Frédéric Bastiat, le défaiseur des mythes économiques | Version imprimée
par Pierre-Guy Veer*
Le Québécois Libre, 15 mai 2013, No 311
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Claude Frédéric Bastiat est né en juin 1801 à Bayonne. Fils unique de Pierre, marchand respecté de la ville, il perd sa mère à l'âge de 7 ans. Après ce décès, Pierre déménage à Mugron, plus au nord. Son père meurt deux ans plus tard, laissant Frédéric sous la tutelle de son grand-père et de sa tante Justine. Après des études au collège de Saint-Sever, il se dirige finalement vers le collège bénédictin de Sorrèze. À cette époque, on exaltait les héros de l'Antiquité grecque et romaine afin de montrer des modèles à la jeunesse française. Mais contrairement à plusieurs camarades classe, Frédéric prend ses distances face à ces héros violents. Il en est d'ailleurs très critique plus tard, attribuant la montée du socialisme à cette glorification injustifiée d'esclavagistes et de pilleurs qui changent la loi selon leur gré. Durant ces années, il se lie d'amitié avec Victor Calmètes, avec qui il partage les premiers balbutiements de sa pensée, notamment sur le manque de discernement entre le riche honnête et « le riche fripon ».

Il quitte le collège de Sorrèze pour prêter main-forte à son oncle, marchand à Bayonne, afin de répondre au désir de sa famille de le voir dans le commerce. Bien que cet emploi du temps contrarie sa propension au travail intellectuel, il lui permet tout de même de voir directement l'influence néfaste de la réglementation et des tarifs douaniers sur le commerce. Après quelques années d'hésitation sur son sort, durant lesquelles son intérêt est piqué par l'oeuvre de Jean-Baptiste Say et d'Adam Smith, il répond à l'appel de son grand-père et retourne à Mugron à 22 ans. La mort de ce dernier en 1825 lui fait hériter de la terre de 250 hectares, divisée en une douzaine de métairies. Ce régime d'agriculture, conservateur et routinier, l'a empêché d'apporter des améliorations substantielles à la production. Malgré ses malheurs agricoles, il se lie d'amitié avec Félix Coudroy, propriétaire d'un domaine voisin, qui sera converti aux idées libérales de Bastiat malgré sa ferveur socialiste aux débuts de leur amitié.

Les premiers balbutiements

Un des premiers écrits de Bastiat date de novembre 1830, peu après le succès de la Monarchie de Juillet qui amène Louis-Philippe sur le trône de même qu'une monarchie constitutionnelle en France. Dans sa lettre Aux électeurs du département des Landes, en appui à M. Faubrie, il s'attaque vivement à plusieurs sophismes politiques ambiants, notamment le fait que cela discrédite un candidat s'il n'est pas de la région. Comme si les intérêts des gens de sa région d'origine étaient si opposés à ceux des gens de celle qu'il représente...

Un autre point intéressant amené dans cette lettre aura une influence directe sur plusieurs penseurs (voir la section Son héritage). En effet, il dénonce la propension des gouvernements à prendre de l'expansion, « excitant la population entière à déserter l'industrie pour les emplois, le travail pour l'intrigue, la production pour la consommation stérile, l'ambition qui s'exerce sur les choses pour celle qui n'agit que sur les hommes », alors que les emplois publics ne devraient pas « faire briller ceux qui les ont ni exciter l'envie de ceux qui ne les ont pas ». C'est effectivement ce qui se passe: comme l'argent ne pousse pas dans les arbres, ça rend les ressources limitées. Si le gouvernement dépense un dollar, c'est un dollar de moins qu'un particulier peut dépenser. Ce dernier, gérant ses propres ressources, dépense généralement son argent sagement; en contrepartie, le gouvernement, en dépensant l'argent des autres, n'a pas la même incitation, ce qui crée du gaspillage, ou « consommation stérile ».

Ce discours n'a malheureusement pas convaincu les électeurs. Deux ans plus tard, c'est à son tour de se présenter à une élection, et il reste campé sur les mêmes positions, affirmant que la seule mission du gouvernement est d'assurer la paix intérieure et extérieure. « Il faut qu'il abandonne à l'activité privée tout ce qui est de son domaine. L'ordre et la liberté sont à ce prix ». Ce discours n'a pas convaincu les électeurs non plus.

