Montréal, 9 décembre 2000  /  No 73
 
 
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BABILLARD
  
LES FUSIONS MUNICIPALES:
RÉACTIONS ET RESSOURCES

          Le gouvernement provincial va sans doute faire adopter le projet de loi 170 sur les fusions municipales avant la fin de la présente session parlementaire à Québec. La bataille des villes appelées à disparaître et des citoyens qui rejettent ces fusions forcées se poursuit tout de même. Si le Parti libéral du Québec, qui fait pour une rare fois honneur à son nom, maintient sa promesse de permettre des « défusions » s'il est élu, le dossier pourrait devenir l'un des principaux enjeux de la prochaine campagne électorale. 
  
          Ce débat oppose de façon on ne peut plus claire les tenants d'un État tyrannique, centralisé, redistributionniste, et ceux qui souhaitent simplement avoir le droit de choisir le meilleur endroit où vivre et de gérer localement leurs affaires. C'est une lutte qui rejoint les principes fondamentaux du libertarianisme et c'est pourquoi nous y consacrons cette page. 

 
 
 
LES PRINCIPAUX GROUPES QUI S'OPPOSENT
AUX FUSIONS FORCÉES: 
   
  
  
 
 
 
COURRIER DES LECTEURS
  
ÉLEVONS NOS VOIX CONTRE LES FUSIONS
  
 
          Nous vivons présentement un bafouement collectif de nos droits démocratiques. Le projet de la ministre Harel met en évidence le fait que le gouvernement se contrefout de nos opinions, nos désirs et nos droits. J'invite tous ceux et celles qui s'opposent aux fusions forcées à se prononcer grâce à une pétition présentement sur le Web. L'adresse du site est www.petitiononline.com/fusions/petition.html. Élevons nos voix et restons fort. N'ayons pas peur de nous mobiliser malgré la campagne de démobilisation faite par le gouvernement et certains médias. La force du nombre est un principe de base. 
 
France Thomassin
Sainte-Foy, Québec
 
 
 
 
CHOISIR UNE VILLE SELON SES BESOINS
 
 
Monsieur Desrochers, 
  
          Je vous félicite pour votre article (voir CONTRE LES FUSIONS MUNICIPALES, le QL, no 63) qui éclaire et contribue à de nouvelles façons de voir le rôle des villes. Il est tellement rafraîchissant de lire un article qui ne sombre pas dans la « pensée unique ». 
  
          J'aime beaucoup votre approche économique à la chose. Vous insistez avec raison sur le rôle essentiel de la concurrence entre les villes qui force à l'amélioration constante des divers services dispensés. Le citoyen (qui devient un consommateur) est gagnant car il peut choisir la ville qui correspond le mieux à ses besoins. Finalement le citoyen dans ce cadre choisit la ville en fonction de ses besoins en quantité et qualité de services municipaux ( ramassage des déchets, déneigement c'est-à-dire rapidité, bibliothèques municipales, sécurité, etc.). Ceci force donc les élus à tenir compte de la volonté des citoyens. Vous avancez l'hypothèse de Tiebout lorsque vous mentionnez « votez avec les pieds ». Une « mégaville » nuit aux citoyens en le privant de tout choix. Absente la pression concurentielle les élus feront à leur petite tête. Toute personne ayant suivi un cours d'Économie 101 ( ou tout simplement ayant une capacité de réfléchir seule) sait que tout monopole est mauvais car ça mène à la médiocrité et à la régression. 
  
          Pourquoi est-ce que la concurrence est souhaitée dans la production des biens de consommation et pas en ce qui concerne les biens de club? Un bien de club peut être considéré comme un bien utilisé par de nombreux utilisateurs tel un club de golf. On choisit de s'abonner à un club de golf. Un club dans ce sens est finalement un bien privé.On peut appliquer le même principe à une ville. Actuellement il existe plusieurs villes dans la région de Montréal donc je peux choisir la ville (ici un bien de club) qui correspond le mieux à mes besoins en services municipaux. Je paie mon adhésion à ce club ( la ville dans le sens de lieu de résidence et pas forcément de lieu de travail) par le biais de mes impôts « municipaux ». 
  
          Avec la mégafusion, bonjour le gaspillage des deniers publics. Les économies d'échelle, je n'y crois pas. Donc inutile de préciser pour les quelques arguments cités ci-dessus, il est clair que je pense que la mégafusion est une hérésie économique qui ne mènera à aucune économie mais au contraire à davantages de gaspillages répandus à une plus grande échelle et par-dessus tout à une déterioration des services dispensés dans le pire des cas. 
  
Gilles Payet
    
  
  
 
LES FUSIONS MUNICIPALES: 
UNE ERREUR
  
  
Re: CONTRE LES FUSIONS MUNICIPALES, le QL, no 63. 
  
Messieurs Desrochers et Masse,  

          La fusion des municipalités est, à mon avis, au mieux une erreur et au pire une manoeuvre malhonnête. Et les politiciens ne sont habituellement pas idiots... 
  
          Le vieux proverbe « le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absoluement » reste toujours vrai.  
  
          Le pouvoir qu'a le citoyen sur ses administrateurs mandatés, i.e. ce que les élus prétendent être la veille des élections, est inversement proportionel à la dimension de l'électorat. Ce principe politique bien connu est celui sur lequel se sont basé tous les grands réformateurs poliques, qu'ils aient été pro- ou anti-liberté. 
  
