Politique-fiction: Une revue politique de l'année 2022 (Version imprimée)
par Michel Kelly-Gagnon*
Le Québécois Libre, 15
février 2010, No 275.
Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/10/100215-3.htm


(AVERTISSEMENT: Attention, ce texte est une satire!)

Voici une revue des faits saillants de ce qui pourrait bien être l'actualité politique de l'année 2022.

• Michel Kelly-Gagnon, après une carrière de trois années comme chanteur de charme, effectue avec succès un retour en politique. Il devient ministre de l'Environnement au sein du nouveau gouvernement formé d'une coalition ADQ/Québec Solidaire dirigée par l'ex-banquier Jacques Ménard. « Demain. c'est l'Avenir! » est leur slogan de campagne.

• Plusieurs observateurs notent que la popularité de Kelly-Gagnon auprès de la gent féminine d'âge mature a été l'une des sources de son succès. Sa récente conversion, aussi soudaine qu'enthousiaste, en faveur de la thèse du réchauffement de la planète lui a valu d'être chaleureusement appuyé tout au long de sa campagne par la quasi totalité des chroniqueurs politiques du Québec.

• Kelly-Gagnon déclare: « Quand Jacques est venu me voir pour me présenter son plan quinquennal pour une mobilisation québécoise transversale multisectorielle patronale/syndicale/communautaire appuyée par des tables permanentes de consultation interrégionale et intergénérationnelles, je me suis senti tellement inspiré que je n'ai pas pu résister à l'appel. Enfin, quelqu'un qui dit les vraies choses et qui veut vraiment agir! De plus, si nous ne faisons rien pour lutter contre les changements climatiques, la température risque d'augmenter de 2 à 20 degrés Celsius sur un horizon de 2 à 2000 ans », ajouta Kelly-Gagnon.

• Le lendemain, François Cardinal, chroniqueur environnemental émérite de La Presse écrit: « La température de la planète va augmenter de 20 degrés Celsius en 2 ans. C'est un fait scientifique incontestable qui fait consensus. »

• Kelly-Gagnon, diplômé en droit, et son conseiller principal, Steven Guilbeault, diplômé en théologie, s'établissent rapidement sur la scène internationale en tant que sommités du mouvement environnementaliste.

• Kelly-Gagnon, au Sommet climatique de Reykjavík, consolide le leadership du gouvernement du Québec sur la scène mondiale en matière environnementale en proposant de tenir, à chaque année, deux Sommets de la Terre sur les changements climatiques. Les Maldives au mois de janvier et la Provence en septembre sont les sites permanents proposés par Kelly-Gagnon. Les délégués ratifient à l'unanimité ces propositions.

• Kelly-Gagnon déclare: « Je m'engage solennellement à participer à toute et chacune de ces conférences car il n'y a pas de limite aux sacrifices personnels que je suis prêt à faire quand vient le temps de combattre le réchauffement de la planète. »

• Lorsque interrogé par des journalistes sur ce qu'il faisait à 3h00 AM à la sortie d'un bar en compagnie de deux Islandaises âgées de 18 et 19 ans, Kelly-Gagnon réplique derechef: « La jeune génération commence à perdre confiance envers le mouvement environnementaliste, elle se demande comment il se fait que nos prédictions catastrophistes ne se réalisent jamais, il est donc essentiel que je passe du temps de qualité avec les jeunes gens afin de bien leur faire comprendre toute l'urgence d'agir. »

• Le premier ministre Ménard annonce fièrement qu'il a bon espoir que les travaux de construction du CHUM vont débuter « d'ici la fin de notre mandat » car « tout est une affaire de coeur. Mais il nous faudra bien écouter ce que nos concitoyens et nos partenaires syndicaux ont à dire avant de commencer ».

• Le ministre des Finances, François Saillant, annonce la hausse du taux d'imposition pour les riches (soit les contribuables gagnant plus de 89 000 $ par année en dollars constants de 2010) à un taux marginal combiné de 103%. Mais une fronde provenant de l'aile droite de la coalition gouvernementale le force à reculer vers un taux de 93%, avec une mise en application graduelle (90% en 2022, 91% en 2023, 92% en 2024 et 93% en 2025). Le Conseil du patronat du Québec et la Fédération des chambres de commerce du Québec se déclarent « modérément satisfaits » de ce compromis. Le président de la Chambre de commerce du Montréal Métropolitain souligne pour sa part que « si l'on veut amoindrir les conséquences négatives de ce taux d'imposition sur l'attractivité de Montréal en tant que destination internationale il nous faudra plus que jamais renforcer le mandat de Montréal International car il s'agit d'un important levier économique ».

• L'Institut économique de Montréal (IEDM) produit une étude estimant que les « riches » auront moins d'incitations à générer des revenus avec de tels taux d'imposition et que les recettes fiscales totales risquent de diminuer. Jacques Ménard rejette du revers de la main ces conclusions les qualifiant de « suply side economics attardé digne de l'ère reaganienne ».

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* Michel Kelly-Gagnon est président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.