Montréal, 23 novembre 2002  /  No 114  
 
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COURRIER DES LECTEURS / READERS' CORNER
 
POURQUOI PRÊCHER LA DOCTRINE
PRO-HOMOSEXUELLE?
 
 
Bonjour, 
  
          J'apprécie votre journal, sans nécessairement partager vos opinions, car il a le mérite de présenter un point de vue différent d'une certaine gauche qui semble s'étendre à la majorité des médias. Je ne m'étonne et ne regrette qu'une chose: assez régulièrement, le QL sombre dans la même mièvrerie que la gauche caviar qu'il dénonce tant sur le sujet de cette fameuse tranche de 1,8% d'homosexuels qui occupe bien davantage d'espace médiatique que d'espace démographique.  
  
          La question du comportement sexuel d'individus (voire d'animaux) consentants ne regarde qu'eux, alors pourquoi prêcher la doctrine pro-homosexuelle à tout venant comme le font vos adversaires, connaissant les fondements (dans le radicalisme américain et la controverse de l'étude critiquée de Kinsey, dont le fameux « 10% » vient d'un échantillon carcéral) du mouvement moderne sur ce point, et l'omniprésence de ses supporteurs au PQ et au PLC (ex. l'équipe entière de Louise Beaudoin). S'il y a bien un groupe qui profite des largesses de l'État et des subventions en santé pour le sida, jusqu'à avoir une ligne d'écoute distincte, il ne faut pas chercher loin... 
  
          De grâce, tenez un discours original plutôt que de sombrer à votre tour dans le politiquement correct bien pensant. Le libéralisme mérite mieux qu'une réitération de la nouvelle morale gauchisante. 
  
          Salutations, 
  
R. U. Broenck
 
 
Réponse de Martin Masse: 
  
Monsieur Broenck, 
  
          Votre propos me surprend un peu. À ma connaissance, aucun des articles que nous avons publiés qui traite d'homosexualité ne « sombre dans le politiquement correct bien-pensant ». Nous n'avons jamais défendu le discours militant gai, nous l'avons au contraire dénoncé à plusieurs reprises. Notre but premier a toujours été de montrer qu'il existe une alternative libérale, individualiste, au discours collectiviste, misérabiliste et étatiste des lobbys homosexuels. 
  
          Les privilèges spéciaux accordés aux homosexuels comme « groupe », et les subventions pour faire vivre les parasites qui s'auto-proclament « porte-parole de la communauté gaie » ne sont pas des solutions aux problèmes que vivent les gais. L'égalité des droits ne viendra pas avec plus d'intervention de l'État, mais avec moins. Par exemple, comme je l'ai déjà écrit (voir DES PENSIONS POUR LES CONJOINTS GAIS, le QL, no 15), l'État n'a pas besoin d'offrir des pensions publiques aux conjoints gais pour assurer l'égalité de tous. Il n'a qu'à privatiser le régime de pension et laisser chacun décider qui est bénéficiaire de sa pension après son décès, un service qui ne découle pas d'une décision politique mais d'une entente privée entre une personne et sa compagnie d'assurance. 
  
          Comme vous l'écrivez, le comportement sexuel des individus ne regarde qu'eux. Que l'État s'enlève donc de notre chambre à coucher et nous laisse vivre comme nous l'entendons, sans nous imposer ses normes. D'un point de vue libertarien, ni les lois discriminatoires qui défendent la « famille traditionnelle » au détriment des autres types de relation, ni les privilèges créés sur mesure pour satisfaire les lobbys gais, n'ont de légitimité morale. 
  
          Bien à vous, 
  
M. M. 
  
 
 
L'ÉTAT N'A-T-IL PAS LE DEVOIR DE NOUS PROTÉGER?
 
 
Re.: LAISSER ÉCLATER LA PAIX, le QL, no 113 
 
Monsieur, 
  
          Votre article établit une distinction importante dans le mouvement libertarien concernant les problèmes de défense du territoire. Vous avez mille fois raison de souligner que le capitalisme demeure le principal antidote contre les obscurantismes étatiques, religieux. Quoique Reagan et le pape Jean-Paul II ont participé pleinement à l’accélération de la chute des régimes communistes. Oui, tout libéral conséquent s’oppose à l’embargo contre l’Irak ou Cuba. Concernant le problème spécifique de l’Irak, les preuves actuelles sur le degré de dangerosité ne suffisent pas à déclencher une attaque contre ce pays. 
  
