Montréal, 21 février 2004  /  No 138  
 
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Michel de Poncins écrit les flashes du Tocqueville Magazine et est l'auteur de Thatcher à l'Elysée (éditions Odilon Média).
 
 
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OPINION
 
PLEURNICHERIES
SUR LA CRISE DU LOGEMENT
 
par Michel de Poncins
  
  
          C'est reparti et l'abbé Pierre a bien raison; après 50 ans, il crie toujours dans le désert animé par une inlassable charité. Ayant créé Emmaüs, extraordinaire organisation pour rattraper les brebis perdues, le voici honoré par les plus importants personnages de l'État. Il ignore – et en est bien excusable – que ceux qui l'honorent sont à la source du mal dans le logement, comme dans la santé, comme dans les délocalisations, tirant d'ailleurs l'essentiel de leur incroyable richesse visible ou invisible précisément des ces multiples calamités qu'ils organisent ou perpétuent.
 
          Non seulement les logements sociaux manquent cruellement, mais ils sont de plus en plus délabrés et il est de plus en plus difficile de trouver des logements locatifs dans le secteur présumé libre. Quant au ministre du Logement Gilles de Robien, au moment même où il se produit des accidents d'ascenseurs dans la ville d'Amiens, dont il est maire, il annonce tranquillement que la crise du logement est certaine et durable.  
  
          Décourageant de toutes les façons le logement locatif et la propriété privée par leurs impôts et réglementations, persistant dans la fausse idée de «logement social», lui-même et ses amis prolongent indéfiniment la pénurie et celle-ci fait souffrir davantage les plus pauvres – comme toute politique socialiste le fait. 
  
     «Non seulement les logements sociaux manquent cruellement, mais ils sont de plus en plus délabrés et il est de plus en plus difficile de trouver des logements locatifs dans le secteur présumé libre.»
 
          Citons en désordre quelques-unes des principales mesures qui détruisent le logement depuis des décennies: 
  • D'abord justement l'idée même du logement social qui donne le fol espoir à beaucoup de gens d'être logé gratuitement. La conséquence est qu'il n'y a jamais assez de logements dits sociaux, qu'ils sont de mauvaise qualité et que la corruption y règne.

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  • Le blocage de fait des loyers présumés libres. 

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  • Les impôts multiples sur les logements, y compris l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui, dans certains cas, annule tout rapport locatif et fait fuir les investisseurs.

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  • Le zonage de la France. Le territoire est découpé en de multiples zones souvent enchevêtrées où pour construire le moindre bâtiment il faut se traîner devant des fonctionnaires multiples, arrogants et incompétents, avec là aussi la corruption.

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  • La multiplication des lois diverses prétendant précisément corriger la calamité créée artificiellement. Les socialistes de tous partis s'apercevant de la crise imaginent des parades sous forme de lois de circonstances supposant relancer le logement et qui, en fait, l'écrasent davantage. L'inondation de lois ruine la France et les Français mais en plus chaque loi exerce son propre effet de ruine puisque par définition elle viole les droits de propriété légitimes avec tous les dégâts collatéraux – la loi Pons avec les hôtels vides dans des îles paradisiaques, la loi Méhaignerie, puis la loi Besson, la loi Quilès, la dernière étant justement la loi Robien.

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  • Au nom d'une prétendue mixité, les efforts pour disséminer le logement social, c'est-à-dire la misère sociale. 

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  • La «pompe aspirante» dans le monde entier – les passeurs faisant croire à leurs clients qu'ils seront logés. 

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  • Les multiples abus dans les HLM, dont l'attribution à de nombreux amis des HLM de luxe.

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  • Les droits de préemption et droits d'expropriation.

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  • Les lois sur les logements vides. Le plus haut personnage de l'État a affirmé qu'il fallait réquisitionner les logements vides, chassant par cette seule phrase un certain nombre d'investisseurs à l'étranger.
          Deux chiffres pour terminer illustreront le désastre. Vingt pour cent des Français, ou supposés tels, sont logés dans des logements plus ou moins sociaux et de type stalinien. Les promoteurs énoncent couramment que le dossier étatique coûte 20 à 25% du prix de la construction; les riches s'en arrangent. Celui qui n'a que trente mètres carrés en perd six, ce qui est dramatique. 
  
          Le choeur des pleureuses a de l'avenir devant lui. 
  
  
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