Montréal, 18 mars 2000  /  No 58
 
 
<< page précédente 
 
 
 
 
ÉCRIVEZ-NOUS
  
     Vous n'êtes pas d'accord avec le contenu d'un article? Vous avez une opinion à partager?
 
     LE QUÉBÉCOIS LIBRE publiera toutes les lettres pertinentes. N'oubliez pas d'écrire vos nom et lieu de résidence. We also accept letters in English.
 
COURRIER DES LECTEURS
  
DÉMOCRATIE DILUÉE
  
  
          La démocratie se dilue depuis des années. Chaque gouvernement élu depuis un quart de siècle a laissé un souvenir de son passage au pouvoir en inventant des structures administratives qui, en bout de ligne, ne servent pas à grand-chose. 
  
          Les Communautés urbaines et les MRC en sont des exemples significatifs. Je vis dans un village qui fait partie d'une MRC. Dans ces réunions de MRC on prend des décisions capitales pour les citoyens de mon coin, mais ces décisions sont prises par des gens que je n'ai pas élus. Des gens qui ne connaissent pas mon village. Pourtant, j'ai participé à une élection provinciale et un député représentant mon comté fut élu. À quoi sert mon député? 
  
          À pas grand-chose pour tout vous dire. Il n'a plus son mot à dire pour mon village car la MRC a pris sa place. S'il a à se lever à l'Assemblée nationale, il doit suivre la ligne de parti, donc ne pas dire ce qu'il pense franchement. S'il n'est pas ministre du cabinet restreint, jamais, au cours de son mandat, il aura à décider de quoi que ce soit pour son comté. 
  
          La ministre des Affaires municipales, Madame Harel, avec toute les bonnes intentions qu'elle peut avoir avec la création de ses communautés métropolitaines, ne met pas encore fin à cette dilution des pouvoirs de nos députés qui sont les seuls élus par l'ensemble de notre population.  
  
 Pierre Longval
 

 
  
DÉMOCRATIE ÉRODÉE
  
« Et cela donne un pouvoir indu à des manifestants barbares et à des 
groupes de pression qui ne représentent aucunement les intérêts de la 
population. » (Martin Masse dans À BAS L'OMC, VIVE LE LIBRE ÉCHANGE!) 
  
          Évidemment ceux qui représentent la population doivent certainement penser comme vous. Fidel Castro pense d'ailleurs ainsi; il représente les intérêts de la population et les autres sont les barbares. Bel esprit démocratique! 
  
          Nous assistons d'ailleurs depuis une vingtaine d'années à l'érosion des démocraties. La taille des méga-entreprises, issues du commerce mondial, font qu'elles sont souvent au-dessus des États et du pouvoir démocratique, et c'est ce qui effraie les gens.  
  
          Pendant ces vingt ans, les penseurs représentant le capital (émanant de l'école de Chicago) ont fait une charge en règle contre l'État et nous ont vanté les vertus de la liberté individuelle. Paradoxalement, notre liberté de changer ou d'influencer les choses n'a jamais été aussi faible. Nous nous métamorphosons peu à peu de citoyens en consommateurs. La raison de notre existence est de consommer des biens. Nos parents consommaient en moyenne, au cours de leurs vies, 10 000 produits différenciés alors que nous en sommes maintenant rendus à 1 000 000. Est-ce à dire que nous avons cent fois plus de besoins réels?  
  
          Mais le vent change. Il y a de nouvelles écoles de pensées en Europe et dans certaines universités américaines, on reparle du rôle de l'État dans nos sociétés; il ne s'agit plus de maximiser le profit ou de satisfaire le consommateur, mais plutôt d'équilibrer trois objectifs:  
- la satisfaction des besoins et désirs du consommateur; 
- le profit de l'entreprise; 
- le respect de l'intérêt de la société.
          Savez-vous pourquoi les gens manifestent en Europe, au Minnessota et à Vancouver? Parce que depuis vingt ans le respect des intérêts de nos sociétés disparaît de façon constante et graduelle.  
  
Normand Cloutier
  
Réponse de Martin Masse:  
   
Monsieur Cloutier,  
  
          Qui donc vous tord le bras pour consommer? 
  
M. M. 
  
 


 
 
LE PARTAGE DU TRAVAIL, BÉNÉFIQUE?
  
          Je lis chacun des numéros que vous m'envoyez. Je fais présentement une recherche sur la loi sur le partage du travail, je veux savoir si elle serait bénéfique pour le Québec. 
  
          J'aimerais bien que vous fassiez un article sur le sujet lors d'un prochain numéro... 
  
          Merci. 
  
Patrick Bégin
  
Réponse d'Olivier Golinvaux:  
 
          Voir ma chronique RÉDUCTION ET PARTAGE DU TEMPS DE TRAVAIL: UNE COMÉDIE RIDICULE dans ce numéro. 
  
O. G. 
  
  


 
 
L'ERREUR ÉCONOMIQUE LIBERTARIENNE
  
          À la base de la l'idéologie libertarienne, il y a un le sacro-saint principe d'utilité économique: tout choix humain peut s'interpréter comme résultant d'une évaluation des coûts et des avantages afférents, donc comme la recherche du moindre coût à avantage donné, ou de l'avantage maximal à coût donné. Ce n'est pas pour rien que les libertariens s'intéressent davantage à la micro-économie qu'à la macro-économie. 
  