La découverte de la liberté anglaise

Malgré ces échecs, il continue d'occuper ses modestes fonctions de juge de la paix à Mugron; il est également nommé membre du Conseil général des Landes. Dans ses loisirs, il aime discuter avec le cercle local, où les échanges d'idées sont souvent vifs et l'anglophobie, omniprésente. Un jour, un anglophobe notoire porte à l'attention de Bastiat une citation du premier ministre anglais Peel, qui aurait dit qu'adopter un certain parti aurait fait tomber l'Angleterre au dernier rang des nations comme la France. Incrédule, il commande la version originale de The Globe and Traveller. Ladite citation de Peel n'apparait nul part...

Ce n'est pas tout: non seulement la presse française traduit mal, mais elle omet parfois de traduire. Nul part ne mentionne-t-elle l'agitation causée par la Ligue pour la liberté du commerce, qui combat les vieilles législations commerciales vues comme nuisibles, particulièrement les lois sur les céréales. On les considère comme une vulgaire histoire locale sans importance. Fasciné par les idées des ligueurs – il a d'ailleurs la chance de les rencontrer –, il prend soin de traduire leurs plus importants discours, ce qui aide à raviver sa flamme libérale. « Il eut honte de n'avoir rien fait jusqu'alors pour une cause [le libre-échange] qui avait rallié en Angleterre de si nobles intelligences et des coeurs si dévoués », mentionne-t-on dans sa biographie. Il se rattrape vite et publie, en octobre 1844, De l'influence des tarifs français et anglais sur l'avenir des deux peuples. Le succès est instantané, bien que le nom de Bastiat n'était pas encore connu des cercles d'économistes de Paris. Il se charge également d'écrire un livre sur Codben, un des grands manitous de la Ligue, qui connait un succès retentissant à sa sortie en 1845.

De l'influence des tarifs est la base des écrits économiques qui l'ont rendu célèbre. Ce texte détruit complètement les arguments des producteurs voulant des mesures protectionnistes. Ces mesures ne profitent qu'à eux, leur permettant de vendre plus cher, appauvrissant ainsi la masse et la menant vers le dénuement.

Le vulgarisateur et polémiste économique

En même temps qu'il pond ses écrits sérieux sur la Ligue anglaise, Bastiat s'occupe de ses fameux Sophismes économiques, cette série de textes courts et très punchés qui ont fait sa renommée. Dans chacun d'eux, il expose divers mythes et les poussent jusqu'à l'absurde pour montrer leur ridicule. On raconte même que dès qu'il apercevait un sophisme dans un journal le moindrement crédible, il s'empressait de le démolir, même s'il n'avait pas déjeuné.

Le plus célèbre de ces sophismes est sans aucun doute La pétition des marchands de [chandelles]. Cette pétition implore les députés d'ordonner le blocage de toutes les fenêtres et de tous les trous afin que les fabricants de produits d'éclairage puissent en finir avec ce concurrent déloyal qu'est... le soleil. Par ce geste, les (faux) pétitionnaires ne font qu'utiliser la « logique » des producteurs de divers secteurs, qui veulent se prémunir de la concurrence étrangère pour palier leur inefficacité.

Pour que les gens approuvent ce protectionnisme, plusieurs n'hésitent pas à recourir aux métaphores démagogiques du genre on se fait envahir par les produits anglais ou les soieries belges nous inondent. Comment peut-on prétendre faire un parallèle entre une « vraie » invasion/inondation, où il n'y a que destruction et mort, et l'arrivée pacifique de produits d'ailleurs qui viennent s'échanger contre des produits locaux? Apparemment, les écrits de Jean-Baptiste Say (un des maîtres à penser de Bastiat), qui affirmait la même chose une trentaine d'années auparavant, n'ont pas suffit pour démonter ce mythe voulant qu'importer, c'est payer un tribu, alors que les importations sont en fait payées par la production des gens, et donc par les exportations.

