Montréal, le 18 juillet 1998
Numéro 16
 
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COUP D'OEIL SUR L'ACTUALITÉ
 
 
   
     Selon le Bureau de la Statistique du Québec, la population des banlieues de la couronne de Montréal a continué à croître rapidement entre 1991 et 1996. Celle des Laurentides a augmenté de 13,3%, celle de Lanaudière de 11,8%, tandis que Laval et la Montérégie comptaient environ 5% plus de citoyens. La population de l'île de Montréal est demeurée stable mais à l'intérieur de celle-ci, le West Island a gagné du terrain alors que les municipalités de l'est se sont relativement dépeuplées. 
 
 
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     La Ville de Oakland en Californie a adopté l'une des réglementations les plus libérales du pays en ce qui a trait à l'utilisation de la marijuana pour des fins médicales. La nouvelle politique permettra aux patients qui obtiennent une prescription médicale de garder en leur possession 675 grammes de la drogue pour leur utilisation personnelle, soit 20 fois plus que la quantité recommandée par le ministre de la Justice de l'État. Les citoyens de la Californie ont approuvé la consommation restreinte de la marijuana lors d'un référendum en 1996. Des référendums similaires sont prévus dans d'autres États cette année. 
 
 
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     Le programme d'allocation à la naissance – ou « bébé-bonus » – mis sur pied en 1988 au Québec afin de hausser le taux de natalité de la province a été un échec, estime Statistique Canada. L'organisme note que le taux de fécondité au Québec est resté stable, voire a légèrement diminué au plus fort du programme. Qui, sauf quelques fonctionnaires et politiciens à Québec, a jamais cru que ce sont des mesures bureaucratiques qui inciteront les gens à avoir plus d'enfants?   
 
 
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     Les Travailleurs unis de l'acier et la Made in the USA Foundation ont déposé une poursuite contre le gouvernement américain visant à déclarer anticonstitutionnel l'Accord de libre-échange nord-américain. Selon les plaignants, l'accord devrait être considéré comme un traité et aurait donc dû recevoir l'assentiment des deux tiers des sénateurs. Leur but ultime est la négociation d'un nouvel accord « qui impliquerait les travailleurs ». En langage plus clair, il s'agit de deux groupes protectionnistes qui n'aiment pas que la compétition étrangère menace les emplois dans de vieilles industries fortement syndicalisées mais qui ne sont plus concurrentielles. 
 
 
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     Une première étude sur les dépenses des lobbyistes à Washington a démontré que ceux-ci ont engouffré 1,7 milliard $ l'année dernière pour tenter de convaincre politiciens et bureaucrates de jeter un oeil favorable sur leurs causes.  Une armée de 14 484 lobbyistes a été employée par les compagnies, syndicats, gouvernements étrangers et autres groupes d'intérêt. Le lobby qui a le plus dépensé est l'American Medical Association, avec 17,1 millions $. 
   
 
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     Une campagne publicitaire contre l'homosexualité lancée par une coalition de groupes chrétiens aux États-Unis divise le Parti républicain. Les annonces décrivent les gais comme des pécheurs qui doivent retrouver le droit chemin avec l'aide de Dieu. Plusieurs républicains de haut rang ont soutenu ces dernières semaines cette position traditionnaliste. Mais pour le candidat Peter G. Torkildsen du Massachusetts, « ce n'est pas la position traditionnelle du Parti républicain d'intervenir dans la vie privée des gens ». 
   
 
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     Le nombre de prestataires de l'aide sociale a glissé en juin pour la première fois depuis 1992 sous la barre des 700 000 au Québec. Parmi les ménages à l'aide sociale, 65% sont constitués d'une personne seule, 20% sont des familles monoparentales (presque toutes des mères) et 15% seulement des couples avec ou sans enfants.  
   
 
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     Le commissaire fédéral à la protection de la vie privée a donné raison à un homme de Vancouver qui avait refusé de remplir un questionnaire d'enquête de Statistique Canada sur les habitudes de consommation de sa famille parce qu'il estimait qu'il portait atteinte à sa vie privée. En vertu de règles qui ont été modifiées depuis, Scott Cornell s'exposait à une peine de prison ou une amende pour son refus de répondre.  
  
