Privatiser l'école | Version imprimée
par Michel de Poncins*
Le Québécois Libre, 15 août 2013, No 313
Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/13/130815-11.html


Il y a toujours du neuf au niveau de la prétendue éducation nationale. Certains disent que le super mammouth est la dernière armée soviétique du monde.

Il se révèle qu'il y a de plus en plus de faux boursiers qui encombrent certaines universités. L'administration, en fait, ne les contrôle pas. Certes la bourse n'est pas suffisante pour vivre, mais il peut s'ajouter de petits boulots. C'est un triste exemple pour les étudiants sérieux qui existent tout de même.

Cela se traduit au moment des examens. Les faux boursiers étant de faux étudiants n'ont rien à faire de l'examen. De sorte, dès le début de la séance, un flot continu sort de la salle en remettant des pages blanches ‒ l'essentiel étant d'avoir fait acte de présence pour justifier la bourse. Lors d'un examen récent, 60 copies blanches sur 360 ont été rendues aux professeurs écoeurés.

La récente accélération est sans doute corrélée au chômage. La bourse joue le rôle d'assurance-chômage et assure la couverture sociale que les boulots complémentaires ‒ parfois bien payés ‒ ne donnent pas. L'université devient un parking à chômeurs : c'est vraiment odieux.

La loi de refondation de l'école

Sous un angle plus vaste, un fait nouveau est la Loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République, promulguée le 8 juillet. Si l'on veut refonder, c'est bien parce qu'auparavant cela ne fonctionnait pas d'une façon satisfaisante.

J'ai souvent informé mes lecteurs du retard de la France dans le système éducatif avec des jeunes en sortant sans qualification véritable. La nouvelle loi ne fera pas mieux. Pour palier la calamité, elle prévoie un grand nombre de création de postes ‒ ce qui est ridicule car le budget du mammouth est déjà ruineux. Des organismes nouveaux sont aussi annoncés avec la promesse de juteux fromages pour les camarades.

La privatisation de l'enseignement avec vente des universités et écoles serait le seul moyen de refonder. Elle ne saurait, toutefois, être envisagée par le pouvoir provisoirement en place car les syndicats, seuls propriétaires réels du mammouth, s'y opposent férocement.

Les conséquences de la nationalisation

Les résultats, indépendamment de l'effet de ruine évoqué plus haut, sont fortement négatifs. Sur le plan de la réussite scolaire et de l'apprentissage des fondamentaux, la France n'est pas dans les meilleurs. Parallèlement la qualité s'est écroulée non seulement par développement de l'illettrisme, mais aussi par une baisse générale de tous les niveaux.

En première année d'université, et indépendamment des faux étudiants signalés plus haut, certains présumés vrais étudiants ne savent pas vraiment lire, à savoir comprendre ce qu'ils lisent.

La fausse idéologie du « bac plus tant » joue un rôle formidablement destructeur dans tout le corps social. Pourquoi ne pas aller à un bac plus vingt pour ensuite faire valoir des droits acquis à une préretraite?

L'obligation scolaire prolongée abusivement après treize ans décourage des élèves imperméables aux études abstraites et les empêche d'aller vers les enseignements professionnels où ils auraient trouver leur avenir.

Force est enfin de constater que sous l'influence de gauchistes, et même sous des gouvernements de la supposée droite, les manipulateurs du mammouth ont diffusé des idéologies délétères, comme la théorie du genre, nouvelle fausse idole du monde contemporain.

Vendre les écoles

Ce sous-titre n'est ni un gros mot ni une galéjade. Et en évoquant l'école, nous couvrons évidemment tout l'ensemble éducatif français. Il rassemble 15 millions d'élèves et étudiants ainsi que 1 million d'enseignants.

Un objectif raisonnable pour un gouvernement soucieux du bien commun serait de privatiser ce mammouth. À se limiter aux aspects économiques, les avantages seraient immenses. J'ai souvent montré que toute privatisation diminue les dépenses de moitié avec en sus l'amélioration de la qualité des services rendus. Plus la fonction à privatiser est importante plus il s'impose de la faire.

Le budget de l'Éducation nationale est de 60 milliards d'euros et l'importance de l'enjeu est immense. Vu l'énormité du mammouth, des étapes seraient nécessaires, les bienfaits suivant chaque étape.

Se libérer progressivement du mammouth

Quel serait le chemin pour nous libérer du mammouth par étapes? La privatisation pourrait commencer par le bon scolaire qui permettrait aux parents de s'adresser à l'école de leur choix, ceci dans une saine concurrence. L'absence du bon scolaire est une véritable punition infligée aux parents qui choisissent l'éducation de leurs enfants et qui doivent payer deux fois: une fois par les impôts et une autre en payant avec leurs deniers l'école de leur choix.

La mise en vente des universités serait relativement facile à faire. L'incroyable prospérité des universités américaines indépendantes avec la grande qualité de leur formation est bien connue. Les universités françaises vendues trouveraient les capitaux nécessaires pour se développer et retrouver le chemin de l'excellence. La vente de certains lycées célèbres pourrait suivre et la suite s'enchainerait par étapes successives.

Si ce rêve ne se réalise pas, le mammouth risque de mourir à petit feu dans sa mauvaise graisse. Les principales victimes seront les moins favorisés qui ne savent pas ou ne peuvent pas échapper à son emprise. Les plus fortunés, les plus chanceux et les plus talentueux trouveront d'autres solutions.

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* Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.