Say, par ailleurs, est un des premiers économistes à s'attaquer à ce concept ridicule qu'est la balance du commerce, allant même jusqu'à dire qu'un pays est gagnant s'il importe plus qu'il n'exporte, car « toutes les espèces de relations commerciales sont mutuellement avantageuses; car personne n'est forcé à faire des affaires, et il n'est aucun pays où l'on consente, d'une manière suivie, à en faire pour y perdre ». Bastiat affirme la même chose, et question d'exposer l'incongruité des « importationphobes », il affirme que la France n'a qu'à jeter la marchandise destinée à l'exportation à la mer une fois qu'elle est inscrite au registre des douanes. Ainsi, il n'y aura que des exportations et pas d'importation. Il pousse même ce reductio ad absurdum au plan personnel. En effet, si importer d'un pays, c'est payer un tribu, alors il en va de même pour le cultivateur des Landes qui « importe » certains produits de Provence. Ce dernier peut donc décider de tout produire lui-même... au prix de voir sa richesse diminuer parce que l'usage des terres n'est pas optimal.

En fait, le sophisme protectionniste est tellement bien ancré chez les intellectuels que c'est à se demander si les économistes libéraux ne sont pas en train de proposer « un ordre social nouveau, chimérique, étrange, une sorte de phalanstère sans précédent dans les annales du genre humain! ». Pourtant, chaque humain sur cette planète est un économiste; il produit et échange là où c'est le plus avantageux. S'il en est incapable, alors il n'aura d'autres choix que de recourir à la force pour le faire, et c'est exactement ce que le colonialisme vise à faire. Si tous les pays visent à exporter le plus possible et importer le moins possible, alors seul le territoire national peut absorber la production intérieure. Bref, le gouvernement commet une grossière injustice.

Un autre sophisme tenace auquel Bastiat s'attaque, c'est cette croyance que la richesse se calcule par la quantité de travail qu'on met à une tâche – c'est d'ailleurs un des « arguments » des protectionnistes: faisons travailler les gens d'ici plutôt que d'encourager ceux d'ailleurs. Suivant cette logique, un cultivateur a donc intérêt à semer ses champs les plus stériles et à gratter le sol avec ses ongles, les travailleurs ont intérêt à détruire toutes les machines qui travaillent à leur place – même si, dans les faits, il y a plus d'emplois depuis la mécanisation massive de la production –, et décréter l'amputation de la main droite de tous les travailleurs augmenterait considérablement l'emploi, et donc la richesse.

Dans la réalité, le travail est un moyen et non une fin. On travaille afin de se faciliter la vie, afin de surmonter les nombreux obstacles auxquels on fait face. La division du travail rend ce combat d'autant plus facile. Certes, libéraliser les échanges risque de froisser certains secteurs de l'économie et ses travailleurs. Mais ce ne sont là que des cas particuliers; pourquoi pénaliser la masse seulement parce que quelques personnes perdent leur emploi? Ce n'est qu'une petite tempête à traverser. C'est comme si on convainquait les esclaves d'adorer leur bourreau parce que sans lui, trouver de la nourriture sera périlleux. Bref, la logique des protectionnistes peut se résumer à ceci: mieux vaut la disette que l'abondance.

L'activiste politique

Au travers de ses écrits, Bastiat voit se développer, surtout dans le Midi, les germes d'associations pour la liberté du commerce. Heureux de voir grandir ce qu'il a semé, il joint des gens de Bordeaux et forme, en février 1846, l'Association bordelaise pour la liberté des échanges.

Il tente même de se représenter à des élections. Dans son discours Aux électeurs de l'arrondissement de Saint-Sever, il renchérit sur ce qu'il a toujours dit. Il rappelle que « lorsque le pouvoir a garanti à chacun le libre exercice et le produit de ses facultés, réprimé l'abus qu'on en peut faire, maintenu l'ordre, assuré l'indépendance nationale et exécuté certains travaux d'utilité publique au-dessus des forces individuelles, il a rempli à peu près toute sa tâche ». Tout le reste est donc du domaine privé. Ainsi, le gouvernement sera bon marché, car extrêmement limité dans son action, et libéral, en laissant libre cours aux facultés des citoyens ne violant pas celles des autres.

Malheureusement, sa santé fragile l'empêche d'être à la hauteur de ses ambitions. De plus, la Révolution de Février 1848 coupe court à toute idée de réforme du commerce. Pour ajouter aux malheurs, un nouvel adversaire point à l'horizon: le socialisme. Mais ce dernier bat constamment en retraite face à la plume inépuisable de Bastiat.