 
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     Les gouvernements provincial et fédéral vont dépenser plus de 5 millions $ pour la création d'une « inforoute municipale » au Québec. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un ministre annonce un autre projet lié à l'autoroute électronique. Il y a cinquante ans, les politiciens achetaient des votes en promettant la construction de bouts de routes. Aujourd'hui, ils promettent des bouts d'inforoute. 
  
 
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     Un juge a condamné un  homme de Sherbrooke à une amende de 50 $ pour avoir brûlé un billet de 20 $. La police avait surpris le malfaiteur alors qu'il s'amusait à commettre ce crime horrible dans un parc. 
 
 
NOUVELLES BRÈVES
 
 
 
LES LIBERTARIENS DEMANDENT LA DESTITUTION DE CLINTON
 
 
          Le Parti libertarien est devenu le premier parti aux États-Unis à officiellement demander la mise en accusation et la destitution (impeachment) du président Clinton et du vice-président Gore. Cette prise de position a été approuvée par les délégués au congrès du parti il y a deux semaines à Washington. 
  
          Les libertariens soutiennent que le président a violé le serment dans lequel il affirmait soutenir et défendre la constitution du pays. Leur demande n'a rien à voir avec l'affaire Lewinsky et les autres scandales sexuels qui monopolisent l'attention à Washington. Elle s'appuie plutôt sur une liste de violations constitutionnelles dont le président se serait rendu coupable: 
  • violation du Premier amendement par son appui à la censure sur internet et par sa demande d'interdire la publicité sur le tabac;
  • violation du Second amendement par la restriction du droit de porter des armes;
  • violation du Quatrième amendement par la restriction du droit d'utiliser des techniques d'encryptage pour contrer l'espionnage des communications électroniques par des agences du gouvernement, et par son appui à la création d'une carte d'identité nationale;
  • violation du Cinquième amendement par son appui à une expansion du pouvoir fédéral de saisir la propriété privée sans compensation, et par la signature d'une loi « anti-terroriste » qui limite le droit d'habeas corpus;
  • violation des Neuvième et Dixième amendements – qui réservent aux États et au peuple les pouvoirs non spécifiquement alloués au gouvernement fédéral  – par sa tentative de nationaliser le système de santé ainsi que par de nombreux décrets.
  
  


 
 
 
ÉLECTION POUR UN SÉNATEUR 
EN ALBERTA
 
 
          La veuve de Stan Waters, le seul sénateur élu dans l'histoire de la fédération canadienne, a annoncé qu'elle allait tenter de se faire élire lors d'une élection pour désigner un autre sénateur albertain le 19 octobre prochain. Barbara Waters sera l'une des cinq candidats associés au Parti réformiste.  
  
          Au Canada, les sénateurs sont toujours nommés directement par le premier ministre du pays, et sont généralement des personnalités connues ou des amis du régime. Le PR fait campagne depuis plusieurs années pour réformer la Chambre haute, notamment par l'élection de ses membres. En 1989, l'Alberta avait aussi organisé une élection pour choisir un sénateur. Ces élections sont sans fondement constitutionnel, mais le premier ministre Brian Mulroney s'était senti obligé à l'époque de nommer le vainqueur, le réformiste Stan Waters. Celui-ci est décédé deux ans plus tard. 
  
          Cette fois, le premier ministre du Canada Jean Chrétien n'a pas l'intention de reconnaître le résultat du vote et de donner un siège à celui ou celle que la population aura choisi. Il a qualifié l'élection de tentative improvisée de réformer le Sénat. Aucun autre parti ne prévoit présenter de candidat à ce poste. 
(Presse Canadienne) 

 
 



 
 
 
CHUTE DU HUARD
  
 
          Le dollar canadien continue de chuter et d'atteindre des planchers record presque tous les jours avec la bénédiction officielle du gouvernement fédéral. Alors qu'elle valait un dollar américain il y a trente ans et qu'elle n'était jamais descendu en dessous de 0,70 US$ jusqu'à il y a quelques semaines, notre devise ne vaut plus que 67 sous. La position officielle à Ottawa est que les soubresauts en Asie sont à l'origine de cette chute et que l'économie canadienne se porte très bien.  
  
          La Banque du Canada ne semble aucunement prête à soutenir le dollar ni à augmenter les taux d'intérêt, ce qui réduit d'autant la confiance des investisseurs étrangers dans la monnaie. Quant au premier ministre Jean Chrétien, il s'est contenté de dire qu'un faible dollar va encourager le tourisme dans son comté de Shawinigan et va aider les exportations canadiennes. 
  
