Montréal, 26 octobre 2002  /  No 112  
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de Thatcher à l'Elysée (éditions Odilon Média).
 
OPINION
 
L'OPTION PRÉFÉRENTIELLE POUR LA GAUCHE
DU NOUVEAU GOUVERNEMENT « DE DROITE »
  
par Michel de Poncins
  
  
          L'option préférentielle du gouvernement pour la gauche ne cesse de s'amplifier, à tel point que l'opposition ne sait plus comment vraiment s'opposer. L'option se traduit dans les discours et dans les actes ou encore dans l'inaction. Voici une liste récente, mais le flux est absolument continu et même torride.
 
De toutes nouvelles bureaucraties 
  
          Le 11 octobre, le ministre de l'Économie et des Finances, M. Francis Mer, qui pourtant en sa qualité d'ancien patron est présenté couramment comme un homme de droite, a annoncé la création du « Fonds pour le capital investissement régional » (FCIR). C'est une nouvelle bureaucratie dotée de 70 millions d'euros soit 460 millions de francs. L'objet est de relancer l'investissement direct dans les PME. Cela n'empêche pas le même ministre de lancer une autre bureaucratie: le « Fonds d'investissement de proximité » (FIP) avec un avantage fiscal à la clé. De belles batailles sont ainsi en perspective, l'essentiel du temps et une grande partie de l'argent des bureaucraties étatiques se détruisant dans des conflits entre elles.  
  
          Dans ces nouvelles et très socialisantes créations une foule d'organismes publics, dont les collectivités locales, interviendront dans le désordre habituel des actions étatiques. Ces mesures sont tellement ridicules que les professionnels du capital risque, eux-mêmes, font la fine bouche. Ils savent très bien que la création d'entreprise ne peut jamais être encouragée par l'État; ce dont les créateurs ont besoin c'est de la liberté: liberté dans les démarches et dans l'emploi des fonds. 
  
          Il est facile de calculer combien de chômeurs viendront suite aux impôts rendus nécessaires par les 460 millions ci-dessus; nul ne peut calculer le nombre d'entreprises qui seront détruites ou qui ne verront pas le jour à cause de la nouvelle perversion bureaucratique. Nul ne sait non plus l'enrichissement personnel promis aux futurs camarades-présidents. 
  
          Au même moment, le journal Le Monde formule une révélation intéressante. Il salue la présence grandissante des épouses dans les cabinets ministériels (voir: NÉPOTISME AU SOMMET DE L'ÉTAT: LE RÈGNE DU BON PLAISIR, le QL, no 111). La présence des maîtresses est une tradition de la « République Fromagère ». Voici le temps des épouses; bien entendu pour faire tous les calculs de l'enrichissement des joyeuses familles ministérielles il faudrait prendre le temps de pointer la liste absurde des 1000 membres des cabinets ministériels ce que nous ne ferons pas.  
  
          Par une circulaire du 23 juillet, Monsieur Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur et aussi chou-chou de ces dames de Neuilly sur Seine, a recommandé à ses services de pratiquer pour la nomination et les avancements dans la Légion d'honneur une discrimination positive en faveur des immigrés. L'emballage est habile: « J'attends qu'ils procèdent à une sélection assise non pas sur des contingences de notabilité mais sur la richesse et la diversité des citoyens issus de toutes les composantes de la société française ». 
  
     « Dans la plus nette tradition de la gauche le pouvoir continue de plus belle en créant une nouvelle source de formalités et de richesse pour les fonctionnaires qui y travailleront. »
  
          De toutes façons il y a des lustres que la Légion d'honneur ne distingue plus que rarement les braves, mais le mouvement indiqué par cette circulaire est une nouvelle indication sur l'orientation idéologique réelle des princes qui nous gouvernent. 
  
De bonnes nouvelles en bonnes nouvelles 
  
          Il y a enfin une prétendue bonne nouvelle pour les malades. Une nouvelle commission va s'occuper d'eux. Le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, a installé le lundi 14 octobre l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam). 70 millions d'euros lui sont affectés pour 2002 et 2003 (460 millions de francs); la coïncidence des chiffres avec ceux de la bureaucratie citée plus haut est purement fortuite mais guère amusante. Il s'agit d'indemniser les victimes d'affections provoquées par le traitement ou d'infections contractées lors d'un acte médical. Le système de santé français et, en particulier les hôpitaux, est lui-même non seulement malade mais moribond. L'une des origines de la ruine se trouve dans les réglementations qui prennent un temps inouï et croissant au personnel soignant dont les médecins. Dans la plus nette tradition de la gauche le pouvoir continue de plus belle en créant une nouvelle source de formalités et de richesse pour les fonctionnaires qui y travailleront. 
  
          Quant à la SNCF, elle a tout l'avenir devant elle. Gilles de Robien, ministre des Transports, a dit textuellement: « J'ai vraiment la volonté de défendre cette très très grande maison, qui est probablement en Europe la meilleure des entreprises ferroviaires ». Il nous fait le coup de la SNCF que « le monde entier nous envie », comme paraît-il la sécurité sociale et l'éducation nationale... 
  
          Pour accompagner le tout, le Président s'est exprimé à Beyrouth. Il parlait devant des drapeaux français et européens étroitement mêles pour bien montrer que la France allait être absorbée et détruite rapidement. Voici une de ses phrases: « La mondialisation économique doit s'accompagner de la mondialisation de la solidarité ». Autrement dit « Français, la main à la poche ». Et encore cette énormité: « Le terrorisme vient de la misère ». Il doit ignorer la richesse fabuleuse des réseaux terroristes, richesse qui n'existe que grâce à la mondialisation de l'économie. Et pour que personne ne l'ignore il a ajouté: « La francophonie est porteuse du développement durable ». Pour ceux qui ne le sauraient pas, cette chimère du développement durable est une des nouvelles obsessions des gauchistes de tous les pays. 
  
          Pour les retraites, rien ne bouge, sauf que la méthode ancienne du pillage étatique des régimes selon le bon plaisir du pouvoir momentanément en place se poursuit inlassablement. 830 millions d'euros soit 5,4 milliards de francs, telle est la ponction que les régimes de retraite privés déjà exsangues vont payer pour alléger les régimes publics déjà fort privilégiés. 
  
          Pour terminer, nous avons vu les grévistes encouragés par le pouvoir qui leur a dit que leur message était reçu cinq sur cinq.  
  
          Nous aussi nous avons reçu hélas tous ces messages cinq sur cinq.
 
 
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