Montréal, 15 novembre 2011 • No 294

 

 

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Pour en finir avec le Gouvernemaman,
de Joanne Marcotte

 

          Cinq ans après la sortie de son film L'Illusion tranquille, Joanne Marcotte, cofondatrice du mouvement Réseau Liberté-Québec, récidive avec la publication d'un essai politique intitulé Pour en finir avec le Gouvernemaman.

          « [Depuis] le lancement de L'Illusion tranquille, je constate que le Québec peine à bouger. Pire, la situation s'est détériorée et nous baignons de plus en plus dans une culture de l'endettement, de la facilité et dans le confort du no-fault », constate l'auteure.

          Partageant les constats de nombreux analystes et observateurs du monde économique, politique et social d'ici et de l'étranger, Joanne Marcotte nous fait part de l'état de ses réflexions sur la culture de dépendance et d'infantilisation qu'une partie de la population défend bec et ongles. Elle s'interroge également sur la volonté des Québécois à véritablement corriger les fondations du modèle québécois.

          « Ce qui est requis est profond, et pour un temps, je vous avouerai que je croyais qu'il suffisait d'un changement de politique publique ‒ et de classe politique ‒ pour que le Québec puisse se redresser, confie-t-elle. Je réalise aujourd'hui que je m'illusionnais à nouveau. Ce dont nous avons besoin n'est pas seulement un changement politique ni de politiciens, mais un changement culturel. L'État est nu! », conclut-elle.

          Voici quelques extraits de ce livre qu'on peut se procurer en consultant le blogue de l'auteure.
 

 

L'État nounou du Québec (Chapitre 1)

          Aujourd'hui, une injustice intergénérationnelle se produit sous nos yeux et, dans la plus parfaite indifférence au sort de ceux qui nous suivent, on continue de promouvoir de la dépendance et de la gratuité.

La pathologie de l'autodiagnostic (Chapitre 2)

          Depuis maintenant plusieurs décennies, la pathologie dont souffre le Québec est l'autodiagnostic. On tourne en rond et on ne va nulle part. Parce qu'au Québec, on réfléchit. La finalité n'est pas de résoudre les problèmes, mais de se concerter, de réfléchir. Au Québec... on jase! On placote, on échange, on intellectualise, on bitche, on chiale, bref, on parle. Et plus souvent qu'autrement, on parle pour parler. Juste pour parler. Mieux encore, pour s'écouter parler! Parce que l'action ne suit pas. Au Québec, voyez-vous, on carbure aux émotions.

L'indomptable Léviathan (Chapitre 3)

          L'immobilisme au Québec tient à ce que les grands joueurs influents soient neutralisés. Sollicité de toutes parts, autant par les individus qui veulent des programmes que par les entreprises qui veulent des subsides, l'État peut difficilement recevoir de vives critiques de son omniprésence.

          L'immobilisme n'est pas, non, le fruit d'un manque de solutions. Il est ce que l'on récolte lorsque le système est bâti par des technocrates du haut d'une tour ministérielle et entretenu par les pouvoirs corporatistes.

          On aura beau faire croire que nos impôts et nos taxes suffisent à payer le « modèle québécois », la vérité est la suivante: le Québec est dépendant du reste du Canada, le Québec est accroc à la péréquation et il semble que les Québécois soient totalement indifférents à l'endettement public.

          Bref, les politiciens continuent de vendre du rêve sous prétexte qu'il s'agit de « choix collectifs ». Ils attendent que cela s'écroule. Inévitablement, tragiquement, cela arrive. C'est la société-viaduc.

          Ici, le politicien se fait entrepreneur et l'homme d'affaires se fait politicien. Tous deux défendront le modèle québécois dans sa composante économique: le « nationalisme économique ». Le nationalisme économique à saveur identitaire est donc animé par une complicité entre des hommes d'affaires et une classe politique qui en profitent tous deux. Les premiers en diminuant leur niveau de risque, la seconde en y récoltant les fruits électoraux.

