Les souverainistes québécois sont trempés en un moule pratiquement
unique, ils sont gauchistes, étatistes et souvent anticapitalistes. Et ils
détestent profondément le Canada. Or, pour moi me considérais à l'époque comme
étant de droite, car je ne savais pas que j'étais à ce moment beaucoup plus
libertarien que droitiste, ces gens étaient étranges et inquiétants. J'ai tôt
fait de remarquer que les souverainistes n'accordaient par exemple que peu
d'importance à l'économie, et je me disais donc qu'un pays fondé et dirigé par
ces gens serait rapidement acculé à la ruine et que ses habitants souffriraient
beaucoup sous leur égide. La « cause » est importante, mais j'aurais aimé que
les souverainistes n'oublient jamais que le pays doit d'abord servir les gens,
et non le contraire.

J'ai aussi remarqué rapidement le peu de respect pour la liberté
humaine qui est généralement l'apanage des souverainistes. Leur étatisme fait en
sorte qu'ils n'hésitent jamais à brimer une liberté humaine au nom de ce qu'ils
aiment appeler « le bien commun ». René Lévesque disait: « Le plus fort d'entre
nous c'est l'État », et depuis 40 ans on voit cet État québécois devenu
monstrueusement obèse s'ingérer dans tous les aspects de la vie des habitants.
Nous en sommes maintenant à un point où le citoyen ne peut plus rien faire sans
demander au Dieu-État une permission. Tout au plus peut-il choisir la couleur de
son automobile sans demander un permis, mais le jour n'est malheureusement pas
loin où l'on surtaxera certaines couleurs en disant qu’elles contribuent à
l'effet de serre. On le fait déjà pour les moteurs de plus de 4 litres de
cylindrée, alors il n'y a qu'un pas à franchir...
Certains
prétendront que l'État fut un instrument de développement utile depuis la
Révolution tranquille. Il n'a pourtant rien fait que l'industrie privée ou des
associations de citoyens n'auraient pu faire. Et pour ce qui est de la richesse
collective qu'il a amené, je vous répondrai que nos infrastructures en ruine et
une dette publique évaluée à 238 milliards à l'heure actuelle ne me font pas
sentir très riche.
Ce n'est que plus tard dans ma vie que j'ai commencé à me demander
si le Québec, nonobstant le fait que ses souverainistes sont des gens avec qui
je ne voudrais pas faire la souveraineté, devrait être souverain. En analysant
ses caractéristiques, je ne peux répondre que oui à cette question. Il est assez
unique en matière de culture et il possède des richesses naturelles qui
pourraient assurer sa pérennité, pour peu qu'on cesse de le gérer comme un État
du tiers-monde comme on le fait présentement. Mais alors, si l'on convient que
le Québec a tout ce qu'il faut pour être souverain, comment se fait-il qu'il ne
le soit pas encore? Comment se peut-il que ses citoyens aient refusé à deux
reprises de prendre en main leur destinée lors de référendums pacifiques, alors
que d'autres peuples ont dû prendre l’AK-47 pour obtenir cette même
indépendance? La réponse est malheureusement claire. Les souverainistes
québécois sont ironiquement les premiers responsables de l'échec de leur idéal.
Pourquoi me demanderez-vous? Leur étatisme dangereux vous répondrai-je.
Depuis la Révolution tranquille, mais surtout depuis l'élection du
PQ en 1976, les étatistes ont graduellement enlevés aux citoyens tout pouvoir
sur leurs actions. L'argument principal des étatistes est que cette approche
permet d'offrir davantage de sécurité au citoyen. Vos soins de santé, on s'en
occupe. Votre sécurité routière, on s'en occupe. L'éducation de vos enfants, de
la garderie à l'université, on s'en occupe. Vendre votre alcool, on s'en occupe.
La gestion des transports, qu'on parle de vos bateaux de plaisance où de votre
permis de conduire, on s'en occupe. La sécurité publique, on s'en occupe et on
vous rend criminels si jamais vous vous en occupez. Vous comprenez le principe,
l'État québécois s'occupe de tout, de votre naissance à votre mort. Le seul prix
qu'on vous a facturé pour toute cette merveilleuse sécurité est d'abandonner
votre liberté.
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