          Il s'agit là d'un mythe économique largement répandu: une faible monnaie rend les exportations plus compétitives, ce qui crée plus d'emplois chez les compagnies qui exportent, ce qui est bon pour l'économie en général. Mais il faut voir l'autre côté de la médaille. Une monnaie dépréciée augmente aussi le prix des importations, ce qui rend tout le monde plus pauvre. De plus, les compagnies manufacturières importent une grande quantité d'équipement de l'étranger. Si cet équipement coûte plus cher, elle seront moins compétitives, moins profitables, et engageront moins de personnel. Les politiciens ne donnent jamais cette version de la réalité. 
  
          Si le dollar canadien n'a pas cessé de chuter depuis trente ans, c'est que la compétitivité de l'économie canadienne n'a pas cessé elle non plus de se détériorer par rapport à celle des États-Unis. Nos taxes et notre taux de chômage sont systématiquement plus élevés, notre réglementation plus lourde, l'intervention de l'État dans l'économie plus envahissante. Le dollar va continuer son plongeon – et notre niveau de vie relatif va faire de même – aussi longtemps que les politiques actuelles auront cours. 
  
 


 
 
 
 HAUSSE DU SALAIRE MINIMUM, 
BAISSE DE L'EMPLOI
 
 
          Le salaire minimum augmentera à l'automne au Québec comme nous l'écrivions dans la dernière édition du QL, et cela même si toutes les études montrent que ça ne peut avoir qu'un impact négatif sur l'emploi. En effet, comme c'est le cas pour beaucoup de mesures économiques populaires, les bénéfices apparents et immédiats cachent des coûts plus difficiles à évaluer. 
  
          En Californie, où le salaire minimum vient aussi de passer de 5,15 $ à 5,75 $, on estime que 25 000 emplois seront perdus en conséquence. Des employeurs qui pouvaient se permettre d'engager des employés au salaire plus bas décideront de s'arranger avec une main-d'oeuvre réduite à cause des coûts supplémentaires. La main-d'oeuvre est une donnée économique comme les autres: si on en augmente le prix, on en réduit nécessairement la demande.  
  
          Selon l'Employment Policies Institute de Washington, ce sont surtout des jeunes travailleurs inexpérimentés et des immigrants hispaniques peu qualifiés qui seront les victimes de cette baisse de l'emploi. Loin d'aider les jeunes et les plus pauvres, une hausse du salaire minimum fait plutôt en sorte de détruire des emplois peut-être peu rémunérateurs, mais qui leur permettront de commencer au bas de l'échelle et d'acquérir de l'expérience. L'étude indique par ailleurs que cette hausse occasionnera des coûts additionnels de 790 millions $ pour les compagnies. 

  
  



 
 
 
L'IRS SUR LA SELLETTE
 
 
          L'IRS (Internal Revenue Service, le ministère américain du Revenu), a admis avoir procédé de façon inappropriée à des saisies de la propriété de payeurs de taxes dans un cas sur quatre parmi ceux qui ont fait l'objet d'une vérification. Ces vérifications ont eu lieu à la suite de révélations embarrassantes sur les pratiques de l'agence gouvernementale lors d'audiences du Sénat. Parmi les exemples de violation des droits des citoyens, on note des cas où les agents n'ont pas tenu compte des délais requis, n'ont pas tenté de contacter les personnes en cause avant d'agir, et ont omis de prendre en compte les alternatives possibles. Dans un cas en particulier, un homme mourant, sa femme et ses deux enfants ont été expulsés de leur demeure. 

          Par ailleurs, un projet de loi adopté par de fortes majorités au Sénat et à la Chambre des représentants fera en sorte de réduire sensiblement les pouvoirs de l'organisme et d'accroître les recours des contribuables. On s'attend à ce que le président Clinton y appose sa signature.  
  
          Ces modifications ne satisfont toutefois pas les opposants plus radicaux à l'IRS – dont les libertariens – qui prétendent que les abus sont une conséquence inévitable du système actuel de perception des impôts. En Arizona, un groupe a obtenu suffisamment de signatures pour demander la tenue d'un référendum dans l'État sur l'abolition de l'IRS et de l'impôt sur le revenu, et son remplacement par une taxe de vente nationale. Celle-ci ferait en sorte d'éliminer complètement les déclarations de revenu et les multiples échappatoires fiscales. 
(Associated Press) 

  
 


  
  
 
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