Montréal, 15 juin 2010 • No 279

 

Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.

 

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Relance: le bal des mensonges

 

par Michel de Poncins

 

          Les plans de relance se succèdent et se ressemblent dans toute l'Europe et c'est vraiment le bal des mensonges. Il y a les mensonges purement factuels et puis il y a les théorèmes mensongers.

 

          Il y aurait, parait-il, une crise. Mais ce n'est pas du tout sûr et où est la vérité? En tout cas, la situation quelle qu'elle soit offre une occasion unique pour les hommes de l'État d'appesantir leur lourde main sur les autres et, en fait, d'augmenter leur pouvoir dictatorial.

          Ce pouvoir dictatorial s'exerce en particulier par ce que l'on peut appeler la technique des compteurs. Dans l'usine à gaz universelle, qui existe évidemment en France mais également dans tous les pays, les dirigeants s'imaginent (en manipulant tel ou tel compteur) qu'ils peuvent créer du gaz là où il n’y en n'a pas. Un pays encouragera le bâtiment, un autre encouragera l'industrie, un autre les services, chacun selon le propre bon plaisir des gouvernements.

          En France, le pouvoir jure qu'il n'augmentera pas les impôts et simultanément il promet de raboter les niches fiscales à concurrence de 10%, ceci dans un nuage de réglementations impossibles à comprendre. C'est donc bien un mensonge total car raboter les niches, c'est augmenter ouvertement les impôts. La terminologie courante porte les traces de cette technique des compteurs. Il est question de « dispositifs », de « pistes », de « mesures » et même de « tuyaux ». Les tuyaux sont un dispositif imaginé pour faire parvenir directement une ressource fiscale nouvelle vers une catégorie précise de personnes. En fait, l'argent arrive rarement (ou en faible quantité) vers les bénéficiaires, une grande partie étant ramassé, vite fait bien fait, par les hommes publics embusqués dans l'affaire: il y a donc mensonge!

          Au titre des théorèmes, la théorie la plus en vogue concerne la croissance et le fait que celle-ci devrait s'inscrire dans le PIB. Or, ce prétendu PIB est une quantité évanescente qui n'existe pas dans la réalité objective et n'est qu'une chimère de plus. Si à Londres un gentleman épouse sa cuisinière, le PIB baissera puisqu'il y aura un salaire en moins. Et pourtant la richesse augmentera pour au moins deux raisons: d'abord il y a une lady de plus, ce qui n'est pas rien, et ensuite elle mijotera des petits plats bien meilleurs qu'avant dans son statut de cuisinière! Mais infiniment d'autres méthodes et données rendent tout à fait incertain le PIB. Un seul exemple, parmi beaucoup d'autres, est le suivant: si le nombre de fonctionnaires augmente, le PIB augmente en proportion, ce qui est tout à fait intolérable puisqu'en fait la richesse générale diminue quand la sphère privée recule.
 

« Les gouvernants ont carrément sauté le pas, à la fois pour leur propre intérêt et par suite aussi d'une erreur majeure d'analyse. Ils ont abandonné dans les faits et dans leur tête toute idée d'indépendance nationale, à force de se rencontrer et d'essayer d'agir ensemble, partagent les mêmes idées fausses et les mêmes mensonges. »


          En tous cas, la croissance, selon la Pensée Unique Totalitaire (PUT), implique absolument une augmentation du PIB, bien que cette donnée soit inexistante; admettons provisoirement. C'est là que le plus gros mensonge apparaît. Les dirigeants, surtout au plus haut niveau, dans chacun des États européens, clament à l'envie que si le PIB augmente tous les problèmes trouveront leur solution y compris le chômage, y compris les déficits. Les ordinateurs tournent alors comme des fous et les gouvernements lancent sur les ondes un certain pourcentage d'accroissement annuel du PIB à partir duquel tous les malheurs se régleraient. C'est un autre mensonge et il justifie alors les plans de relance qui, contre toute vérité évidente, n'auront aucun effet sur ce PIB.

          Les mêmes, en particulier en France, gardent complètement cadenassé le marché du travail, empêchant par leur comportement – soit inconscient, soit volontaire – toute amélioration de l'emploi. Sur le plan des déficits, et ceci dans toute l'Europe, les mêmes, avec le chiffre fétiche du PIB en bandoulière, creusent les déficits à une allure folle par leurs dépenses sans apporter aucun remède valable alors que ces remèdes sont bien connus.

          Si l'on admettait encore par pure gentillesse que ces comportements pourraient parvenir par le détour de la prétendue relance à porter du fruit, le temps du détour serait si long que la hideuse banqueroute aurait le temps d'arriver.

          Comment expliquer ces faits inimaginables?

          Le projet bien avancé d'un État fédéral européen est probablement l'explication centrale. Les gouvernants ont carrément sauté le pas, à la fois pour leur propre intérêt et par suite aussi d'une erreur majeure d'analyse. Ils ont abandonné dans les faits et dans leur tête toute idée d'indépendance nationale, à force de se rencontrer et d'essayer d'agir ensemble, partagent les mêmes idées fausses et les mêmes mensonges.

          Il est clair, depuis longtemps, qu'un pouvoir « libérateur » est nécessaire en France et qu'il arrivera de toute façon. La « libération » sera aussi, pourquoi pas surtout, une route vers la vérité autant que vers la liberté.
 

 

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