C'est une victoire totale qu'il gagne sur Prudhon lors de leurs échanges sur le crédit, car n'en déplaise à ce dernier, prêter de l'argent est une privation. De plus, ce prêt est un service, et tout service doit être payé. Victor Considérant aussi s'est fait rappeler à l'ordre quand Bastiat lui rappelle que tout service se paie car il est utile; il permet à qui le paie de s'éviter des peines, fusse pour obtenir de l'eau. C'est pourquoi un service plus pénible vaudra plus, et le seul véritable « droit au travail », c'est de jouir de sa personne et de sa propriété. Restreindre à quiconque le droit à cette jouissance constitue la véritable spoliation. Comme elle est souvent faite au travers de l'État, « cette grande fiction au travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépends de tout le monde », elle encourage la paresse car tout le monde voudra obtenir ses privilèges. S'en suit ainsi une baisse de l'accumulation de capital – les gens ont peur de se le faire voler – et un appauvrissement.

Par ailleurs, Bastiat a l'occasion (trop brève) d'exercer ce qu'il prêche en représentant le département des Landes à la Constituante, et finalement à l'Assemblée nationale en 1848. Pour s'assurer de rester fidèles à ses idéaux, il ne s'associe à aucun parti et vote autant avec la gauche qu'avec la droite. Il s'oppose notamment à l'octroi de crédits pour transporter des gens en Algérie, non pas par manque d'amour pour les Français, mais justement parce qu'il a leurs finances à coeur. D'ailleurs, il ne manque pas de rappeler que l'argent des finances publiques a immanquablement été pris à quelqu'un d'autre. Et quand l'État prend cet l'argent, il en a rarement trop; il augmente ses dépenses en conséquence. Il prend ainsi de plus en plus de place, restreignant le commerce avec les douanes, la liberté d'éducation avec l'instruction publique et la liberté des communes avec une très grosses bureaucratie.

Son dernier souffle

Avant que la mort, le seul adversaire qui ait eu raison de Bastiat, ne l'emporte, le Landais a le temps de publier un tome de ses Harmonies économiques. Elles se voulaient une mise à jour de ses Sophismes, et comme ceux-ci, elles s'attaquaient à l'adversaire du jour, qui était le socialisme cette fois.

Il démontre, comme Smith avant lui, que les intérêts personnels des humains sont généralement en harmonie, n'en déplaise aux socialistes. Ces derniers basent leur raisonnement sur les observations parfois mal faites des économistes – car les économistes observent avant tout l'action humaine – afin de complètement vouloir recréer la société à neuf. Ils oublient, par le fait même, que les hommes sont libres, et donc faillibles. C'est dans ces failles que l'homme commet des erreurs et souffre. Si cette erreur ne le touche que lui, elle engendre la responsabilité; si elle touche autrui, elle engendre la solidarité.

Mais les socialistes ne l'entendent pas ainsi; pour eux, l'organisation d'une société parfaite est à portée de la main; ils s'imaginent que les dirigeants de cette société agiront sans tenir compte de leur intérêt personnel et que les gens les suivront avec enthousiasme. Enfin, les socialistes ont la fâcheuse habitude, comme les philosophes de l'Antiquité, de voir la richesse comme un mal, une immoralité, alors qu'ils sont incapables de voir une différence fondamentale: la richesse antique était pillé, celle contemporaine est créée parce qu'elle apporte une utilité, qu'elle épargne des efforts. Les socialistes agissent donc comme « des perroquets répétant ce qu'ils ne comprennent pas ».

Malheureusement pour Bastiat, ses Harmonies, malgré plusieurs points intéressants, sèment plutôt la discorde chez ses alliés. Pour commencer, Charles Carey, un économiste américain contemporain à Bastiat, l'accuse de lui avoir volé sa réfutation des théories de Malthus et Ricardo. Ensuite, plusieurs économistes français s'objectent aux Harmonies. C'est comme si Bastiat, tel un général au milieu d'une guerre, change soudainement la stratégie et l'armement. Il n'aura pas le temps de défendre son livre et de publier un second tome. Il meurt le 24 décembre 1850, cinq ans à peine après être rentré à Paris pour la première fois, et tout juste après avoir publié son dernier chef-d'oeuvre, Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas, où il montre qu'un bon économiste voit un bon résultat à long terme, même au prix d'une souffrance temporaire, alors qu'un mauvais « poursuit un petit bien actuel qui sera suivi d'un grand mal à venir ».

