Montréal, 16 février 2002  /  No 98  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
 
TRAVAILLEURS AUTONOMES CONTRE L'IMPÔT, UNISSONS-NOUS!
 
 
Bonjour, 
 
          Je viens de prendre connaissance du contenu de votre site internet. Je travaille à la pige depuis environ 10 ans et je me demandais s'il existait un groupe de pression quelconque s'opposant au taux exagérés d'imposition que subissent les travailleurs autonomes. Je trouve absolument révoltant le pourcentage d'impôt que réclament les deux paliers de gouvernements, surtout celui du Québec, qui en plus se permet de menacer les travailleurs autonomes qui sont dans l'incapacité de régler rapidement leurs dettes envers Revenu Québec. 
  
          Si un tel regroupement existe, vous pouvez être certain que j'en deviendrai un militant déterminé. Sinon, j'invite les travailleurs autonomes qui vivent une situation semblable à communiquer avec moi à l'adresse suivante: bidule@videotron.ca. Ensemble, nous devons dénoncer haut et fort le chantage du gouvernement québécois à l'égard des travailleurs autonomes et des personnes à faible revenu. 
  
          Merci, 
  
Normand Lebeau
  
  
 
  
LES JOUEURS IRRESPONSABLES
 
 
          Ainsi donc, un joueur poursuit Loto-Québec (article paru dans l'édition du 7 février du journal Le droit), disant qu'on ne l'a pas prévenu  du danger de développer des habitudes de jeu pathologique. On blâme déjà les compagnies de tabac pour ce type de raison (ne pas avoir prévenu les consommateurs des dangers associés à la consommation de leurs produits). On lorgne maintenant du côté des manufacturiers et distributeurs de « junk food » pour leur imputer la responsabilité de la surconsommmation de matière grasse. 
 
          Que fait-on de la liberté et de la responsabilité individuelle? Sommes-nous si ignorants et stupides, si incapables de faire nos propres choix? On  pourrait prétexter l'ignorance si la publicité de Loto-Québec, des manufacturiers de tabacs ou de l'industrie du « fast food » étaient nos seules sources de renseignements. Or, les médias nous informent aussi sur les aspects négatifs de ces produits ou services. À nous de choisir. Et si nous en sommes incapables et concluons que Loto-Québec est responsable du comportement des joueurs, cela justifie que Loto-Québec rembourse les perdants; mais alors, suivant la même logique, cela justifie aussi que les  gagnants remboursent Loto-Québec... 
  
          En dernière analyse, toute personne qui veut faire porter par les autres la responsabilité de ses choix admet implicitement son incapacité à exercer sa liberté et donc donne raison à ceux qui voudraient lui imposer leur tutelle. 
  
Michel Grenier
Aylmer, Québec
  
  
  
  
PORT D'ARMES LIBRE, PAS D'ACCORD
 
 
Re.: LES LIBÉRAUX DOIVENT DÉFENDRE LE DROIT DE PORTER DES ARMES, le QL, no 97 
 
          Je viens de lire l'opinion de François-René Rideau au sujet du port d'armes libre, et malgré une exposition d'arguments intéressants, il n'en reste pas moins que ces arguments sont somme toute plutôt théoriques et philosophiques. Les importantes restrictions imposées au port d'armes au Canada entraînent peut-être un certain nombre de problèmes d'auto-défense pour les citoyens, mais d'autre part, le port d'armes libre entraînerait quant à lui une autre série de problèmes inverses, tout aussi vicieux.  
  
          Personnellement, je vois trois grands problèmes: la rupture de la paix et de la sérénité sociale, la propagation d'une mentalité de se faire justice soi-même et la spirale de la violence.  
  
          Le premier aspect m'apparaît assez évident lorsque qu'on réfléchit aux conséquences possibles dans notre société de voir de plus en plus de gens se balader avec des armes à feu, cachées ou non. Il va sans dire que la possibilité que deux individus engagent un combat à l'arme en feu (l'un étant le criminel et l'autre l'honnête citoyen disposant maintenant du droit de faire feu lui aussi) n'est certainement pas de nature à rassurer les autres citoyens. Personnellement, je ne crois pas que je serais mieux protégé et mieux défendu dans une société à port d'arme libre. Je me dirais plutôt qu'à tout moment une fusillade peut éclater dans les environs et que je pourrais bien malgré moi me retrouver impliqué dans cette situation. Je crois qu'une majorité de citoyens seraient beaucoup plus inquiets et stressés, en particulier en milieu urbain. Il ne faut pas oublier que les restrictions de port d'armes réussissent quand même à diminuer de beaucoup le nombre d'armes à feu en circulation au pays. Toutes proportions gardées, moins il y a d'armes à feu, moins il a d'incidents fâcheux, c'est tout simplement mathématique. En ce qui me concerne, je préfère encore que le voisin en avant de chez moi se fasse voler sa voiture sans opposer de résistance, plutôt que de courir le risque que mon valeureux voisin engage bruyamment le combat et qu'une fichue balle perdue atteigne un innocent ou un membre de sa propre famille. À l'heure actuelle, il faut bien comprendre que la plupart des criminels possédant des armes ne les utilisent généralement pas (au sens de presser la gâchette) puisque leurs victimes n'opposent pas de résistance.  
  
