Montréal, 15 décembre 2009 • No 273

 

 

 

OPINION

Climategate: Le monde du réchauffement climatique révélé au grand jour *

 

          « Les deux MM cherchent depuis des années à obtenir les données des stations du CRU. S'ils apprennent jamais qu'il existe une loi sur l'accès à l'information aujourd'hui au Royaume-Uni, je pense que je vais effacer les fichiers au lieu de les envoyer à qui que ce soit. Nous avons également une loi sur la protection des données, derrière laquelle je vais me cacher. »

 

« Tous ces refus de répondre ont toutefois pour effet de souligner ce qui pourrait bien être l'aspect le plus révélateur de cette histoire: le fait que ces scientifiques considèrent que le public n'a pas le droit de savoir sur quoi ils se basent pour faire leurs prévisions sur les changements climatiques, même lorsque les gouvernements se préparent à adopter des lois qui entraîneront des coûts ahurissants en réponse à ces prévisions. »


          Voyez par exemple ce message qui semble avoir été envoyé par M. Jones à M. Mann en mai 2008: « Mike, peux-tu effacer tous les courriels que tu aurais pu envoyer à Keith concernant AR4? Keith va faire de même. Peux-tu aussi écrire à Gene pour lui demander de faire la même chose? » AR4 est le terme diminutif pour désigner le Quatrième Rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), présenté en 2007 comme un consensus sur l'état de la situation présumément devenue très critiques sur le plan des changements climatiques causés par l'homme.

          Dans un autre courriel qui aurait été envoyé en septembre 2007 à Eugene Wahl du Programme de paléoclimatologie de l'Agence nationale de recherche océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration) ainsi qu'à Caspar Ammann de la Division des dynamiques climatiques et planétaires du Centre national pour la recherche atmosphérique (National Center for Atmospheric Research's Climate and Global Dynamics Division), M. Jones écrivait: « Essaie de modifier la date de réception! Ne donne pas à ces sceptiques quelque chose avec lequel ils pourront s'amuser. »

          Lorsque les tentatives d'effacer, de falsifier ou de retenir de l'information ne suffisaient pas, M. Jones a suggéré une solution de rechange dans un courriel d'août 2008 à Gavin Schmidt de l'Institut Goddard pour les études spatiales de la NASA, également envoyé à M. Mann en Cc: « La réponse toute faite que nous utilisons tous sur la loi d'accès à l'information est celle-ci, écrit-il. Le GIEC est exempté de toute loi nationale d'accès à l'information – c'est ce qu'on a dit aux sceptiques. Même si nous... gardons possiblement des renseignements pertinents, le GIEC n'entre pas dans le cadre de nos attributions (déclaration de mission, objectifs, etc.) et nous n'avons donc aucune obligation de fournir les renseignements. »

          Il semble également que M. Mann et ses amis n'hésitaient pas à mettre sur une liste noire les scientifiques qui contestaient certaines de leurs affirmations, ou les revues qui publiaient leurs travaux. « Je pense que nous devons cesser de considérer Climate Research comme une revue légitime qui fait une révision par les pairs », lit-on dans un courriel apparemment rédigé par M. Mann et envoyé à plusieurs destinataires en mars 2003. « Il faudrait peut-être encourager nos collègues dans la communauté de la recherche sur le climat à ne plus soumettre des articles à cette revue, ni citer ceux qui y sont publiés. »

          Le principal reproche de M. Mann était que la revue en question avait publié plusieurs articles remettant en question certains aspects de la théorie du réchauffement planétaire anthropogénique.

          Pour la petite histoire, lorsque nous avons par le passé demandé à M. Mann ce qu'il pensait de l'accusation selon laquelle lui et ses collègues empêchent les points de vue opposés de s'exprimer, il nous a dit que « cette question n'est même pas digne d'une réponse ». Concernant nos plus récentes questions à propos des courriels piratés, il a dit qu'il n'a « d'aucune façon manipulé quelque donnée que ce soit », mais a refusé de répondre à des questions plus spécifiques. Précisons que notre objectif n'est pas de nier la probité du travail de M. Mann, et encore moins son droit de garder le silence.

          Nous disposons toutefois maintenant de centaines de messages qui donnent clairement l'impression que des climatologues renommés ont cherché de manière concertée et coordonnée à adapter les données pour qu'elles correspondent à leurs conclusions, tout en essayant de faire taire et de discréditer leurs critiques. Au palmarès des vérités qui dérangent [Note du trad.: le titre du film d'Al Gore est Une vérité qui dérange], celle-ci mérite sûrement que les médias, le Congrès américain et d'autres instances d'enquête s'y penchent plus sérieusement.

 

*Éditorial publié le 23 novembre dans le Wall Street Journal Europe sous le titre « Global Warming With the Lid Off ». Traduction de Martin Masse.

 

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