisément dans les poches des prédateurs étatiques ou dans les sables mouvants du gaspillage public.

J'ai traité de tout ces problèmes du chômage dans un livre intitulé Chômage, fils du socialisme (La vérité, les remèdes), paru chez François-Xavier de Guibert et qui n'a pas pris une ride.

Dans tout ce chaos, pourquoi évoquer le sinistre Madoff? Tout simplement parce qu’il existe des ressemblances étranges entre le socialisme et ce que l'on pourrait appeler « le madoffisme ».

Ce dernier peut se définir comme suit: « Un prédateur amasse de façon continue d’immenses quantités d'argent pour son usage personnel, ceci avec une apparence de légitimité. Cet argent lui est apporté par un grand nombre de personnes qui au départ espèrent en profiter et y arrivent si elles se retirent à temps. Les dernières arrivées deviennent des victimes et perdent tout, le château de carte s’écroulant d’un seul coup. »

Dans le socialisme, il y a un groupe important de prédateurs du plus haut niveau. Si, dans la rédaction de la définition, on remplace le terme « un prédateur » par un autre terme « les prédateurs », la définition s'applique parfaitement au socialisme. Comme Madoff, ces prédateurs espèrent, compte tenu de la solidité apparente du système et de son espérance de vie courante, qu’il durera assez pour qu’ils atteignent paisiblement les retraites cumulées et scandaleuses qu’ils se sont ménagées.

Il faut, néanmoins, signaler des différences.

Le madoffisme est illégal. Le socialisme, lui, n'est jamais illégal. Comme je l'ai indiqué dans un grand nombre de livres et d'articles, la véritable merveille du système est que les prédateurs fabriquent les lois et que, justement, ils fabriquent des lois pour que leurs rapines échappent à jamais aux tribunaux. Dans la République Fromagère (R.F.), l'enrichissement personnel des hommes de l'État est un enrichissement parfaitement légal: dont acte.

Une autre différence tient à la recherche des apporteurs d'argent. Madoff s'est appuyé sur sa propre notoriété et le bouche-à-oreille savamment entretenu. Dans le sarkozysme et le socialisme, la notoriété des prédateurs est sans cesse vantée en boucle par les médias et la presse qui se nourrissent du système à la fois au propre et au figuré. C'est si bien organisé que fort peu de personnes, futures victimes, aperçoivent que l'on a affaire à un simple château de cartes.

Dans le système Madoff, les apporteurs de capitaux espéraient de gros intérêts et ceux qui sont sortis à temps les ont obtenus. Dans le système socialiste, les prédateurs les plus habiles se préparent des parachutes dorés sous forme de fonctions prestigieuses parfois créées à usage personnel et renforçant la ruine générale. Quant aux apporteurs de la base, ils se réjouissent. « Heureusement que nous avons la sécu », peut-on entendre de certaines personnes que l’on pourrait croire mieux informées.

Dans le domaine de l'emploi, chacun se réjouira d'une nouvelle extension de l'usine à gaz universelle sous forme d'un contrat aidé ou d'un emploi public créé par une mairie et gobera sans broncher l’affirmation courante du pouvoir déclarant que l’emploi est « la priorité des priorités ».

Dans le système Madoff, le risque est qu’à la moindre secousse tout s'écroule d'un seul coup. Dans le système socialiste nous assistons et depuis longtemps à une sorte de phénomène que j'ai dénommé: le château de cartes à écroulement lent.

Il est certain qu’aujourd’hui des craquements parfaitement inquiétants se font entendre. Citons justement en premier cette statistique affolante au sujet de l'emploi. Citons également l'endettement complètement déraisonnable avec la baisse de la note chez les agences de notation, les grèves de tous les cotés au nom du pouvoir d’achat, les émeutes en tous genres et bien d'autres phénomènes.

Quand le château de cartes s'écroulera-t-il et dans quel fracas? Dieu seul le sait.

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* Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.