Montréal, le 21 février 1998
Numéro 0 Édition-pilote
 
(page 3) 
 
 
  page précédente 
            Vos commentaires           
  
  
  
 
 
 
LES PRIX BÉQUILLE
 

LA BÉQUILLE D'OR  
ex-aequo à la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, l'Association des manufacturiers et exportateurs du Québec, et à diverses Chambres de commerce pour avoir harcelé les gouvernements avec des demandes d'aide à la suite de la tempête de verglas. Enfin une bonne excuse pour se faire graisser la patte!  
 

LA BÉQUILLE D'ARGENT  
encore une fois ex-aequo – il va falloir aller dévaliser la chapelle du Frère André! – aux  parlotteux nationalistes pour avoir passé la journée du lundi 9 février à pleurnicher sur le sort de notre pôvre peuple, humilié par un reportage à l'émission américaine 60 Minutes où l'on montrait l'absurdité des lois linguistiques québécoises et la stupidité de notre police de la langue.  
 

LA BÉQUILLE DE BRONZE 
à neuf groupes de jeunes, dont le Conseil permanent de la jeunesse, qui demandent au gouvernement des mesures spéciales pour promouvoir l'emploi dans leur groupe d'âge, notamment par de l'embauche dans la fonction publique où les jeunes sont peu nombreux. Juste quelques jobs de fonctionnaire en échange de notre appui au prochain référendum, M'sieur le ministre, envoye donc! 
 
 

VIVE LE QUÉBÉCOIS LIBRE !
 
     Tous les Québécois qui, pendant et depuis la tempête de verglas, se sont débrouillés sans téter la vache à lait étatique.  
  
 
 
     Les prix Béquille sont décernés chaque semaine aux pleurnichards qui ont le plus fait parler d'eux en quémandant et/ou en obtenant une aide de l'État, une protection ou une reconnaissance spéciale, des subventions, des entraves à la compétition, etc. Ces pauvres éclopés pullulent dans notre société distincte.   

     Envoyez-nous vos suggestions pour ces prix ainsi que pour le Québécois ou la Québécoise libre de la semaine, le ou les individus autonomes et responsables qui, selon vous, se sont distingués par leur indépendance d'esprit et leur sens de l'initiative.   

     Offrez-vous une page de départ digne d'un Québécois ou d'une Québécoise libre.   
 
 

 
LE MARCHÉ LIBRE
 
McDONALD'S ET  
LES SYNDICATS: 
UNE RÉACTION PRÉVISIBLE DES MÉDIAS 
 
          La fermeture pour cause d'activité syndicale d'un restaurant McDonald's à Saint-Hubert a provoqué certaines réactions prévisibles. De la caricature digne des Nouvelles CSN dans le Devoir en passant par la proposition du leader de la FTQ d'utiliser le capital de risque du Fonds de solidarité (capital largement subventionné par l'État aux moyens de généreuses déductions fiscales) pour relancer l'emploi dans cette entreprise de « haute technologie », le verdict de la plupart des faiseurs d'opinion a été sans appel: une multinationale contre une poignée de jeunes, David contre Goliath, le mépris des exploitants contre des employés sans défense. Pour reprendre un éditorial du Devoir, la chaîne McDonald's est devenue la « honte du monde patronal » à cause de sa « grande vulnérabilité devant le changement ». 

Des revendications salariales d'abord 

          Bien que les médias aient peu parlé des motivations de la soixantaine de jeunes employés mis a pied, on peut croire que leurs revendications touchaient les salaires bien plus que la sécurite au travail. Après tout, même si les conditions de travail chez McDonald's sont difficiles, on ne peut pas dire qu'elles portent atteinte à l'intégrite physique des travailleurs. On peut toutefois se demander ce qu'un syndicat (même en employant les tactiques usuelles des Teamsters qui étaient derrière les jeunes employés) aurait pu faire pour hausser les salaires. 

          Ce qui dépasse le plus souvent les syndicalistes militants est qu'il y a de la vie hors des murs de leur entreprise et que bien d'autres facteurs que les rapports de force internes déterminent le prix de la main-d'oeuvre. Les salaires des travailleurs sont en bout de ligne déterminés par leur productivité, ou pour dire les choses autrement, par ce que les consommateurs sont prêts à payer pour leur production et par la compétition que se livrent les employeurs pour embaucher de la main-d'oeuvre. 

          On peut illustrer ces arguments en remarquant que personne ne croit que les « exploiteurs capitalistes » ne paient pas un juste prix pour utiliser de la machinerie. A-t-on toutefois déjà vu un syndicat de presses hydrauliques? Les machines n'ont pas besoin de se syndiquer pour que les entreprises paient le juste prix pour s'en procurer et les « exploiter ».  

          Nos tenants de la syndicalisation postulent néanmoins qu'il n'en va pas de même de la rémunération des ouvriers, d'où la nécessité de leur intervention. Et pourtant, à la fin du XIXe siècle, les salaires moyens des travailleurs étaient beaucoup plus élevés aux États-Unis qu'en Allemagne ou en Angleterre, pays où le mouvement syndical était beaucoup plus important. Pourquoi? Tout simplement parce que les entrepreneurs américains étaient beaucoup plus libres de créer de la richesse que leurs confrères européens et que la compétition qu'ils se livraient pour embaucher de la main-d'oeuvre faisait monter le niveau des salaires. 

McDonald's doit suivre les lois du marché 

          Même la puissante multinationale McDonald's ne peut se dérober aux lois du marché. C'est ainsi qu'au Massachusetts au début des années 1980, le bas taux de chômage de cette région obligea la « honte du monde patronal » à offrir deux fois le salaire minimum légal pour se trouver des employés. Si les salaires dans les McDonald's québécois sont si faibles en comparaison, c'est que l'économie québécoise ne cesse de prendre du retard face au reste de l'économie nord-américaine. La meilleure façon de hausser les salaires des employés de McDonald's est de prendre des mesures drastiques pour rendre notre économie plus productive. Les législations gouvernementales et l'action syndicale ne pourront jamais redistribuer une richesse que l'on ne crée pas. 
  
  

Pierre Desrochers
 
 

 
 
 
ATTENTION!
    Ce numéro-pilote du QUÉBÉCOIS LIBRE se veut un modèle à consulter avant le lancement officiel du magazine.  
     
    Nous vous invitons à nous faire parvenir vos critiques, suggestions et mots d'encouragement 
     
    LE PREMIER NUMÉRO  
    SERA PUBLIÉ  
    LE SAMEDI 7 MARS 1998. 
 
 
sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO
page suivante