La politique de dissolution des familles | Version imprimée
par Xavier Collet*
Le Québécois Libre, 15 mars 2015, no 330
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La notion de genre telle qu’elle s’est développée ces dernières années suppose que notre sexe n’est pas déterminant pour se sentir homme, femme ou « neutre ». Comme le précise un manuel scolaire Hachette destiné aux séries générales en lycée: « La perception subjective que l’on a de son propre sexe et de son orientation sexuelle est le fruit d’un climat culturel et d’un conditionnement social ».

En partant du principe qu’un conditionnement social détermine la perception de son sexe, il convient donc d’œuvrer à un nouveau conditionnement afin de faire admettre que le modèle familial lui-même n’est pas un modèle naturel et que l’institution composée de papa, maman et les enfants doit disparaître afin de ne pas constituer un contrepoids à l’hégémonie de l’État sur ses populations.

Ce même État n’hésite d’ailleurs pas, d’ores et déjà, à recomposer les ersatz de familles qu’il tolère, à enlever des enfants à certains pour les donner à d’autres. Dans ce contexte, les familles homosexuelles sont devenues un nouvel otage de la politique « familiale ».

Car en effet, soyons lucides, les couples homosexuels peuvent aussi avoir ce désir d’enfant, mais ne pouvant l’assouvir naturellement, ils sont dépendants du bon vouloir de l’État qui leur attribuera la capacité de créer une famille nombreuse à condition qu’ils soient méritants selon les critères de servitude étatique.

Que l’on s’entende bien, les hommes, femmes et neutres de l’État ne sont pas plus pro-gay ou lesbienne qu’ils ne sont pro-hétéro; ils sont surtout anti-famille, l’institution « bourgeoise » par excellence capable de générer des solidarités naturelles et de résister à l’emprise propagandiste qu’ils mènent à travers l’école et les médias.

Le principe de subsidiarité

La famille est l’institution de base, selon le principe de subsidiarité. On ne saurait donc imposer des choix et des aides à la population que si ces choix, ces aides ne peuvent être d’abord proposés dans le cadre familial. La famille est ainsi le lieu où les parents réalisent des choix éducatifs pour leurs enfants, ou les plus pauvres sont secourus par leurs parents, où les patrimoines se transmettent; c’est aussi un lieu où des idées circulent en fonction des expériences vécues, le lieu où se construisent ou se confrontent ces mêmes expériences pour réfléchir, faire grandir, acquérir des responsabilités, les exercer.

Face à cela, Laurence Rossignol, secrétaire d’État chargée de la Famille, dit que les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. On sait très bien ce que cela veut dire pour elle: une remise en cause du principe de subsidiarité avec ses conséquences totalitaires. De telles paroles ne trompent que les naïfs qui n’ont pas compris à quelle sauce leurs enfants seront mangés.

Le principe de subsidiarité n’a pas de sexe ni de préférence de « genre », il n’est pas plus hétérosexuel qu’homosexuel. Ainsi, que la famille soit naturelle, recomposée, hétérosexuelle ou non, elle reste une cellule de base de la société et un contre-pouvoir face à l’État.

Mais l’institution familiale serait réduite à rien si la famille homosexuelle ne pouvait se développer qu’à condition d’obtenir une autorisation des fonctionnaires de l’État social; si les parents naturels ou agréés par l’État vivaient dans la peur de se voir reprocher les idées transmises à leurs enfants lorsqu’elles ne vont pas dans le sens du conditionnement social scolaire et médiatique. Reprocher leurs idées jusqu’à se voir retirer leurs enfants. Ne croyez pas que cela soit impossible, cela se fait actuellement par l’intermédiaire de la prétendue « aide sociale à l’enfance ».

La constitution d’une famille, sa conservation, ne relèveraient alors plus d’un droit réclamé par certains, mais d’un privilège accordé et facilement repris par l’État.

On sait effectivement que ceux qui ne devraient leurs enfants qu’aux autorités étatico-sociales de l’adoption, aux travailleurs sociaux de l’ASE ou à d’éventuelles « procréations médicalement assistées », « gestation pour autrui » par travailleuses sociales habilitées à accoucher, seront pieds et poings liés face à la propagande officielle.

Disons-le tout net: ce pouvoir que s’octroie désormais l’État fait des enfants, de tous nos enfants, naturels ou non, des otages de l’État. C’est l’équivalent de devoir obtenir un permis d’avoir des enfants pour les couples homosexuels, ou un permis de les conserver pour les couples hétérosexuels. Le résultat voulu est la mise au pas des familles et des individus.

Le virus idéologique est injecté dans les écoles

Si l’État invite nos enfants dès leur plus jeune âge à considérer le choix d’une identité homosexuelle, bi, trans, c’est aussi une façon de s’assurer du conformisme idéologique des familles de demain, tout en effaçant les repères identitaires liés à un « conditionnement du milieu familial ». Ceci n’a rien à voir avec l’acceptation de la différence, de la tolérance, du refus de l’homophobie, même si ce matraquage passe mieux ainsi. Preuve en est que les associations LGBT très actives et ayant monopolisé la représentation officielles des homosexuels, bi et trans, sont avant tout animées par des préoccupations collectivistes, antifamiliales, comme les premières furies venues du planning familial.

La mise en avant de ces associations largement subventionnées participe aussi à la volonté de diviser pour mieux régner. Il est bien question de créer une dissension entre famille hétérosexuelle et homosexuelle, de la même façon que le fait de favoriser la garde pour la mère était une façon d’organiser une guerre des sexes sur fond de situations de divorces et de conflits non solidaires avec des juges aux affaires familiales ou à l’enfance. Dans les deux cas il faut que les membres des familles se fassent la guerre pour qu’elles ne s’en prennent pas aux atteintes portées à leurs prérogatives par l’État.

La stratégie de l’État concernant la promotion du « mariage pour tous » et de la « théorie du genre » est d’abord une occasion supplémentaire de faire éclater non pas seulement le modèle familial traditionnel, mais la famille tout simplement.

Elle est aussi une occasion d’ouvrir le champ de l’exploration sexuelle enfantine, comme certains lobbies bien organisés au sein du pouvoir poussent à le faire. Perverse à tous les degrés, la politique « familiale » actuelle ne devrait tromper personne et surtout pas les homosexuels qui pour le coup sont instrumentalisés aux fins d’une politique de dissolution de l’individu et des familles.

Leur intérêt comme le nôtre est de serrer les rangs de l’institution familiale et de rejeter toute volonté de division qui serait fatale à nos libertés les plus fondamentales dans une société qui ressemble de plus en plus à celle décrite dans « le meilleur des mondes ».

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* Xavier Collet est président du Comité élargi de défense de l'individu et des familles (CEDIF).