          Nous voici donc dans un monde où les gens d'affaires doivent faire de la politique et où les leaders syndicaux se prennent pour des gens d'affaires! Le discours de la paix sociale peut également être vu comme retors, celui d'une lâcheté politicienne qui rejette les causes de l'immobilisme sur une population qui, selon le gouvernement, tient à conserver intégralement l'ensemble de ses programmes.

Tout est culturel (Chapitre 4)

          La culture syndicale, c'est la culture de l'égalitarisme, la tyrannie du consensus, c'est la primauté de l'ancienneté, la protection des acquis, le nivellement par le bas, la culture de la médiocrité en somme. La culture syndicale est ce monde où la bonne intention rime sur les résultats, où l'État peut croître sans cesse sans nuire à l'économie, où l'on ne peut rien changer à moins d'en payer le prix à coups de manifestations et de prise en otage de la population.
 

« Qu'on se le dise tout haut. L'État ne sera plus le premier recours vers lequel on peut se tourner en cas de malheur ou d'assistance. Il n'en a tout simplement plus les moyens. »


          D'un peuple où les leviers économiques appartenaient à la communauté anglophone, nous sommes passés à un peuple où les leviers économiques appartiennent à l'État.

          La culture économique québécoise, c'est aussi l'État-entrepreneur, l'État-partenaire, l'État-subventionnaire. C'est également l'omniprésence des monopoles d'État: monopole d'Hydro, monopole de la SAQ, monopole du système de santé public, et non le moindre: le monopole de la Caisse de dépôt lorsqu'il s'agit de gérer les avoirs des Québécois. Mais plus que tout, la culture économique est influencée par le phénomène des éteignoirs. Avec la nouvelle religion écologiste, il serait aisé de croire que nos éteignoirs imposent désormais la culture du moratoire.

Gauche vs droite - Étatisme vs liberté (Chapitre 5)

          Au Québec, nous n'avons pas été formés à débattre sur l'axe des idéologies. Depuis 40 ans, la seule idéologie que nous connaissions était celle de l'État-providence.

          On prône désormais une « vision pragmatique », comme si cela pouvait exister... On reconnaît leurs défenseurs à leur discours politiquement correct. Ils valorisent le compromis; le changement ne coûte rien et n'impose aucun sacrifice. À un moment où « l'acceptatibilité sociale » est devenue la marotte de l'heure, la vision pragmatique n'a ni fondements, ni boussole.

          En clair, la question de l'heure n'est pas de « mieux financer » ou de « mieux dépenser ». Elle doit être celle de « moins dépenser ».

The Biggest Losers (Chapitre 6)

          Qu'on se le dise tout haut. L'État ne sera plus le premier recours vers lequel on peut se tourner en cas de malheur ou d'assistance. Il n'en a tout simplement plus les moyens.

          Après avoir imposé lourdement, assuré universellement, tarifé grassement et s'être endetté scandaleusement, l'État cleptomane se cherche toujours une façon de financer sa propre survie. En aucun temps, bien sûr, il ne s'interroge sur sa véritable mission.

          Cinquante ans après la Révolution tranquille, le Québec saura-t-il corriger la trajectoire dessinée par la génération lyrique? Ou plutôt, choisira-t-il de continuer à radoter, à s'autodiagnostiquer, à lasser définitivement le peuple qui en a assez entendu?

          Il y a peu d'individus véritablement libres et responsables au Québec. Même nos regroupements de gens d'affaires sont accros à l'État. Pourquoi alors s'en prendre à l'État-incubateur lorsqu'il y fait si bon et que l'environnement y est si douillet? Du simple citoyen aux plus imposantes institutions publiques, nous baignons dans une culture de la facilité et dans le confort du no-fault.

          En réalité, disons-nous le, il est peu probable que nous exigions plus de nous-mêmes et de notre classe politique. La génération lyrique est encore bien vivante et elle a imposé de solides réflexes d'exaltés. Aujourd'hui après l'Église et l'État, c'est l'Écologie qui est devenue la nouvelle religion. En corollaire, notre culture économique est déficiente au point où l'investisseur privé y est condamné sans procès.
 

 

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