| LIBÉRALISME ET SOCIALISME – LE SOCIALISME * (Version imprimée)
 par 
		Ludwig von Mises (1881-1973)**
 Le Québécois Libre, 15 mai 2009, No 267.
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		http://www.quebecoislibre.org/09/090515-10.htm
 
 1. L'État et l'Économie 
 Le socialisme est le passage des moyens de production de la propriété 
		privée à la propriété de la société organisée, de l'État(1). 
		L'État socialiste est propriétaire de tous les moyens de production 
		matériels et partant, le dirigeant de la production générale. On oublie 
		trop souvent qu'il n'est pas nécessaire que le passage de la propriété 
		mise sous la puissance de l'État et à sa disposition s'accomplisse selon 
		les formes établies par le droit pour les transmissions de propriété à 
		une époque historique qui repose sur la propriété privée des moyens de 
		production; il importe encore moins qu'on use pour cette opération du 
		vocabulaire traditionnel du droit privé. La propriété est la possibilité 
		de disposer d'un bien. Si cette possibilité est comme détachée de son 
		nom traditionnel, si elle est affectée à une institution juridique 
		portant un nom nouveau, tout cela est pour l'essentiel sans importance. 
		Il ne faut pas s'en tenir au mot, mais au fait lui-même. L'évolution 
		vers le socialisme ne s'est point accomplie par un transfert purement 
		formel à l'État. La restriction des droits du propriétaire est aussi un 
		moyen de socialisation. La faculté de disposer de son bien lui est 
		retirée bribe par bribe. Si l'État s'assure une influence toujours plus 
		importante sur l'objet et les méthodes de la production, s'il exige une 
		part toujours plus grande du bénéfice de la production, la part du 
		propriétaire est restreinte de jour en jour; finalement il ne lui reste 
		plus que le mot vide de propriété, la propriété même étant entièrement 
		passée aux mains de l'État.
 
 On méconnaît ordinairement la différence fondamentale qu'il y a entre 
		l'idée libérale et l'idée anarchiste. L'anarchisme rejette toute 
		organisation de contrainte sociale, il rejette la contrainte en tant que 
		moyen de technique sociale. Il veut vraiment supprimer l'État et l'ordre 
		juridique, parce qu'il est d'avis que la société pourrait s'en passer 
		sans dommage. De l'anarchie, il ne redoute pas le désordre, car il croit 
		que les hommes, même sans contrainte, s'uniraient pour une action 
		sociale commune, en tenant compte de toutes les exigences de la vie en 
		société. En soi, l'anarchisme n'est ni libéral ni socialiste; il se meut 
		sur un autre plan. Celui qui tient l'idée essentielle de l'anarchisme 
		pour une erreur, considère comme une utopie la possibilité que jamais 
		les hommes puissent s'unir pour une action commune et paisible sans la 
		contrainte d'un ordre juridique et de ses obligations; celui-là, qu'il 
		soit socialiste ou libéral, repoussera les idées anarchistes. Toutes les 
		théories libérales ou socialistes, qui ne font pas fi de l'enchaînement 
		logique des idées ont édifié leur système en écartant consciemment, 
		énergiquement, l'anarchisme. Le contenu et l'ampleur de l'ordre 
		juridique diffèrent dans le libéralisme et dans le socialisme, mais tous 
		deux en reconnaissent la nécessité. Si le libéralisme restreint le 
		domaine de l'activité de l'État, il ne songe pas à contester la 
		nécessité d'un ordre juridique. Il n'est pas anti-étatiste, il ne 
		considère pas l'État comme un mal même nécessaire. Sa position vis-à-vis 
		du problème de l'État ne lui est pas dictée par son antipathie contre la 
		« personne » de l'État, mais par sa position en ce qui touche le 
		problème de la propriété. Voulant la propriété privée des moyens de 
		production, il doit logiquement repousser tout ce qui s'y oppose. À son 
		tour le socialisme, se détournant par principe de l'anarchisme, cherche 
		à élargir le domaine régi par l'organisation de contrainte de l'État. 
		Son but le plus marqué n'est-il pas de mettre fin à « l'anarchie de la 
		production »? Le socialisme ne supprime pas l'ordre juridique de l'État 
		et sa contrainte; il l'étend au contraire sur un domaine que le 
		libéralisme veut laisser libre de toute contrainte de l'État.
 
