Montréal, 13 octobre 2001  /  No 90  
 
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Brigitte Pellerin est l'auteur de l'Épître aux tartempions: Petit pied de nez aux révolutionnaires de salon et travaille comme journaliste indépendante. Elle est responsable de la revue de presse francophone dans The Gazette du dimanche. Elle partage son temps entre Montréal et Ottawa. 
 
BILLET
 
UNE LIBERTARIENNE
EN GUERRE
 
par Brigitte Pellerin
  
  
          C'est drôle de voir comment les gens réagissent aux situations extrêmes. Depuis ma dernière sortie, j'ai reçu tout plein de commentaires tous plus excitants les uns que les autres, comme par exemple: « Hein? Une libertarienne qui est pour la guerre? » Précisons.  
  
          D'abord, je ne suis pas, dans l'abstrait, en faveur de la guerre. Oui, les bombardements et autres opérations me font froid dans le dos, et oui, je préfère la paix et la tranquillité de ma tisane à la menthe aux pluies de balles. Mais il y a des situations – heureusement rares – où c'est la guerre qui vient frapper à notre porte; et dans ces cas-là, il faut mettre ses peurs de côté, choisir son camp et serrer les dents. 
 
          Je suis, donc, 100% derrière le président Bush. La protection du territoire et la sécurité des citoyens est la mission première de l'État(1). La seule mission, en fait, que mon livre-à-moi trouve légitime. Tout le reste, toutes les interventions étatiques dans la vie ordinaire des citoyens, n'ont pas leur place. Mais ces discussions devront attendre.  
  
          Tout comme, d'ailleurs, les peurs bien légitimes d'empiétements non nécessaires sur la vie privée des citoyens – et non, ça ne me dérange pas, ces jours-ci, que l'on pose toutes sortes de questions aux comptoirs de sécurité des aéroports et que l'on fasse plusieurs vérifications sur les quais d'embarquement de Via Rail. Ce n'est pas le moment de se chicaner sur des détails. Je refuse de paranoïer et je me dis que certaines mesures extrêmes disparaîtront d'elles-mêmes lorsqu'elles ne seront plus nécessaires.  
  
          Ce qu'il faut maintenant, c'est mettre nos différences de côté et s'unir, sous le commandement américain, afin de détruire l'ennemi qui menace notre sécurité à tous. Lorsque la guerre sera terminée, on pourra recommencer à respirer par le nez, à laisser tomber les mesures exagérées de sécurité, et se chamailler au sujet des subventions aux entreprises ou des politiques linguistiques.  
 
     « La protection du territoire et la sécurité des citoyens est la mission première de l'État. La seule mission, en fait, que mon livre-à-moi trouve légitime. »
 
          Maintenant n'est pas non plus le moment de faire l'apologie des griefs anti-américains. Les attaques du 11 septembre sont l'oeuvre d'une bande de barbares qui ont transformé des hommes, femmes et enfants innocents en bombes vivantes. Discuter des causes « légitimes » du terrorisme, ces jours-ci, revient à cautionner l'usage de chair humaine comme instrument de terreur. Choisissez votre camp; soit vous êtes avec les terroristes, soit vous êtes contre eux. Dans cette histoire, il n'y a pas de juste milieu.  
  
          Et finalement, on ne peut pas non plus se permettre de regarder ailleurs en se disant que ce n'est pas notre problème. Si les citoyens du monde libre s'étaient dit ça il y a soixante ans, peut-être serions-nous tous Nazis aujourd'hui. Pour paraphraser Tony Blair, soyons braves et maîtrisons nos peurs, parce que les dangers de l'inaction sont beaucoup, beaucoup plus grands encore que les risques associés aux opérations militaires.  
  
          Si on refuse de se battre, c'est le Tiers-Monde qui nous sortira de dessous notre lit et nous conduira à l'abattoir. Il n'y a rien de plus fort, de plus puissant, qu'un peuple libre qui s'unit dans la bataille. Montrons aux terroristes que l'on sait se battre, et que l'on vaincra cette fois encore. 
 
 
1. Je ne veux pas entrer dans ce débat maintenant, alors je me contenterai de mentionner en passant que cette affirmation ne diminue en rien le droit des citoyens libres de se défendre eux-mêmes – y compris, en temps normal, contre les abus de l'État.  >>
 
 
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