Le Défenseur des droits et les CV blancs | Version imprimée
par Michel de Poncins*
Le Québécois Libre, 15 octobre 2013, No 315
Hyperlien: http://www.quebecoislibre.org/13/131015-4.html


Le Défenseur des droits, Dominique Baudis, fait beaucoup parler de lui ces jours-ci en militant sur les ondes et dans les actes pour moins de discrimination dans les CV. C'est comme si un CV décidait d'une carrière et d'un recrutement, alors que c'est bien plus compliqué. En outre, ce faisant, il discrimine, lui-même, ouvertement en faveur de certaines catégories de la population qui plaisent au pouvoir en place. Au motif d'un prétendu antiracisme, il fait à son tour du racisme.

Le Défenseur des droits est une autorité administrative indépendante ou AAI. Ces AAI sont des êtres hybrides disposant de pouvoirs pratiques et juridiques de coercition et de régulation. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) en est un autre exemple. Agissant sans vrai contrôle du pouvoir exécutif, elles témoignent par leur existence et leur multiplication de l'incapacité de ce pouvoir d'agir efficacement dans ses attributions. C'est comparable à un vide-grenier.

Pourquoi un Défenseur des droits?

Ce personnage a été inscrit dans la constitution le 23 juillet 2008. Une loi du 29 mars 2011 l'a mis en place. Il se substituait à des bureaucraties préexistantes qu'il a fusionnées avec les coûts et difficultés des fusions de cet ordre. Dominique Baudis a été nommé le 22 juin 2011 pour 6 ans; son statut privilégié le rend indéboulonnable et renforce son indépendance.

Il dispose de 450 délégués sur tout le territoire; ils sont bénévoles, mais leurs frais inévitables leur sont remboursés. Il existe une forte implication des hiérarchies administratives telles les préfets et maires des grandes villes. Le siège se situe dans un quartier prestigieux de Paris.

Le poids financier sur l'économie de cette superstructure est considérable, bien que restant inconnu et impossible à calculer dans le désordre coutumier des comptes publics.

L'un de ses objectifs officiels est de promouvoir l'égalité. C'est un non-sens pur. Le Défenseur s'occupe beaucoup des procédures de recrutement, soit. Le recrutement de quelque niveau que ce soit est un acte nécessairement discriminatoire et inégalitaire ‒ le patron est bien forcé de faire des choix.

Le but est aussi de protéger les libertés. La pratique conduit à une liberté assez illusoire pour les candidats, mais surtout à détruire la liberté des entreprises dans leur politique de recrutement.

Ces remarques sont valables pour le choix des locataires, qui est aussi dans la cible du Défenseur, lequel limite les choix des propriétaires-bailleurs.

Les CV blancs

La course aux CV blancs a été ouverte sous Sarkozy par la loi de modernisation sociale qui prévoyait des actions civiles et pénales. Les exigences sont variables. Certains préconisent de ne mentionner ni religion, ni provenance, ni orientation sexuelle. On peut aller bien plus loin: un préfet voulant laver plus que blanc avait banni nom, prénom et lieu de naissance. Pourquoi finalement mentionner les examens, ce qui pourrait démoraliser les concurrents?

Il faut noter que, selon la coutume, certains grands patrons ne rechignent pas devant ces chimères et les directeurs des ressources humaines cèdent à la mode en demandant des CV blancs. Cela ne les empêche pas de recruter comme ils veulent. Sur un plan plus général, il est désolant de constater ici que le grand patronat va souvent dans le sens du vent, au lieu de résister comme il pourrait le faire.

Des conséquences ruineuses

La ruine vient au premier chef par les coûts extravagants de tout ce cirque. S’y ajoute les contentieux innombrables et incertains. Le poids de la paperasse compte aussi. Que de temps passé pour analyser et comprendre! Le code du travail s’alourdit de 500 pages chaque année; combien viennent du Défenseur des droits? Les délocalisations ont de multiples causes: voici l'une d'entre elles.

Cette ruine affecte tout le monde et, particulièrement, ceux que la superstructure prétendait aider. Les autres en souffrent bien moins se débrouillant autrement.

Nos lecteurs habituels sont accoutumés à de telles constatations dans maints autres domaines. L'un des principes de la République Fromagère est celui des calamités: les hommes de l'État créent une calamité soi-disant pour améliorer une situation et le résultat est tout le contraire.

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* Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de quelques livres.