 Les écrivains socialistes, en particulier ceux qui recommandent le 
		socialisme pour des raisons morales, aiment assez représenter le 
		socialisme comme étant la forme de société qui recherche le bien et le 
		mieux-être général, tandis que le libéralisme n'a en vue que les 
		intérêts d'une classe particulière. On ne peut juger de la valeur ou de 
		la non-valeur d'une forme de société organisée, avant de s'être fait une 
		image nette de ses résultats. Or ce n'est que grâce à des enquêtes 
		minutieuses qu'on pourra vraiment dresser le bilan des réalisations 
		libérales ou socialistes. La prétention du socialisme d'être le seul 
		à vouloir le mieux peut être de prime abord rejetée, comme erronée. 
		Car si le libéralisme combat pour la propriété privée des moyens de 
		production, ce n'est point par égard pour les intérêts particuliers des 
		propriétaires, mais parce qu'il attend d'une constitution économique 
		reposant sur la propriété privée des ressources plus abondantes et 
		meilleures pour tous. Dans l'organisation économique libérale, la 
		production est plus abondante que dans l'organisation socialiste. Au 
		surplus, ce ne sont pas seulement les possédants qui en profitent et la 
		lutte contre les idées fallacieuses du socialisme n'est pas une défense 
		des intérêts particuliers des riches. Avec le socialisme, l'homme le plus 
		pauvre serait lésé. Qu'on pense ce qu'on veut de cette prétention du 
		libéralisme; en tout cas il n'est pas permis de l'accuser d'être une 
		politique ne visant que les intérêts particuliers d'une classe 
		retreinte. Socialisme et libéralisme ne se distinguent point par le but 
		qu'ils poursuivent, mais par les moyens qu'ils emploient pour y 
		atteindre.
 
 2. Les droits fondamentaux dans la théorie socialiste
 Le libéralisme avait résumé son programme en un 
		certain nombre de points qu'il recommandait comme revendications du 
		droit naturel. Ce sont là les droits de l'homme et du citoyen, objet des 
		luttes pour la libération des esprits, au XVIIIe et au XIXe siècles. Ils 
		sont inscrits en lettres d'or dans les lois constitutionnelles qui ont 
		vu le jour sous la poussée révolutionnaires de cette époque. Était-ce là 
		leur place? Question à laquelle même des partisans du libéralisme 
		pourraient répondre négativement. Car leur forme et leur texte en font 
		moins des paragraphes du droit, propres à entrer dans une loi 
		d'application pratique, qu'un programme politique pour la législation et 
		l'administration publique. En tout cas, une chose est claire: il ne 
		suffit pas de leur réserver un accueil solennel dans les lois 
		fondamentales de l'État et dans les chartes constitutionnelles. Il faut 
		que leur esprit pénètre tout l'État. Cela n'a pas servi à grand-chose au 
		citoyen autrichien que la loi organique de l'État lui reconnût le droit 
		« dans la limite des lois, d'exprimer librement sa pensée par la parole, 
		l'écrit, le livre ou l'image classique ». Ces limites des lois n'en 
		entravèrent pas moins la libre expression de la pensée, comme si la loi 
		organique n'avait jamais été promulguée. L'Angleterre ignore le droit de 
		libre expression de la pensée, et pourtant dans ce pays la parole et la 
		presse sont vraiment libres, parce que l'esprit de liberté anime toute 
		la législation anglaise.
 Sur le modèle de ces droits politiques fondamentaux, quelques écrivains 
		antilibéraux ont essayé d'établir des droits économiques fondamentaux. 
		Ils poursuivent un double but. D'une part, ils veulent montrer 
		l'insuffisance d'un ordre social qui ne garantit même pas ces droits 
		naturels de l'homme. D'autre part, ils veulent y trouver matière à 
		quelques formules voyantes, qui seront utiles à la propagande de leurs 
		idées. En général, ces écrivains ne pensaient pas qu'il suffirait de 
		fixer par une loi ces droits fondamentaux pour bâtir un ordre social 
		conforme à leur idéal. La plupart des auteurs, du moins les plus 
		anciens, savaient bien que le but de leurs aspirations ne serait atteint 
		qu'en passant par la socialisation des moyens de production. Les droits 
		économiques fondamentaux devaient seulement servir à montrer les 
		exigences auxquelles devait répondre un ordre social. Ils étaient plus 
		une critique qu'un programme. Si nous les considérons de ce point de vue, 
		ils nous ouvriront des aperçus sur la tâche que le socialisme doit 
		accomplir suivant la pensée de ses chefs.
 
 Avec Anton Menger, on a pris l'habitude d'admettre trois droits 
		économiques fondamentaux: le droit au produit intégral du travail, le 
		droit à l'existence et le droit au travail(2).
 
