La
seule façon d'éviter ce genre de situation est de donner à
l'individu les outils pour qu'il en vienne à conclure, dans
ce genre de situation, qu'il a plus de chance de survivre en
s’attaquant au tireur qu'en le laissant agir. Et le seul
outil qui puisse permettre une défense efficace et rapide
pour le commun des mortels, c'est l'arme à feu.
Nous sommes en face d'une
des fatalités de la vie: un humain libre peut décider d'agir
d'une façon qui soit tellement inacceptable qu'on doive
absolument l'en empêcher, et ce, en allant même jusqu'à le
tuer si nécessaire. De cette constatation nous vient l'autre
facette du pouvoir amené par la possession d'une arme à feu,
soit le devoir d'agir. Le fait que tous les citoyens
puissent posséder des armes à feu amène dans une société un
équilibre des puissances qui fait en sorte que tous peuvent
agir pour empêcher qu'un crime soit commis. Personne ne
pourrait plus se proclamer victime éternelle en disant qu'il
n'avait pas les moyens d'agir lors d'une tragédie ou qu'il
était désavantagé face à un voyou. Les gens seraient
obligés, en cas d'inaction face à un crime, d'étaler devant
une opinion populaire furieuse les motifs qui les ont
poussés à ne pas protéger la vie d'autrui. Mais il y a fort
à parier que ce serait souvent gênant: « Y nous a demandé de
sortir, pis on connaissait pas vraiment les filles, faque... »
Les massacres comme ceux
de la Norvège, du Collège Dawson, de l’Université Concordia
ou de l’École Polytechnique sont le résultat direct du
contrôle des armes à feu, qui est d'ailleurs très semblable
en Norvège et au Canada, et non le résultat d'un manque de
contrôle.
En analysant la tuerie de
Norvège, et toutes les autres d'ailleurs, il ne faut pas se
demander comment il se fait qu'un humain ait pu décider de
tuer des gens, les récits de massacres étant plus vieux et
nombreux que tous les autres types de littérature. On
devrait plutôt se demander, en Norvège, comment il a été
possible que personne n'ait pu répliquer à un tireur qui
s'en est pris à des dizaines de personnes sur une période de
plus d'une heure. Dans quelle société supposément civilisée
expose-t-on les gens à endurer autant de violence tout en
les privant légalement du seul moyen qui leur permettrait de
se défendre? Et pour ajouter l'insulte à l'injure, comment
peut-on oser prétendre après coup que le massacre commande
une hausse du contrôle des armes à feu, alors que c'est
précisément ce qui a causé la perte de la vie de tant
de gens?
On dit souvent dans les
cercles libertariens que les actions de l'État nuisent au
marché ou qu'elles appauvrissent les gens, mais ce cas-ci
est bien pire, car l'État norvégien, par ses politiques
irresponsables interdisant le port d'armes, est directement
responsable du fait que des citoyens honnêtes ont été
laissés sans défense face à un tireur fou. L'État, loin de
protéger le citoyen, a choisi d'avantager le tireur!
Un argument fréquent des
adeptes du contrôle des armes à feu est que tous n'ont pas
la capacité d'exercer le pouvoir et les responsabilités qui
viennent avec la possession d'armes. Or, la capacité
d’exercer un pouvoir ne vient qu'avec l'exercice effectif
dudit pouvoir, parce que l'être humain placé dans une
situation développe les compétences et les réflexes qui lui
permettent d'évoluer le mieux possible dans son
environnement. Il est vrai que toutes les personnes n'ont
pas les capacités innées leur permettant de conduire un
véhicule sans formation. Mais la pratique fait en sorte que
les gens comprennent que certains comportements sont
souhaitables pour tous sur la route et que d'autres
comportements sont à éviter.
De la même façon, toute
personne comprendrait rapidement qu'une mauvaise utilisation
d'une arme à feu peut être assez risquée pour elle-même dans
une société où les gens sont libres de porter des armes.
Elle n'aura donc aucun intérêt à mal agir, et beaucoup
d'incitation à bien se comporter. Même les gens qui
choisiraient de ne pas porter d'armes seraient plus en
sécurité, car d'autres personnes qui choisiraient de s'armer
pourraient intervenir en cas d'urgence. C'est tout le
contraire dans notre société où les armes sont tellement mal
connues et réglementées que leur simple possession donne à
quelqu'un un avantage indu sur les gens de son entourage qui
ne disposeront pas des mêmes moyens pour répliquer si jamais
le pire survenait, comme cela fut le cas en Norvège.
Il a été établi et
mentionné à maintes reprises que la loi ne saurait dissuader
les criminels de s'armer, car si l'arme leur donne un
avantage incomparable dans la pratique de leur profession,
sa possession illégale ne fait qu'ajouter des pages à un
dossier criminel qui vient avec le métier. Il a aussi été
établi par les tribunaux que la police ne peut, de par les
limites qui lui sont intrinsèques, empêcher tous les crimes
contre le citoyen. Il semble donc à quiconque qui fait une
analyse logique de notre société, où les armes sont
contrôlées, que les conditions pour une sécurité optimale ne
sont pas réunies. Or, la sécurité publique n'a rien à voir
avec le contrôle des armes à feu.
L'État, malgré des airs
bienveillants, ne vise pas à protéger le citoyen par le
contrôle des armes à feu. Il ne lui garantit pas qu'il ne
sera victime d'aucun crime, ou encore que jamais personne
n'utilisera une arme à feu contre lui. Il vise simplement à
protéger son monopole de l'usage de la violence en enlevant
au citoyen des outils pour exercer sa liberté et protéger
lui-même sa vie et celle de son prochain.
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