          Je vous rejoints sur tous ces points. Néanmoins, vos propos défendant une attitude a priori pacifiste me semble contestables. La sensibilité libertarienne « anarchiste, romantique » à laquelle vous me semblez adhérer prouve ses limites. 
    1) « Or il existe une autre manière d'enrayer l'enchaînement de la violence, qui est de s'en retirer, au moins dans un premier temps. De déclarer haut et fort qu'on refuse de se battre. À l'échelle individuelle, cette stratégie est risquée. On peut tomber sur un tueur pathologique. Mais en politique étrangère, les circonstances sont différentes. »
          Contradiction manifeste. La légitime défense se justifie au niveau individuel, mais pas pour un pays, représentant un ensemble d’individus? Comment se fait-il qu’une notion valable individuellement ne le soit plus collectivement? 
    2) « Et ce qui est avéré est que 95% de ces populations souhaitent vivre en paix, accéder à la prospérité, et elles savent aujourd'hui que ces meilleures conditions de vie dépendent de bonnes relations avec l'Occident. En même temps, ces populations savent qu'elles peuvent être annihilées par les États-Unis. »
          Qu’est-ce qui vous permet de dire que 95% des populations afro-musulmanes désirent la paix avec l’Occident? Leurs réactions après les différents attentats islamistes, ou les bombes humaines palestiniennes incitent à d’avantage de prudence? En France, je n’ai pas vu de manifestations des différentes associations anti-racistes, gauchos pacifistes après le 11 septembre criant leur hostilité aux terroristes islamistes. Pourtant, elles sont promptes à déverser leur haine contre l'« impérialisme » américain ou israélien, ou contre l’« ultra libéralisme mondialisé occidental ». 
  
          D’une manière générale, l’histoire a démontré que l’attitude attentiste et pacifiste face aux dangers ne résout strictement rien. Comme le disait Churchill, combien de millions d’hommes auraient été sauvés si les gouvernements européens avaient réagi fermement au coup de bluff de Hitler durant l’invasion de la Rhénanie? 
  
          Les dictateurs communistes ont massacré ou laissé mourir 100 millions de gens, estimation basse. Ils savaient très bien que ni les États-Unis, ni les pays européens oseraient intervenir. Au nom du pacifisme et de la non ingérence, les gouvernements de l’Ouest ont fermé les yeux. 
  
          En attendant le monde idéal libertarien, où tous les espaces publics seront privatisés, où la nation sera désétatisée, donc la défense des individus sera d’ordre privé, nous continuons à payer des impôts pour que l’État assume une de ses principales fonctions: assurer la sécurité des biens et des personnes. 
  
          Cordialement, 
Kuntharo Henry
Paris
  
Réponse de Christian Michel: 
  
Cher Monsieur, 
  
          Tout d'abord, merci d'avoir lu si attentivement mon article dans le QL et d'avoir pris la peine de le commenter. 
  
          Vous me demandez en premier lieu comment la légitime défense se justifierait individuellement, mais pas collectivement. Je l'expliquais dans mon papier. Le comportement d'un individu peut être pathologique... Aucun argument ne dissuadera un tueur en série, un maniaque sexuel. Mais les millions d'habitants d'un pays ne relèvent pas tous de la psychiatrie. Tant qu'on peut éviter de fournir des arguments à la propagande de leurs dirigeants, leur enthousiasme pour une guerre reste statistiquement faible. Même si l'opinion publique ne compte pas pour un tyran, celle des cadres du parti, des dignitaires, de sa famille, de son entourage, n'est pas nulle. 
  
          Car toute guerre demande un engagement moral de la population. En 1918, les Allemands ont demandé un armistice alors qu'ils étaient à 60km de Paris et pas un soldat étranger ne se trouvait sur leur territoire. En 1945, ces mêmes Allemands défendaient Berlin rue par rue. Et les Soviets, si braves à partir de 1943, seulement trois ans avant, prenaient une raclée de la part des petits Finlandais. Le moral avait changé de camp. De même, ce ne sont pas les Algériens ni les Vietnamiens qui ont gagné la guerre contre les Français et les Américains, mais ces derniers qui les ont perdues, non pas sur le terrain, mais à Paris et sur les campus des universités de Kent et de Berkeley. Exactement comme il est recommandé de ne manifester aucune peur ni surtout aucune agressivité lorsqu'on se trouve confronté à un animal sauvage, on peut désarmer la volonté de combattre d'un peuple en ôtant à ses dirigeants toute justification de se dire attaqués. 
  
          Les médias ont montré quelques excités au Moyen-Orient se réjouissant des attentats du 11 septembre. On peut attendre des journalistes qu'ils couvrent ce type de manifestations. Mais qui représentent-elles? Lorsque je dis que 95% de la population du Moyen-Orient souhaitent la paix, c'est que si j'effectuais un sondage dans les cuisines, au bord des champs, au fond des boutiques, j'obtiendrais cette proportion. Au Moyen-Orient comme ailleurs, moins de 5% des gens préfèrent la guerre à la paix. Il s'agit d'une sorte de constante. Mais encore une fois, il faut que le choix de la paix ne soit pas perçu comme celui de l'humiliation et de la servitude. Il faut qu'elle soit, selon le mot de De Gaulle, une « paix des braves ». 
  