 Toute production demande une action concertée des facteurs de production 
		matériels et personnels; elle est une combinaison dirigée du sol, du 
		capital et du travail. Dans quelle mesure les forces des chacun de ces 
		facteurs ont-elles contribué au succès de la production? C'est ce qu'il 
		est difficile de découvrir. Quelle part de la valeur du produit doit-on 
		attribuer à chacun des facteurs? C'est une question à laquelle l'homme 
		qui dirige une exploitation répond tous les jours, à toute heure. 
		L'explication scientifique n'en a été donnée que dans ces derniers 
		temps, d'une manière provisoirement suffisante, en attendant une 
		solution définitive. Des prix étant établis par le marché pour tous les 
		facteurs de production, à chacun est attribuée l'importance qui lui 
		revient pour sa collaboration au résultat de la production. Chaque 
		facteur de production reçoit dans le prix le produit de sa 
		collaboration. Avec son salaire, l'ouvrier reçoit le produit intégral de 
		son travail. Ainsi, à la lumière de la doctrine subjective des valeurs la 
		revendication socialiste d'un droit au produit intégral du travail 
		apparaît comme un non-sens, ce qu'elle n'est pas. C'est seulement les 
		mots dans lesquels elle s'enveloppe qui sont incompréhensibles pour 
		notre pensée scientifique moderne; ils témoignent d'une conception qui 
		voit seulement dans le travail la source de la valeur d'un produit. 
		Celui qui, pour la théorie des valeurs, adopte ce point de vue, doit 
		forcément considérer la revendication pour l'abolition de la propriété 
		privée des moyens de production comme revendication connexe à celle du 
		produit intégral du travail pour l'ouvrier. En premier lieu, c'est une 
		revendication négative: exclusion de tout revenu, qui ne provient pas du 
		travail. Mais dès qu'on commence à vouloir construire un système tenant 
		exactement compte de ce principe, on voit surgir des difficultés 
		insurmontables. Car l'enchaînement d'idées qui a amené à poser le droit 
		au produit intégral du travail a pour base des théories insoutenables 
		sur la formation des valeurs. C'est là-dessus que tous ces systèmes ont 
		échoué. Finalement, leurs auteurs ont dû reconnaître qu'ils ne veulent 
		rien d'autre que la suppression du revenu des individus qui ne provient 
		pas du travail et qu'une fois encore ce résultat ne pouvait être obtenu 
		que par la socialisation des moyens de production. Du droit au produit 
		intégral du travail qui avait occupé les esprits pendant des années, il 
		ne resta plus qu'un mot, que le mot frappant, excellent pour la 
		propagande: suppression du revenu non mérité par le travail.
 
 Le droit à l'existence peut être conçu de plusieurs manières. Si par là 
		on entend pour un sans-travail pauvre, qui n'a aucun parent pour l'aider 
		à subsister, le droit à des moyens d'existence tout juste 
		indispensables, il s'agit alors d'une organisation très simple réalisée 
		en fait depuis des siècles, dans la plupart des communes. Sans doute 
		cette organisation est souvent loin d'être parfaite, et du fait 
		peut-être qu'elle est issue des oeuvres de charité religieuse et de 
		l'assistance publique, elle n'a pas non plus en général le caractère 
		d'un droit public subjectif. Toutefois, ce n'est pas ainsi que les 
		socialistes entendent le droit à l'existence. Ils le déterminent comme 
		suit: « Tout membre de la société a droit aux choses et aux services 
		nécessaires à la conservation de son existence, étant donné qu'ils 
		doivent lui être assurés dans la mesure des disponibilités présentes, et 
		avant qu'il soit pourvu aux besoins moins urgents des autres membres de 
		la société. »(3) 
		Étant donné l'imprécision du concept: conservation de l'existence et 
		l'impossibilité de reconnaître et de comparer grâce à un critère 
		certain, le degré d'urgence dans les besoins des différents hommes, le 
		droit à l'existence aboutit à revendiquer une répartition aussi égale 
		que possible des biens de consommation. Cette revendication est exprimée 
		plus nettement encore dans une autre formule concernant le droit à 
		l'existence: personne ne doit manquer du nécessaire tant que d'autres 
		vivent dans le superflu. Il est bien évident que cette revendication ne 
		peut, du côté négatif, être satisfaite que si tous les moyens de 
		production sont socialisés et si le rendement de la production est 
		réparti par l'État. Que, du point de vue positif, l'on puisse tenir 
		compte de cette revendication, c'est une autre question qui a peu 
		préoccupé, semble-t-il, les champions du droit à l'existence. Le point 
		de vue qui les a guidés est que la nature elle-même assure à l'homme des 
		ressources suffisantes et que, si une grande partie de l'humanité est 
		insuffisamment pourvue, la faute en est à l'absurdité des institutions 
		sociales. Si l'on arrivait à enlever aux riches ce qu'ils consomment au-delà du « nécessaire », tous alors pourraient vivre convenablement. 
		Après que Malthus(4), 
		dans ses lois touchant à la population, eut fait la critique de ces 
		illusions, les socialistes se sont vus dans la nécessité de leur donner 
		une autre forme. On accorde qu'avec la production non socialisé, il n'est 
		pas produit assez pour que tous soient pourvus largement. Mais le 
		socialisme accroîtra si merveilleusement la productivité du travail, 
		qu'il sera possible de créer pour une masse d'hommes innombrable un 
		véritable paradis. Même Marx(5), 
		toujours si prudent, pense que la société socialiste sera en mesure de 
		faire une répartition correspondant exactement aux besoins de chaque 
		individu.
 