          Dans une mégapole, sitôt l'élection passée, un citoyen exprimant de la dissension se fera répondre l'équivalent de « prends ton trou, Joe Bleau, il y a plein de gens qui pensent le contraire de toi. »  Notez ici que cela force une égalité entre citoyens, nonobstant leur productivité. 
  
          Une mégapole permet à l'administration de prendre des décisions unilatérales tout en fournissant une pseudo sanction morale aux administrateurs. Ça leur permet d'utiliser impunément leurs flingues (parce que, dû à la nature intrinsèquement coercitive de tout gouvernement, sous toute pile de paperasse administrative gouvernementale repose toujours un flingue) pour mettre en place leurs petites préférences, croyances ou expériences d'ingénierie sociale. 
  
          Un exemple? À Pierrefonds, les élus ont décidés de ne plus ramasser les ordures de type « construction » avec les ordures ménagères. Si vous mettez un bout de 2x4 aux vidanges, ils ne le prendront pas. Mais qui paye pour obtenir un service? Qui a eu l'idée de génie d'implanter cette politique? Qui a eu l'idée de génie d'interdire le stationnement de nuit (et de collecter les frais des amendes, i.e. un « racket de protection ») dans nos rues résidentielles?  
  
          C'est un outil fantastique pour les tenants du collectivisme et des factions vouées à l'écrasement de l'individualité et de l'autonomie des individus citoyens. 
  
          Et bien sûr, on ne rechigne pas sur le pratico-pratique de la chose: ça donne un air de sainteté au siphonnage des porte-feuilles des citoyens plus productifs...  
  
          La démocratie, c'est trois loups et un mouton qui votent sur le menu du dîner... Et s'il n'y a pas assez de loups pour garantir le menu, on annexe la forêt voisine!  
 

Jean-François Avon
Pierrefonds, QC
  
(Lettre en reprise, le QL, no 64) 
  
  
 
ARTICLES SUR LES FUSIONS FORCÉES DANS CE NUMÉRO
ET DES ÉDITIONS PRÉCÉDENTES DU QL
  
 
MONTRÉAL: UNE ÎLE, UNE MÉGABUREAUCRATIE? 
En créant une mégaville, on ne réduit pas le poids de la bureaucratie – on l'augmente! Si l'on met en oeuvre le projet « une île, une ville », on tuera ce qui reste de concurrence entre les municipalités de la région et on fera de Montréal une gigantesque siphonneuse de fonds pour alimenter son appétit bureaucratique. 
ÉDITORIAL – no 34  par Martin Masse 
  
ALL-YOU-CAN-EAT MUNICIPAL 
Ce qui me tracasse malgré tout dans les histoires de fusions paroissiales, c'est le fait qu'on semble vouloir, en haut lieu, les imposer aux âmes locales. Les forcer sans gêne dans la gorge de ceux qui auront à vivre avec les conséquences. 
BILLET – no 50  par Brigitte Pellerin 

CONTRE LES FUSIONS MUNICIPALES 
Le maire de Montréal et la ministre des Affaires municipales de la province rêvent de fusionner les municipalités de l'île et de créer une superstructure régionale englobant les banlieues. L'annexion forcée de celles-ci ne fera que répandre le cancer, alors que l'on devrait plutôt l'opérer à la source! 
LE MARCHÉ LIBRE – no 63  par Pierre Desrochers 
  
VIVE SAINT-LAURENT LIBRE! 
L'hypocrisie des péquistes ne connaît aucune limite. Si mes voisins et moi décidons que nous aimerions mieux avoir plus de politiciens et moins de civic boosterism, quel droit le gouvernement du Québec a-t-il de renverser notre décision? La réponse est claire: il n'en a aucun, il le prend. 
THE CONTRARIAN – no 72  par David MacRae   
 
LA RÉVOLTE DES BANLIEUES 
Notre « liberté municipale » vient de foutre le camp avec le dépôt par la ministre Louise Harel d'un projet de loi visant la disparition de dizaines de municipalités de banlieue et la consolidation des régions métropolitaines en mégavilles. Dorénavant, le pouvoir sera encore plus concentré dans les main d'un tyran à Québec. 
MOT POUR MOT– no 72 
   
LA RÉFORME MUNICIPALE: UN REFUS DE LA CONCURRENCE 
La réforme municipale cherche à réduire le nombre de villes. Elle laisse présumer que leur nombre serait source d'inefficacités, de coûts élevés d'administration et d'iniquité fiscale. Mais la multiplicité des villes n'a pas seulement des coûts, elle a également des bénéfices pour les citoyens. 
OPINION – no 73  par Michel Boucher 
 
LES FUSIONS FORCÉES ET LA TYRANNIE DÉMOCRATIQUE 
Pour plusieurs, la décision d'imposer des fusions de municipalités à l'encontre de la volonté des résidents est un geste « antidémocratique ». Peut-on vraiment conclure cela? Ou le problème n'est-il pas la démocratie elle-même? 
ÉDITORIAL – no 73  par Martin Masse 
 
LA FUSION N'EST PAS LA SOLUTION, C'EST LE PROBLÈME 
L'instinct centralisateur inhérent aux processus politiques n'affecte pas que les politiciens fédéraux; on l'observe tout aussi clairement dans les pratiques du gouvernement provincial vis-à-vis les administrations locales et urbaines. 
OPINION – no 73  par Jean-Luc Migué 
 

 
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