Montreal, 31 août 2002  /  No 108  
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de Thatcher à l'Elysée (éditions Odilon Média).
 
OPINION
 
LE SOMMET DE LA TERRE: 57 000 FÊTARDS BOUCLENT LEURS BAGAGES
 
par Michel de Poncins
 
 
          On avait annoncé 50 000 représentants de tous les gouvernements au Sommet de la Terre à Johannesburg qui va se tenir du 26 août au 4 septembre faisant suite dix ans après au Sommet de Rio en 1992. Ce seront pour la plupart des fonctionnaires des organisations internationales ou nationales ainsi que des élus. L’argent immense qui sera nécessaire sera enlevé par la brutalité fiscale à tous les pauvres de la planète. Les seuls privés qui viendront seront des dirigeants de firmes qui s’empresseront de corrompre ouvertement ou non les fonctionnaires, chefs syndicalistes et gouvernants.
 
Le festin citoyen 
  
          En fait ils seront 57 000 car il va s’ajouter 7000 représentants des ONG, lesquels tiendront un sommet parallèle et éventuellement contradictoire. Ces 7000 fêtards supplémentaires sont vraiment très riches grâce à la mondialisation et au capitalisme réunis pour pouvoir s’offrir de telles vacances, ce qui ne les empêche pas de les critiquer. Mais pour autant ils ne vont pas voyager à leurs frais. La plupart voyageront aussi avec l’argent volé par les impôts à leurs concitoyens. 
  
          Pourquoi sont-ils tous des fêtards? Parce que tout le monde sait qu’à 57 000 ou 50 000 on ne peut jamais faire de travail sérieux. Il serait d’ailleurs utile de savoir combien ils étaient à Rio: nul doute que l’inflation du nombre de participants a dû jouer tant le voyage promet de plaisirs multiples. Dans le système socialiste, les calamités s’étendent d’une façon inexorable! Une petite marée devient vite un torrent. Ne pouvant rien faire de valable ils vont tous faire la fête comme dans les autres grandes réunions internationales. Les bouchons de champagne vont sauter alors qu’à faible distance le Zimbawe s’enfonce dans la famine suite à la décolonisation, à la destruction des fermes des « blancs » et aux exactions des politiques. En plus de la fête on va assister au florilège des phrases idiotes. 
  
Le fascisme socialiste du « développement durable »  
  
          Ils veulent diriger le monde, en créant une sorte de dictature fasciste à l’échelle de la planète et ils n’y arriveront pas encore. Le seul qui aurait son mot à dire et a quelque influence dans le monde, à savoir Georges W. Bush, ne sera pas là. Sans doute a-t-il compris la vanité de cette comédie et de ses objectifs. 
  
          Le principal objectif prétendu est d’organiser le développement durable. C’est l’une des chimères à la mode et elle est multiforme; le terme « développement » pour commencer n’a pas de signification précise dans la langue française telle qu’on la connaît sinon qu’il donne un coup de chapeau au matérialisme, seul horizon proposé aux peuples asservis et fascinés. On ajoute « durable » car certains se donnent le droit exorbitant de décider ce qui existera dans 50 ans et serait donc durable. Il faudrait un développement qui soit indéfini et c’est le mythe du progrès humain et indéfini du XIX° siècle qui revient sous une autre forme. 
  
          Les écologistes sont embusqués au coin du bois si l’on peut dire avec, en bandoulière, leur suffisance bien connue; ayant saisi une fois pour toute le monopole de l’amour de la nature, ils affirment mensongèrement être seuls capables de juger de la durabilité et terrorisent les autres qui, d’une façon surprenante, se laissent faire. Il faut ajouter que dans la philosophie sous-jacente le panthéisme est omniprésent sous couleur de déification de la « mère terre ». 
  
     « Le principal objectif prétendu du Sommet de la Terre est d'organiser le développement durable. C'est l'une des chimères à la mode et elle est multiforme. »
 
          Il est des chimères célèbres comme la parité hommes-femmes ou encore la justice sociale. Ces chimères ont comme seul avantage d’enrichir un grand nombre d’Hommes de l’État (Les « Hifis »(1)); en France, il y a maintenant un Secrétariat d’État au développement durable avec un cabinet et tout, et tout... Quand une nouvelle source d’enrichissement personnel indu est créée par un pays, la loi des comparaisons donne l’occasion aux autres d’imiter: bientôt chaque gouvernement aura un ministère dédié à la chimère. Le développement durable répond à une vision tout à fait socialiste puisque l’on veut intervenir par la force sur les acteurs de la vie économique en vue de préserver les générations futures, ce qui permet toutes les fantaisies, et, disons le mot, tout le bon plaisir de ceux qui ont momentanément le pouvoir.  
  