 Une chose est bien certaine, la reconnaissance du droit à l'existence, 
		tel que l'entendent les théoriciens du socialisme, ne saurait avoir lieu 
		sans la socialisation des moyens de production. Anton Menger a, il est 
		vrai, admis comme possible la coexistence de l'ordre fondé sur le droit 
		privé qui subsisterait à côté du droit à l'existence. Les droits qu'ont 
		tous les citoyens d'exiger que soient satisfaits tous les besoins 
		indispensables à leur existence seraient considérés comme des 
		hypothèques grevant le revenu national, hypothèques qui doivent être 
		purgées avant que ne soit accordé à certaines personnes privilégiées un 
		revenu non issu du travail. Menger doit du reste reconnaître lui aussi 
		qu'une réalisation intégrale du droit à l'existence prendrait une part 
		si importante du revenu non issu du travail, dépouillerait à tel point 
		la propriété privée de sa valeur économique, que cette propriété privée 
		finirait bientôt par se transformer en propriété collective(6). 
		Si Menger n'avait pas oublié que le droit à l'existence pourrait 
		difficilement être appliqué autrement que comme droit à une répartition 
		égale des biens de consommation, il n'aurait pu maintenir sa position 
		conciliatrice vis-à-vis de la propriété privée des moyens de production.
 
 Le droit au travail est en relation étroite avec le droit à l'existence(7). 
		La pensée sur laquelle il est fondé n'est pas tant d'abord celle d'un 
		droit au travail que celle du devoir qu'on a de travailler. Les lois, 
		qui reconnaissent à celui qui est incapable de travailler une sorte de 
		droit à être pourvu des choses nécessaires, excluent de cette faveur 
		celui qui est capable de travailler. On ne lui accorde que le droit 
		d'obtenir du travail. Les écrivains socialistes, et à leur suite les 
		anciens politiciens socialistes, se font de ce droit une autre idée. Ils 
		le transforment – d'une manière plus ou moins précise – en un droit à un 
		travail qui répond, aux préférences et aux capacités de l'ouvrier et qui 
		lui procure un salaire suffisant à ses besoins d'existence. Dans ce 
		droit au travail, au sens ainsi étendu, l'on trouve la même idée qui a 
		donné naissance au droit à l'existence: dans l'État naturel, qui exista 
		avant l'ordre social et en dehors de l'ordre social reposant sur la 
		propriété privée, dans l'État naturel qui pourrait être rétabli dès 
		qu'une constitution socialiste aurait aboli l'ancien ordre social, 
		chacun aurait la faculté de se procurer un très suffisant revenu. La 
		société bourgeoise est coupable d'avoir fait disparaître cet État si 
		satisfaisant, aussi doit-elle dédommager par un équivalent ceux qui ont 
		perdu à cette disparition et cet équivalent, c'est précisément le droit 
		au travail. Comme on le voit, toujours la même idée fixe d'une nature 
		pourvoyant suffisamment à l'entretien de l'homme en dehors de toute 
		société fondée au cours de l'histoire. Cependant, la nature ne connaît ni 
		n'accorde aucun droit, elle ne fournit que chichement les moyens de 
		subsistance pour des besoins s'accroissant de jour en jour à l'infini et 
		c'est précisément pour cela que l'homme a été forcé d'organiser une 
		économie sociale. C'est seulement de cette économie que naît la 
		coopération de tous les membres de la société, parce qu'ils ont reconnu 
		qu'elles accroissent la productivité et améliorait les conditions 
		d'existence. Les déductions des champions du droit au travail et du 
		droit à l'existence, partent de l'idée suivante, empruntée aux théories 
		les plus naïves du droit naturel: à l'origine, dans la libre nature, 
		l'individu était heureux; la société étant cause que sa situation a 
		empiré, a dû pour se faire tolérer lui reconnaître un certain nombre de 
		droits.
 
 Dans l'équilibre de l'économie nationale, il n'y a pas de forces de 
		travail inoccupées. Le chômage est la suite d'une transformation 
		économique. Dans un système économique que n'entravent pas les 
		empiètements de l'administration ou des syndicats, le chômage n'est 
		qu'un phénomène passager, que les changements dans l'échelle des 
		salaires tendent à faire disparaître. Par des moyens appropriés (par 
		exemple, en développant les offices de placement) et avec un marché du 
		travail entièrement libre, c'est-à-dire: libre circulation des 
		personnes, suppression de toutes les contraintes apportées au libre 
		choix d'une profession et au changement de profession, par tous ces 
		moyens issus du mécanisme même de l'économie, l'on arriverait à réduire 
		à tel point les cas isolés de chômage, qu'il cesserait d'être un mal 
		vraiment sérieux(8). 
		Cependant le désir de reconnaître à chaque citoyen un droit à travailler 
		dans sa profession pour un salaire qui ne soit pas inférieur à celui 
		d'autres travaux qui sont davantage demandés, est une absurdité. 
		L'économie d'un pays ne peut se passer d'un moyen qui force à changer de 
		profession. Sous cette forme, le droit au travail est irréalisable et non 
		pas seulement dans un ordre social reposant sur la propriété privée des 
		moyens de production. L'État socialiste non plus ne pourrait reconnaître 
		au travailleur le droit d'exercer son activité juste dans sa profession 
		habituelle. Il lui faudrait la faculté d'employer les travailleurs là où 
		l'on en a précisément besoin.
 
 Les trois droits fondamentaux de l'économie – dont le nombre pourrait du 
		reste être facilement augmenté – appartiennent à une époque périmée des 
		revendications sociales. Ils n'ont aujourd'hui d'autre importance que 
		celle d'offrir à la propagande des slogans populaires. Le programme de 
		réforme social qui les a refoulés est le socialisme exigeant la 
		socialisation des moyens de production.
 
