Montréal, 13 octobre 2001  /  No 90  
 
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Martin Masse est directeur du QL. La page du directeur.
 
 
HALLOWEEN POLITIQUE
 
LE SPECTRE DE L'EXTRÊME GAUCHE
QUÉBÉCOISE S'ÉVANOUIT
 
par Martin Masse
  
 
          Esprit de Mercier, Esprit de Mercier, es-tu là? Allo? Youhou?!? 
  
          Bon, on dirait qu'il a décidé de rester dans son cimetière. Et pourtant, à quelques semaines seulement de l'Halloween, plein de gens pensaient qu'il ferait une autre apparition lors des élections partielles provinciales du 1er octobre dernier.
 
          Pour ceux qui auraient des trous dans la tête, rappelons que lors d'une autre élection partielle dans le comté montréalais de Mercier en avril dernier, le candidat de l'extrême gauche, Paul Cliche, avait provoqué la stupeur et donné la chair de poule à bien du monde en recueillant 24% des voix, dans une lutte à trois où c'est finalement une bizarre créature gauchiste aux cheveux rouges du Parti soi-disant libéral (PSDLQ) qui l'avait emporté. 
 
          M. Cliche représentait l'Union des forces progressistes (UFP), un rassemblement de revenants de divers groupuscules marginaux dont le Rassemblement pour l'alternative progressiste (RAP), le Parti de la démocratie socialiste (PDS), le Parti communiste (eh oui, ces zombis courent toujours), le NPD-Québec et le Parti vert. 
  
          Après un tel score et la défaite du Parti québécois dans un comté qui lui était acquis depuis longtemps, 
la tête de l'extrême gauche s'est mise à enfler au point de péter et de faire naître l'Esprit de Mercier, un gentil fantôme qui allait prendre le contrôle de l'esprit de milliers de citoyens et les inciter à voter pour l'UFP dans les élections à venir.
  
          Tout le petit milieu spectral s'est alors mis à rêver tout haut. Dans les médias, de savants analystes se sont mis à spéculer sur l'émergence de cette nouvelle coalition à gauche du PQ et sur le bon coup de manche à balai qui allait s'abattre sur le milieu politique québécois. Dans une Déclaration commune (sinon communiste) suite à l'élection partielle, les membres de l'UFP réitéraient leur solidarité et écrivaient que « C'est donc résolument et avec optimisme que nous affirmons notre volonté de continuer à travailler ensemble, dans "l'esprit de Mercier", pour réaliser l'émancipation sociale du peuple québécois ». 
  
          L'Esprit de Mercier, capable d'ignorer la gravité comme tous les fantômes, allait enfin aider l'extrême gauche à prendre son envolée électorale, elle qui mijotait dans son jus de cadavre putréfié depuis des décennies au Québec. 
  
 
 
 
L'Esprit de Mercier lors de sa dernière apparition 
sur le Plateau Mont-Royal
  
          Mais voilà, comme je l'avais écrit à l'époque (voir COMMENT RELANCER LE LIBÉRALISME AU QUÉBEC, le QL, no 81), il n'y a dans toute la province que sur le Plateau Mont-Royal, ce quartier de Montréal qui recoupe en gros la circonscription de Mercier, qu'on retrouve une concentration importante de branchés/paumés, lecteurs de Voir et du Devoir, qui trouvent normal de voter pour un crackpot soutenu notamment par des verts et des communistes. 
  
          Et c'est effectivement ce qu'on a pu constater le 1er octobre. Sur quatre circonscriptions, le PSDLQ a de nouveau raflé deux châteaux forts péquistes. Mais cette fois, ce n'est pas parce que l'extrême gauche est venue hanter la campagne et diviser le vote, mais simplement parce que les électeurs en ont franchement assez des vampires péquistes et s'apprêtent à céder les clés du château aux frankensteins libéraux. L'extrême gauche n'a réussi à se trouver des candidats que dans trois des quatre comtés et dans ceux-ci, à peine 2 ou 3% des voix sont allés à ces revenants. 
  
          Bref, les voix de l'au-delà ne se sont finalement pas manifestées et l'Esprit de Mercier semble être retourné à son repos éternel. On aura eu peur pour rien. Mais admettons tout de même que tout ce beau monde avait des déguisements vraiment réussis! 
  
          Joyeux Halloween!  
  
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