          L'erreur est d'ériger la micro-économie en une théorie universelle de l'action, valable dans tous les domaines d'activité au-delà de la seule économie. Il est aisé, alors, en partant de cette théorie du comportement individuel rationnel, d'arriver à des lieux communs libertariens tels que: « Les maux de la société moderne que l'on attribue aux excès du capitalisme et que l'on demande à l'État de prévenir ou de réparer, c'est précisément aux interventions de l'État que nous les devons. » « Nos sociétés se meurent non pas d'un trop de capitalisme, mais d'une insuffisance de capitalisme. » « Il n'y a pas d'autre régulation sociale légitime que celle qui s'instaure spontanément, automatiquement, lorsqu'on laisse les individus échanger librement. » « Pour sauver les libertés individuelles menacées par la croissance de l'État bureaucratique et le cancer de la société administrée, il est urgent de défendre l'économie capitaliste. » « Les impôts sont une forme d'extorsion », etc. , etc.  
  
          Si les libertariens font réussite publicitaire, c'est en partie à cause de l'effet de provocation que leurs propos suscitent. Il faut croire que les libertariens se sont lancés sur le marché des idées... 
  
Gabriel Koenigs
 
 


    
 
MAUDITS MENTEURS!
  
          Depuis quelques mois, nous subissons une hausse éhontée du prix des carburants et de nombreux citoyens réclament une action pour contrer cette folie des prix. Et nos politiciens, en choeur, (oubliez les chicanes fédéral/provincial ici...) nous disent qu'ils ne peuvent rien faire contre une telle hausse, qu'ils n'ont aucune influence sur le prix du baril de pétrole brut... 
  
          De la bouillie pour les chats!!!!!! 
  
          Messieurs-dames les politiciens, au cas où vous ne le saviez pas, VOS TAXES COMPTENT POUR PLUS DE 50% DU PRIX DE L'ESSENCE ET DU DIESEL À LA POMPE! Cessez de nous mentir en pleine face! Vous pouvez faire baisser le prix des carburants EN BAISSANT VOS MAUDITES TAXES, POINT!!! Pas plus compliqué que ça! 
  
          Nous n'avons pas tous une poignée dans le dos... 
  
Normand Martel
St-Hubert
 



 
 
LIBRE CONCURRENCE = MONOPOLE
  
          Un étudiant de première année en économie sait que la libre concurrence engendrera la concentration de la production, laquelle, à son tour, arrivée à un certain degré de son développement, conduira au monopole. Comment éviter alors, dans une économie totalement libre, la concentration de la production et donc des monopoles, sans faire appel à des moyens étatiques? 
  
          Cela semble bien impossible. 
  
Armand Germain-Stuart
  
Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Germain-Stuart,  
  
          La croyance qui veut que la concurrence mène à la concentration n'est qu'un mythe communiste sans aucun fondement, répété par des générations d'incultes au point où plusieurs croient aujourd'hui qu'il s'agit d'une loi économique. 
  
          La réalité est plutôt que la libre concurrence mène à tout sauf au monopole. Il n'y a aucun exemple historique de monopole qui s'est maintenu sur une longue période sans protection de l'État. La logique permet facilement de voir pourquoi. Un producteur devenu monopolistique aurait tout avantage à augmenter ses prix et à relâcher ses critères de qualité pour profiter de sa clientèle captive. Plus il augmente ses prix et laisse aller la qualité, plus il risque toutefois de susciter l'émergence d'entrepreneurs concurrents qui verront qu'il y a dans ce domaine une demande à combler et un profit important à faire. Seule une protection de l'État – c'est-à-dire un obstacle légal à l'entrée sur le marché de nouveaux joueurs – permet alors au monopole de se maintenir. C'est le cas pour les véritables monopoles que sont par exemple Hydro-Québec, la Société des alcools et tous les services de santé, d'éducation, etc., où les politiciens et bureaucrates se réservent toute la place et interdisent la compétition. 
  
          Par ailleurs, même une grosse compagnie qui a connu un tel succès avec ses produits qu'elle jouit d'une présence quasi-monopolistique dans une industrie ne peut s'assurer que cette situation durera indéfiniment. Le cas de Microsoft est révélateur à cet égard. Les changements technologiques (par exemple, l'émergence du système Linux) font en sorte que des concurrents peuvent émerger à tout moment et menacer la prédominance des produits de Microsoft. 
  
          Microsoft ne pourrait maintenir pour toujours sa position dominante que s'il n'y avait aucun changement dans le marché, aucune nouvelle technologie qui viendrait tout bouleverser, aucun erreur dans sa propre stratégie de développement. Cela est tout simplement impossible à long terme dans un marché libre. 
  
          Les seuls véritables monopoles permanents sont ceux créés et protégés par l'État. Dans un marché totalement libre, il n'y aurait pas de monopole. Quant à l'intervention de l'État avec ses lois « antitrust », elle est au mieux inutile, au pire néfaste pour l'économie et les consommateurs. 
  
          Bien à vous,  
  
M. M.
 
 
<< retour au sommaire
 PRÉSENT NUMÉRO