 3. Collectivisme et Socialisme
 
 L'antinomie du réalisme et du nominalisme qui depuis Platon et Aristote 
		n'a cessé de pénétrer l'histoire de la pensée humaine, se manifeste 
		aussi dans la philosophie sociale(9). 
		Par la position qu'ils occupent vis-à-vis du problème des groupements 
		sociaux, le collectivisme et l'individualisme se séparent comme le font 
		l'universalisme et le nominalisme par leur position en face des concepts 
		d'espèces. Dans la philosophie, cette antinomie, par sa position 
		vis-à-vis de l'idée de Dieu, revêt une signification qui dépasse de 
		beaucoup la recherche scientifique. Dans la science sociale, cette 
		antinomie revêt la plus haute importance politique. Les puissances qui 
		existent et veulent continuer à exister puisent dans le système 
		idéologique du collectivisme les armes qui leur serviront à défendre 
		leurs droits. Mais ici aussi le nominalisme est une force qui n'est 
		jamais en repos et qui veut toujours marcher de l'avant. De même que 
		dans la philosophie il dissout les vieux concepts de la spéculation 
		métaphysique, il met aussi en pièces la métaphysique du collectivisme 
		sociologique.
 
 L'abus pour des fins politiques d'une antinomie qui à l'origine n'a 
		qu'une valeur théorique de recherche de la connaissance apparaît 
		nettement sous cette forme de finalité qu'elle revêt, sans qu'on pût s'y 
		attendre, dans l'éthique et la politique. Ici le problème est posé 
		autrement que dans la philosophie pure. Le but est-il l'individu, ou la 
		collectivité, voilà la question(10). 
		C'est ainsi qu'on présuppose une antinomie entre les buts des individus, 
		et ceux des groupements collectifs. La dispute sur le réalisme ou le 
		nominalisme des concepts devient une dispute sur la préséance des buts. 
		Par là une difficulté nouvelle surgit pour le collectivisme. Comme il y 
		a différents groupements sociaux (dont les buts semblent se contrarier 
		comme ceux des individus et des collectivités), il faut vider la 
		querelle de leurs intérêts divergents. Sans doute le collectivisme 
		pratique s'en soucie peu. Il a conscience d'être l'apologiste des forces 
		maîtresses et en tant que science policière il ne demande qu'à servir à 
		la protection de ceux qui tiennent les rênes du pouvoir, tout comme la 
		police politique.
 
 L'opposition entre l'individualisme et le collectivisme a été surmonté 
		par la philosophie sociale individualiste du siècle des lumières. On la 
		dénomme individualiste parce que sa première tâche fut de frayer la voie 
		à la future philosophie sociale en faisant disparaître les concepts du 
		collectivisme alors en vigueur. Mais à la place des idoles du 
		collectivisme renversées, elle n'a pas le moins du monde instauré le 
		culte de l'individu. En prenant pour point de départ de la pensée 
		sociologique la doctrine de l'harmonie des intérêts, elle fonde la 
		science sociale moderne et montre l'inexistence de cette fameuse 
		opposition des buts, objet du litige. Car la société n'est possible que 
		si l'individu trouve en elle un renforcement de son propre moi et de sa 
		propre volonté.
 
 Le collectivisme d'aujourd'hui ne puise pas sa force dans un besoin 
		interne de la pensée scientifique moderne, mais bien dans la volonté 
		politique d'une époque favorable au mysticisme et au romantisme. Les 
		mouvements intellectuels sont la révolte de la pensée contre l'inertie, 
		de l'élite contre la masse, révolte de ceux qui sont forts, parce que 
		leur esprit est fort, contre ceux qui ne sentent que dans la masse et 
		dans la horde et ne comptent que parce qu'ils sont nombreux. Le 
		collectivisme est le contraire de tout cela; il est l'arme de ceux qui 
		veulent tuer l'esprit et la pensée. Il enfante la « nouvelle idole », 
		« le plus glacé des monstres glacés », l'État(11). 
		En faisant de cet être mystérieux un dieu qu'une imagination déréglée 
		pare de toutes les qualités et purifie de toutes les scories(12), 
		un dieu auquel on se déclare prêt à tout sacrifier, le collectivisme 
		entend rompre tous les liens qui relient la pensée sociologique à la 
		pensée scientifique. Cela est surtout évident chez ces penseurs qui 
		cherchaient, avec la critique la plus âpre, à libérer la pensée 
		scientifique de toute promiscuité avec les éléments téléologiques. Ce 
		qui ne les empêchait pas, pour la recherche de la connaissance dans le 
		domaine social, de s'attarder aux idées traditionnelles, aux modes de 
		pensée de la téléologie et même, en voulant justifier cette manière de 
		procéder, de barrer la route où la sociologie aurait pu de haute lutte 
		conquérir cette liberté de pensée que les sciences naturelles venaient 
		d'atteindre pour elles-mêmes. Dans sa théorie de la connaissance de la 
		nature, Kant n'admet l'existence d'aucun Dieu, d'aucun dirigeant de la 
		nature, cependant il regarde l'histoire « comme l'exécution d'un plan 
		caché de la nature pour réaliser une constitution d'état intérieurement 
		parfaite (et pour ce but extérieurement aussi), seule forme dans 
		laquelle il sera possible de développer toutes les aptitudes de 
		l'humanité »(13).
 
