Montréal, 17 mars 2001  /  No 79
 
 
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COURRIER DES LECTEURS
  
SUICIDE ET SANTÉ MENTALE
 
 
Re: LE SUICIDE AU QUÉBEC: UNE HISTOIRE DE GARS, le QL, no 78 
  
          Enfin quelqu'un qui analyse de façon correcte le problème dans le domaine de la santé mentale au Québec. Le problème c'est l'argent du gouvernement. Le gouvernement poursuit toutes sortes de buts avec son argent, créer des emplois pour des jeunes, épargne en coupant dans les services à la santé, etc. En fait, le gouvernement est un vrai chien fou dans cette histoire, il court après sa queue. Quand les patients, eux, ont besoin de stabilité. 
  
          On met sur pieds des maisons administrées par les malades eux-mêmes et on embauche de jeunes personnes qui ne sont pas formées – pour que ça coûte moins cher – pour travailler dans ces maisons. Résultat: un désastre. Les gens se suicident et dans certains cas on peut quasiment identifier l'intervention du jeune qui défendait sa paye et qui a poussé le patient au suicide. Toujours pour épargner, on déplace des malades, on les fait sortir de l'hôpital et on les pousse dans la société: redésastre. 
  
          Dans Chaudière-Appalaches, c'est là où ils mettent le plus d'argent, dans la santé mentale, et c'est aussi là où le taux de suicide est le plus élevé. Je suis sûr que s'ils coupaient les subventions et le salaire du responsable du secteur à la régie régionale, ça irait beaucoup mieux et le nombre de suicides baisserait! 
  
Denis Mercier
St-Nicolas
  
  
 
 
 
VENDEURS DE PILULES AU PILORI
 
 
          Sommes-nous revenus aux pires moments des camps de la mort de l'Allemagne nazie? en 2001? En effet, les géants de l'industrie pharmaceutique viennent d'entreprendre des poursuites judiciaires contre les gouvernements du Brésil, de la Thaïlande et de l'Afrique du Sud afin de leur interdire de fabriquer et de distribuer, à bas prix, voire gratuitement, des médicaments génériques pour combattre les épidémies de maladies mortelles telles que le SIDA qui sévissent dans ces pays. 
  
          Pour l'industrie pharmaceutique, la situation est simple: soit que ces pays achètent au prix du marché (environ 15 000 $ par individu) des médicaments originaux, soit que la population crève, point. Quand on sait que le coût de fabrication par an par individu n'est que de 500 $ pour ces médicaments, il est facile de comprendre pourquoi les gens de ces pays se tournent vers ces versions – à 3000% moins chères – qui, pour le même prix, permettraient de soigner TRENTE FOIS plus de gens qu'avec les versions « originales ». 
  
          Si ceci n'est pas un cas flagrant de crime contre l'humanité, c'est quoi alors? ...Vous me direz que ces bonnes entreprises dépensent beaucoup en recherche. Sauf que 1) celles-ci récupèrent GRANDEMENT ces investissements ici en Occident – les prix des médicaments on plus que décuplé depuis 1975!!! D'ailleurs la Merck-Frosst, à elle seule, a déclaré des bénéfices de 45% l'année passée – et 2) ces mêmes entreprises dépensent, en publicité et lobbying, le DOUBLE de ce qu'elles investissent en recherche et développement. 
  
          Enfin, la flambée des prix des médicaments de ces dernières années a eu pour conséquence que juste aux États-Unis, plus de 6 000 000 de personnes âgées ne peuvent tout simplement plus se payer de médicaments. Et vous allez me parler de la bonne conscience des grandes entreprises après cela? 
  
          Je comprends votre acharnement à combattre et dénoncer de corporatisme des gouvernements, Mais ce n'est pas une raison pour flatter celui des grandes entreprises privées... La seule liberté que vous devez défendre est celle des individus. 
  
 Normand Martel
Saint-Hubert
  
PS: S'il y a quelque chose que je peux dénoncer contre nos gouvernements, c'est d'avoir donné une protection de 10 ans pour les brevets pharmaceutiques. Car c'est depuis ce moment précis que les prix des médicaments ont commencé à gonfler. Vive les règles du marché!!!
 
  
Réponse de Martin Masse:    
  
Monsieur Martel, 
  
          Là-dessus, nous sommes en partie sur la même longueur d'onde! 
  
          Je ne partage pas votre indignation devant le fait que Merck-Frosst fasse des profits élevés – tant mieux, ça signifie que ses produits sont fortement en demande et qu'elle rend donc de grands services. Par ailleurs, il n'y a absolument rien en commun entre des poursuites judiciaires pour défendre ce qu'on considère être ses droits et sa propriété, et les camps de la mort de l'Allemagne nazie où l'on exterminait froidement. Les problèmes des pays pauvres ne sont pas causés par les multinationales pharmaceutiques – ils le sont d'abord par leurs propres gouvernements, qui entretiennent cette pauvreté par des politiques socialistes idiotes. 
  
          Cela dit, vous touchez le coeur de la question: les procédés de fabrication de médicaments sont-ils une « propriété intellectuelle » des compagnies pharmaceutiques, et celles-ci peuvent-elles ainsi empêcher l'utilisation (le « vol ») de leur propriété par la fabrication de médicaments similaires? Je pense aussi que non. 
  
          Comme vous dites, cette protection est accordée par l'État, pour une période arbitrairement définie, ce qui rend déjà le phénomène suspect. Le concept même de propriété intellectuelle est absurde à certains égards: il signifie que vous avez un droit sur des pensées dans les cerveaux d'autrui, sur des arrangements de mots, de chiffres ou de notes de musique. Cela n'a rien à voir avec la propriété telle que définie habituellement, c'est-à-dire un objet physique qui ne peut appartenir à plus d'une personne à la fois. 
  
          Il faut souligner que les libertariens sont divisés sur cette question. Certains défendent le concept, d'autres, surtout ceux de l'École autrichienne, non. Vous pouvez consulter là-dessus l'article de mon collègue Pierre Desrochers, LES BREVETS: UNE MESURE INUTILE, le QL, no 34. 
  
          Il faut également souligner le fait que même si les gouvernements cessaient de reconnaître la propriété intellectuelle, cela ne signifie pas que tout ce qui est protégé en ce moment par les brevets et les droits d'auteur deviendrait gratuit. Les auteurs ou compagnies trouveraient d'autres façons de protéger leurs créations ou d'en profiter avant qu'elles ne soient répandues (encryptage, contrats d'utilisation, lancements simultanés sur plusieurs marchés, etc.). D'une façon ou d'une autre, s'attaquer aux compagnies pharmaceutiques pour régler les problèmes économiques du tiers-monde n'est pas une bonne solution. 
  
          Au plaisir, 
  
M. M.
 
 
 
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          Si vous en avez marre de vivre dans une société où l'hystérie nationaliste domine tous les débats; dans un pays où les taxes, les réglementations omniprésentes et le paternalisme des gouvernements briment la liberté individuelle et restreignent le dynamisme économique; dans une culture où le moutonnisme et l'égalité dans la médiocrité sont plus valorisés que l'individualisme et la compétition; dans un monde intellectuel où les soi-disant « consensus nationaux » promus par une élite déconnectée servent de prétexte pour éviter les débats rationnels; 
   
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