Montréal, 15 décembre 2009 • No 273

 

 

 

OPINION

Climategate: Suivez l'argent à la trace*

 

par Bret Stephens

 

          L'an dernier, ExxonMobil a donné 7 millions $ à une variété d'instituts spécialisés dans les politiques publiques, dont le Aspen Institute, Asia Society et Transparency International. La compagnie a également donné un montant total de 125 000 $ au Heritage Institute et au National Center for Policy Analysis, deux think tanks conservateurs qui proposent des perspectives allant à l'encontre des idées reçues sur ce qu'on appelait jusqu'à récemment – sans ironie – le « consensus » sur les changements climatiques.

 

« Ceci n'est pas une expression d'une science bien établie, mais plutôt de fondations empiriques qui commencent à craquer. Et quel que soit le nombre de constructions qu'on a érigées dessus à coups de milliards de dollars, elles finiront un jour ou l'autre par s'effondrer. »


          Et, selon les estimations de la Banque HSBC, tout ceci n'est qu'une fraction des 94 milliards $ dépensés à travers le monde sur ce qu'elle appelle « le plan de relance vert », c'est-à-dire principalement sur la production d'éthanol et d'autres projets de développement d'énergies alternatives, des projets dont Al Gore et ses partenaires chez Kleiner Perkins espèrent tirer de généreux bénéfices.

          Comme on le sait, l'offre crée sa propre demande. Ainsi, pour chaque milliard additionnel de subventions gouvernementales à la recherche (ou les dizaines de millions fournis par des fondations telles que Pew Charitable Trusts), des universités, des instituts de recherche, des groupes de pression et leurs diverses filiales et organisations dérivées sont soudainement apparus pour les recevoir.

          Ces groupes forment aujourd'hui leur propre écosystème. Ils comprennent non seulement les mouvements bien établis tels le Sierra Club ou Greenpeace, mais également Ozone Action, Clean Air Cool Planet, Americans for Equitable Climate Change Solutions, Alternative Energy Resources Association, California Climate Action Registry, etc. Tous ont reçu du financement relié aux changements climatiques, et tous doivent donc croire en la réalité du réchauffement climatique (et d'une catastrophe imminente), tout comme un prêtre doit croire dans l'existence de Dieu.

          Aucune de ces organisations n'est en soi corrompue, dans le sens où les fonds qu'elles reçoivent servent à autre chose qu'à leur usage dédié. Mais elles s'appuient toutes sur une position corruptrice, c'est-à-dire que l'hypothèse dont dépend leur gagne-pain a en fait été démontrée. Sans cette preuve, tout ce qu'elles représentent – y compris les milliers d'emplois qu'elles fournissent à leurs militants – disparaît. C'est ce qu'on appelle avoir un intérêt direct à ce qu'une position soit celle qui domine, et de tels intérêts sont l'ennemi d'un processus scientifique sain.

          Ce qui nous ramène aux climatologues, les gardiens de l'accès au saint des saints du réchauffement climatique. Dans l'un des documents les plus révélateurs mis au jour la semaine dernière, un programmeur écrit à propos de la base de données du CRU: « Je suis vraiment désolé de devoir vous dire que le reste des bases de données semble dans un presque aussi mauvais état que l'était celle de l'Australie. Grrrrrr! Il n'y a vraiment aucune lumière au bout du tunnel. On peut obtenir un résultat qui se tient, mais uniquement en incluant un tas de cochonneries! »

          Ceci n'est pas une expression d'une science bien établie, mais plutôt de fondations empiriques qui commencent à craquer. Et quel que soit le nombre de constructions qu'on a érigées dessus à coups de milliards de dollars, elles finiront un jour ou l'autre par s'effondrer.
 

          On pourra également lire sur le même sujet et dans le même journal l'éditorial « The Economics of Climate Change ».

          Par ailleurs, sur le thème des avantages économiques des entreprises dans le débat sur le réchauffement, on croit souvent à tort que celles-ci défendent nécessairement un point de vue sceptique. Au contraire, explique Lawrence Solomon dans cet article de mai dernier traduit en français sur le site de l'IEDM, « L’industrie du changement climatique – les scientifiques, avocats, consultants, lobbyistes et, plus crucialement encore, les multinationales qui travaillent en arrière-scène pour tirer profit des richesses en jeu – représente aujourd’hui la plus importante industrie au monde. »

 

*Chronique parue le 30 novembre 2009 dans le Wall Street Journal sous le titre original « Climategate: Follow the Money ». Traduction de Martin Masse.

 

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