 Chez Kant, l'on peut se rendre compte nettement que le collectivisme 
		moderne n'a plus rien à voir avec le vieux réalisme de l'entendement. 
		Bien plus, issu de besoins politiques et non philosophiques, le 
		collectivisme occupe en dehors de la science une position particulière 
		que des attaques de critique scientifique ne sauraient ébranler. Dans la 
		seconde partie de ses « Idées pour une philosophie de l'histoire de 
		l'humanité », Herder avait attaqué avec violence la philosophie critique 
		de Kant qui, entachée d'averroïsme, lui semblait une personnification, 
		une hypostasie du général. Si quelqu'un, disait Herder, voulait prouver 
		que ce n'est pas l'individu humain, mais la race, qui est le sujet de 
		l'éducation et de la culture, il exprimerait quelque chose 
		d'inintelligible « attendu que race et espèce ne sont que des idées 
		générales, qui n'ont d'existence qu'en tant qu'existant dans des êtres 
		individuels ». Quand bien même on accorderait à cette idée générale 
		toutes les perfections de l'humanité, de la culture, et de la plus haute 
		liberté d'esprit, « on aurait autant contribué à la véritable histoire 
		de notre espèce, que si je parlais de l'animalité, de la pierreté, de la 
		métallité en général et parais ces abstractions des attributs du reste 
		contradictoires que l'on trouve chez quelques individus pris à part. »(14)
 
 Dans sa réponse à Herder, Kant fait le départ entre le collectivisme 
		politico-éthique et le réalisme philosophique de l'entendement. « Celui 
		qui dirait: aucun cheval n'a de cornes, mais l'espèce chevaline est tout 
		de même cornue, ne ferait que dire une stupidité. Car "espèce" ne 
		signifie rien de plus que la caractéristique par où concordent tous les 
		individus d'une espèce. Mais si l'espèce humaine n'est autre chose, 
		selon le sens habituel, que l'ensemble d'une série de procréations 
		s'étendant à l'infini (dans l'indéterminé); si l'on admet que cette 
		série se rapproche incessamment de la ligne de sa destinée, il n'y aura 
		aucune contradiction à dire que dans toutes ses parties l'espèce humaine 
		est asymptotique par rapport à cette ligne de destinée, et que pourtant 
		dans l'ensemble elle se rencontre avec elle, en d'autres termes, 
		qu'aucun des membres issus des procréations de l'espèce humaine, mais 
		seulement l'espèce humaine dans son ensemble n'atteint complètement la 
		ligne de sa destinée. Le mathématicien peut là-dessus donner des 
		explications. Le philosophe dirait: La destinée de l'espèce humaine dans 
		son ensemble est un progrès continu et l'achèvement vers la perfection 
		de cette destinée n'est sans doute qu'une idée, mais une idée très utile 
		pour le but vers lequel, conformément aux intentions de la providence, 
		doivent se porter nos aspirations. »(15)
 
 Le caractère finaliste du collectivisme est ici nettement reconnu, et 
		ainsi se creuse entre lui et la recherche désintéressée de la 
		connaissance un fossé qui ne saurait être comblé. La connaissance des 
		intentions secrètes de la nature dépasse le domaine de l'expérience, et 
		nous ne trouvons dans notre pensée aucun élément qui nous permette de 
		rien conclure touchant l'existence et les modes de ces intentions 
		secrètes. Le comportement des individus et des groupes sociaux que nous 
		pouvons observer ne nous permet aucune hypothèse à ce sujet. Entre 
		l'expérience et des hypothèses que nous devrions ou voudrions adopter, 
		il est impossible d'établir une liaison logique. Aucune hypothèse ici ne 
		saurait combler une lacune béante. On nous dit de croire – parce que 
		cela ne peut être prouvé – que le monde fait, sans qu'il le veuille, ce 
		que veut la nature qui sait mieux que nous ce qui est utile à l'espèce, 
		et non à l'individu(16). 
		Ce n'est point là le procédé habituellement en honneur dans la science.
 
 C'est que le collectivisme n'est point issu d'une nécessité 
		scientifique, mais uniquement des besoins politiques. Aussi ne se 
		contente-t-il pas comme le réalisme idéologique d'attester l'existence 
		réelle des groupements sociaux et de les désigner comme étant des 
		organismes et des êtres vivants, il les idéalise et les promeut au rang 
		des dieux dans le ciel. Gierke déclare en toute tranquillité que l'on 
		doit rester fermement attaché à « l'idée de l'unité réelle de la 
		communauté » parce que seule elle permet d'exiger de l'individu qu'il 
		mette toutes ses forces et sa vie au service de la nation et de l'État(17). 
		Lessing avait déjà dit que le collectivisme n'était que « le déguisement 
		de la tyrannie »(18).
 