          Le deuxième problème est plus insidieux. Un des fondements de notre société démocratique repose sur l'interdiction de se faire justice soi-même. Naturellement, cette conception peut poser des problèmes philosophiques aux libéraux et libertariens, mais il n'en reste pas moins que cette règle réussit fort bien à établir un minimum de civilité dans les relations humaines. Cependant, une fois le port d'armes libre autorisé, je crains que peu-à-peu une mentalité de vouloir se faire justice soi-même s'empare de nombreux citoyens. Évidemment, cela ne se traduira pas toujours par des comportements violents et armés, mais plutôt par une attitude de confrontation déplaisante dans de nombreuses situations de la vie. Inconsciemment, les gens sauront qu'ils pourront pousser le bouchon un peu plus loin, puisqu'en étant armés, ils sont au moins aussi puissant que le pauvre type d'en face. En ce qui me concerne en tout cas, il me semble que je me gênerais moins si quelque me chercherait. L'autre individu a peut-être une arme mais attention, j'en ai maintenant une moi aussi et je peux lutter à forces égales!  
  
          Ceci m'amène au troisième problème: la spirale de la violence. Par définition, les armes permettent de régler un conflit à son avantage en utilisant la force brute plutôt que toute forme de médiation, de discussion ou de négociation. Les armes permettent la résolution des conflits de la pire manière qui soit, c'est-à-dire en décuplant le sentiment de victoire et de satisfaction du vainqueur d'un côté, mais aussi en décuplant le sentiment de défaite et d'insatisfaction du perdant, si celui-ci est toujours en vie naturellement... Ce sentiment d'insatisfaction (et même de profonde injustice selon la situation) n'est pas de nature à semer la sérénité et la paix sociale. Au contraire, l'autorisation du port d'armes libre envoie le message inconscient que la force est un moyen acceptable de régler ses différends avec autrui, que cet autrui soit un criminel ou un honnête citoyen.  
  
          On me dira sans doute que le port d'armes libre ne doit servir qu'à la légitime défense et que l'utilisation d'armes pour régler une chicane de clôture reste interdit. Bien entendu, c'est ce que veut la philosophie qui supporte le droit au port d'armes. Mais il faut être diablement naïf pour ne pas croire que les dérapages seront courants. Nous sommes des êtres humains après tout, et nous pouvons être remarquablement irrationnels. Le problème de la conception exposée par M. Rideau, c'est qu'elle présuppose justement la rationalité des individus. Il s'agit là d'une prémisse bien fragile.  
  
          Donc, la vie serait-elle vraiment plus sécuritaire dans une société avec port d'armes libre? J'en doute fort, et je crois que les expériences américaines en ce domaine nous indiquent que le niveau de sécurité n'est certainement pas plus élevé qu'au Canada malgré leur droit au port d'armes.  
  
Ugo Marsolais
Longueuil
  
  
Réponse de François-René Rideau: 
  
Cher Ugo, 
  
          Les arguments menant à une opinion opposée à la nôtre paraissent toujours spécieux – jusqu'à ce qu'ils nous fassent éventuellement changer d'avis. Je note cependant que votre épistémologie est flouée quant à la nature de la théorie, qui ne saurait être vraie sans s'appliquer, ni être inopérante sans être fausse.  
  
          Vous affirmez que diminuer le nombre d'armes conduit « mathématiquement » à diminuer le nombre d'agressions armées. Outre les statistiques avant/après des États ayant changé leur politique à ce sujet qui démentent votre assertion, vous commettez l'erreur théorique de supposer que le moyen par lequel vous diminuez les armes agit indifféremment sur toutes les personnes qui auraient pu les utiliser – ce qui est faux, puisque dans les lois de désarmement légal, seules les victimes sont désarmées, pas les agresseurs. « Mathématiquement », quand on étudie les variations d'un paramètre, il faut s'assurer de la façon dont varient les autres. 
  
          Les libéraux n'affirment pas que les humains soient rationnels – voilà encore un mythe des socio-démocrates, qui feraient bien de regarder les prémisses derrière leur propre culte de la démocratie absolue. Les libéraux remarquent que les hommes de l'État et autres criminels ne sont ni plus ni moins rationnels que les honnêtes citoyens, et qu'à tout prendre, la liberté et la responsabilité ont sur les humains un effet civilisateur, tandis que la contrainte et l'irresponsabilité sont dégradants.  
    
          Librement vôtre, 
  
F.-R. R.
 
 
 
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