Son héritage

Malgré sa vie très courte – il n'a pas 50 ans à sa mort –, Bastiat a, encore aujourd'hui, une influence énorme, et ce malgré son style considéré comme peu scientifique. En effet, Joseph Schumpeter le considérait comme une journaliste avant tout et son biographe estime qu'il n'a rien apporté de neuf à la science. Même s'il a précédé Carl Menger, considéré comme le père de l'École autrichienne d'économie, d'environ 20 ans, on peut facilement considéré Bastiat comme l'un des pères spirituels de cette école de pensée.

Comme les autrichiens, Bastiat était considéré comme un idéologue radical du libre marché qui utilisait un style littéraire et non mathématique. Les deux utilisent la praxéologie, la science de l'action humaine, comme le font la plupart des autres sciences humaines. La praxéologie se base sur l'existence et la nature des choix, qui proviennent eux-mêmes de la rareté des ressources. Les humains ont naturellement tendance à vouloir surmonter ces obstacles, pas besoin de méthode scientifique pour le découvrir. D'ailleurs, cette dernière cherche à comprendre la nature des éléments et est tout à fait appropriée pour analyser du zinc et ses propriétés magnétiques. Par contre, elle est impuissante pour expliquer pourquoi un humain veut posséder une barre de ce métal, contrairement à la praxéologie, qui prend en compte la subjectivité des choix. Pour répondre à cette question, Bastiat dirait sans doute que le morceau de zinc a une certaine utilité aux yeux de son utilisateur.

Bastiat, comme les autrichiens, utilise le raisonnement déductif afin que les lois de l'économie se révèlent – elles ne sont pas créées. Il rejette lui aussi l'utilisation des mathématiques (sauf peut-être des statistiques pour l'assurance) car l'économie, au contraire des sciences physiques et de la géométrie, n'étudie pas de quantité fixes – comment peut-on quantifier les besoins et les choix humains, qui sont en constante évolution, contrairement à la structure atomique du zinc? Enfin, les deux voient également la valeur comme subjective; elle se forme dans l'action humaine selon l'utilité qu'elle apporte, ce qui en fait une mesure ordinale et non cardinale.

Un prix Bastiat a été créé par l'International Policy Network pour récompenser les journalistes qui, comme Bastiat, défendent le libre marché et la liberté individuelle. Grâce à la technologie moderne, certains ont même « mis en candidature » Frédéric Bastiat pour la présidentielle française de 2012, en se demandant si l'État ne fait pas fausse route depuis 60 ans en prenant toujours plus d'expansion.

En conclusion, Frédéric Bastiat est l'un des plus importants économistes de tous les temps. La justesse de ses observations et de ses déductions a peu d'égaux dans l'histoire. Sa clarté et sa capacité de vulgarisation ont permis à Monsieur et Madame Tout-le-monde de finalement avoir accès à des concepts jadis réservés à des intellectuels, leur permettant de voir toutes les attrapes dont ils sont victimes à leur insu. Bastiat avait le mérite d'être très tranché; on ne pouvait douter de sa farouche opposition au protectionnisme ni au débordement de l'État de ses tâches régaliennes. Enfin, il est un des grands économistes à voir l'économie pour ce qu'elle est vraiment: une étude du comportement humain et des implications qu'il apporte si l'État s'en mêle, notamment une diminution de la richesse, une mauvaise allocation des ressources, une violation de la liberté des individus et une augmentation artificielle des inégalités, en favorisant certains groupes plutôt que d'autres.

Sources principales

Gustave de Molinari, « Frédéric Bastiat », nécrologie publiée dans le Journal des économistes (p. 180-196).
Roger de Fontenay, « Notice sur la vie et les Écrits de Frédéric Bastiat », extrait des Oeuvres complètes de Frédéric Bastiat, deuxième édition, Paris, Guillaumin & Cie Libraires, 1862-1864.
« Frederic Bastiat: biographical notes » Frederic Bastiat resources on the Net.

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* Pierre-Guy Veer est étudiant au bac en économie-politique à l'Université Laval.