 S'il y avait cette opposition, comme la doctrine collectiviste le 
		prétend, entre les intérêts généraux de la collectivité et les intérêts 
		particuliers des individus, toute collaboration sociale des hommes 
		serait impossible. L'état naturel des relations entre les hommes serait 
		la guerre de tous contre tous. Il ne saurait y avoir de paix ni 
		d'entente mutuelle, seulement des trêves momentanées, dues à 
		l'épuisement d'une des troupes adverses et ne durant pas plus longtemps 
		que lui. L'individu serait, en puissance tout au moins, toujours en 
		rébellion contre la communauté et contre tous, comme il est en lutte 
		constante avec les bêtes sauvages et les bacilles. Aussi la conception 
		collectiviste de l'histoire, qui est complètement asociale, ne peut-elle 
		se représenter la formation des groupes sociaux que comme le résultat dû 
		à l'initiative d'un modeleur du monde dans le genre du démiurge 
		platonicien. Ses instruments sont dans l'histoire les héros, qui amènent 
		les hommes récalcitrants là où il entend les mener. La volonté de 
		l'individu ainsi est brisée. L'individu qui voudrait vivre pour lui seul 
		est contraint par les lieutenants de Dieu sur terre à obéir à la loi 
		morale, qui dans l'intérêt et pour le développement futur de la 
		communauté exige de lui le sacrifice de son bien-être.
 
 La science sociale, elle, commence d'abord par surmonter ce dualisme. 
		Elle montre qu'à l'intérieur de la société, les intérêts des individus 
		se concilient, elle ne voit aucune opposition entre le tout et 
		l'individu, elle peut comprendre l'existence de la société sans avoir 
		recours aux dieux et aux héros. On peut se passer du démiurge coinçant 
		l'individu, à son corps défendant dans la collectivité, quand on a 
		reconnu que la liaison sociale apporte à l'individu plus qu'elle ne lui 
		prend. L'évolution vers des formes plus resserrées du lien social 
		devient intelligible, même sans l'hypothèse d'un « plan secret de la 
		nature », lorsque l'on a compris que chaque pas sur cette voie est utile 
		dès maintenant à celui qui s'avance et non pas seulement à ses 
		descendants éloignés.
 
 Le collectivisme n'avait rien à opposer à la nouvelle théorie sociale. 
		S'il lui fait toujours le reproche de méconnaître l'importance des 
		collectivités, et surtout de l'État et de la nation, le collectivisme 
		prouve simplement qu'il n'a rien remarqué de la transformation qui sous 
		l'influence de la sociologie libérale a changé la face des problèmes. Le 
		collectivisme n'est plus arrivé à édifier un système cohérent de la vie 
		sociale. Tout ce qu'il a trouvé à dire, en mettant les choses au mieux, 
		c'est quelques aphorismes spirituels, et rien de plus. Il s'est révélé 
		absolument stérile; dans la sociologie générale aussi bien que dans 
		l'économie nationale, il n'a rien à son actif. Ce n'est point un hasard 
		si l'esprit allemand, longtemps dominé par les théories sociales de la 
		philosophie classique de Kant à Hegel, n'a pendant longtemps rien 
		produit de remarquable dans l'économie politique, et si ceux qui ont 
		rompu avec ces errements, d'abord Thünen et Gossen, puis les Autrichiens 
		Carl Menger, Böhm-Bawerk et Wieser n'avaient subi absolument aucune 
		influence de la philosophie étatique collectiviste.
 
 Pour développer et édifier sa doctrine, le collectivisme rencontre de 
		grandes difficultés. Rien ne le montre mieux que la manière dont il 
		traite le problème de la volonté sociale. Ce n'est pas en parlant à 
		chaque instant de volonté de l'État, volonté du peuple, convictions du 
		peuple, qu'on a résolu le problème. La question de savoir comment se 
		forme la volonté collective des groupements sociaux reste entière. Cette 
		volonté collective non seulement diffère de celle des individus mais lui 
		est, sur des points importants, absolument opposée, donc elle ne peut 
		être considérée comme une somme ou une résultante des volontés 
		particulières. Chaque collectiviste selon ses opinions politiques, 
		religieuses ou nationales, admet une source différente d'où émane la 
		volonté collective. Au fond, il importe peu qu'on pense, à ce propos, aux 
		forces surnaturelles d'un roi ou d'un prêtre, ou qu'on considère une 
		caste, ou un peuple tout entier comme « lu ». Frédéric-Guillaume IV et 
		Guillaume II étaient persuadés que Dieu les avait revêtus d'une autorité 
		particulière; cette croyance était certainement pour eux l'aiguillon qui 
		les poussait à mettre en jeu toutes leurs forces, toute leur conscience. 
		Beaucoup de leurs contemporains pensaient comme eux et étaient prêts à 
		servir jusqu'à la dernière goutte de leur sang le roi que Dieu leur 
		avait donné. La science cependant n'est pas en état de prouver la vérité 
		d'une telle croyance, pas plus que la vérité d'une doctrine religieuse. 
		C'est que collectivisme n'est pas une science, mais une politique. Ce 
		qu'il enseigne, ce sont des jugements de valeur.
 
