Montréal, le 31 juillet 1999
Numéro 42
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
GRÈVE DES INFIRMIÈRES:
LE POINT DE VUE DE L'INTÉRIEUR
   
  
          C'est avec joie que j'ai constaté le bon sens général de mes collègues qui ne se sont pas laissées leurrer par ces Messieurs les politiciens. 
  
          Je travaille dans le Nord comme infirmière et je sais que l'on ne peux leur faire confiance. Nous avons, ce printemps, négocié pour faire reconnaître la spécificité du travail en région éloignée: nous devons parfois appliquer des actes qui nous sont délégués par les médecins, nous recevons les urgences, faisons office d'ambulancier, etc. 
  
          Le gouvernement nous avait promis, en attendant un protocole d'entente, une prime de 2000 $. Après l'entente qui prenait effet au 1er avril, la prime a disparu... 
  
          Quels beaux magiciens nous avons là. 
   
          Comme nous avons menacé de reprendre nos moyens de pression, elle est réapparue après avoir subi une cure d'amaigrissement sévère. Du moins en théorie car ni la prime ni les augmentations prévues dans l'accord ne nous ont été versées. Alors de là à croire ces Messieurs sur de simples déclarations d'intention alors qu'il ne respectent pas ce qu'ils ont signé... il y a plus qu'un pas, il y a un gouffre. 
  
          Cet avis ne concerne que moi et n'engage aucun syndicat (je suis assez grande pour penser par moi-même). 
  
  
Monique Regnault
  
  
P.S.: Messieurs les politiciens, je n'attendrai pas votre bon vouloir, J'ABANDONNE, après mes congés je change de job. Vous les collègues, n'attendez pas, faites de même. 
  
 
 
 

 
 
 
 
LE SEXE MADE IN CANADA
 
When authorities warn you of the sinfulness of sex, 
there is an important lesson to be learned: 
Do not have sex with the authorities. 

“Basic Sex Facts For Today's Youngfolk” 
  Matt Groening 
  
  
          Voilà que l'ONU place le Canada au premier rang des pays où il fait bon vivre, et ce pour une sixième année consécutive. Mais outre la réputation du Canada en tant que leader du développement humain, la démocratie et les droits et libertés ne fleurissent pas pour tous ses citoyens. Et cette brèche dans l'idéal canadien est fort décevante et en laisse plusieurs perplexes. 
  
          Quelques jours ont passé entre la publication du classement onusien et le dépôt du jugement de la cour municipale de Montréal concernant le club dit « échangiste » L'orage. La juge présidant l'audience en est allée dans sa condamnation de propos fort surprenants. En trouvant le propriétaire du dit club coupable d'avoir tenu une maison de débauche, Mme la juge déclara que la société canadienne ne tolérait pas de telles pratiques (dites indécentes), que ces mêmes pratiques allaient jusqu'à rendre la sexualité un geste anti-social. Les esprits taquins pourraient rétorquer qu'une orgie ne peut qu'être une activité sociale!  
  
          Mais trêve de sarcasme, de tels propos tenus par un membre de la magistrature soi-disant gardienne des valeurs de la société pose un grave problème. Nonobstant tous les détails juridiques concernant la nature du lieu, qu'il ait été public ou privé, le débat qui ressort d'un tel jugement ne peut être que dommageable à l'intégrité de la Charte des droits et libertés et à la réputation démocratique et tolérante du Canada, à moins qu'une décision ultérieure d'un tribunal plus élevé vienne à rendre caduc le jugement en question. 
  
Pas d'affaire dans nos chambres à coucher 
  
          Avant même la Charte, lorsque Pierre Trudeau introduisit son bill omnibus (1969) décriminalisant l'homosexualité, il tint des propos selon lesquels l'État n'avait pas d'affaire dans la chambre à coucher des gens. S'il en est ainsi pour l'orientation sexuelle, il devrait en être de même pour le nombre de gens qui peuvent se trouver dans une même chambre, pourvu qu'ils soient majeurs et consentants. Si la Cour suprême ne va pas jusqu'à tenir une telle position, elle se trouvera à exposer en quelque sorte une grave défaillance de la Charte. En effet, l'individu pourrait en subir un important préjudice. La Charte, elle, ferait la preuve de son inefficacité.                              
  
          En se faisant garants de la morale et des valeurs de la société, les tribunaux, interprétant une Charte que l'on dit au coeur du nationalisme canadien, errent, tout comme les politiciens s'ils ne légiféraient pas pour rectifier le tir, en abondant dans une direction qui semble à tout le moins contrevenir à l'idée même de protection des droits et libertés individuels. Comment la magistrature peut-elle, au nom d'une société qu'elle prétend représenter, statuer sur telles et telles pratiques sexuelles qui à notre ère sont jugées bénéfiques pour l'affirmation et le développement de l'individu, étant de plus des pulsions internes propres à chacun? 
  
          Il est surprenant et paradoxal de voir qu'au Canada, leader mondial quant au développement humain et réputé pour son respect de la démocratie et des droits et libertés de ses citoyens, les tribunaux jugent bon de s'immiscer dans la vie privée et intime des individus, au risque de produire d'autres malaises civilisationnels, ou pis encore, de faire dans la sexualité dirigée. BIG BROTHER vous regarde... 
  

Alexandre Goulet-Trottier
Gatineau
 
 
 
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