          Vous citez Churchill qui, après coup, concluait qu'il eut fallu déclarer la guerre à Hitler en 1936. Mais l'attentisme face aux communistes chinois pendant la guerre de Corée, face aux Soviets pendant la crise des missiles de Cuba, ne fut-il pas une meilleure politique? Et l'on peut retourner la proposition: fallait-il déclarer la guerre pour Dantzig, une ville peuplée d'allemands, qu'il était parfaitement légitime pour les allemands de revendiquer, au nom même des principes d'État-nation qui avaient sous-tendu les traités de Versailles, de Sèvres et de Saint-Cloud? Si l'on se lance dans l'histoire-fiction, peut-être que le vrai moyen d'éviter la Seconde Guerre mondiale et ses massacres eut été de laisser Hitler récupérer les territoires germanophones en Pologne et à Memel, de tenir un référendum en Alsace, d'accueillir avec enthousiasme les émigrés juifs, jusqu'à ce que le régime perde de sa virulence, comme le font nécessairement toutes les dictatures, lorsque la propagande ne peut plus faire croire au génie du Chef. 
  
          En d'autres termes, il existe toujours une alternative à la guerre. 
  
          Cordialement, 
  
C. M. 
  
  
  
IS NONINTERVENTIONISM THE ONLY WAY TO PEACE?
 
 
Dear Québécois libre 
  
          Having read Mr. Masse's article VIMY RIDGE: CAN A WAR MASSACRE GIVE BIRTH TO A NATION? (le QL, no 102), I keep on wondering if noninterventionism in foreign conflicts is the only way to peace. My question is about whether it is a wise idea if the United States and other Western countries intervene and help ethnic groups in third world countries such as the Kurds of Turkey, the Tibetans of China, or the Chechnyans of Russia gain independence? 
  
          Sincerly,  
  
Devon Saggers
  
Martin Masse answers: 
  
Dear Mr. Saggers,  
 
          Thank you for your letter. You raise a difficult question, which is how can we stay indifferent when we know that people are being persecuted in other countries. Obviously, noninterventionism means we will have, in the short term, to witness awful things being done in some countries. The world is not perfect, tyranny exists, and noninterventionism may seem like accepting that there is nothing we can do to change it. But that is not the case, we have to look at the short-term gains but also at the long-term effect, and see what are the best means to make the world more peaceful.  
 
          Intervening in other countries' conflicts seems like a quick and simple way to solve a problem, especially when we have such military superiority as the U. S. has today. However, these interventions have a tendency to become long-term entanglements in other peoples' affairs, and to get more and more complicated as time passes and the scope of intervention widens. As we can witness daily, our politicians have all the trouble in the world planning the most simple things at home. How could they ever manage to bring peace, democracy, freedom and development on foreign continents, through crude military means? They barely know the details of these conflicts, some of which are age-old. 
 
          Noninterventionism implies that at least, these conflicts will stay localized and will have less chance to degenerate into regional or world-wide conflicts. And you have to apply this rule systematically, not judge it at one point only, because where you are at this point is often caused by previous cases of interventions. If for example, in 1914, the European powers had let Austrian and Serbia deal alone with their differences and not gotten involved, we might not have had this horrible war. And as I wrote in the article, if the U. S. had not entered the war in 1917, the warring countries could have found a way to end the war without humiliating Germany (there were negotiations in that direction) and we might have been spared the rise of nazism and WW2. You cannot ask the question of what to do in 1939, without looking at what happened earlier. 
 
          Intervening today in the affairs of Iraq may help solve some problems in the short term, like the Kurdish question. But will it create more terrorists who will strike back at us because they have more reasons to want us out of the region? Will it make more Arabs and Moslems hate the West and cause further conflicts ten and twenty years from now? Will an Israeli involvement widen the war, bring in Syria and Iran, and degenerate into a major conflict? Will Israel use nuclear weapons against major Arab cities? We don't know how these things can evolve, and every time we get involved in some foreign conflict we potentially risk the lives of millions of people. 
 
          Wars, tyranny, oppression and conflicts are not resolved for good by bombs, they are resolved by freedom and economic development. Rich, open and free countries usually do not attack other countries. Our best way to help Third World countries get out of their mess is not to intervene in their conflicts but to open our markets to their products (there is still a lot of protectionism, especially in the agricultural sector, against precisely those products that poor countries could sell to us) and increase all manners of peaceful exchange. We should bring back all our troops, close all foreign bases and stop supporting some regimes while trying to undermine others. This would eliminate sources of resentment against the West by all the groups who are losers. Peaceful exchange will also help reformers in these countries. Liberalisation and development cannot be imposed, it will take time to happen. But I believe it is the best way to solve these conflicts in the long term, whereas intervention is the riskiest. 
 
          If you are interested to read more about this perspective, the website www.antiwar.com is the most complete resource on the web. 
 
          Best regards, 
 
M. M. 
 
 
 
ATTENTION!
    Si vous en avez marre de vivre dans une société où l'hystérie nationaliste domine tous les débats; dans un pays où les taxes, les réglementations omniprésentes et le paternalisme des gouvernements briment la liberté individuelle et restreignent le dynamisme économique; dans une culture où le moutonnisme et l'égalité dans la médiocrité sont plus valorisés que l'individualisme et la compétition; dans un monde intellectuel où les prétendus « consensus nationaux » promus par une élite déconnectée servent de prétexte pour éviter les débats rationnels; 
  
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