 En général, le collectivisme est pour la socialisation des moyens de 
		production, parce que cette idée se rapproche davantage de sa conception 
		du monde. Mais il y a aussi des collectivistes partisans de la propriété 
		privée des moyens de production, parce qu'elle leur semble assurer au 
		mieux le bien-être de la communauté sociale, telle qu'ils se la 
		représentent(19). 
		D'un autre côté, on peut très bien, en dehors de toute influence des 
		idées collectivistes, être d'avis que la propriété privée des moyens de 
		production est moins apte à remplir les buts de l'humanité, que la 
		propriété collective.
 
 Notes
 
 1. L'expression « communiste » ne signifie rien de plus que « socialisme 
		». Si dans la dernière génération ces mots ont plusieurs fois échangé 
		leur signification, cela tenait aux questions de techniques qui 
		séparaient socialistes et communistes. Les uns et les autres poursuivent 
		la socialisation des moyens de production.
 2. Cf. Anton Menger, Das Recht auf den vollen Arbeitsertrag in 
		geschichtlicher Darstellung, 4e éd., Stuttgart et Berlin, 1910, p. 
		6.
 3. Cf. Anton Menger, ibid., p. 9.
 4. Cf. Malthus, An Essay on the Principle of Population, 5e éd., 
		Londres, 1887, t. III, pp. 154.
 5. Cf. Marx, Zur Kritik des sozialdemokratischen Parteiprogramm von 
		Gotha, édit. Kreibich, Reichenberg, 1920, p. 17.
 6. Cf. Anton Menger, ibid., p. 10.
 7. Cf. Menger, ibid., pp. 110... Cf. Singer-Sieghart, Das 
		Recht auf Arbeit in geschichtlicher Darstellung, Iéna, 1895, pp. 1. 
		Cf. Mutasoff, Zur Geschichte des Rechts auf Arbeit mit besonderer 
		Rücksicht auf Charles Fourier, Berne, 1897, pp. 4.
 8. Cf. mes ouvrages: Kritik des Interventionismus (Trad. fr.: 
		
		Critique de l'interventionnisme), Iéna, 1929, pp. 12. Die 
		Ursachen der Weltschaftskrise (Trad. fr.: 
		Les Raisons 
		de la crise économique – une contribution), Tubingue, 1931, pp. 
		15.
 9. Cf. Prisbam, Die Entstehung der individualistischen Sozialphilosophie, 
		Leipzig, 1912, pp. 3.
 10. C'est ainsi que Dietzel formule l'antinomie du principe individuel 
		et du principe social dans l'article: « Individualismus » du 
		Handwörterbuch der Staatswissenschaften, 3e éd., t. V, p. 590. De 
		même Spengler, Preussentum und Sozialismus, Munich, 1920, p. 14.
 11. Cf. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, oeuvres, éd. 
		Krönersche Klassikerausgabe, t. VI, p. 69.
 12. « L'État étant conçu comme un être idéal, on le pare de toutes les 
		qualités que l'on rêve et on le dépouille de toutes les faiblesses que 
		l'on hait. » (P. Leroy-Beaulieu, L'État moderne et ses fonctions, 
		3e éd., Paris, 1900, p. 11). Cf. aussi Bamberger, Deutschland und der 
		Sozialismus, Leipzig, 1878, pp. 86.
 13. Cf. Kant, Idee zu einer allgemeinen Geschichte in 
		weltbürgerlicher Absicht (Sämtliche Werke, Inselausgabe, t. I, 
		Leipzig, 1912, p. 235).
 14. Cf. Herder, Ideen zu einer Philosophie der Geschichte der 
		Menschheit (Sämtl. Werke, her. v. Suphan, t. XIII, Berlin, 1887, pp. 
		345).
 15. Cf. Kant, Rezension zum II. Teil von Herders, Ideen zur 
		Philosophie... OEuvres t. Ier, p. 267. Cf. Cassirer, Freiheit und 
		Form, Berlin, 1916, pp. 504.
 16. Cf. Kant, Idee zu einer allgemeinen Geschichte in 
		weltbürgerlicher Absicht, p. 228.
 17. Cf. Gierke, Das Wesen der menschlischen Verbände, Leipzig, 
		1902, p. 34.
 18. Dans Ernst und falk, Gespräche für Freimaurer. Werke, 
		Stuttgart, 1873, t. V, p. 80.
 19. Cf. Huth, Soziale und individualistische Auffassung im XVIII. 
		Jahrhundert, vornemlich bei Adam Smith und Adam Ferguson, Leipzig, 
		1907, p. 6.
 
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 * 
              Chapitre second de la première partie de 
				
				Le Socialisme - Étude économique et sociologique, 
				Éditions M.-Th. Génin – Librairie de Médicis – Paris (1938). 
		**Ludwig von Mises (1881-1973).
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