Le bal des chimères 
  
          Un des aspects du pouvoir mondialiste en voie de création est ce « bal des chimères ». On lance des chimères successives qui deviennent des vérités premières et doivent s’imposer à tous. Ceux qui n’accepteront pas les chimères seront montrés du doigt par la « communauté internationale », autre chimère créée de toutes pièces. Au besoin cette communauté internationale par ONU interposée enverra un tapis de bombes à ceux qui n’accepteront pas les chimères. 
  
          À Johannesburg, il y aura cependant du nouveau car, à cette occasion, l’on s’efforcera d’ajouter à la chimère du « développement durable » un nouvel adjectif celui de « désirable ». Il y avait jusqu’à présent le développement durable. Mais maintenant il va falloir parler dans les dîners en ville de « développement durable et désirable ». 
  
          Sans plaisanter du tout et à l’occasion du futur sommet, les journaux présentent le « développement durable » comme « une innovation majeure de la pensée et de l’action quant au devenir des sociétés humaines ». Les mêmes précisent cependant qu’une certaine confusion des esprits existe et c’est justement le seul point évident. En fait, le triste visage du socialisme revient par la grande porte ayant été honteusement condamné par la réalité: les Hifis toujours à la recherche de richesses personnelles essaient par ce biais de reprendre la main. 
  
Le développement durable de la bureaucratie mondialiste est la ruine des pauvres  
  
          En réalité, tout ce galimatias s’est développé, c’est le cas de le dire, à partir de 1970. C’est en 1971 que le ministère de l’Environnement prit son vol en France. L’argent volé aux citoyens, pardonnez le jeu de mots, s’est répandu grâce à ce nouveau canal sur une foule d’élus et de fonctionnaires; l’extension, en vertu de la loi des comparaisons, dans un grand nombre de pays a suivi inévitablement. Les malheureux Afghans se sont dotés d’un ministère de l’Environnement après que les bombes, pour leur apprendre à vivre, aient détruit tout leur environnement. 
  
          Pour bien comprendre la richesse qui en résulte pour les élus et fonctionnaires, il suffit de lire le texte récent d’un « membre du Conseil national pour l’aménagement et le développement du territoire ». Montrant clairement la volonté dirigiste il dit: « Le développement durable c’est l’équilibre entre l’environnement, le social et l’économique ». Avec ces motifs on détruit la totalité de l’économie de marché et des possibilités de bien gérer l’environnement. Il ajoute rudement: « Plus qu’un objectif, il s’agit en fait d’un processus de construction collectif et partenarial de l’avenir ». De telles chimères peuvent justifier des bureaucraties éléphantesques pendant mille ans. Plus loin il évoque des « valeurs universelles déjà adoptées ». Une des stratégies du pouvoir mondialiste est de légitimer et stabiliser de prétendues « valeurs » successives qui deviennent comme du béton idéologique. 
  
          Donc le fait nouveau est la très prochaine adjonction du terme « désirable ». Durable ne suffisait pas. On parle alors de « choix partagé, d’aspirations collectives » et de « l’envie d’avancer vers l’avenir en tendant la main aux générations futures ». Tout ce jargon n’est pas inventé: il faut vraiment le lire pour croire que quelqu’un l’a écrit. Le futur sommet va se jouer, nous dit-on, sur ce nouvel adjectif « désirable » au nom duquel les pauvres de la terre seront ruinés par les impôts nouveaux à prélever et les réglementations à installer dans la foulée de ce simple adjectif et de la nouvelle chimère. Un calcul résumé montre que les impôts rendus nécessaires pour payer la fête mettront un peu partout dans le monde 40 000 personnes au chômage. 
  
          Les journalistes racontent ces projets avec le plus grand sérieux; il ne faut pas s’en étonner, car leurs mains avides seront les plus expertes et les plus empressées dans l’assaut durable sur les petits fours tant désirés qui orneront les somptueux buffets en développement annoncé!  
  
  
1. Les HIFIS sont les personnages qui, bénéficiant de la force publique, exercent un pouvoir quasi totalitaire sur les autres (les moujiks) en leur prenant leur argent sous divers prétextes et en réglementant selon leur bon plaisir. Il y a évidemment les élus de toutes espèces, les ministres, mais aussi bien d'autres: chefs syndicalistes, énarques, eurocrates, journalistes, maires de grandes villes, etc. (Tocqueville magazine, 4 Janvier 2000>>
 
 
 
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